Chapitre 40 : “The World is Not Enough” - Garbage

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Ce matin-là, Ari et Robbie décidèrent d’avoir une petite discussion avec Gloria Rockwell. O’Brien avait été mis au courant par sa coéquipière des nouvelles informations recueillies auprès de Jake, et il n’arrivait pas à croire qu’une célébrité comme la grande Gloria Rockwell soit mêlée à cette histoire. Sa femme était une fan incontestée de l’héritière de Karen Rockwell et elle suivait toutes ses aventures dans les pages du National Inquirer. Ce matin-là, le ciel était couvert, donnant une impression de fraîcheur après ces quelques jours d’enfer.

Ils arrivèrent à l’adresse de la star, trouvée dans le CLETS, la base de données fréquemment utilisée par les services de police. La demeure était cachée derrière un mur végétal et seule une haute barrière leur indiquait que quelqu’un habitait là. Ils sonnèrent à l’interphone et durent attendre un moment avant qu’une dame, affublée d’un fort accent hispanique, leur réponde.

- Allô ?

- Bonjour madame, répondit Ari. Inspecteurs Johnson et O’Brien. Nous voudrions parler à Madame Gloria Rockwell, s’il vous plaît.

- Avez-vous rendez-vous ?

- Non, mais il est important que nous puissions parler à madame Rockwell. Nous avons des questions à propos du gang Los Machetes et de monsieur Alejandro Vidal.

La dame commença à répliquer mais une voix derrière elle lui dit quelque chose. Il y eut un silence de quelques secondes, puis la grille s’ouvrit et les inspecteurs purent entrer. Ils parcoururent une longue allée bordée de cyprès italiens, telle une muraille végétale prodiguant un abri contre les regards indiscrets. Après un tournant, ils arrivèrent enfin devant la fastueuse villa de la star. La pelouse était impeccablement tondue et ressemblait presque à un tapis. Un énorme magnolia trônait au centre du jardin devant la villa néo-classique, répandant un parfum délicat. Des statues grecques se prélassaient ici et là, donnant une impression de calme et de volupté. Robbie prit discrètement des photos de la propriété. Ari lui demanda si c’était pour le dossier et O’Brien lui répondit, un peu géné, que c’était pour sa femme. Ils arrivèrent devant une double porte immense, sculptée dans un bois clair. Ils n’eurent pas le temps de sonner, la porte s’ouvrit et une petite femme rondelette, habillée d’une robe noire et d’un tablier blanc les accueilli et leur demanda de patienter dans le hall d’entrée. Le sol était pavé de marbre blanc et un large escalier aux marches sombres conduisait à l’étage supérieur. De grands tableaux d’art contemporain garnissaient les murs d’un blanc laiteux. Un vase précieux, dans lequel s'épanouissaient de grands plumeaux de papyrus, était posé sur un guéridon en cerisier. Adossé au mur du fond, tapissé d’un papier aux motifs végétaux, il y avait une grande cage dorée dans laquelle se trouvait un magnifique cacatoès blanc. Robbie s’en approcha et voulut y mettre un doigt pour caresser la tête du perroquet, qu’il dut vite retirer, sous peine de se le faire pincer par le bec du volatile.

- Ne vous fiez pas à son apparence, Houdini est plutôt vorace avec les inconnus…

Ari et Robbie regardèrent en direction de la femme qui venait de parler, en haut des escaliers. Gloria Rockwell était là, dans toute sa splendeur. Ses longs cheveux blonds, ses grands yeux verts fardés de noir et ses formes généreuses faisaient penser à une star des années 50, aura qu’elle entretenait volontiers, tout en gardant une touche résolument contemporaine. Elle portait un chemisier blanc à pois noirs et une jupe crayon, signés de grands couturiers, qui soulignait ses courbes. Ses chaussures à haut talons claquèrent sur les marches, accompagnant sa descente. Son allure inspirait la richesse, la mode et la grâce.

- Que me vaut le plaisir de votre visite ?

- Bonjour, Madame Rockwell, commença Robbie, tout sourire. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis l’inspecteur Robbie O’Brien et voici l’inspecteur Ari Johnson.

- Enchantée, répondit-elle en souriant à O’Brien.

- Nous enquêtons sur certaines activités concernant une bande organisée qui se fait appeler “Los Machetes”, commença Ari, en regardant son équipier de côté.

- Je ne vois pas comment je peux vous aider…

- Nous avons un témoignage vous reliant à un individu soupçonné d’en être le dirigeant. Monsieur Alejandro Vidal.

A ce nom, le perroquet se mit à hurler “Alejandrooo !” et l’attitude de la star changea imperceptiblement, mais Ari le remarqua.

- Vidal, dites-vous ? Effectivement, ce nom me dit quelque chose, fit-elle en faisant mine de réfléchir. Ah mais bien sûr ! Il produit un vin incroyable, j’ai eu rendez-vous avec lui pour une dégustation.

- A presque minuit ? objecta l’inspectrice.

- Et bien… Nous sommes très occupés par nos affaires respectives, cet horaire nous convenait à tous les deux.

- D’accord. Quelqu’un d’autre que vous ou monsieur Vidal peut-il confirmer cette information ?

- Mon avocat, Maître Jason Finnley, nous accompagnait. Le personnel de monsieur Vidal pourra aussi confirmer mes dires.

- Votre avocat ? s’étonna Robbie.

- Oui, notre discussion portait sur une très grosse commande. J’ai plusieurs amis qui sont intéressés par la cuvée de monsieur Vidal et nous lui avons demandé de nous réserver plusieurs caisses. Mon avocat était juste là pour s’assurer de la bonne suite de la transaction.

- Mmh, acquiesça Ari. et bien, il faudra vous passer de ce merveilleux breuvage, répondit Ari d’un air légèrement sarcastique. Monsieur Vidal est en fuite et activement recherché pour enlèvement et organisation criminelle. A propos, que pouvez-vous me dire à propos de Jake et Olivia Turner ?

Le changement d’attitude fut plus évident lorsque Gloria entendit ses noms. Ses yeux s’ouvrirent tout grands et sa gène fût évidente.

- Ces noms ne me disent rien. Je suis désolée.

- Monsieur Turner est très inquiet, continua Ari. Sa sœur a été enlevée et des témoignages disent qu’elle a été emmenée de force dans une camionnette aperçue plusieurs fois sur la propriété de monsieur Vidal.

Madame Rockwell se mit à observer la jeune inspectrice. Elle détailla ses longs cheveux bouclés, sa bouche finement ourlée et sa forme athlétique.

- Vous êtes bien jolie pour faire partie de la police criminelle, répondit Gloria. C’est du gâchis, vous pourriez aisément percer dans le mannequinat.

Ari rougit, surprise par la déclaration de Rockwell, qui avait pour but évident de la déstabiliser.

- Je vous remercie, mais là n’est pas le sujet. Donc, vous affirmez n’avoir aucune information concernant cet enlèvement ?

- Aucune.

Le volatile repris de plus belle “Alejandrooo ! Alejandroooo !”. La riche héritière lui intima l’ordre de se taire.

- Il adore répéter tout et n’importe quoi, déclara-t-elle.

- En parlant d’Alejandro Vidal, repris Ari, je tiens à vous répéter qu’il est activement recherché. Si vous savez quelque chose, je vous conseille de nous appeler.

Les yeux de madame Rockwell s’étrécirent, et un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres.

Le cacatoès se remit à hurler “Alejandroo ! Embrrrasse-moaaAA !”.

Gloria jeta un œil mauvais en direction de la cage puis se remit à sourire aux inspecteurs.

- Je suis désolée, mais je ne sais absolument rien. Je vais devoir vous laisser. J’ai un rendez-vous important et je vais finir par être vraiment en retard. Vous savez où est la sortie.

Les inspecteurs se dirigèrent vers la sortie. Ari regarda son coéquipier d’un air entendu. Gloria Rockwell cachait quelque chose.

Ils ne virent pas Gloria tourner le regard vers l’étage, espérant qu’ils n’avaient pas vu l’ombre s’y cachait. L’ombre d’Alejandro Vidal.

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