Chapitre 32 : “Can’t Stop” - Red Hot Chilli Peppers

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Ari était concentrée. Elle se trouvait à l’arrière d’une camionnette d’intervention du S.W.A.T. avec Robbie, en direction de la propriété d’Alejandro Vidal. Ils avaient revêtu leur gilet pare-balle et tenait fermement un AR-15 contre leur poitrine. Le fusil pesait lourd dans la main de la jeune inspectrice et elle espérait ne pas devoir s’en servir. Elle regarda Robbie. Il avait le visage fermé. Elle savait qu’il rechignait à participer à cette opération. Sa couverture auprès des Machetes allait désormais être compromise pour de bon. Il avait objecté que Vidal ne se laisserait pas prendre si facilement, et qu’on avait intérêt à avoir quelque chose de solide contre eux pour en finir une bonne fois pour toutes. Elle ne comprenait pas trop sa mauvaise humeur. Parce qu’après tout, si le gang tombait, plus besoin de couverture. Mais peut-être que ce rôle faisait justement partie de lui, après tout. La pilule était, professionnellement, dure à avaler pour l’inspecteur O’Brien. Ari avait déjà entendu parler d’agents qui s’impliquaient un peu trop dans leur double-jeu, et peut-être allait-elle devoir se préparer à aider son coéquipier et ami à s’en sortir.

Lors de la réunion préparatoire, la tension avait été palpable. Robbie s’agitait et insistait sur le fait qu’il fallait qu’ils soient vraiment sûrs de leur coup. Le chef Williams avait disparu un moment, son téléphone à l’oreille, avant de revenir donner ses ordres. Le chef du S.W.A.T., un certain McArthur, avait insisté pour que les inspecteurs de la criminelle restent à l’arrière, laissant agir ses hommes, qui avaient l’habitude de ce genre d'opérations.

L’info qui leur permettait d’intervenir était comme tombée du ciel. Un jeune homme, Juan Pablo Mendez, avait été surpris en train de vendre de la cocaïne sur la jetée de Santa Monica, un lieu constamment arpenté par des touristes et des familles, mais aussi par une équipe de flics qui patrouillent régulièrement. Il fallait être vraiment stupide pour tenter d’effectuer la moindre transaction foireuse dans un lieu aussi fréquenté. Pour sa défense, le jeune en question débutait dans le métier. Son tatouage des Machetes n’était même pas encore cicatrisé. Alors, évidemment, il n’avait pas fallu longtemps aux enquêteurs, à coup de voix menaçantes et de gros yeux, pour que le jeune homme fonde en larmes et crache le morceau. Et il en avait, des choses à dire. Il a tout déballé : le trafic de drogues, les attaques à main armée, les vols de voitures… Toute l’organisation, planquée derrière un Alejandro Vidal déguisé en innocent producteur de vin, était mise à nu. Toutes ces informations trouvaient un écho dans les images vidéos montrant des déplacements réguliers de véhicules, dont certains ressemblant étrangement à des vans ayant été utilisés lors de braquages. Il y avait aussi un certain van noir, de marque Ford, avec un autocollant à slogan à l’arrière, qui avait interessé la police. A sa mention, la jeune recrue avait directement parlé de la femme qui était gardée dans l’entrepôt. Il l’avait vue quelques jours plus tôt, en train de se faire malmener par deux autres membres du gang, avant de la jeter sans ménagement dans la remise et de l’y enfermer. Il avait parlé aussi des visites fréquentes de Manolo, un des mecs les plus cruels du gang, à la prisonnière. Ces révélations avaient permis à Ari et Robbie d’obtenir un mandat de perquisition auprès du Juge. C’était incroyable que, grâce à ce seul témoignage, tous les doutes concernant Vidal avaient été confirmés, provoquant l’écroulement de son empire comme un château de cartes.

Ari entendit sa radio crépiter. Ils arrivaient à l’hacienda. Le plan était simple : profiter de la discrétion fournie par les vignes et filer tout droit vers les deux objectifs : la demeure de Vidal et, surtout, l'entrepôt où était détenue madame Turner. S’il le fallait, ils avaient l’autorisation de neutraliser qui se mettrait en travers de leur chemin. En plus de libérer l’otage, ils espèraient bien mettre la main sur Alejandro Vidal, Manolo Cervantes, et les autres membres du gang. Juan avait aussi parlé d’une “femme blonde très riche”. Ils ne savaient pas trop qui était cette femme, mais ils comptaient bien le découvrir.

Les agents sentirent le van s’arrêter. Les portières coulissèrent et l’assaut fut donné. Le soir était tombé, et une brume humide commençait à s’élever dans les vignes, ce qui fournissait aux agents une invisibilité providentielle.En ligne droite, les agents de l’équipe spéciale progressèrent vite, mais prudemment, couvrant chaque parcelle du terrain de leur lampe torche, fixée sur leur arme. Ari et Robbie suivaient derrière, prêts à intervenir, au rythme des “R.A.S.” chuchotés par leurs collègues. Ils avancèrent sans difficulté entre les arbustes, avant de tomber sur un homme armé. En silence, il fut aussitôt mis à terre et maîtrisé, laissant le passage aux agents, qui continuaient leur périple silencieux. Soudain, un homme en hauteur les repèra et lança l’alerte. L’atmosphère changea alors radicalement. Les agents du SWAT hurlèrent “LAPD ! Sortez, les mains en l’air !” Des coups de feu fusèrent de tous les côtés. Des Machetes s’écroulèrent, touchés mortellement. Le groupe des policiers se sépara en deux. Ari suivit l’équipe se dirigeant vers la remise, tandis que Robbie accompagnait ceux qui s’introduisaient déjà dans la maison. Des fenêtres éclatèrent. On entendit des hurlements, accompagnés de coups de feu. Le cœur de Ari battait frénétiquement dans sa poitrine. On défonça la lourde porte de la remise. Ils pénétrèrent dans la bâtisse sombre. Une forte odeur de bois leur fouetta les narines. Les lampes torches balayèrent l'intérieur du petit entrepôt. Des outils, des bidons abandonnés. un lit de fortune. Mais rien d’autre. Ari pensa instinctivement à Jake. Comment allait-elle lui annoncer la nouvelle ? Une pointe d’amertume lui monta à la gorge. Elle se sentit impuissante et complètement détruite. Elle allait devoir dire à un homme, à cet homme, que sa sœur n’était pas là où on devait la trouver. Olivia Turner n’était pas là.

A l’intérieur de la maison, Robbie trouva un groupe d’hommes et de femmes, le personnel de maison, couché sur le ventre, les mains sur la tête, attendant de se faire arrêter. Il poussa un juron. Vidal et ses principaux associés étaient partis. Il avait laissé derrière lui ses “petites mains”, ses domestiques et quelques hommes, sans doute pour faire illusion. O’Brien poussa un cri de colère. Tout ça pour rien. Alejandro Vidal s’était volatilisé.

***

Dans la camionnette qui les emmenaient vers leur prochaine planque, Victor était très nerveux. Lorsque Vidal était arrivé, avant l’arrivée des flics, il avait donné ses ordres pour emmener le plus de matériel et de caisse possible. Puis il avait posé les yeux sur lui. Victor s’était alors rappelé les paroles de Vidal : “si jamais ce que tu as dit à ton frère remonte à la surface, si jamais j’ai la visite du moindre flic, ou si un des tes collègues est arrêté, même pour excès de vitesse… Toi et ta famille de bouseux irez dire bonjour aux poissons de la baie. C’est clair ?”. En voyant ce regard qu’Alejandro lui avait lancé, Victor sut qu’il était déjà mort.

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