Chapitre 20 : “Lazarus” - David Bowie
Jason s’assit lourdement dans le canapé en cuir de son bureau. La journée avait été exténuante, et elle n’était pas finie. Il devait fignoler sa plaidoirie pour le lendemain. Le soleil se couchait déjà, rougissant les bâtiments de Westwood. La circulation sur West Olympic Boulevard était encore assez dense, faisant chanter ses coups de klaxon et insultes diverses et variées de conducteurs excédés qui voulaient juste rentrer chez eux.
Depuis que Gloria payait pour qu’il défende les Machetes, l’avocat n’arrêtait plus. Petits larcins, bagarres, chantage, excès de vitesse… On aurait dit que ses nouveaux copains colombiens profitaient de son professionnalisme et se croyaient tout permis. Ce qu’il trouvait étrange, c’est que c’était toujours devant le Juge Maxwell qu’il plaidait pour le gang. Et à chaque fois, la sentence était très légère, voire inexistante. Autant dire qu’il y avait anguille sous roche, mais il ne voulait pas creuser. Jason n’était pas le genre à relever ce genre de détails. Pour lui, le fait qu’ un juge n’était pas blanc comme neige ne le concernait absolument pas. Il se contentait de regarder ailleurs, le principal étant qu’il était payé. Et, dans ce cas-ci, bien payé.
N’empêche, il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que ça commençait à aller vraiment loin. Par exemple, Gloria avait fait appel à la bande de Vidal pour sécuriser sa propriété et, accessoirement, régler cette histoire de fan un peu trop présent. Le bougre avait encore tenté de s’introduire chez l’héritière, mais cette fois-ci, deux molosses l’attendaient. Le lendemain, sa photo apparaissait aux nouvelles. Il avait “disparu”.
Les yeux dans le vague, il réfléchit à sa situation. D’accord, il n’avait jamais eu la réputation d’être un modèle de vertu. Et il s’en arrangeait bien. Mais toute cette affaire devenait vraiment risquée. Qu’il le veuille ou non, il était désormais impliqué. Durant les réunions préparatoires avant les différents procès impliquant le gang, il avait pris connaissance de faits graves qui concernaient des gens bien plus puissants que lui. Alors oui, il risquait, si la chance l’abandonnait, de finir dans une cellule de prison. Mais pour le moment, personne n’avait rien découvert. Et, mon Dieu, qu’il aimait tout le pognon qui tombait dans ses poches ! Autant en profiter un maximum. Tout irait bien. En cas de pépin, il avait déjà assez d’argent pour s’enfuir - en Europe, pourquoi pas - et recommencer sa vie. Et s'il tombait, d’autres tomberaient avec lui. Il savait assez de choses pour faire beaucoup de dégâts. Maxwell, Vidal… et ce grand ponte de la police. Ils y passeraient tous. Sauf Gloria. Il ferait tout pour la protéger.
Son téléphone sonna. C’était justement sa cliente.
- Gloria ! Que me vaut le plaisir ?
- Bonjour Jason. Je voudrais m’assurer que tout va bien avec nos amis communs ?
- Oui, heu... Ça va. J’avoue qu’ils ne me rendent pas la tâche facile, mais j’arrive à m’en sortir.
- Parfait. Attends-toi à recevoir bientôt une petite prime. C’est ma façon de te remercier de m’avoir suivi dans cette affaire.
- Oh, je te remercie. Et, en parlant de cette affaire… Peux-tu me dire où ça en est ?
- Ça avance. Pas d’une façon que j’avais prévue, mais ça avance. Pour tout te dire, le chauffeur d’Alejandro doit venir me chercher dans dix minutes. Nous allons au restaurant.
- Bien ! Ça avance, effectivement.
- Bientôt, je serai assez proche de Vidal. Je pourrai lui montrer qui je suis vraiment.
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