Chapitre 18 : “Out of the Black” - Royal Blood
Alejandro se tenait sur sa terrasse, un verre de vin à la main. Il contemplait son domaine, pour la plupart recouvert par son vignoble, qui descendait en pente douce vers la plage. L’océan, au loin, semblait avoir pris feu sous les rayons du soleil couchant, et tout autour avait pris une teinte orangée. Des embruns chargés d’iode parvenaient à ses narines. Les ouvriers étaient rentrés chez eux. Il n’y avait plus, à l’hacienda, que Vidal, ses domestiques et quelques hommes de main restés pour assurer sa sécurité, dont Manolo, qui revenait de sa ronde. Il venait de quitter leur “invitée” et faisait un rapport sur la situation à Vidal.
- Elle est restée inanimée un bon moment, déclara le géant. Elle n’a pas voulu manger ce que je lui ai apporté.
- Ne t’inquiète pas. Elle finira par avoir faim. Là, elle ne fera plus la princesse.
- Patròn… Savez-vous pourquoi cette Gloria Rockwell voulait qu’on enlève cette femme ?
- Tu vas rire… C’est juste une erreur. Elle pensait que c’était la petite copine d’un gars dont elle est amoureuse, juste parce qu’elle a vu sa photo sur Instagram. Alors que c’est sa sœur.
- Au final, une innocente est retenue captive. Ça ne me donne pas envie de rire.
Vidal jeta un oeil mauvais à son garde du corps.
- Tu te ramollis, Manolo. On croirait entendre mon père.
- Votre père avait des principes. Il punissait les personnes qui le méritaient.
- Ouais… Et tu vois où ça l’a mené ? Il a fini par crever comme un rat en prison. Moi, je ne suis pas un rat. Je suis un loup. Les loups dévorent les plus faibles. Et dans ce cas-ci, ça ramène un pognon scandaleux. J’adore ça.
Manolo garda le silence, dardant son regard sur Vidal.
La tension fut rompue par l’arrivée de trois hommes. Deux Machetes débarquèrent, tenant Victor par le t-shirt. Il le jetèrent sans ménagement sur le sol.
Alejandro posa sur lui un regard hautain.
- Victor, Victor… Ce cher Victor… Alors ? On a eu besoin de se confier ?
- Jefe… balbutia le jeune homme, tremblant. Je… Je ne sais pas ce qu’on me reproche…
- ¡NO ME MIENTAS ! hurla Vidal. Je sais que tu as parlé à ton frère, à propos de la petite escapade de l’autre jour !
Victor resta interdit, ne sachant que dire. Alejandro se rapprocha de lui, son visage à quelques centimètres de celui du jeune homme, au point qu’il pût sentir son haleine chargée de vin.
- Qu’est-ce que tu crois ? J’ai des yeux partout. Je suis partout ! Je connais votre petite histoire d’arbre des secrets… Mais ce genre de secret-là, tu le gardes pour toi entiendes ? Je vais être clément cette fois-ci. Mais si jamais ce que tu as dit à ton frère remonte à la surface, si jamais j’ai la visite du moindre flic, ou si un des tes collègues est arrêté, même pour excès de vitesse… Toi et ta famille de bouseux irez dire bonjour aux poissons de la baie. C’est clair ?
- Tr… Très clair…
- Mais ne crois pas que tu vas t'en tirer à si bon compte… Rafa, Pablo… Donnez-lui une petite leçon…
Les sbires empoignèrent le jeune homme et le traînèrent hors de l’espace couvert, sous ses cris suppliants. Manolo savaient très bien où ils l’emmenaient. Ils allaient dans la cave, qui avait été aménagée par Alejandro en pièce de torture. Il ne savait pas si Victor allait subir des coups, des brûlures de cigarette, où s' ils allaient lui tenir la tête sous l’eau assez longtemps pour que le pauvre garçon pense sa dernière heure venue, avant de le relâcher. Les avertissements de son patron étaient toujours très douloureux. Ce que El Titàn savait, par contre, c’est qu’ Eduardo n’aurait jamais fait ce genre de chose. Il se serait retourné dans sa tombe en voyant les agissements de son fils. Manolo repensa à cette fille, dans la réserve. Il décida à ce moment-là qu’il ne voulait plus participer à tout ça. Il avait un plan, mais il lui faudrait être prudent.
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