Chapitre 6 : “Latin Lingo” - Cypress Hill
Pedro Aguilar repensait à ce titre lunaire qui était apparu à la une du National Enquirer. Alors comme ça, ils pensaient réellement qu’il avait une relation avec Gloria Rockwell ? Bah, ça ne le gênait pas. Malgré son âge, madame Rockwell avait encore de sérieux atouts. Ce qui le gênait, c’était cette photo prise de Pedro et sa patronne à Muscle Beach. Le fait est qu’ils s’étaient retrouvés là pour une transaction que le jeune homme de 25 ans voulait discrète. Victor, son jeune frère, devait de l’argent aux Machetes, un gang colombien réputé pour utiliser la machette dans ses règlements de compte. Il n'avait pas voulu en parler autour de lui, car il trouvait que son frère s’était déjà mis dans les ennuis jusqu’au cou. La situation le préoccupait beaucoup, et il ne savait pas quoi faire. Gloria avait remarqué qu’il mettait plus de temps que d’habitude à tondre la pelouse. Elle avait alors discuté avec lui. “Madame Gloria”, comme il avait l’habitude de l’appeler, l’avait engagé pour s’occuper du jardin de sa propriété et elle payait vraiment bien. Elle n’avait rien à voir avec ses pijos qui se croyaient tout permis et regardaient les gens comme Pedro avec dédain. Non, Madame Gloria était même plutôt cool. Elle discutait avec lui, lui donnait parfois un petit supplément pour le remercier de son dur travail et ne tarissait pas d’éloges à son propos auprès de ses riches amies. Alors, c’était presque naturellement qu’il en était venu à se confier à elle. Elle avait réfléchi un instant et lui avait assuré qu’il ne devait pas s’inquiéter outre-mesure. Le soir même, alors qu’il était en train de s’entraîner à Muscle Beach, elle avait débarqué avec un sac de voyage noir. Il avait été surpris de la voir à cet endroit. Elle lui avait donné le sac en lui disant qu’il contenait assez pour éponger la dette de Victor. Il l’avait ouvert et avait failli tomber à la renverse en voyant son contenu. Il y avait plus d’argent dans ce sac qu’il n’en avait jamais vu dans toute sa vie. Il avait d’abord refusé, mais il s’était vite rappelé qu’on ne dit pas non à Madame Gloria. Il avait alors contacté Pancho, un ami d’enfance, qui faisait partie des Machetes. Quelques heures plus tard, il remettait le sac à une bande de jeunes membres du gang, dans une sombre ruelle de Pico Union. Son frère était sauvé.
Le lendemain, il avait demandé à sa patronne pourquoi elle avait fait ça. Elle lui a simplement répondu qu’elle n’avait pas toujours été riche, et que, maintenant qu’elle jouissait d’une fortune considérable, elle voulait aider les personnes dans le besoin. Du moins, celles qui le méritaient. Et Pedro, pour elle, était plus que méritant. Elle connaissait son histoire, comment il avait débarqué à L.A. avec ses parents, tout droit venus de Colombie, en quête du rêve américain. Elle savait que Pedro s’était mis à travailler très jeune, pour aider ses parents et son petit frère. Mais si le jeune homme était serviable, travailleur et honnête, Victor n’avait pas pris le même chemin. Très tôt, il s’était lié avec de mauvaises personnes. Les petits larcins étaient vite devenus une habitude pour lui et ses premières expériences avec la drogue eurent lieu à l’aube de ses seize ans. Pedro avait pourtant essayé de l’aider, mais il était déjà trop tard. Victor était maintenant englué dans la toile des Machetes. Alors quand sa patronne était intervenue en payant la dette de son frère, Pedro s’était senti redevable envers elle. A partir de ce moment-là, il décida qu’elle pouvait tout lui demander, il serait là pour elle.
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