Chapitre 2

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Je sens l’hésitation dans sa prise, comme s’il réfléchissait à ce qu’il allait faire de moi. Il finit par relâcher légèrement sa prise, desserrant ses bras musclés autour de ma taille ce qui me permet de mieux respirer et reprendre le temps de calmer un peu mes pensées.

– Calme-toi. Me murmure-t-il à l’oreille d'une voix grave et douce, mais toujours autoritaire. Nous ne te voulons aucun mal.

Comment croire des inconnus ? Ses mots sonnent faux à mes oreilles, mais je n'ai pas vraiment le choix que de jouer le jeu, au moins pour l'instant. Je cesse de me débattre, essayant de calmer mes sanglots. Me concentrant sur lui. Il est plus grand que moi, plus fort au vu de ses bras et de sa prise. Son odeur… un mélange de menthe poivrée et de légère transpiration.

Il m’emmène dans une autre pièce, m'installe sur une chaise, me forçant à m'asseoir pendant que l'autre homme grommelle de mécontentement. Rapidement, je sens une texture rugueuse sur mes poignets et mes chevilles : des cordes. Il m’attache.

Mon esprit réfléchi à tous les scénarios possibles pour m'échapper d'eux.

– Fouillons l'endroit, vérifions qu’il n’y a personne d’autre. Je n’aime pas les surprises. Grogne l’homme à la voix caverneuse.

L’air bougeant, le grincement du parquet… les différentes odeurs, la transpiration, la menthe poivrée, une odeur un peu bestiale ? Restons concentrer. Leurs pas résonnent dans la maison vide, s’éloignant puis se rapprochant. Des tiroirs s’ouvres, des portes claques. L’un est en bas, l’autre est monté à l’étage. Ils ne trouveront rien.

Un fracassement me fait sursauter.

– Qu’est-ce que c'est ?! Cris l’homme menthe poivrée.

– Rien, j’ai cassé une commode en la poussant. J’arrive, il n’y a rien en haut.

Il descend les escaliers, le pas lourd et s’approche de moi. Il put la transpiration !

– Es-tu seule ? Me questionne-t-il

Qu’est-ce qu’ils cherchent au juste ? De l’argent ? D’autres personnes ?

Je serre les poings, affirmer que je suis seule revient à me vendre à ces hommes mais dire le contraire me portera également préjudice. Que faire...

Je secoue la tête, essayant de me décider. D'une voix voulue stable malgré la peur qui m'étreint la gorge, j’arrive à dire d’une faible voix :

– Malheureusement je suis seule…

Mes paroles sont confirmées avec leur fouille. Je souffle désespérée. En temps normal je suis raisonnée et sûre de moi, mais… ma condition physique et actuelle ne me le permet pas.

Celui qui m'avait attrapé s'approche de moi et tente de retirer mon bandeau. Sentant l'air bouger, je cris, m’égosillant presque :

– Ne vous approchez pas ! Ne me touchez pas !

Il tente de retirer le bandeau de mes yeux. Je me débats violemment pour l'en empêcher, refusant catégoriquement de le laisser faire.

– Non ! Ne touchez pas à ça !

Il recule, surpris par l'intensité de ma réaction. Mon cri laisse place à un silence étrangement rassurant mais pesant. Il se recule et je sens son regard.

– Pourquoi ne veux-tu pas que je l'enlève ? Me questionne-t-il, une pointe de curiosité dans la voix

– Cela ne vous regarde pas. Dis-je, la voix ferme. Laissez-le en place.

Je ne sais pas ce qu'il se passe, autant dans leur tête que leurs langages non verbaux. Sans vision je ne peux voir, mais l'audition est toujours là et ils commencent à discuter de mon sort comme si je n'étais pas là, débattant sur le fait de m'emmener avec eux ou de me laisser ici.

Chaque mot échangé me donne la confirmation que mon sort ne dépend plus de moi... mais de ces deux hommes.

L'homme se penche vers moi au point que je puisse sentir son souffle chaud sur mon visage. D'une voix forte et quelque peu ennuyée de la situation, il me répond :

– Très bien, dans ce cas tu resteras avec ce bandeau. Mais sache que cela ne changera rien à ton sort. Qu’importe ce que l’on fait de toi.

Il s’arrête un instant et semble m’observer attentivement. Les pas lourds résonnent dans la pièce comme s'il le second faisait les cents pas, tournant autour de moi. Je ne suis plus qu'une proie prise au piège par des vautours.

– Nous devons décider rapidement de ce que nous allons faire d'elle. Il n'était pas du tout prévu que l'on ait un poids lourd pour nous encombrer durant notre mission, grogne-t-il. On ne peut pas rester ici plus longtemps. Sans résultat ni indice, il faut continuer notre chemin. Ce n'est pas cette nana portant des habits élimés qui nous sera utile, bien au contraire.

Je profite de cet instant de réflexion et d'échange pour déterminer de la solidité et du nœud des cordes qui me lient les poignets. Bien que ma peau commence à s'irriter et que ma peau brûle sous les frictions de la corde, je garde mon calme. Je n'ai peut-être pas d'arme pour me détacher, mais par chance, le nœud n'est pas très serré.

– Tu ne vas pas aimer ma réponse mais on n'a pas d'autre choix. Il faut qu'elle vienne avec nous. Nous ne pouvons pas prendre le risque de la laisser derrière ni de laisser un cadavre, souffle menthe poivrée.

Au mot « cadavre », je frissonne. Serrant les dents, je détends la corde petit à petit et arrive à défaire le nœud. Je n’y croyais pas !

Elle tombe dans un petit bruit. D'un mouvement rapide, je me lève brusquement de la chaise, la faisant tomber à la renverse, ce qui détache les liens de mes chevilles. Plus aucun bruit hormis le fracas de la chaise. C'est le tout pour le tout, je n'hésite pas et me mets à courir le plus loin possible d'eux. Leurs cris retentissant derrière moi.

Je me précipite sur une porte, l'ouvre en coup de vent. L’air frais me fait l’effet d’une baffe sur le visage. Mes poumons respirent enfin l’air frais et le soleil chatouille mon visage. La scène se passe au ralenti. Je lève mon pied, passe le pas de la porte, inspire fortement et m'élance. J'utilise mes sens, odorat, ouïe, toucher, pour me guider dans l'environnement. Me remémore les chemins déjà emprunté, évitant des arbres à plusieurs reprises.

Courant à toute vitesse, les branches et les quelques feuilles fouettent mon visage. Les ronces griffent mon pantalon tandis que je percute quelques arbres, mon épaule se faisant projeter en arrière, ce qui me déséquilibre à plusieurs reprises. Le vent devient mon sonar, me guidant. Les cris des hommes résonnent et sont très proche, mais je refuse de m'arrêter ! Mon cœur bat la chamade, ma respiration se fait de plus en plus saccadée. J'ai l'impression que je vais enfin pouvoir être libre et respirer...

Soudain, mon pied bute contre une racine ! Je trébuche violemment et m'étale de tout mon long sur le sol. Une douleur lancinante éclate dans ma cheville. J'essaie de me relever mais ne fait que rechuter. On me plaque contre le sol, deux mains fermes m'agrippent les bras, me tirant sans ménagement vers l'arrière.

– C'est terminé, tu ne t'enfuiras pas comme ça. Grogne l’homme au pas lourd, pas du tout essoufflé.

Je me retrouve portée et jetée sur son épaule, sans ménagement. Maintenant la tête en bas, en sac à patates…

– Toi qui veux l'emmener, tu vois bien qu’elle va nous faire perdre du temps et nous casser les pieds ! Gronde-t-il

Me voilà dans une situation bien fine. Je viens de louper ma seule et unique chance de m'échapper, maintenant ils vont être plus prudents. Ils courent bien trop vite et m’ont rattrapé à une vitesse…Ils ne sont pas humain, ce n’est pas possible. Je vais devoir trouver une autre solution...

Je me trouve de nouveau à l’intérieur de la maisonnette, les poignets et chevilles liées plus violemment. Je suis coincée et mes membres s’engourdissent...

Je sens que cette histoire va durer un long moment...

Je pars de cet endroit où je me sentais bien et prisonnière à la fois, pour l’être réellement ailleurs... Est-ce mieux ? Je ne crois pas.

Je ne resterais pas les bras croisés. A la moindre occasion, je m'enfuirais, qu'importe l'endroit. En attendant, je vais faire en sorte d'écouter attentivement leurs conversations et d'en savoir plus.

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