Cartes sur table
L’eau salé lave nos peines mais ne noie pas notre haine. Si Mathéo arrive à se sentir mieux par des thérapies familiales, si du côté de mes parents, de mon amie mariée tout continue de rouler, moi, je surfe encore dans le bancale…
J’ai beau me battre, boxer, courir, nager, pédaler, mon cœur souffre et les toxines m’empoissonnent. Je sens qu’il n’est pas mort, qu’il rôde jusqu’à ma culotte.
Il était ma bouée, j’aimais son odeur, ses lèvres, sa poigne. J’aimerais à jamais ses débuts doux, de tendresse et bizarrement, il me manquera, ses coups, ses mots rasoirs qui me permettrais sans doute de me remettre en route.
J’ai besoin d’un bon coup de pied, d’une claque et même si parler à un psy, faire du sport et être soutenue par mon homme, m’aide, j’ai besoin d’autre chose.
Vingt-quatre ans déjà, deux ans que tout est si calme. Mon homme, m’a demandé en mariage hier et j’ai accepté. Il a sauté le cap de quitter l’hôpital pour travailler à son compte dans la région. On n’a même acheter un appartement à Montpellier.
— Mon cœur ?
— Oui ma belle ?
Je dois lui parler, on se dit tout en ce moment. Mais aussi, surtout le rassurer. Il stoppe son jeu vidéo pour me sourire. Il est à tomber et je sais qu’il va vraiment faire une syncope si je lui demande :
— Soit le mâle, soit celui qui me domine, qui me force à aller au-delà du lit !
Merde, comme prévu, il lâche sa manette qui tombe sur le tapis. Il ne sait quoi dire et je me trouve stupide. Pourtant, je supplie en lui prenant ses mains :
— S’il te plaît !
— Adeline, je ne suis pas quelqu’un de violent.
— Je demande que tu me motives plus ! Tu es…désoler mais trop sentimental enfin c’et top sauf que tu me dis souvent « C’est pas grave, tout va se passer, tu es courageuse, je t’aime ou autre ».
— Et ? Où tu veux en venir ?! Tu m’inquiète là !
C’est à lui de prendre mes mains et d’essuyer mes yeux. Je me colle dans son épaule et je retente de m’expliquer :
— Je te demande juste une nouvelle fois de parfois me réveiller. Tu vois, je me sens molle depuis deux ans…il me manque ce coup de pression, ce pied au fesse…
— Comme ton salaud d’Alex ?
— Sans évidemment les violences extrêmes…sinon ouai, oublie.
— Bon, tu me fais une petite crise là.
— Non !
Je me lève d’un coup, j’ai chaud et peut-être qu’il a raison…j’en ai déjà fait des crises de panique, d’angoisse et de passages dépressives…Je m’agite et je file boire un peu de vin. Il me suis et me propose :
— Tu veux quelqu’un qui te bouscule ?
— Oui ! Seule au quotidien j’y arrive pas ! Alors oui, ton amour m’aide beaucoup mais, je…
— Arrête de radoter, j’ai compris. Donc, comme je ne suis pas un type comme ça. Même en jouant. Non, tu vois, je pense plus à Mathéo.
— Mon frère ?
— Oui.
— Le plus à l’ouest de l’est ?!
— Ouai !
— Hum…
— Il sera à même de te pousser, de jouer. Vous êtes assez proche maintenant.
— Merci de ton conseil. Je vais prendre l’air.
Je passe avec la bouteille pour déposer un baiser sur le coin de sa lèvre. Il est triste et je sais que je vais le réconforter. Pour le moment, je fuis vers dix-sept heure sur le balcon pour ingurgiter la moitié et fumer.
Pendant ce temps, je me décide à téléphoner à mon frère qui accepte de me remonter les bretelles. Je ris même après la fin de la conversation et je file jouer la coquine sur le canapé. On n’a pas coucher depuis trois mois et cela le rend heureux. Sans un mot, on se glisse et au fond j’espère un enfant.
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