Ari était perplexe. Cela faisait une bonne demi-heure qu’elle visionnait les vidéos des caméras de surveillance de Venice, à la recherche de la camionnette noire. Il y avait quelque chose qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Elle avait repéré le véhicule au carrefour entre Venice Boulevard et Pacific Avenue, puis toujours sur Pacific, en direction de Santa Monica. À Ocean Park, il avaient bifurqué à plusieurs reprises puis… plus rien. Ils s’étaient purement et simplement volatilisés. Les plaques étaient fausses, car aucune correspondance n’avait été trouvée dans ALPR ni dans aucune base de données. C’était comme si cette camionnette n’avait jamais existé. En analysant la direction prise par le véhicule, elle eut toutefois une idée. Les ravisseurs s’étaient dirigés vers Santa Monica. Plus loin, il y avait Malibu. C’était précisément à Malibu que se trouvait l’hacienda d’ Alejandro Vidal, le fils de l’ancien chef des Machetes. Cela ne pouvait pas être une coïncidence.

Ses pensées furent interrompues par le retour de Robbie.

- Ben alors ? s’exclama-t-elle. Je t’ai attendu au fast-food et tu ne répondais pas à ton téléphone… Tout va bien ?

- Ouais, ouais, excuse-moi, mais ça a pris plus de temps que prévu…

- Que s’est-il passé ? Un problème avec Los Machetes ?

- Non, tout va bien. J’ai discuté avec mes contacts. Ils affirment que le gang n’a rien à voir dans cette histoire.

- Quoi ?

- Véridique. Quand je leur ai parlé de l’enlèvement et du meurtre de Venice, ils ont éclaté de rire. Ils m’ont dit qu’ils avaient autre chose à faire que d’aller enlever une nana à Venice. Et que s’ils en voulaient une, il y avait du choix à Pico Union.

Ari était perplexe. Elle avait l’impression d’être victime d’une mauvaise blague, ce qui commençait à l’irriter.

- Tu leur a parlé du meurtre ?

- Ouais. Il me disent que c’est pas eux non plus. Quand je leur ai parlé de la camionnette, ils m’ont affirmé en avoir détenu une identique. Mais il l’ont revendue il y a un mois.

- Tes contacts sont réglos ?

- Ouais. Du moins, ils l’ont toujours été jusqu’ici. Je pense pouvoir répondre d’eux sans problème. L’un d’entre eux m’en doit une. Je lui ai sauvé les miches plus d’une fois et il n'oserait pas me mentir, crois-moi.

- Merde, répondit Ari, refroidie. Alors quoi, on a affaire à un copycat ?

- Ça m'en a tout l’air. Ce qui veut dire…

- Ce qui veut dire qu’on a rien. On a aucune piste !

Ari s’appuya sur le dossier de sa chaise. Elle réfléchit intensément à ce qu’il fallait faire. Le temps pressait. Plus les heures passaient, plus les chances de retrouver Olivia Turner s’amincissaient.

- Il nous reste la piste de Ocean Park, déclara la jeune inspectrice. C’est là que le van disparaît. On devrait aussi réinterroger monsieur Turner, et peut-être même cette vieille crapule de Morgan. Et je suis désolée, Robbie. Mais je veux être certaine à cent pourcents que Vidal n’est pas impliqué. Je pense qu’on devrait aller lui rendre visite.

Robbie regarda Ari, les coudes appuyés sur ses genoux.

- Je pense que c’est une très mauvaise idée. Mais je suis avec toi, partenaire.

Pendant ce temps, quelqu’un frappa à la porte de Diego Lopez, ancien membre de Los Machetes. Quand il alla ouvrir, il reconnut tout de suite cette personne. Celle-ci lui demanda de l’aider à faire tomber le gang. Diego hésita. Il avait envie que Vidal paye pour avoir tué son père d’une façon si horrible et lui en avoir “offert” un morceau, emballé dans un paquet cadeau. Il rêvait de vengeance, mais il ne voulait plus jamais avoir affaire à eux. Il avait essayé de continuer à faire partie du gang, mais il avait finalement fui, ne laissant aucune adresse. Il fut d’ailleurs étonné que cette personne l’ait retrouvé. Apparemment c’était Edgar, son frère, qui lui avait donné son adresse. Diego laissa entrer son visiteur et referma la porte. Il avait déjà pris sa décision.