Chapitre 48 : “I lied” - Lord Huron

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Assise devant le miroir de sa chambre, Gloria se brossait les cheveux pensivement. Elle sortait de sa douche et se préparait à réaliser son projet. Plongée dans ses pensées, elle s’aperçut que son objectif avait quelque peu changé. En fait, c’était sa cible qui n’était plus la même. Oui, Jake l’avait fait souffrir. Oui, elle avait passé plus de vingt ans dans cet asile. Mais était-ce vraiment de sa faute ? Lui avait-il promis quoi que ce soit ? Elle savait qu’elle pouvait se montrer un peu… excessive. Mais à bien y réfléchir, ce n'était pas Jake qui avait tué son frère et son père. C’était elle.

Elle avait essayé de réparer les dégâts qu’elle avait provoqués. Elle avait dit à Vidal de libérer Liv Turner. Mais c’était en vain. Alejandro avait confirmé sa réputation d’homme cruel et implacable. “Personne n’échappe aux Machetes !”, avait-il éructé, mettant fin à leur conversation.

Elle savait qu’il avait torturé le jeune frère de Pedro. Elle avait eu vent de ses actes d’une cruauté écœurante. Et voilà que, comble de l’horreur, Jason avait été tué. Vidal lui avait assuré que ce meurtre n’était pas le fait du gang. Mais elle ne le croyait pas. Elle savait qu’il avait toujours été jaloux de l’avocat. Gloria avait décidé qu’il était temps qu’Alejandro Vidal soit mis hors d’état de nuire.

Mais avant d’entamer ce chapitre, elle devait clôturer le précédent. Elle ne pourrait pas passer à autre chose tant que ce ne serait pas fait. Elle prit son téléphone portable et forma ce numéro qu’elle avait si souvent fait dans ses rêves. Cette fois-ci, c’était réel, et son discours allait être bien différent de celui qu’elle avait imaginé tant de fois.

La voix de l’homme se fit entendre après seulement deux sonneries.

- Allô ?

- Jake…?

Goria dut réprimer la vague d’émotions qui la submergea en entendant cette voix du passé. Cette voix qu’elle avait d’abord adorée, puis détestée profondément.

- C’est moi.

Pas de réponse, dans un premier temps. Puis, Jake, avec une hésitation dans la voix :

- Megan ?

- Je… Je suis profondément désolée.

Silence. Elle entendit un tremblement dans la respiration de l’homme.

- Où est ma sœur, Megan ?

- Ne t’inquiète pas. Elle va bien. Tu la reverra bientôt. Je… J’ai compris certaines choses… Je vais tout arranger. Puis tu ne me reverras plus jamais.

- Megan… S’il te plait… Je… Tu as besoin d’aide…

Le cœur de Gloria se serra et sa gorge se noua. Elle sentit les larmes rouler sur ses joues. C’était bien le Jake qu’elle avait connu. Celui dont elle était tombée amoureuse. Malgré le fait qu’elle lui avait fait tant de mal, il se souciait d’elle. Toutes ces émotions furent si fortes qu’elle ne put rien répondre. Elle fondit en larmes et raccrocha. Adieu Jake.

Elle baissa la tête et se laissa un peu de temps pour reprendre ses esprits. Puis elle se regarda dans le miroir. Il était temps de passer à l’action.

Elle avait déjà fait ses adieux à Mercedes, en s’assurant qu’elle soit à l’abri du besoin. Elle lui avait fait cadeau de quelques bijoux qui, revendus, lui assureraient une vie confortable pour un bout de temps. Elle avait voulu faire de même avec Pedro, mais elle n’avait pas eu de ses nouvelles depuis qu’elle l’avait déposé au poste de Police. Ce silence l’inquiétait beaucoup. Elle espérait bien le revoir avant son départ.

Son plan était simple. Elle utiliserait du GHB, comme dans le passé. Mais cette fois-ci, la dose serait plus conséquente. Vidal ne devait pas simplement perdre connaissance. Il ne devait jamais se réveiller. Puis elle ferait ses bagages et partirait pour toujours. Elle avait déjà réfléchi à sa prochaine identité. Elle aimait le prénom “Isabela”. Comme la mère de Jake. Elle irait s’installer dans le sud de la France, ou, pourquoi pas, en Espagne. Elle y jouerait le rôle d’une orpheline ayant hérité d’une fortune considérable. Les bases de son histoire n’auraient pas beaucoup changé, mais qui irait se douter de la vérité ? En étant assez prudente, elle pourrait être tranquille un bon moment.

Elle se maquilla et s’habilla de façon provoquante. Elle savait qu’Alejandro aimait ça. Les lèvres rouges, les yeux fardés de noir, et cette petite robe qui mettait en valeur ses atours. Elle prit deux verres, versa une dose mortelle de GHB dans l’un et son meilleur whisky dans les deux. Elle descendit au salon, ou Vidal se reposait. Il sourit en la regardant arriver. Elle tendit son verre à Vidal.

- Tiens, lui-dit-elle. J’ai pensé que ça te ferait du bien.

Il prit le verre en souriant. Il se pencha en avant, posa le verre sur la table basse et attira Gloria à lui, la faisant s'asseoir sur ses genoux. Il lui prit doucement son verre et le plaça à côté du sien.

- Merci, ma beauté. C’est bon de savoir que tu restes à mes côtés, même en ces moments difficiles.

- Tu vas te relever, Alejandro. Et tu seras plus fort que jamais.

Vidal entoura Gloria de ses bras et l’embrassa. Un baiser long, sensuel et doux. Puis Gloria s’écarta un peu et sourit.

Le Jefe reprit son verre et regarda Gloria dans les yeux, lui tendant le sien.

- Trinquons à notre avenir, susurra-t-il.

Ils vidèrent leur verre, ne se quittant pas des yeux. Vidal s’essuya la bouche du revers de la main.

- Intéressant, ce goût… Tu ne m’as pas servi le Macallan, cette fois-ci ?

- Si… Pourquoi ?

- Je ne sais pas… Il y a une saveur de plus que je ne reconnais pas…

- Mmh non. Il est comme d’habitude pour moi…

Gloria se sentit tout à coup nerveuse. Vidal se doutait-il de quelque chose ? Elle tenta d’attirer son attention sur autre chose.

- Quel est ton plan pour la suite ?

- Et bien… Il faut qu’on en finisse avec cette fille.

- Alejandro. Tu es sûr ? Si on la relâchait, tout simplement ?

- On en a déjà parlé, amor. Elle sait trop de choses. Non, elle doit disparaître.

Gloria ne sut dire si c’était la frustration causée par cette réponse, mais son inquiétude s’accentua, au point qu’elle en eut la nausée. Liv allait mourir, par sa faute. Elle voulut se lever mais fut soudain prise de vertiges. Alejandro se leva pour la soutenir.

- Que se passe-t-il ? Tu ne te sens pas bien ?

- Je… Peut-être une chute de tension…

Mais son malaise ne disparut pas. Au contraire, il s’intensifia. Elle se sentait partir. Elle regarda les verres sur la table et compris. Elle regarda Vidal. Il lui souriait cruellement.

- Alors, toi aussi, grimaça-t-il. Toi aussi tu m’as trahi.

- Que… Alejandro…?

- Tu crois que je suis arrivé à la tête de mon empire en faisant confiance à qui que ce soit ? Tu crois que je bois bêtement dans les verres qu’on me tend ? Je les échange systématiquement. Quand j’ai échangé nos verres, je ne croyais pas que tu voulais me trahir. Je me suis dit que si je me trompais, ça n’aurait pas de conséquence.

Gloria s’écroula sur le sol. Elle n’arrivait plus à bouger. Sa respiration devenait difficile. Les yeux grand ouverts,elle regardait Vidal. Il se pencha sur elle. L’air mauvais, il chuchota à son oreille.

- J’ai eu la faiblesse de te porter de l'intérêt. Je pensais que tu étais comme moi. Je me suis bien trompé. En fait, tu n’as aucune valeur.

Il sortit de la pièce, la laissant agoniser là, sur le sol.

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