Chapitre 41 : “Lonely World” - The Vaccines
- Écoute-moi très attentivement, Marcelo. Le fait est que les flics ont trouvé la camionnette dans ton garage, et ça sent très mauvais pour toi. Je te conseille fortement de ne plus dire un mot. Je vais voir ce que je peux faire. Mais en attendant, je te le répète : pas-un-mot. On se revoit demain.
Jason quitta son nouveau client, Marcelo Alcaraz, qui allait avoir de très gros ennuis. Avec le van trouvé chez lui, il logeait désormais à Twin Towers, le centre de détention de Bauchet Street, en attendant son procès. L’avocat avait du pain sur la planche. D’habitude, il n’avait pas trop de mal à défendre les Machetes. Mais là, il allait devoir expliquer comment cette camionnette s’était retrouvée chez lui. Il ne voyait pas trop comment il pourrait limiter les dégâts. Le petit allait garder son costume orange un petit moment.
Son chauffeur vint le prendre à la sortie de la prison pour le conduire à son bureau. A peine assis dans la voiture, l’avocat sortit son téléphone portable. Il devait appeler Gloria pour la prévenir de ce qui venait de se passer.
- Gloria, c’est très mal parti pour Marcelo. Je pensais pouvoir lui éviter la cage, mais les inspecteurs ont très bien travaillé. Ils ont l’ADN de notre invitée. Tout l’accable.
- Les flics ont senti une piste, répondit l’héritière. Ils viennent de me rendre visite.
- Quoi !? Avec Vidal sous ton toit ?
- Heureusement qu'on les a vu arriver. Il a pu se cacher dans une des chambres de l’étage.
Jason ressentit de l’agacement. Il avait du mal à accepter l’idée que Vidal s’était réfugié chez Gloria. Même s’il savait qu’elle jouait la comédie, c’était ce baron de la drogue qu’elle embrassait. Pas lui.
- Et ton plan le concernant ? Il tient toujours ?
- Plus que jamais. Ce sera plus facile, maintenant que je peux garder un oeil dessus. Il me fait confiance. Ce sera facile. Je dois juste préserver Mercedes et Pedro.
- En parlant de ton jardinier… Je l’ai vu, hier, au QG du L.A.P.D. Il m’a agressé.
- Que s’est-il passé ?
- Il m’a dit que son frère avait disparu. Il voulait que je l’aide, mais j’ai refusé. J’ai autre chose à faire que de m’occuper de ton personnel. Il l’a très mal pris.
- Pedro est un bon garçon. Si son frère a disparu, c’est inquiétant.
- Fait attention, Gloria. Un domestique reste un domestique. Tu me remercieras.
Il raccrocha. Cette histoire commençait à l’irriter. La police s’approchait de la vérité et inévitablement, ils allaient être mis en cause, Gloria et lui. Il songea à préparer leur départ, même si elle avait refusé. Il devrait rassembler ses économies, ses avoirs. Dès que Gloria se serait occupée de Vidal, ils partiraient pour Paris. Elle ne pourrait qu’accepter. Il serait son sauveur.
Son chauffeur le déposa au pied de la tour de verre et de métal qui abritait son cabinet. L’air frais diffusé dans le bâtiment fut une bénédiction après la fournaise qui régnait dehors. Il prit l'ascenseur jusqu’au troisième étage et s’arrêta au bureau de l’accueil où Sharon, sa secrétaire, lui tendit trois petits feuillets.
- Vous avez trois messages, maître. Un du Juge Maxwell, un de Maître Roscoe et un autre d’un certain Santiago. Il a dit qu’il passerait vous voir tout à l’heure.
- Santiago ? Je ne connais aucun Santiago. Peut-être encore un client envoyé par Gloria… Merci Sharon. En attendant que monsieur “Santiago” arrive, je ne veux pas être dérangé.
Il prit le couloir en direction de son bureau. Il passa la double porte de verre et se dirigea vers son fauteuil, en face de la grande baie vitrée. Il se servit un verre de cognac et s’assit, poussant un soupir de soulagement. Il avait besoin de se vider la tête, ne penser à rien. Et surtout pas aux Machetes. Son regard se perdit sur le panorama, avec, au loin, les collines de Santa Monica. Il sourit en se remémorant cette journée passée avec son père dans ces collines. Il devait avoir douze, treize ans. Son père avait pris une journée de congé et ils avaient décidé de parcourir Temescal Canyon. Ils s’étaient arrêtés à un point de vue donnant sur l’océan, et c’est là que son père lui avait donné un conseil. Il ne savait plus trop ce que c’était, un truc à propos de l’argent, du pouvoir. Parce qu’à la vérité, le père Finnley n’avait que ça à la bouche. Argent. Pouvoir. Mais ce jour-là, Jason avait eu l’impression d’avoir un véritable père. Un père qui s’était occupé de lui, avec qui il avait passé un bon moment. C’était ça qu’il gardait précieusement en lui. Le souvenir de son père, qui avait pris congé pour passer du temps avec son fils.
Il se sentit soudain très seul. Et à bien y réfléchir, c’est ce qu’il avait ressenti toute sa vie. Lui, qui avait été le jeune homme populaire, fils d’un chirurgien plastique célèbre et d’une enseignante à la prestigieuse université de Los Angeles. Lui, l’avocat des stars. Désespérément seul. Car personne ne cherchait à vraiment le comprendre. Tout, autour de lui, n’était qu’apparence. Il avait envie que Gloria soit là, près de lui. Car elle possédait cette part d’authenticité. Elle était farouche, sûre d’elle. Il connaissait tout d’elle, même sa véritable identité. Il savait tout. Elle lui avait tout dit, ce jour-là, chez elle. Et il la protégerait pour toujours.
Quelque chose passa soudain devant ses yeux, et il sentit un lien, fin mais très solide, lui écraser la pomme d’adam. Il tenta désespérément de s’en saisir, mais quelqu’un, derrière lui, le tenait très serré, empêchant la moindre prise pour l’en libérer. Jason commença à paniquer, à étouffer. Il sentit son coeur s’affoler dans ses tempes. Il s’agita sur son siège, cherchant à atteindre son agresseur, qui resserra encore le lien autour de sa gorge. L’avocat perdit pied, s’épuisa, et sentit peu à peu la torpeur l’envahir. Un voile noir se posa sur ses yeux. Il arrêta de bouger.
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