Chapitre 51 : “Not The Same Anymore” - The Strokes
- Jake… Je ne sais pas quoi penser de tout ça…
Ari me regardait, inquiète. Elle venait de m’entendre lui raconter les détails du plan que je venais de lancer et elle était préoccupée, à juste titre. Parce que ce plan aurait des conséquences. Mais j’estimais que parfois, pour faire bouger les choses, il fallait donner un grand coup de pied dans la fourmilière, quitte à se faire piquer.
Après que Jay m’ait appris qu’il avait été hacker dans une vie passée, nous avons discuté et ça m’a donné une idée. Je lui en ai parlé en détail, pour qu’il comprenne bien que ce que je m’apprêtais à lui demander était dangereux, et même illégal. Mais je lui ai assuré qu’il resterait dans l’ombre et que j’assumerais toutes les conséquences. C’était la moindre des choses. Il m’a répondu qu’il allait m’aider. Il m’a dit aussi que si moi, un mec honnête, je me sentais obligé d’en arriver là, c’est que ça devait être grave, et que j’avais donc tout son soutien. Ses paroles ont réchauffé mon coeur, mais je me sentais coupable. Je risquais de le mettre dans une mauvaise situation.
Nous nous sommes donc mis au travail. Mon expérience en ingénierie informatique me permettrait d’aider mon complice dans sa lourde tâche. Je ne vais pas me perdre dans des détails techniques et essayer de vous expliquer en long et en large ce que nous avons fait. Tout ce que vous devez savoir, c’est qu’au final, j’avais un accès total à l’ordinateur de Vidal, à ses données privées, ses comptes, ses possessions immobilières, sa messagerie. Tout. Lorsqu’il avait été arrêté pour hacking, Jay travaillait comme IT dans une société bancaire. Il connaissait donc les protocoles habituels et s’y retrouvait aisément. Nous avons profité d’une faille dans le système de cryptage qu’il avait identifiée, un vieux bug qui n’avait jamais été corrigé. Dès lors, Jay a pu montrer tout son talent. Dans un premier temps, il a pondu un code convertissant l’argent en crypto-monnaie, avant de le redistribuer sur des plateformes aux serveurs disséminés un peu partout dans le monde. Puis, si Vidal refusait de libérer Liv, une commande prévoyait de transférer tout l’argent à différentes œuvres de charité, en petites sommes, pour ne pas leur attirer d'ennuis.
Nous avons aussi tourné cette vidéo dans laquelle je joue à l’Anonymous. J’ai eu l’idée du masque en me remémorant le visage du monstre qui nous avait poursuivi à l’hacienda. Vidal aimait inspirer la peur avec ce genre de gars dans ses rangs. Je voulais lui montrer qu’il ne m’impressionnait plus du tout, et même que je me moquais de lui. Je savais que c’était risqué, et même peut-être suicidaire. Mais Vidal ne comprenait que ce genre de menace. Sans ça, il ne m’aurait pas pris au sérieux.
- Je t’ai dit que je te faisais confiance, et c’est toujours le cas, m’assura Ari. Mais j’ai peur des conséquences. Car il va y en avoir, et il faut nous tenir prêts à réagir.
Nous avons ensuite discuté de l’enquête. Robbie avait fini par être très bavard et il avait révélé qu’Alejandro Vidal se cachait chez Gloria. Accompagnée d’une patrouille de police, Ari s’était alors rendue à son domicile de Beverly Hills. Arrivés sur place, un coup de feu avait retenti, et ils s’étaient introduits dans la villa. Ils avaient retrouvé Gloria et Pedro, inanimés. Gloria, hélas, était décédée. Elle avait été empoisonnée. Cette nouvelle m’a fait beaucoup de peine. Même si elle était responsable de beaucoup de malheurs, elle ne méritait pas de finir d’une façon si tragique. Heureusement, Pedro était toujours vivant. Il avait été emmené à l’hôpital et subissait une opération.
En fouillant la maison, Ari est tombée sur un journal. Gloria écrivait, jour après jour, ses sentiments, ses projets. Elle y a trouvé la confirmation de sa véritable identité : Megan Guildritch, tout juste sortie de Broadmoor, et qui avait hérité de la fortune colossale de Karen Rockwell. Elle y parlait de son obsession pour moi, oscillant entre admiration et désir profond de vengeance. Elle y parlait aussi de son plan d’enlever Liv, simplement parce qu’au départ, elle croyait que c’était ma petite amie. Elle voulait juste nous faire souffrir. Tout ça… pour un malentendu.
Soudain, la radio de Ari crepita. On avait repéré la voiture de Vidal. Il s’était arrêté près d’une raffinerie désaffectée, à Wilmington. Et il avait sorti un lance-flammes de son coffre.
Ari leva les yeux sur moi, l’urgence dans le regard. Vidal était sur le point de se venger.
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