Partie de pêche - 1

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Shan fredonnait un air entraînant au rythme des sifflements des lézards et des pépiements des oiseaux. Agrippée aux branches des buissons fluviaux, les pieds ancrés dans l'argile boueuse, elle plongea sa gourde en peau d'Ælv. Le gargouillis de l'eau lui rappela un air joyeux.

Si on se fait embusquer, je dirai que c'est votre faute, à toi et ta chansonnite.

Shan lui répondit par un sourire que Kararaya, dos tourné, trop occupé, ne remarqua pas. Un tronc massif, alors, happa l'attention de la jeune Rokian. Il courait avec la Rivière, descendant en titubant le long de son bras aux destinations inconnues.

Le dernier arrivé au tronc est un Ælv !

La lycaon se jeta aux flots, aussitôt suivie d'Ario qui l'encourageait en même temps qu'il s'efforçait de la rattraper, puis d'un Kararaya un peu las.

J'ai gagné, j'ai gagné, j'ai gagné !

Cramponnée au radeau de fortune, elle exultait. Ario la rejoignit, tout sourire, et s'ébroua debout sur le bois chancelant.

Pas dans les yeux ! Aaah, les yeux !
— Si tu veux te venger, va falloir monter !

Kararaya les retrouva à son tour. Nullement abattu, il félicita les deux jeunes gens.

Je me demande jusqu'où ça va, songea Ario à voix haute.
— Oui ! Je veux voir la fin de la Rivière ! La fin, la fin !

Kararaya, lui, donna une impulsion au tronc pour s'élancer vers la rive.

Malheureusement, quelqu'un de responsable doit se charger de la cueillette, mais je vous souhaite de vous amuser.
— Mon pauvre Kray... Paauuvre Kray !
— On te racontera nos péripéties. Prépare-toi à ce que les atliln chantent nos louanges pour les éons à venir !

Ils mimèrent des adieux larmoyants, non sans arracher au Rokian ancré au sol la promesse de préparer du kaprrash à leur retour.

Attention à ne pas trop vous éloigner.
— Quelle belle aventure tu vas manquer, mon pauvre, pauvre Kray !

Il leur adressa un sourire amusé, puis souleva son panier à demi rempli.

Et ramenez à manger si vous trouvez quelque chose en route. Pensez au clan.
— Toujours, Krayayaya ! Toujours !

Kararaya roula des yeux. L'absence de Shan le reposerait peut-être.

*

Le flux tranquille du fleuve portait ses passagers vers le levant. Aux clapotis se mêlaient les babils enjoués de Shan et les halètements d'Ario.

Aha ! Je savais bien que ça sentait le loup mouillé !

Une Riao, le nez en l'air arrimé à l'effluve familière, les chercha des yeux. Et quand son regard s'échoua sur eux...

VOUS FAITES QUOI, BANDE DE FOUS ?
— Shei ! T'as l'air en forme ! Ben, ça flotte, tu vois ?
— C'EST PAS LE PROBLÈME.
— Rooh, c'est pas mignon ça, Shan ? Elle s'inquiète pour nous !
— NON. C'est. Juste. Surprenant.

Ario se dressa sur son vaisseau et s'étira.

Bien sûr ! Ça te dérange pas que je pique une tête ?

Il plongea sans attendre de réponse, arrosant la lionne qui recula en feulant. Le rire du Rokian ne l'amusa pas.

C'est pas ce que tu crois, se justifia-t-elle à toute vitesse. C'est juste... que... vous schlinguez quand vous êtes trempés.
— Aaah, mais c'est bien pour ça qu'on a besoin d'un bain !

Shei étouffa un gémissement horrifié. Curieuse, Shan approcha le tronc en barbotant pour l'échouer sur la rive.

On a pas déjà fini l'aventure quand même ? Dis, dis ?
— Noooon ! Tu connais Shei ? Shei ! Tu fous quoi si loin de Yudælla, d'ailleurs ?
— Y'a de plus gros poissons ici. CUKIIIII ! Ramène-toi ! Viens voir un truc !

Les deux Rokiann plaquèrent les oreilles et arquèrent un sourcil, jusqu'à l'arrivée affolée dudit Cuki.

Aah... Euh... Ouf ! Je pensais que... mais tout va bien. Non ?
— Si, si, relax. Tu te souviens d'Ario ? Et l'autre, c'est... T'appelles comment ?
— Shan.
— Ario et Shan. Ben lui, c'est le petit Cuki !
— Oui, euhm... C'est moi. Et... vous êtes loin de Rokian... non ?

Shan afficha un air triomphant.

Eh oui, Cuki ! Vois-tu, nous sommes partis à l'aventure ! La grande ! La vraie ! L'aventuuuure !
— Sur l'eau ?

Le dégoût perçait sa voix.

Hm... Mais... Si vous voulez jouer aux fous, faites-le correctement au moins. Je veux dire...

Il se frotta la nuque, rougissant.

Magne, Cuk. Ils sont p'tet tarés, mais ils ont pas l'éternité.

Le jeune Riao tira un grattoir de sa ceinture.

Les esquifs des enfants... On les évide pour qu'ils mettent leurs peluches dedans sans qu'elles prennent... l'eau.

Shan sourit, car il lui sembla que Cuki frémit à ce dernier mot.

On va faire ça bien, alors ! s'exclama Ario en ôtant les manches de son manteau. Z'êtes pas pressés ?

Shei haussa les épaules.

On avait prévu de camper ici quelques jours. Je suppose qu'on peut vous filer un coup de main. Resserrer les liens entre nos deux clans, tout ça, tout ça.

Cuki n'avait pas attendu pour commencer à rogner l'ébauche d'embarcation. Ario, Shan et Shei le rejoignirent bientôt.

Mur quittait son zénith quand l'once donna le dernier coup de pierre ponce.

Et... voilà...

Sans attendre, Shei rendit l'embarcation aux flots, effarouchant quelques poissons curieux.

Admirez le travail ! Ça coule toujours pas ! Et pas besoin de se tremper pour rien !
— Mais... J'aime bien l'eau, moi, geignit Shan.

Ario passa une main sur l'ouvrage et se frotta le menton de l'autre.

Mais on sera protégés des bestioles dentées.
— Il manque la main d'un enfant géant pour nous guider. Main géante, main géante...

Shan arrima le tronc en inspectant des yeux les alentours, comme si une telle trouvaille n'attendait que d'être vue.

Ou un nageur pourrait nous pousser, l'interrompit Ario.
— Moins drôle.
— NON, coupa Shei. BEAUCOUP PLUS RAISONNABLE DE...

Elle se tapotait le crâne pour hâter ses pensées. Vite, vite, vite...

Un Aigir pourrait pas vous pousser ?
— Shei, leur clan est super loin.
— Il faut quelque chose avec des nageoires.
— Ou juste... des nageoires ?

Trois visages sidérés se tournèrent vers le Riao penaud. Et c'est nous, les fous ?! chuchota Ario. Cuki baissa la tête.

Non, mais... je veux dire... attacher une nageoire à un bâton, par exemple.
— Ils ont pas besoin de vraies nageoires pour ça, on peut tailler une branche.
— Oui... aussi.

Shan leva son menu menton, comme dans une profonde réflexion.

Hm. D'accord, alors. On peut graver le tronc, aussi ?
— C'est le vôtre, vous faites ce que vous voulez.

Ario allongea le bras pour interrompre un mouvement que Shan n'avait pas amorcé.

Laisse de la place, j'ai une idée !
— J'allais pas finir aujourd'hui de toute façon. J'allais pas !

Le Rokian flatta l'écorce de son navire, un lyrisme exagéré dans la voix.

Je pensais que ce serait sympa de graver nos aventures au fur et à mesure.

Les deux Riaon s'échangèrent un regard crispé. Ça va finir avec tout le monde noyé, leur histoire. Cuki secoua tristement la tête. Shei la hocha gravement.

Allez, les gars ! beugla Ario. C'est une aventure, vous allez pas laisser une bande de Rokiann vous devancer !
— Hé hé, les chatons sont pas si forts s'ils ont peur de la pluie. Pas si forts !
— Rien à voir avec la peur ! Rien du tout ! C'est une simple... préférence. On aime mieux le sec si possible, voilà. Mais on a pas peur. De rien !

Shan et Ario, déjà embarqués, fixèrent la Riao immobile.

T'attends que le fleuve sèche ?

Shei montra les crocs et, poings serrés, la mine chagrine, leva un pied. C'estquedel'eauc'estquedel'eauc'estquedel'eau. Ario, moins patient, quitta le canot pour la dépêcher, mais glissa et aspergea la lionne qui lâcha un rugissement malveillant. Les oreilles basses, Shei se faisait le visage de l'abattement.

Un grondement acéré traversa ses os, qu'elle aurait mis sur le compte de l'humidité si Ario, Shan et Cuki n'avaient tressailli de concert.

Une nouvelle rumeur grave, pesante et caverneuse parcourut leurs échines, où une sueur glaciale fuyait avec la lenteur du gel et de la proie figée.

GRRRRRRRRRRRRRRM

Un rugissement muet mais immense ; lointain, et pourtant... Shei se souvint enfin de respirer. Le sol trembla. Encore, et encore, dans le silence inhabituel de la forêt, désertée des gazouillis d'oiseaux. Du friselis des lézards. Du crissement des insectes.
Inquiets. Tendus. Camouflés.

Les compagnons croisèrent leurs regards alarmés. Sans un mot, ils adoptèrent une position défensive, lames brandies vers le danger. À leur tour de jouer au gibier.

Shan pointa la barque en silence, incitant les Riaon à les rejoindre. Queue hérissée, par peur du prédateur ou à l'idée de se mouiller, Cuki secoua la tête.
Les Rokiann poussèrent le tronc à l'eau ; les bruits d'éclaboussure finirent d'affoler la troupe.
Les yeux de Shei et de Cuki couraient d'un bout à l'autre de la forêt, plus sombre qu'à l'accoutumée. Ils l'étudiaient, à l'affût d'une fausse quiétude, seule trace à présent du passage de la bête tapie.
Seulement, le silence les encerclait, les étouffait ; les effleurait.

Ario déglutit, attrapa Cuki par le bras et le jeta dans le canot ; il protesta d'un regard furieux, assourdi.

Un nouveau grondement, et l'eau même frémit, apeurée elle aussi. Les loups embarquèrent, et Shei, après un détour éclair pour ramasser une large écorce, vainquit son aversion.

Elle rama. Pour la première fois de sa vie, la première de son clan, peut-être même de son espèce. Elle rama mal, tourna en ronds angoissés, fuyant sans s'échapper.

Alors, les immenses arbres au ras du ciel frissonnèrent. Un gémissement aigu résonna ; un cri d'agonie.

Ario plongea et poussa l'embarcation, sans se soucier ni des courants ni des poissons carnivores. Fuir. Fuir. Déguerpir.

*

La forêt ronchonna, détourna ses yeux nombreux et se rasséréna, se remit à susurrer ses rumeurs et seriner ses murmures.

Tu sais ce que disent les Yu ? « Tant qu'y'a d'la vie, y'a d'l'espoir. »

Cuki, penché sur le rebord de leur canot de fortune, vomit ses tripes encore une fois.

Ouais... ben...

Une nouvelle nausée interrompit ses propos malaisés.

— … plus pour... très longtemps...

Shan l'encouragea d'une claque qui provoqua une nouvelle projection gastrique.

Mais si, tu vas survivre ! Allez Cuki, lève la tête, lève la tête !

Il se contenta de verdir, et vida un estomac déserté qui ne demandait qu'à se gorger. Shei renifla, pas moins pâle, mais toujours digne.

Pour info, j'avais prévu de vous rejoindre de toute façon.
— Et ta présence nous ravit !
— Ouais, ouais... Tiens Cuk, me reste des baies de malka. Essaie, ça te remontera.

Cuki tendit la main, et... serra les dents pour retenir un cri. Happé par les profondeurs bien trop humides, il se retint au tronc culbuté, agrippé par trois paires de mains.

Je croyais que tu voulais pas te baigner ?
— T'es con, Ario ! Remonte-moi !

Un élan commun libéra l'once aux oreilles baissées, qui repêcha sa queue mordillée. Avant qu'il ne se remette de ses émotions, l'adversaire submergé cahota l'embarcation précaire. Ario serra les crocs, et Shei prit les devants : guettant les remous, elle plongea les griffes au passage de l'importun, enserra la bête qui charria leur radeau dans son sanglant sillage. Les serres plantées dans sa chair se multiplièrent à mesure que les passagers trouvaient de la place où se cramponner.

Le poisson épuisé, les voyageurs le hissèrent dans le bateau et s'assirent enfin pour respirer un brin. Shei grogna.

J'ai un autre proverbe pour toi : « Problème ? Ça se bouffe ? A pu problème ».

Cuki inspecta les écailles hérissées.

Il a pas l'air... super comestible.

Ario, sourire aux lèvres, lui passa un bras autour du cou.

Tu l'as attrapé, à toi l'honneur de le manger !

Le Riao se fronça d'une mine triste.

Autour du feu, plus tard dans la journée, les grillades crépitaient. Et si la graisse frémissante faisait saliver les explorateurs affamés, Cuki renâcla à tester la première bouchée.

Iiiiyuuuuuh ! Pas bon !

Ses yeux embués ne mentaient pas.

Mais c'est toxique ?
— Non...
— Alors à l'œuvre !

Le chacal se fendit d'un sourire ; Shan déchiqueta la chair caoutchouteuse ; Shei mâcha consciencieusement ; Cuki mangea du bout des dents.

Ario profita de la halte pour sculpter leurs aventures le long de l'esquif. Shan moqua les silhouettes de bois qui fuyaient un danger invisible ; Cuki grimaça devant la figure écailleuse qui mordait une queue.
Shei, elle, confectionna de meilleurs ailerons : sur quatre branches courbes mais solides, elle fixa des pales en forme de nageoires qu'elle sculpterait chemin faisant, jusqu'à ce que les poissons eux-mêmes s'y trompent.

Et ils embarquèrent à nouveau vers l'inconnu.

C'est pas l'inconnu, c'est juste le reste de la forêt.
— T'y es déjà allé ?
— Non...
— Alors c'est l'inconnu ! En avant !

Shei secoua la tête.

Eeeh. Comptez sur un Rokian pour s'exciter pour rien.

Peu à peu, la forêt se clairsema. D'orage en brise frigide, poussés par le vent, giflés par le froid, les Riaon s'enroulaient dans leurs kælmn, les Rokiann se cachaient sous leurs capuches.

Et alors, la forêt prit fin.

D'un coup. Comme ça.

Ils avaient dû s'en douter, mais c'était si soudain.

Le cœur à fleur d'âme, ils passèrent l'arbre final ; quatre têtes tournées vers ce dernier jalon ; le dernier reliquat d'un foyer délaissé.

Au-devant, le vide et le rien. Hormis les flots que leurs émois gonflaient ; une rivière s'écoulant dans l'absence. Ni vue, ni bue, à coup sûr. Et eux, que faisaient-ils là ?

Le vent portait la poussière, les terres inhospitalières. Il les fouettait de plus belle ; il tempêtait. Lors de la halte suivante, Ario trouva peu à voir, et peu à graver.

Cuki, lui, laissait libre court à ses jérémiades.

Pourquoi on s'est éloigné du clan comme ça... Snif. Je t'avais dit qu'on aurait dû faire demi-tour.
— T'as rien dit du tout !
— Et maintenant on nage vers... vers chais pas quoi...

Shei planta un regard aigu sur leurs compagnons rokian.

Pas que l'eau soit un problème. Parce que c'en est pas un.

Les Rokiann se seraient peut-être moqués, fussent leurs estomacs moins courroucés. Le jeune once, pressé de quitter le rafiot, fureta les environs à la recherche d'un mets oublié de la vaste stérilité. Quelque maigre gibier tomba sous ses griffes ; bien plus qu'il n'avait osé espérer.

Et toujours plus en avant, le sable détrônait la poussière. Nos quatre explorateurs, sans plus rien à pister, fondirent sur les bêtes qui coursaient le même lit. Une bête aquatique qui tendit son long cou, espérant cueillir quelque rare buisson, les nourrit pendant plus de deux jours.

Les rafales se renforçaient, cinglaient, giflaient. Sans pitié, elles frappaient les impudents venus profaner leur demeure. Et sous le voile du vent, Ario fixa l'horizon imprécis.

Oh-ho, on dirait qu'on arrive au bout du monde.
— Sérieux ? Je croyais qu'Essea était ronde !
— Elle est p'tet cabossée sur les bords.

Shan se pencha en avant, accrochée à Ario pour ne pas chuter.

Tout va bien, tout va bien ! C'est juste une falaise !
— Le truc où l'eau tombe ?
— Et les trucs dedans... aussi ?
— Oui ! Oh...

Un soupir de concert, et nos amis s'activèrent. Les Riaon se résignèrent à tomber à l'eau, et une chaîne de quatre Dai et un canot frotta la rive, le poing agrippé sur le rien.

CUKI ! JE T'ENVOIE LA RAME !
— POUR QUOI FAIRE ?
— POUR LA PLANTER !
— AH, PAS CON ! ENVOIE !
— OUI, OUI, C'ÉTAIT PRÉVU !
— VOS GUEULES ! FAITES PASSER !
— C'EST PAS TOI QUI COMMANDES ! MAIS OUI, FAIS PASSER.

De ronchonnement en main et de main en bouche, de bouche en main et de main en ronchonnement, la rame atterrit dans la poigne de Cuki. Il la planta tant mieux mieux, traçant le long sillon de la course des eaux. L'espoir moribond, il ne lâcha rien et, peu à peu, la ligne de ses amis se courba et enfin, enfin ! se ferma sur le rivage. Éreintés, harassés, ils hissèrent l'embarcation et s'écroulèrent à terre, ravis pour une fois que le violent souffle les engouffre de lui-même.

— Kof kof kof ! Prakcah d'sable ! Kof !
— Hrrrm, répondit seulement Shei.

Une courte éternité plus tard, une inspection révéla un chemin praticable vers le pied de la falaise. À la vérité, ils n'avaient qu'à embarquer et laisser les sables les y glisser. On poussa le canot en contrebas de la cascade, mais Cuki se montra frileux à l'idée de continuer :

Ça va durer encore, euh, longtemps ? On dirait que la Rivière finit jamais.
— Les gars, y'a un autre problème. Elle coule dans ce sens-là, ce qui est sympa pour aller de ce côté, non ?
— Ouais ?
— Il se passe quoi quand on voudra faire demi-tour ?
— Merde.

Shan, Cuki et Shei se regardèrent, las, puis posèrent les yeux sur Ario. Sans attente ni espérance ; juste par principe. Il se mordilla les joues, en pleine réflexion. Mais aucune étincelle ne prit vie.

J'espère qu'on trouvera un moyen au bout du chemin. Sinon il faudra utiliser les biceps qu'on s'est fait pousser.

Cuki n'était plus qu'un masque triste mais résigné. Shei regarda sur le côté : elle se retenait de râler. Shan, elle, n'était plus que fatigue. Elle rama quand même, épuisée.

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