Changement

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— Tu vas changer de lycée.

— Comment ça mère ?

— Un test.

— Un test ?

Je n’aime pas sa posture méprisante. Elle tient de ma grande mère qui était-elle, élever dans le luxe sans en foutre une.

Elles détestent les personnes qui sont différentes. Mon père, un peu moins. Lui, il donne de la chance et accepte uniquement si l’autre fait un effort.

En parlant de lui, il arrive tout fier avec un sac en plastique blanc. Je devine mes affaires scolaires.

— Tu voulais être une banale ados, alors ton vœux est exaucé. On a acheté…

— On a récupérer aux dons.

— Oui exactement mon chéri, récupérer ses choses, désinfecter bien sûr pour ta rentrée ma puce.

— Miaou…

Heureusement Mozart passe sa tête dans le creux de mon cou, ce qui permet de mieux réfléchir à leur piège. Caresser son pelage beige qui se confond avec le canapé, me fera toujours surprendre.

— C’est quoi votre jeu ? Vous savez…je veux juste être comme les autres. Alors oui, vous voulez que je travaille comme vous. Mais laissez-moi rire ! Toi, maman, tu n’avais jamais travailler jusqu’à devenir une vague secrétaire manipulatrice pour papa, puissant magnat du pétrole !

— Ne soit pas insolente ! Une bonne correction tu mérites !

— Ne me tente pas père !

— Ma fille. Il faut se battre pour réussir. Montrer que…

— Je veux juste être heureuse ! Je m’en fiche des billets, des passes droits ou de rencontrer le Président ! Pour le moment, je me refuse à tout ça ! Et je devine que je vais aller dans un lycée moins bon pour que je découvre par miracle, que le niveau n’est pas pour moi, qu’il faut continuer à mépriser les incultes, et que je vous supplie de continuer mes études ailleurs !?

Mozart a peur et file se cacher sous un meuble... Moi, je me lève encore agitée…je me reconnais plus. Voilà bien longtemps que je voulais cracher le morceau.

— Tu as tout compris. On fait tout pour ton bien. Tu veux des amis, t’amuser… ok... Mais tu verras que ça va te perdre. Et on ne veut pas de ça. Travailler, gagner, c’est la survie.

Son chignon va commencer à sentir la cigarette dans quelques secondes vu comment elle sort avec élégance, sa troisième de la matinée.

Pendant qu’elle s’installe à son aise pour lire un magazine, mon père me file le sac et me dit pour essayer de me convaincre :

— C’est un lycée difficile. Tu ne vas pas te sentir à ton aise, c’est certain mais tu vas remonter le niveau. Prend ça aussi comme un moyen de les aider.

— Père…

— Je suis persuadé que tu vas vite revenir à la raison. Au fait, allons dans ta chambre.

Il me pousse à quitter la pièce. C’est l’été et je ne sais jamais comment il peut supporter à la maison son costume bleu nuit.

J’ai la chance d’avoir une grande chambre sobre mais malheureusement j’aimerais avec un frère ou une sœur.

Je dépose mon sac sur mon bureau et j’attends ce qui veut.

— Ton portefeuille.

— Père…

— Risque de vol et risque que tu achètes n’importe quoi. Portefeuille.

— Oui père…

Je sors du premier tiroir du bas, celui en cuir fait par un riche artisan de la capitale et offert à mes quinze ans par ma famille. Le peu de cadeaux reçu sont unique.

— Merci Adeline. Maintenant retire ton pull qui te rends grosse et ton tee-shirt.

— Père… je suis désolé…

— Je ne négocie pas !

J’obéis et voilà aussi deux mois que je n’ai pas été punis. Je pleure d’avance mais rien ne le fera changer d’avis.

Il tire mon bras pour me plaquer contre le mur et sors sa ceinture pour me frapper quatre fois.

— J’aurais pu faire plus comme quand tu n’as pas respecter le travail de Yolande.

— Je n’avais pas fait exprès ! J’avais oublié qu’elle passait le ménage….

Je me retourne en larme pendant qu’il remet sa ceinture.

— Les coups ne font rien visiblement. Si les notes sont là, on a tout raté. Tu nous déçois ma fille. Tu n’es pas encore parfaite.

— J’essaye père…

— Essayer n’est pas suffisant !

Il me gifle violemment. Je m’assois en bout de lit pour continuer à pleurer.

— Je suis perdu père…que voulez-vous ?

— Étudier dans les meilleures écoles, côtoyer les grands de ce monde. Mérité notre fortune. Rendre fière ta famille et te marier avec quelqu’un de grand.

— Pourquoi vous n’aimez pas les autres ?

— Ils sont incapables de se battre, toujours au crochet de la société. Tes grands parents de mon côté se sont construits sur rien. Comme ceux du côté de ta mère. On veut que tu apprennes à te battre ! Voir cette jeunesse passive, qui travaille tard, sortent… ils ne peuvent pas gouverner le monde.

— Ils ne veulent pas….

— J’en m’en fiche. On les écrase.

— Comme quand tu fournis l’armée ?

Une autre gifle…. J’aurais tenté.

— On se bat pour récupérer nos terre !

— On les a coloniser… et…

Une autre de l’autre côté.

— Pauvre fille. Effectivement on doit tout refaire.

Ma mère est revenue me regarder sans avoir changé d’air. Être battu… c’est mon quotidien. Chercher le changement aussi…

— Laisse là reprendre ses esprits. Elle comprendra un jour la part du gagnant. La jungle, le monde est une jungle depuis la nuit des temps. On élimine les mauvaises herbes c’est tout.

— Tu as raison ma chérie. Je vais m’occuper des papiers.

— Rhabille-toi !

— Oui mère….

Une fois fait, elle me demande de m’asseoir à ma table.

— On va préparer la rentrée. Dans trois jours, tu y seras. En attendant, je t’ai acheter des étiquettes, comme d’habitude, je veux que tu notes ton nom sur toutes tes affaires. Ça évitera que des singes de toutes races, nous les vols.

— Oui mère…

— Une fois finis, tu reviens me chercher. Je serais dans le jardin, je contrôlerais ça. Ensuite, tu révisera l’histoire de France.

— Oui mère.

— Tu as vingt minutes, pas une minute de plus sinon tu ne manges pas. Déjà qu’il faut que tu perdes !

Une claque dans le cou et je perds pas de minute à tout faire proprement comme depuis la maternelle.

Ma montre indique que j’ai finis cinq minutes avant. Je prends le risque d’aller la chercher.

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