Chapitre 44 : “I Predict A Riot” - Kaiser Chiefs
Ce soir-là, Jay est venu chez moi. Je lui avais parlé de mon idée et il y a adhéré directement. Je m’y connaissais un peu en piratage informatique, mais mes compétences dans ce domaine ne valaient rien face à celle de mon ami. Quand il a entendu les grandes bases de mon plan, il m’a montré de quoi il était capable. Et oh, mon Dieu, ça allait faire mal. Il était temps que je passe à l’offensive.
J’ai sursauté lorsque quelqu’un a frappé à ma porte. Je me sentais pris en défaut. ce que nous faisions était puni par la loi, et c’est avec grande prudence que je suis allé voir qui me rendait visite à cette heure. C’était Vince, et c’est avec soulagement que je l’ai laissé entrer.
- J’ai des nouvelles, a-t-il commencé, avant de s’arrêter brusquement en remarquant mon invité s’activer sur l’ordinateur.
- Tu peux parler devant lui, ai-je assuré. C’est Jay, un pote du boulot. Il est au courant de tout et il va nous aider.
Jay fit un signe en souriant.
- Heu… Ok, fit Vince en grimaçant comme s’il voyait un gosse bizarre. De mon côté, j’ai pas chômé. J’ai réussi à recueillir plusieurs infos. Pour commencer, tu as entendu parler de ce cadavre retrouvé à Muscle Beach ?
- Je l’ai lu dans les journaux…
- Ok. Et bien, c’est Marty qui l’a trouvé. Il connaissait le mec, un certain (il examina ses notes) Tito Herredia. C’était un Machete, lui aussi.
- Attends… Un autre Machete avec les mains coupées ?
- Tout juste. Bref, il a bien failli avoir Marty en prime. Heureusement qu’il court vite. Marty m’a dit un truc intéressant : le mec sifflait “Hôtel California”.
- La chanson des Eagles ? Et en quoi c’est intéressant ?
- Attends, tu vas voir, répondit le détective. Au début, ça ne me disait rien non plus. Plus tard, j’ai pensé que Lorna avait peut-être du nouveau. Peut-être que des mecs du gang auraient discuté d’un truc ou l’autre et lâché un indice sans le vouloir…
- Ouais, rigola Jake, t’es sûr que c’est la raison qui t’a poussé à retourner la voir ?
- Je vais faire comme si j’avais rien entendu. Elle m’a dit que Los Machetes se font plutôt rares depuis un moment. Je pense qu’ils se font discret depuis la perquisition, ce qui montre quand même qu’ils sont un minimum intelligents. Mais il y en a tout de même un qui est venu l’autre fois. Ce soir-là, un groupe faisait des reprises des Eagles. Et devine quoi ?
- Ils ont joué “Hôtel California”. C’est là que le tueur a entendu cette chanson !
- Et ouais !
- Tu crois que c’est le même mec ? ai-je demandé.
- Ce serait un sacré hasard. J’ai demandé à Lorna si elle se rappelait du gars en question. C’était un jeune, avec un sweat kaki, à capuche. Et un drôle de t-shirt avec un crâne qui crachait des flammes.
- Il faut en parler à Ari… Ça va peut-être l’aider.
Je sortis mon téléphone portable et appelais Ari. Elle décrocha après trois sonneries. Mes dernières révélations la laissèrent perplexe.
- Attends, répondit-elle, cette description correspond à Victor Aguilar… Mais c’est impossible !
- Pourquoi ?
- Parce qu’il est mort, Jake. On a retrouvé son cadavre décapité dans une ruelle.
- Décapité ? C’est horrible ! Et on est sûr que c’est lui !?
- Et bien, non seulement il avait son portefeuille sur lui, mais il avait le même tatouage du gang sur les avant-bras, et les mêmes vêtements que Victor quand il a disparu. Son frère nous a dit que la dernière fois qu’il lui a parlé au téléphone, il était en train de se faire poursuivre et qu’on voulait le tuer. On a relevé son ADN sur son t-shirt trempé de sang. Ça pourrait être lui. Pour en être sûr, on a demandé une batterie de tests sur le corps. Mais à ce stade, je pense qu’on peut raisonnablement dire que c’est lui.
Moi qui pensais avoir enfin avancé un peu plus vers la solution, j’étais déçu. Je ne sais pas, je me disais que si on arrivait à démasquer ce tueur, il nous conduirait à l’endroit où ma sœur était détenue.
- Cette histoire commence à énerver mes supérieurs, continua-t-elle. On est à sept cadavres ! Et le dernier est un avocat réputé, pas un jeune sicario. Mon chef s’est fait convoquer par le Chef Adjoint du L.A.P.D, lui-même ! Je ne sais pas ce qui va en ressortir…
Elle me promit de me tenir au courant de la suite et raccrocha.
Pendant ce temps, Vince s’était approché de l’ordinateur et y avait jeté un œil.
- Mais qu’est ce que vous fichez sur cet ordinateur ? demanda-t-il, plissant les yeux et essayant de comprendre ce qu’il regardait.
- Ça, mon ami, c’est ce qu’on prépare pour ce cher Alejandro Vidal, ai-je répondu.
Il resta encore là, à regarder l’écran. Quand il comprit enfin, il fit des yeux tout ronds.
- Mais vous êtes malades !
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