— Adeline ?

— Oui Madame Vran ?

— J’aimerais te parler.

La professeur d’Art semble soucieuse et je ne vois pas pourquoi. On est mi-novembre et mes notes sont un plus élevés que l’an passé. Après, je ne peux pas dire que je suis enjouée. Mes parents me foutent royalement la paix…dans une indifférence froide.

Je ne partage plus mes soucis avec ma meilleure amie et je suis autorisé à sortir avec elle, le soir ou le week-end. Je fais tout mais sans doute mal….

Sans doute que cette froideur, vient de leurs préoccupations suite à des contrôles de l’Etat et autres renseignements provenant d’autres gouvernements. Cela depuis le mois dernier….

— Adeline ? Tu es avec moi ?

— Oui, oui, désoler Madame.

— Vient t’assoir.

Elle m’a extirper de mes pensées et j’angoisse maintenant en essayant de savoir le sujet. Les mains croisées sur son bureau, elle fixe en silence avant de me dire :

— J’aimerais te parler non pas de tes notes mais de ton comportement en classe.

— Je…enfin, je suis là et…

Elle me sourit et son coté maternelle me détendra toujours. Une bienveillance qui se ressent bien dans ma patte artistique et dont elle me félicite souvent.

—Non, tu n’es justement pas vraiment là. Alors certes, ici, dans mon cours, on part souvent ailleurs pour peindre mais c’est en étudiant ton talent, ta manière d’interpréter certains sujets, ainsi que ton attention absente, que je suppose, un mal-être. Mes collègues, ressente aussi ça. Si dans la cour, je vois que tu es bien, ici, je me répète, il y a quelque chose.

— Je…

— Je ne te demande pas de tout me dire et c’est normal. Cependant, sache que tu as ma confiance.

— Je…enfin, merci mais…que voulez-vous ?

— J’ai un défis pour toi.

— Un défis ?

— Oui. Si effectivement, parler à un professeur ou à la psychologue du lycée, te fais peur, sache que déjà, je pense, que pour sortir tes sombres pensées, tes émois intérieurs, rien de mieux que te continuer la peinture. Et je sais que tu adores ça ! Donc, mon idée, comme tu es pour moi, une de mes meilleurs élèves, c’est de prendre des cours personnels avec moi. J’en parlerais à tes parents, bien sûr, si tu en dis.

— Eu…c’est gentil mais je ne sais pas quoi faire plus tard et…je ne vois toujours pas où vous voulez en venir. Le défis….

— Le défis ? Reprendre confiance en toi, te sentir en harmonies avec toi-même. Je te laisse bien évidemment le temps de me répondre, disons dans une semaine.

— Eu…merci Madame de croire en moi. Après, mes parents veulent un autre avenir pour moi.

— Je connais ce sentiment. Je l’ai vécu.

— Et…enfin, c’est votre vie privée…

— On aura le temps d’en discuter si tu le désire. Je te laisse retourner en cours.

— Merci Madame et je vais réfléchir à votre proposition.

Un signe de tête et je file en salle de maths. Esméralda sait mon talent mais elle ne suis pas la même option et pour le moment, je garde le secret. Je vais dire oui finalement deux jours plus tard et c’est au dîner que je vais essayer de briser la glace.