Chapitre 29 : “Essex Dogs” - Blur

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Marty se sentait coupable. Ok, il avait promis à monsieur Morgan d’arrêter de fumer de la Marijuana. Mais là, il était à cran. Sa mère n’arrêtait pas de le harceler pour qu’il trouve un boulot. Ils venaient même de se disputer à ce sujet. Elle venait même de lui prendre la tête parce qu’il s’était levé à onze heures du matin. Quand allait-elle le lâcher avec ça ? Il ne voulait pas faire partie du système. Il ne voulait pas être esclave d’une entreprise pour gagner des clopinettes et ne plus avoir de temps libre. Il savait bien qu’il finirait par devoir “rentrer dans le rang”. Mais pas maintenant. Maintenant, il avait besoin de se détendre. Il connaissait un mec qui avait ce qui lui fallait. Un certain Tito, qui faisait sans doute partie des Machetes. Marty s’en doutait, parce que le gars exhibait un tatouage représentant deux machettes qui se croisaient sur l’avant-bras. Mais il n’avait jamais osé le lui demander ouvertement. Il ne voulait pas d’ennuis. Tant qu’il était payé, Tito ne faisait pas d’histoire.

Bref, Tito avait de quoi l’aider à se détendre. Il traînait toujours du côté du parking derrière Muscle Beach. Marty était presque sûr de le trouver là-bas. Il lui achèterait un pack. Juste un. Et après ça, il arrêterait. Du moins, il essayerait d’arrêter.

Il était presque midi et Marty dû slalomer entre les badaux, qui faisaient la file devant des food-trucks ou se promenaient sur la digue de Venice Beach. Les odeurs de pizza et de cuisine thaï lui donnèrent faim, mais il décida qu’il mangerait en revenant. Le soleil tapait dur, aujourd’hui, et cette chaleur, ajoutée au brouhaha de la foule, commença à l’oppresser. Il décida de prendre par Dell Avenue, plus calme. Marty n’aimait pas trop la foule, et c'est avec soulagement qui trouva un peu de calme dans les ruelles derrière les échoppes. Il hâta le pas en direction de Muscle Beach. Il vit des géants tout en muscles s’entraîner sous le soleil. Marty rigola en lui-même. Pourquoi se donner autant de mal ? Pour ressembler à une mascotte gonflée à l’hélium ?

Le jeune homme s’éloigna du centre sportif et arriva dans le parking, pour se diriger vers la partie souterraine. La température baissa de façon drastique, de même que la luminosité. Une odeur d’essence et de caoutchouc vint lui fouetter le nez. Tito devait se trouver à un emplacement dans le coin, près d’un local à poubelles. Le silence régnait dans l’espace clos, seulement interrompu par le crissement de pneus à un autre étage. Quelqu’un sifflait un air familier au loin. Marty appela Tito. Sa voix se répercuta contre les murs dans un écho sinistre. Aucune réponse. L’ambiance était vraiment lugubre, et Marty commença à devenir nerveux. Il se sentait épié, et un frisson lui parcouru l’échine, comme si un ongle remontait le long de sa colonne. Il appela une seconde fois. Rien. Bizarre, parce que Tito était toujours là, à cette heure. Instinctivement, le jeune homme regarda en direction du local à poubelles. Un néon clignotait, ce qui intensifia son sentiment de nervosité. Il s’approcha lentement, son cœur pompant vigoureusement dans sa poitrine, et vit soudain une masse sombre sur le sol. Il pencha la tête, ne comprenant pas ce qu'il vit. Et puis, d’un coup, il retint son souffle. Il prit conscience de ce qu’il regardait, et il eut un mouvement de recul. Un corps gisait là, dans un coin sombre. La tête de la victime était emballée dans un sac plastique. Un tatouage de deux machettes croisées s’étalait sur son avant-bras. Marty fut pris de violentes nausées quand il vit que les mains du mort manquaient, ne laissant que deux moignons ensanglantés. La panique et l’odeur métallique du sang finirent par le faire vomir. Il regarda autour de lui, pris de panique. Et si le tueur était encore là, à l’épier dans un coin sombre ? Il se mit à courir. Il voulait hurler, mais aucun son ne sortait de sa gorge. Il avait l’impression que les murs se resserraient doucement autour de lui, prêts à l’écraser. Il sentait une présence derrière lui. La panique lui fit accélérer le pas. Il courut à s’en arracher les poumons. Finalement, il sorti à la lumière vive du soleil. Enfin, il fut capable de hurler.

Plus loin, Pedro, qui était en train de s’entraîner, entendit quelqu’un pousser des hurlements. Accompagné de plusieurs curieux, il approcha et vit un jeune homme, tremblant, en train de crier à l’aide. Quelqu’un devait appeler la police. Un meurtre. Il venait d’y avoir un meurtre.

Inquiet, il appela son frère par téléphone. Victor ne répondit pas.

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