Chapitre 12 : “Street Spirit (Fade Out)" - Radiohead

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Pedro regardait son frère d’un air pensif. Depuis qu’il avait rejoint Los Machetes, Victor était arrogant. Il se sentait tout puissant au sein de ce gang redouté. Les petits larcins, les agressions et les deals qu’il faisait pour eux l’avaient rendu méconnaissable. Il jouait les durs à cuire. Il ne respectait plus personne. Il n’avait plus rien en commun avec le garçon gentil et réservé qu’il avait été.

Mais ces derniers jours, Victor avait radicalement changé. Pedro avait d’abord cru qu’il était redevenu comme avant, lorsqu’ils étaient plus jeunes. Mais il s’était vite aperçu que ce n’était pas le cas. Ce n’était pas de la réserve qu’il voyait chez son cadet. Son frère avait peur. Il restait cloîtré dans sa chambre. Il sursautait lorsque le téléphone sonnait. Et lorsqu’il entendait des sirènes de police au loin, chose qui arrivait fréquemment dans son quartier, à Pico Union, Victor se mettait à transpirer, semblant très nerveux.

Pedro était très inquiet. Il voulait aider son frère. Quand ils étaient petits, ils avaient l’habitude de se percher sur un arbre dans un parc avoisinant. Ils s’y retrouvaient pour discuter, se confier l’un à l’autre. Ils l’avaient appelé “l’Arbre des Secrets”. Alors ce jour-là, Pedro avait glissé un mot sous la porte de la chambre de son frère, lui donnant rendez-vous sous l’Arbre, à minuit.

A l’heure dite, le jeune homme s’était rendu au lieu du rendez-vous, espérant que son frère allait apparaître. Le parfum de l’arbre, un tilleul, flottait dans l’air frais de la nuit. Un chien aboyait au loin, accompagnant la rumeur de la circulation sur l’Interstate 10, au loin. Il dut attendre une bonne demi-heure avant de voir une ombre approcher. Victor avait finalement décidé de venir.

Il se retrouvèrent sous l’arbre. Victor avait l’air livide. Il regardait à gauche et à droite, le souffle court.

- Bon… Je suis là… Qu’est ce que tu veux ?

- Victor… Qu’est-ce qui se passe, mi hermano ? Qu’est ce qui te fait si peur ?

- Mec… Je ne peux pas en parler.

- Mais qu’est ce que tu racontes ? Victor, c’est moi ! Je suis ton frère ! On était si proches ! Confia en mi !

Victor regarda son grand frère. Des souvenirs d’enfance, sous cet arbre, affluèrent dans son esprit. Comme cette fois où Pedro lui avait appris à siffler. Il voulut retenir ses larmes, mais en fut finalement incapable.

- Je… J’ai été impliqué dans un truc… J’ai merdé… Je devais juste conduire… Ils sont entrés dans une maison et en sont ressortis avec une meuf. Elle avait un sac sur la tête et les poignets attachés. Ils l’ont jetée dans le van… Il… Il y avait un gars. Un vieux. Il nous a vu, il a commencé à crier. Alors ils l’ont chopé…

Le jeune homme fondit en larmes, les mains tremblantes.

- Ils… Ils se sont occupés du vieux, Pedro ! Il lui ont fait des choses horribles ! J’étais là, j’ai tout vu ! Ils l’ont balancé dans une ruelle !

- Tu es en train de me parler de ce gang, Victor ? Les Machetes t’ont embarqué là-dedans, c’est ça ?

Le jeune homme refusa de répondre. Il avait l’air terrifié.

- Non ! Je… Tu ne comprends pas ! s’agita Victor.

Pedro ne sut quoi dire. Il était juste choqué par ce qu’il venait d’entendre. Il faillit faire des reproches à son frère. Lui dire qu’il l’avait pourtant prévenu que le chemin qu’il avait pris allait lui attirer des ennuis. Mais il se retint. Ce n’était pas le moment. Il serra les poings. Il éprouvait une colère sourde. Il était furieux sur ces gens qui avaient perverti son petit frère. D’accord, il était responsable de ses actes. Mais maintenant, Victor était coupable de complicité d’enlèvement et peut-être même de meurtre. Il le regarda et ne put s’empêcher d’éprouver de la compassion pour lui.

- Et la fille ? demanda-t-il. Tu en sais plus à son sujet ? Qu’est-ce qu’elle est devenue ?

- Je ne sais pas trop… Ils l’ont emmenée quelque part, mais personne ne sait rien…

- Mais… C’est qui, cette nana ? Elle a quelque chose à voir avec les affaires du gang ?

- Je ne sais pas. Je ne sais rien. Mais quand je suis reparti, il y avait la femme chez qui tu travailles. Celle qu’on voit souvent dans le journal. La gringa blonde.

Pedro ne répondit rien. Mais il savait que madame Gloria avait eu rendez-vous important, du côté de Malibu, avec son avocat. Quand elle était revenue, son visage était fermé. L’avocat, lui, semblait avoir rencontré le diable en personne.

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