Chapitre 4 : “Genius of Love” - Tom Tom Club

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Gloria était folle de joie. Aujourd’hui, elle sortait de prison ! Elle était en train d’empaqueter ses affaires, qu’elle avait amassées lors de son séjour derrière les barreaux. Enfin, ils avaient compris qui elle était vraiment ! Elle claqua des doigts et une armée de majordomes, tous plus beaux les uns que les autres, vinrent chercher ses valises et ses sacs remplis de cadeaux. Elle chaussa ses lunettes de soleil et se dirigea vers la sortie du bâtiment pénitentiaire, évoluant sur un tapis rouge, entre des gardes royaux qui libéraient la voie. Elle aperçut enfin la porte de sortie, qui s’ouvrit et libéra une lueur aveuglante. Elle sortit, triomphante, sous les acclamations de la foule : “Gloria ! Gloria ! Gloria !”

“Glorrrrriaaaaaa !” Elle ouvrit les yeux. Elle était dans son lit, enveloppée de ses draps de coton égyptien. Les hautes fenêtres de sa chambre étaient entrouvertes, laissant entrer une douce brise qui faisait danser les voilages délicats. Houdini, son perroquet, l’avait encore réveillée en sursaut. Il n’arrêtait pas de crier son prénom, ce qui pouvait l’énerver, malgré le fait qu’elle l’adorait. Mis à part les bruissements d’ailes du volatile dans sa grande cage dorée, le silence régnait encore dans la villa de Beverly Hill. Gloria regarda l’heure : il était déjà 09h30 du matin. Un délicieux parfum lui parvint. Mercedes était sûrement en train de faire des pancakes dans la cuisine.

Gloria se redressa sur son lit et s’étira, se délectant du luxe qui la comblait jours après jours. Sa chambre, une haute pièce dont les teintes principales étaient le blanc ivoire et l’or, était décorée avec goût. Elle chaussa ses pantoufles roses à froufrou et enfila son kimono de soie, avant de se diriger vers l’escalier monumental en baillant. Elle descendit, passa à côté d’un portrait de Karen Rockwell, la grande actrice décédée il y avait quelques années, peint par un artiste en vogue et surcoté.

Elle arriva dans la cuisine et salua sa bonne. Gloria ne considérait pas Mercedes comme son employée. Elle ne voulait pas la traiter ainsi. Certes, elle appréciait que la dame de 53 ans lui fasse de bons petits plats, le ménage et la lessive, mais Gloria lui parlait toujours avec respect. Elle lui offrait même, de temps en temps, de petits cadeaux et lui avait demandé plusieurs fois de l’appeler par son prénom. Mais rien à faire, le professionnalisme de Mercedes faisait qu’elle ne pouvait se résoudre à l’appeler autrement que “madame”. De son côté, l’employée de maison avait une certaine affection pour sa patronne. Même si Gloria ne s’épanchait jamais sur son passé, Mercedes se doutait bien qu’elle n’avait pas eu une vie facile. Être cachée ainsi par sa mère, même si c’était pour la protéger d’un acharnement médiatique, n’avait pas dû être facile tous les jours. D’autant plus qu’elle pensait bien que sa patronne avait dû être enfermée quelque part, peut-être à l’hôpital. Elle l’avait entendue faire des cauchemars où elle suppliait qu’on la laisse sortir.

- Ah ! Madame, je suis contente de vous voir, s’exclama l’employée de maison, inquiète. Je crois que le monsieur de l’autre fois vous a encore écrit !

Gloria avisa une lettre sur le plan de travail. Elle l’ouvrit et constata que Mercedes avait raison. C’était la lettre d’un fan, toujours le même, qui l’avait vue dans le journal et s’était mis en tête de la séduire. Sauf que le bonhomme ne savait absolument pas parler aux femmes. Les termes qu’il employait étaient… malaisants.

- Ne t’inquiète pas, Mercedes. Ce ne sont que des lettres…

- Madame… Celle-ci, Pedro l’a retrouvée sur votre transat, celui près de la piscine.

Cette information fit naître une pointe d’inquiétude chez Gloria. Si son jardinier avait retrouvé ceci dans l’enceinte - difficile d’accès - de son jardin, cela voulait dire qu’il prenait des risques. Jusqu’où pourrait-il aller ? Gloria devait-elle engager un agent de sécurité ? L’ idée qu’un inconnu commence à lui dicter sa conduite sous prétexte qu’il devait veiller à sa sécurité la répugna.

Elle chassa cette perspective déplaisante de son esprit et ouvrit le journal. Elle s’amusa de constater qu’on parlait encore d’elle. Il lui avait bien semblé avoir vu des paparazzi cachés dans les buissons aux abords de sa propriété. Elle trouvait que les photos d’aujourd’hui la mettaient en valeur. Même à 45 ans, son déhanché affolait encore les médias. Et ce décolleté ! Le docteur Zimmer avait fait des miracles ! Les gros titres scandaient toujours à peu près la même chose : “Les secrets de la fille cachée de Karen Rockwell révélés !”. En fait de secrets, ils détaillaient dans quels magasins Gloria aimait faire son shopping, quelles tenues elle avait acquises ou avec quelle fréquence elle discutait en riant avec Pedro, son jeune jardinier adepte du bodybuilding. Concernant ce dernier, les tabloïds s’étaient affolés lorsqu’ils avaient repéré Gloria et Pedro, ensemble à Muscle Beach. La riche héritière n’en avait que faire de tous ces “secrets”, révélés au grand jour. Ses véritables secrets, ceux qui pourraient bouleverser sa vie s’ils venaient à être découverts, étaient gardés précieusement par Gloria. Ces secrets là devaient rester dans l’ombre, jusqu’au jour où ses projets pourront prendre forme.

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