Chapitre 15
– Attention ! Vous ne m’échapperez pas ! M'écriai-je en riant, déjà en mouvement.
Je cours après ces deux garnements, le cœur léger, les bras tendus pour les attraper. À chacun de mes pas, de petits cailloux sont projetés sur mon passage. Allant plus doucement qu'eux pour les laisser prendre de la distance, je les regarde avec beaucoup d'amour et de tendresse. Ils me sont chers…
Qu'est-ce que je deviendrais si je ne les avais pas dans ma vie...
Nous jouons gaiement sous le soleil couchant, ses rayons illuminant leurs yeux vert émeraude, pétillants de malice, et un sourire si large qu’il pourrait faire craquer même les anges. Leurs rires cristallins se mêlent au vent qui souffle doucement dans leurs cheveux bruns et blonds. L’air se charge de l’odeur douce de leur shampooing, une fragrance de miel et de rose qui se confondent avec celle de la forêt environnante. Une peau toute douce et rosée, celle de jeunes enfants en pleine forme. Au loin, d'autres cris joyeux résonnent dans le village.
Leurs petites mains, chaudes et moites dû à la chaleur, s'accrochaient brièvement à mon t-shirt une fois attrapé, avant de repartir en courant. Quand je les rattrape enfin. Leurs rires, amplifiés par mes chatouilles résonnent comme une douce mélodie. Leurs joues rebondies emplies de mes bisous finissent par rosir.
Ils continuèrent de jouer avec leurs amis pendant que je rentre préparer leur repas préféré avec notre père : des crêpes façons papa.
Soudain, des cris de loups, déchirent le silence. Mon cœur se serre. Une vague de chaleur traverse mes veines. Je m’effondre au sol, serrant fortement la mâchoire, essayant de lutter contre la douleur. Mes bras, mes jambes puis ma poitrine me brûle. Le sang mélangé au poison boue en moi.
Pas encore !
Malgré moi, je lâche un grognement et un cri de douleur, perçant le silence de la chambre et de la maison. Recroquevillée, me tenant les jambes, les ongles plantés dans ma chair, je lutte pour ne pas sombrer encore une fois. À chaque fois que ma mémoire me revient et que je pense à des loups, mon corps brûle et mes forces me quittent.
Il faut que je vire ce poison ! Mais comment ?
Je ne suis plus ici. Le sol se dérobe sous moi. Mes bras me tirent dans des directions contraires, comme si mes muscles ne me répondaient plus. Des images reviennent, brisées, incompréhensibles. Des voix. Des odeurs d’hôpitaux. Désinfectant, draps propres, sang… Souvenir ou hallucination ? Mes hurlements résonnent. Est-ce que je suis dans un hôpital ? Où suis-je ? Puis plus rien.
Reprenant mes esprits, j’hurle et me tort de douleur. Une chaleur insoutenable. Mon souffle court. Mon corps ne m’obéit plus. Comme si des milliers d’aiguilles s’enfonçaient sous ma peau, creusant chaque nerf. Un sifflement strident perce mon crâne, couvrant tout le reste.
La porte s’ouvre précipitamment, faisant trembler les murs. Des mains tremblantes me secoue doucement, paniquée. Mes yeux se brouillent, des ombres vacillent autour de moi. Mon corps m’échappe. Des images fragmentées surgissent, désordonnées...
– Flavy ?
Margaux. Elle veut m’aider, je le sais. Mais je ne peux pas répondre.
Il tente de s’approcher de moi, s’arrête, jauge la situation pendant que ma crise continue. J’hurle à plein poumons le faisant sursauter et reculer d’un pas. Puis, ravalant son trouble, il finit par s’approcher de nouveau et essaie de me calmer.
Peu à peu, la douleur se fait plus sourde. Toujours là. Lointaine. Mon corps ne tremble plus autant. La brûlure s’estompe. Ma gorge me fait mal. Je devais hurler. Je devais...Ma peau est moite. Une main effleure mon bras. Une voix... Fermant les yeux, ma respiration ralentit et devient plus profonde.
Je me sens être soulevée, puis posée sur le lit. Mon corps est tendu, j’ai chaud, j’ai froid.
– Il faut d’abord la calmer avant que je l’ausculte. Son corps brûle et tu sens cette odeur ? La voix du médecin est claire et rapide.
– On dirait du sang mélangé à...autre chose. Je n’arrive pas à savoir ce que c’est. Lui répond Margaux.
Le médecin s’éloigne un instant avec de revenir avec un tissu froid qu’il applique sur mon front
– Flavy ? Vous m’entendez ?
J’ouvre doucement les yeux. Ils me brûlent mais malgré tout, je persiste et les ouvres pour observer les deux personnes présentent avec moi.
– Flavy ? Elle a ouvert les yeux. Dit Margaux, la voix inquiète.
Les sourcils froncés, le visage grimaçant, je tente de me relever.
– Attention, allez-y doucement. Dit le médecin en m’aidant.
Assise, je regarde autour de moi, puis regarde mes bras. Un éclair de stupeur traverse mon regard et je relève rapidement mes manches puis le bas de mon pantalon.
– Oh non, non non ! Ma voix presque suppliante.
D’un mouvement brusque, je me lève et cours vers la salle de bain, bousculant le médecin, manquant de tomber, lui ne bougeant pas d’un pouce. Avançant vers le lavabo, mes mains tremblent et mon cœur est prêt à exploser dans ma poitrine, telle une grenade en plein champ de guerre. Une main sur l’évier, l’autre tenant mon haut, mon regard figé sur le reflet qui me fait face.
– C’est pire, bien pire qu’avant…
Ces mots m’échappent, la réalité me frappe de plein fouet, encore une fois. M’effondrant au sol, ils me rejoignent et me ramènent au lit.
Le médecin commence à m’examiner, prenant ma tension, écoutant mon cœur de plus près. Il effectue plusieurs tests au moment où la porte de la chambre s’ouvre encore une fois dans un fracas.
– Tu vas devoir me payer les réparations à force Alpha. Grogne Margaux visiblement exaspérée et énervée.
– Où ? Où est le loup ? Demande-t-il d’un ton autoritaire, presque fou. Comme s’il avait perdu la raison.
– De quoi tu parles ? Il n’y a aucun autre loup hormis le médecin et moi. Tu vois bien que tu nous gènes là. Renchérit Margaux, se pinçant l’arête du nez.
– Non, il y en avait un autre. Je l’ai senti. Un intru est entré dans le village. Un loup…Insiste-t-il
Elle soupire et l’éloigne de moi pour discuter.
– Il n’y a pas de loup, enfin, pas d’intru. Tu es sûr de ne pas avoir confondu ? Je n’ai rien ressenti.
– Tu ne comprends pas. Je l’ai senti, ce n’était pas qu’un intru, c’était plus que cela. Je ne sais pas comment dire…
Après cela, ils s’éloignèrent trop pour que j’entendes la suite. Le médecin me ramène à lui lorsqu’il commence à me poser des questions. Les mêmes que Margaux, dans un premier temps, puis plus ciblées sur ce que je mange ou autre.
– Qu’est-ce qui a provoqué votre crise ?
Je ne peux répondre car au final, je n’en suis pas sûre moi-même.
– Tout ce que je sais c’est que ce poison grandi au fur et à mesure. Tant que je ne me vide pas de mon sang. Lui avouais-je.
– Je vais prélever votre sang. Il faut comprendre ce qu’il se passe et trouver une solution.
– Donner moi des poches et tout le nécessaire pour prélever du sang. Je m’en occuperais.
– Hors de question.
– Si vous ne le faites pas, une autre solution s’impose... et je l’ai déjà utilisée.
Son regard trahit son inquiétude mêlée d’une certaine résilience. Il disparaît un instant avant de revenir, son matériel en main. Je prélève mon sang avec application, observant les poches se remplir lentement. Noir et rouge. Un vertige me prend tandis que mes veines perdent légèrement en noirceur.
– Si vous trouvez, ce sera un miracle. Ce poison vit en moi depuis bien longtemps maintenant.
– Je ferai au mieux.
Puis, il quitte la pièce. Je m’allonge et l’inconscience m’emporte avant même que je puisse résister.
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