Alejandro Vidal regardait la femme assise à sa table de restaurant. Ils en étaient à leur troisième rendez-vous. Il se dit que, même si elle était plus âgée que lui, Gloria Rockwell était une sacrée bombe. Dans tous les sens du terme. Il la trouvait magnifique, et son tempérament explosif le titillait particulièrement. Pour ne rien gâcher, elle était scandaleusement riche.

À cette heure de la journée, l’établissement était bondé, mais le personnel se démenait toujours pour trouver une place à Señor Vidal. Cette-fois, ils étaient à une table sur la mezzanine. Ils pouvaient bénéficier d’ une vue plongeante sur le restaurant, dont la plus grande partie se trouvait dans un patio, décoré de plantes gigantesques et de fontaines.

Alejandro se mit à sourire, regardant Gloria.

- A quoi pensez-vous ? lui demanda-t-elle, intriguée.

- Je me remémorais la première fois que nous nous sommes rencontrés. Je vous ai trouvé incroyablement… audacieuse. J’avoue que c’est quelque chose qui m’a énormément plu chez vous.

- Ah bon ? Vous aimez donc les femmes à caractère ?

- En effet. Plus elle me résiste, plus j’ai envie d’elle.

- Mmh. J’aurais dû vous laisser encore ronger votre frein avant d’accepter un rendez-vous…

- Détrompez-vous… Je sais que nous sommes sortis ensemble assez rapidement… je n’aime pas tourner autour du pot lorsque je connais d’avance l’issue d’une affaire.

- Je vous trouve bien prétentieux, Alejandro. J’ai accepté de sortir avec vous, mais je ne vous appartient pas.

Une lueur de désir brilla dans l'œil de Vidal. Il prit la main de Gloria dans la sienne.

- Vous êtes une vraie tigresse ! J’adore ça ! Je vous trouve délicieuse, Gloria… Et j'ai très, très faim…

L’héritière sourit en entendant les aveux de cet homme puissant qui, de toute évidence, était complètement fou d’elle.

- Allons, Alejandro. Un peu de patience. Vous savez que je vous trouve très séduisant. Mais vous savez aussi que ce Jake m’a brisée. Je n’accorde plus ma confiance aussi rapidement qu’avant…

Vidal parut agacé.

- Vous savez… Si vous voulez, nous pouvons nous charger de ce Jake d’une façon… plus radicale. Vous n’avez qu’un mot à dire.

- Non, non… N’en venons pas à de telles extrémités. Pas encore. Croyez-moi, je suis sûre que la disparition de sa sœur ne lui laisse aucun répit. Le connaissant, il vit un enfer.

Le chef de gang ressentit encore plus d’attirance envers cette femme impitoyable. Il s’imagina en train de la serrer contre lui, l’embrasser, la mordre.

Il fut sorti de ses rêveries par la sonnerie de son téléphone. Il décrocha. Gloria embrassa le restaurant du regard. Il était baigné de la lumière du soleil. Elle adorait le luxe de cet endroit. Elle s’en délectait. Elle reporta son attention sur Vidal et fut surprise par son changement radical. Il avait blêmi et ses yeux lançaient des éclairs de colère. Il serrait sa serviette, ses jointures devenues blanches.

- Ok, dit-il d’une voix glaciale. Occupez-vous de la fille. Et attendez Juan à sa sortie de poste de police. Il est viré. Vous savez ce que vous avez à faire.

- Tout va bien ? demanda Gloria lorsqu’il eut raccroché.

- Non. Ça ne va pas du tout. Un de mes hommes s’est fait surprendre en pleine transaction et a été arrêté. Apparemment il s’est montré très bavard. La police est en train de monter une opération pour fouiller le domaine.

- Comment savez-vous cela ? s’étonna Gloria.

- J’ai le bras beaucoup plus long que ce que vous croyez.