Chapitre 30 : “The Funeral” - Band Of Horse
Ari regardait le cadavre de Tito Herredia, retrouvé dans le parking sous-terrain de Muscle Beach. Il devait avoir vingt, vingt-et-un ans… Quel gâchis. Avoir la vie devant soi et la terminer entre deux poubelles, les mains amputées et le corps ravagé. Il avait un sac plastique sur la tête, moyen par lequel il avait été tué, selon Eliott Young. Comme les fois précédentes, les mains étaient introuvables. Le corps venait d’être emballé dans une housse mortuaire et fût chargé dans la camionnette noire du coroner. Young allait l’examiner et tenter de trouver des indices qui les conduiraient à la personne responsable de cette boucherie, si on pouvait encore appeler le monstre qui avait fait ça une personne.
Il faisait glacial dans ce sous-sol, malgré la fournaise qui régnait dehors. Étaient-ce les événements violents qui s’y étaient déroulés ? Les relans morbides exhalés par le corps de la victime ? L’inspecteur Johnson ne le savait pas, mais quelque chose ici la mettait mal à l’aise. L’accès au parking avait été fermé et aucun bruit n’y régnait, à part les éclats de voix qui s’entrechoquaient contre les murs gris et froids du garage sous-terrain. La lumière blafarde des néons ajoutait une touche sépulcrale à la scène.
Elle se hâta vers l'entrée pour y retrouver Robbie, qui était en train d’interroger le jeune homme qui avait fait la macabre découverte. Il était livide, ravagé de tics nerveux. O’Brien venait de lui demander pourquoi il s’était retrouvé ici et le jeune avait commencé à paniquer. Ari cru comprendre ce qui le rendait nerveux.
- Il devait vous vendre quelque chose, c’est ça ? demanda-t-elle.
Marty ne répondit rien, regardant autour de lui comme un chaton affolé.
- Allons, l’encouragea l’inspecteur Johnson. Vous n’avez rien à craindre. On veut juste retrouver celui qui a fait ça.
- Heu… Ouais… J’avoue… Mais juste un peu de marijuana… Ça m'aide à me détendre…
- Vous aviez l’habitude de vous retrouver ici ? demanda Robbie.
- Ouais. C’était tranquille. Je savais où le trouver quand j’avais besoin de… enfin, vous savez…
- Donc, si je reformule, si on voulait trouver Tito, on savait qu’on avait beaucoup de chance de le trouver ici.
- Ouais… enfin la plupart du temps.
- Vous rappelez-vous de quelque-chose en particulier ? Un bruit, une odeur…?
- Je… Je ne sais plus trop… Tout s’est embrouillé dans ma tête… Mais je suis certain que quelqu’un me poursuivait. J’ai entendu courir derrière moi.
Ari et Robbie se regardèrent. Le garçon l’avait échappé belle.
Johnson repèra dans la foule des curieux un visage qu’elle connaissait maintenant bien. Elle se dirigea vers Vince, qui avait l’air passablement inquiet.
- Le petit a des problèmes ? demanda-t-il sans s’encombrer des salutations d’usage.
- Il est secoué… Il vient de retrouver le cadavre d’un de ses copains.
- Merde ! Un Machete ?
- Vous savez bien que je ne peux pas révéler certains aspects de l’enquête… Vous connaissez Marty ?
- Heu, ouais. Plutôt bien. C’est un brave petit gars. Je peux le ramener chez lui ?
- Attendez un peu qu’il finisse de se faire examiner par les ambulanciers… Puis, s’il en a envie, il pourra partir avec vous.
Une bonne demie-heure plus tard, Vince et Marty étaient devant la maison de celui-ci.
- Ça va aller ? s’enquit le vieil homme.
- Je… Je ne sais pas. C’était tellement dingue.
- Ouais, je vois ce que tu veux dire. Ça m'a fait le même effet quand j’ai retrouvé mon premier cadavre.
- C’était quand tu étais flic ?
- Non, c’était juste avant. C’était mon voisin, un mec avec qui je traînais tout le temps. Johnny Marshall. On rigolait bien. Mais il s’est fait buter. Et c’est moi qui l’ai retrouvé. Je crois que c’est ce qui m’a donné envie de devenir flic. Je voulais… Je ne sais pas… Faire quelque chose…
Ils gardèrent le silence un moment. Ce fut Marty qui rompit le silence.
- Ce mec, déclara-t-il. Il est complètement dingue. Faut pas être net pour faire ce genre de choses. Il faut le choper, et vite.
Vince regardait ce jeune homme. Son fils. Il avait failli le perdre. Cette idée lui fila des sueurs froides dans le creux du dos. Il se promit qu’il allait le protéger. Coûte que coûte.
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