Chapitre 9 :

21 minutes de lecture

Les cours de la journée avaient été annulés. Comme l’avait supposé Iris, M. Past allait procéder à des interrogatoires individuels. Pendant le petit déjeuner, il leur avait annoncé le sens du passage : les jumeaux un par un, Sandra, Lilian, Kendra, Maryline, Samuel et enfin Iris. Cette dernière avait deviné l’ordre de A à Z en passant par L et S. Les interrogations commençaient en début d’après-midi.

Que devons-nous faire ? demanda Kendra.

Je pense que rester muet est la meilleure chose à faire, répondit Iris.

Mais s’il vous menace, répondez en essayant de l’orienter vers une idée fausse ou de carrément lui répondre une fausse réponse convaincante, ajouta Samuel se souciant de l’état des petits.

Iris hocha la tête pour approuver les dires de l’aîné. Puis, chacun retourna dans sa chambre. Pendant le trajet qu’elle fit avec les autres filles, Iris se demandait comment faire pour trouver les raisons de leurs venues. Elle connaissait les informations qu’ils avaient sur eux, mais pas les raisons de leur motivation, et la dernière était leur but. S’ils avaient fait des dossiers sur eux… L’État donc les conseillers devaient connaître toutes ces informations. Était-ce pareil pour les autres gamins qui n’étaient pas forcément surdoués ? Iris en était certaine, seuls les surdoués étaient espionnés et suivis comme cela. Tout cela car ils avaient un quotient intellectuel au-dessus de la moyenne. Mais pourquoi cela les intéressaient-ils ? Tout cela lui échappait.

Lorsqu’elle rentra dans sa chambre, elle remarqua immédiatement l’enveloppe blanche que quelqu’un avait glissée sous la porte. La jeune fille se baissa pour la prendre. La jeune fille l’examina et la tourna, il n’y avait aucune inscription dessus. Elle alla s’asseoir sur son lit et l’ouvrit. Elle en ressortit un papier. Quelqu’un avait écrit à la main. La jeune fille connaissait cette écriture. Ce n’était pas celle de Kilian pour sa grande tristesse ! Pas celle de Cassandra, ni celle d’un de ses parents. C’était celle de Marin. Comment une lettre de Marin avait-elle pu atterrir ici ?Comment avait-il pu être certain qu'elle la recevrait ? Quelqu’un avait sûrement fait le postier, quelqu’un s'était nécessairement infiltré. Si les lettres avaient le droit de passer, les élèves auraient pu en envoyer à leurs parents. Il avait forcément dû utiliser un espion. Mais qui ? Déjà, ce n’était pas M. Past, il était bien trop sévère et méfiant envers eux pour vouloir les aider. Après un moment de réflexion, la jeune fille se décida enfin à lire ce qui lui était destiné.


Iris,

Je ne sais pas par où commencer. Je sais que je n’aurais pas de réponse à cette lettre. Donc je peux juste te dire que j’espère que tu vas bien. Une association secrète a été créée pour essayer d’avoir des nouvelles de vous et de vous aider. Les conseillers ne nous parlent pas de vos conditions, et je ne pense pas que seule la guerre est la raison de votre venue. Des membres de l’association ont infiltré plusieurs bâtiments. C’est aussi grâce à la merveilleuse personne infiltrée dans ton bâtiment que je peux t’envoyer cette lettre. J’ai pu apprendre que tu n’étais pas dans le même bâtiment que Cassandra et Kilian. C’est aussi pourquoi je t’adresse cette lettre : ils sont deux, ils sont soudés, mais toi tu es éloignée d’eux, et je me suis dit qu’un peu de réconfort te ferait plaisir même si je ne doute pas que tu t’entendes bien avec tes camarades.

Je ne peux pas beaucoup te parler de l’association, n’importe qui pourrait tomber sur cette lettre. L’association essaye de percer les secrets de l’État et de trouver les véritables raisons de votre venue. Te connaissant, tu as déjà deviné qu’il y avait d’autres raisons. Ne tente rien de dangereux. Et ne te rebelle pas trop. Même si, pour info, Kilian n’est pas un ange non plus dans son bâtiment, mais ils sont plusieurs donc c’est moins grave, alors que vous êtes vraiment très peu. Tes parents sont morts d’inquiétude et viennent tous juste de rentrer dans l’association. Quant à moi, je le suis depuis un moment. Je suis juste chargé de m’assurer des nouvelles recrues pour l’instant. Je suis trop jeune pour être infiltré dans les bâtiments. Pour parler un peu de l’extérieur… Eh bien, c’est la guerre. Il est vrai que des bombes tombent du ciel tous les jours. Thuath et Siar nous ont déclaré officiellement la guerre. Ton immeuble a bien failli y passer alors qu'elles se font rares dans notre région. D’ailleurs, la chef de l’association aimerait bien calmer la guerre quand elle aura résolu votre venue dans le désert et si l’on devait vous exfiltrer. En tout cas, c’est une option pour toi et les surdoués. Je ne peux pas t’en dire plus même si j’ai sûrement oublié des choses. Je n’ai pas trop le temps. Même si je ne recevrai jamais une réponse, promets-moi de ne pas tenter de trucs dangereux. Fais attention, et fais confiance aux bonnes personnes. Il n’y a pas que des adultes mauvais.

Marin.


Iris resta… Surprise. Elle doutait. C’était l’écriture de Marin, et elle la reconnaissait dans cette lettre. Mais elle n’arrivait pas à croire que s’était vraiment lui qui l’avait écrite. Tout ce qui lui servait de preuves pour le lui confirmer que c’était lui, paraissait à elle tiré par les cheveux. Une association secrète, des sbires dans les bâtiments. S’il y avait des espions dans ses bâtiments qui cela pourrait-il être ? M. Past ? Impossible… Les profs ? Tout cela lui sonnait faux dans sa tête. Ce n’était pas possible. Elle n’arrivait pas à le croire. Pourtant, elle devait bien reconnaître, que c’était l’écriture de Marin. Il n’avait pas pu inventer la situation de guerre apocalyptique de dehors, ni le comportement un peu démon de Kilian… La jeune fille était perdue. Elle devait demander son avis à quelqu’un. Mais avant qu’elle n’ait pu voir une personne à qui demander, on toqua à sa porte, Iris cacha rapidement la lettre et l’enveloppe dans les poches de son jean. M. Past ouvrit la porte, le téléphone à la main.

Qu’est-ce que vous me voulez encore ! aboya Iris, je ne pense pas que ce soit déjà mon tour !

Le surveillant s’approcha et lui tendit le téléphone, un sourire moqueur et méchant plaqué sur le visage.

Je crois qu’il est grand temps que tu parles à tes parents.

Il lui donna le téléphone et partit. Elle allait se faire disputer mais la jeune fille voyait aussi une fabuleuse option pour affirmer la véracité de la soi-disant lettre de Marin.

Vous m’entendez ? déclara-t-elle.

Oh Iris enfin ! Mais qu’as-tu fait pour que l’on nous demande de te parler ? demanda sa mère.

Son père était au côté de sa mère. Ils ne semblaient pas vraiment en colère. Ils lui demandaient juste de ses nouvelles.

Que pouvez-vous me dire sur l’association secrète ?

Ses parents ne répondirent pas immédiatement. À l’autre bout du fil, Iris arriva à deviner qu’ils étaient surpris.

Nos appels téléphoniques sont surveillés, nous ne pouvons rien te dire. On va déjà devoir changer de numéro et cela ne va pas suffire. Je suis désolée, mais nous ne pouvons rien te dire.

Cela agaçait vraiment Iris. Mais avant de mettre fin à la conversation, elle pouvait encore poser une question.

Est-ce bien Marin qui m’a écrit la lettre ?

Oui. Ne t’inquiète pas. Nous ne pouvons pas te dire qui est la personne envoyée par l’association. Tu dois le découvrir par toi-même. Mais méfie-toi des autres adultes et fais-lui confiance. Ne cherche pas trop à répondre à tes questions, et ne donne pas du fil à retordre à ce fameux Nicolas. Fais attention à toi chérie. Je t’aime.

La conversation téléphonique coupa. Iris était déçue de ne pas pouvoir leur parler plus longtemps. Elle savait juste que ses parents allaient bien mais semblaient en danger et ne pouvaient rien lui dire, et que la lettre de Marin était vraiment authentique… Et si elle se faisait berner ? Et si, c’était un coup monté ? Peut-être que cette lettre était vraiment falsifiée. Peut-être que ce n’était pas la voix de ses parents au téléphone mais des voix reproduites grâce à une machine. Iris avait de plus en plus de mal à croire en la vérité des choses. Quand elle sortit de sa chambre, M. Past l’attendait. La jeune fille lui rendit le téléphone mobile et attendit qu’il parte. Puis, voyant qu’il n’était plus à l’étage, la jeune fille s’incrusta dans le couloir des garçons et fit du porte-à-porte pour trouver Samuel. Mais Lilian lui indiqua vite la porte de son ami. Samuel la laissa entrer. Sa chambre était très bien rangée, il y avait du papier, des stylos et des livres sur son bureau, bien ajustés. Pas de fenêtre par contre. Le lit était fait, et l’armoire devait contenir le reste de ses vêtements.

Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi voulais-tu me voir ? demanda l’occupant de la chambre en s’allongeant sur son lit.

La surdouée le regarda et sortit de sa poche l’enveloppe et la lettre. Le jeune homme fronça les sourcils. Ce n’était pas normal, et il le savait. Jamais une lettre n’avait pénétré dans l’enceinte de l’internat auparavant. Iris la lui tendit et il la lut.

On dirait une vraie lettre… Est-ce que tes parents te l’ont confirmé ? demanda le garçon.

Oui. Ils me l’ont confirmé. Mais même si je reconnais l’écriture de Marin, j’ai du mal à y croire, expliqua Iris.

Moi aussi… Mais on se fait des films. Si tes parents disent que c’est vrai, c’est que c’est vrai. Donc notre prochain but est de trouver la personne envoyée par cette curieuse association !

Déjà, on peut y retirer M. Past, je ne le vois pas du tout comme infiltré, déclara Iris.

C’est sûr.

Pendant toute la matinée, les deux surdoués dressèrent une liste sur les possibles infiltrés de l’association secrète. Tout le monde à part M. Past y passait. Pendant le repas, les petits qui étaient déjà passés aux interrogatoires leur expliquèrent comment le surveillant s’y était pris pour essayer de tirer une quelconque information. En comparant… Ce n’était pas la même chose, pas la même tactique. Il devait faire cela par rapport aux personnes. Il avait essayé d’amadouer les jumeaux séparément avec des bonbons. Et il était parti du côté des contes de fées pour Kendra. Iris ne savait donc pas ce qui lui attendait. Mais la jeune fille ne pensait pas que son interrogatoire allait être aussi doux que les autres, au contraire, cela allait plutôt être violent. Iris et Samuel annoncèrent aux autres l’histoire de la lettre. Quand Iris sortit de la chambre de Samuel après avoir essayé de trouver qui était l’infiltré, M. Past allait taper à la porte de la chambre du jeune homme. Les deux jeunes s’immobilisèrent à la vue du surveillant. Celui-ci fronça les sourcils.

Mademoiselle. Smarta. Que faites-vous ici ?

Je parle avec un ami. N’aie-je pas le droit ? Ce serait bête, on a déjà beaucoup d’interdit, ici.

M. Past, était venu chercher Samuel pour l’interrogatoire. Iris les regarda partir avant de retourner dans le couloir des chambres des filles. Maryline lui raconta aussi comment s’était passé son interrogatoire. M. Past lui proposait de voir ses parents contre des informations. Même si cela avait été dur, Maryline était restée muette. Il était vrai, qu’ils avaient tous envie d’avoir des nouvelles de leur famille. Iris avait l’impression que c’était sa faute que les autres ne pouvaient pas en avoir, alors qu’elle si. En même temps… On ne lui avait pas proposé ces informations, et elle en avait eu très peu. Puis, elle avait eu ses parents au téléphone à cause de son comportement que M. Past avait trouvé inacceptable, elle s’en fichait royalement. Personne ne pouvait l’empêcher d’être comme cela. Peut-être Kilian, mais peut-être que non.

Pendant le repas, les deux aînés racontèrent leurs interrogatoires respectifs et ils reparlèrent de la lettre. Pour tout le monde, c’était clair : Nicolas Past n’était pas le sbire. Il ne voyait pas non plus le docteur Chasme. C’était peut-être un membre du personnel d’entretien ? Non… L’agent envoyé pour l’infiltration était logiquement en contact avec eux. Le problème, c’était qu’il ne faisait confiance à personne. Autant dire que c’était difficile pour eux d’imaginer un adulte de leur côté, encore plus un adulte auquel ils avaient parlé et qui se trouvait dans le même lieu que le leur. Aucun des enfants n’arrivait à imaginer un infiltré, un adulte avec eux ici. Ils n’y arrivaient pas. Les doutes planaient sur la lettre, mais toutes les preuves de sa véracité les contraient. Ils devaient se rendre à l’évidence : on ne leur avait pas menti. Pour une fois. Alors même qu’ils n’avaient pas fini de manger, M. Past débarqua devant eux.

Mademoiselle Smarta, levez-vous ! C’est votre tour.

Il avait dit cela sans crier, mais d’un ton froid. Il avait levé la voix aux "levez-vous", et il la regardait d’un regard tellement haineux que l’on aurait cru qu’il allait l’étrangler. Les autres la regardèrent partir avec M. Past pour son interrogatoire. La jeune fille découvrit une autre salle du rez-de-chaussée. Il y avait une table, et deux chaises. Le surveillant tira une chaise et s’assit dessus. Iris prit l’initiative de s’asseoir en face, même s’il ne lui avait rien ordonné. Elle était arrivée à un point où elle n’arrivait plus à obéir et à ne pas provoquer.

Je ne t’ai pas dit de t’asseoir, répliqua-t-il

La jeune fille voulait lui répondre qu’elle n’en avait rien à faire. Mais elle resta muette, règle d’or, ne pas parler aux adultes. M. Past n’était pas le sbire. Son comportement vis-à vis d’eux le prouvait.

Les autres, n’ont absolument rien voulu me dire. Même avec une promesse, ou un chantage. Rien. Alors, je ne vais pas y passer par quatre chemins. Pourquoi étiez-vous réunis ? Et pourquoi es-tu rentrée dans ce bureau ? Je ne te laisserai pas partir tant que tu ne me diras rien.

C’était bête, car Iris ne comptait rien dire, absolument rien. Mais elle avait compris que M. Past allait vraiment respecter ce qu’il venait de dire. Rien ne se passa pendant au moins trois heures, Iris avait compté. La jeune fille n’avait pas ouvert la bouche, ses yeux l’étaient toujours, mais commençaient doucement à lâcher. Sa vue devenait par moments trouble, mais la jeune fille chassait sa fatigue rapidement. Qu’allait-il faire si elle dormait ? La réveiller brusquement ? La frapper comme la dernière fois ? Sûrement, cela lui ressemblait bien. Le surveillant, quant à lui, la fixait, sans ciller. La jeune fille fuyait son regard.

Assez ! s’écria-t-il faisant sursauter Iris. Parle !

Le silence… Le silence était une bonne solution pour ne pas réagir et parler trop spontanément. Souvent, quand on parlait aussi spontanément, c’était parce que l’on était en colère. Et souvent, quand on est colère, on parle tellement spontanément que l’on peut dire des mots que l’on peut regretter. Iris le savait très bien, cela lui était déjà arrivé face à des anciens amis ou à ses parents. Les mots lui brûlaient à la bouche, elle avait tellement envie de crier contre Nicolas. Que pouvait-elle regretter de lui dire ? À part lui dire qu’elle l’appréciait et le complimenter, rien d’autre n’était regrettable. Quoi qu’il lui fasse. C’était bien pour cela, qu’après cette courte réflexion, elle décida de mettre sa règle d’or de côté. Elle se leva tout en écrasant ses poings sur la table, sa chaise tomba en arrière et si ses yeux étaient des fusils, l’adulte serait déjà mort.

J’en ai marre ! Cela suffit. Je suis longtemps restée muette pour ne pas déraper, mais je ne peux plus ! Mais regardez-vous ! Vous êtes détestable, mauvais et arrogant. Je ne sais pas pourquoi on est là exactement, mais je sais que je ferais tout pour le savoir. Je ne vous dirais pas pourquoi nous nous sommes rassemblés avec les autres, ni ce que je faisais cette nuit, dans une de ces salles interdite. Je ne vous dirai rien, absolument rien. Et si vous voulez absolument savoir, je ne ferai que vous insulter. Vous auriez beau me menacer où faire je ne sais quoi, je ne vous dirais rien. Et si vous comptez nous punir. Punissez que moi. C’est ce que vous voulez de toute façon. Me punir jusqu’à me voir traîner à vos pieds pour vous supplier d’arrêter. Mais vous auriez beau me punir no-stop pendant deux ans, cette image ne sera que dans vos rêves. Je ne vous donnerai jamais satisfaction. Même avec les blessures que vous m’infligez.

M. Past resta bouche bée, comme s’il venait de faire la connaissance d’Iris. Comme s’il avait entendu sa voix pour la première fois. Il était vrai, que depuis le jour où ils étaient rentrés ici, Iris n’avait plus adressé un mot à un adulte. Elle les avait catalogués de nocifs sauf ceux de l’extérieur, et cela, rien ni personne ne pourrait la faire change d’avis. Cette fois, ce fut au tour du surveillant de se lever. D’une main, il prit la chaise et la déposa à côté de lui, il ne comptait pas se rasseoir. Cela tombait bien, Iris non plus.

Petite sotte inconsciente ! Crois-tu vraiment que j’ai demandé à être ici ? Je n’ai jamais voulu l’être. J’ai vingt-cinq piges, mais je me souviens qu’à ton âge, je n’étais pas comme cela. Comment peut-on être aussi vaniteuse et fouineuse ? Respectes-tu quelque chose dans la vie ? Je n’ai pas demandé à être ici, encore moins avec des gosses de tout âge. Ce que je voulais, c’était défendre la nation sur le terrain, avec des armes, pas m’occuper de gosses surdoués. Alors, je te préviens, tu as intérêt à me dire toute la vérité sinon cela risque de se passer encore plus mal que tu ne le penses. Mais vraiment très mal.

Iris grimaça. Elle s’était trompée dans l’âge de M. Past de plusieurs années. Vingt-cinq… Elle le voyait plus vieux de cinq ou six ans. Mais elle se rendit compte quand faites, il était plutôt assez jeune. Pas que trente ans étaient vieux, mais elle ne le voyait pas en dessous de la trentaine. Il lui semblait plus jeune tout à coup.

Je ne suis pas vaniteuse, rétorqua la jeune fille. Je suis juste convaincue que nous ne sommes pas ici que pour notre protection, c’est tout. Vous m’énervez ! Je ne vous dirai rien. Mais je peux vous dire, que quand je partirai, je vous donnerai mon poing dans le visage.

La jeune fille fit quelques pas vers la porte. Elle l’ouvrit tranquillement et fit quelques pas dans le couloir.

Reviens immédiatement ! Tu m’entends. Je te jure que cela va mal se passer. Reviens espèce d’idiote !

Mais Iris ne l’écoutait plus. La jeune fille voulait juste retrouver ses amis. Nicolas revient à sa hauteur, la prit par le bras et la tira vers lui. Au début, ne si attendant pas, elle fut entraînée un peu en arrière. Mais elle bloqua ses pieds bien au sol et avança pour ne pas se faire entraîner plus vers lui. Enfin, elle essaya d’avancer, l’emprise de Nicolas était très forte. La jeune fille n’arrivait pas à avancer mais l’homme n’arrivait pas non plus à l’immobiliser près de lui. De son autre main, il empoigna les cheveux de la jeune fille et tira vers lui. Cette fois, ce fut la bonne. Iris laissa échapper un cri de douleur avant de continuer à bouger dans tous les sens. Déjà que sa douleur à la tête ne s’était pas dissipée, lui tirer les cheveux intensifiaient sa douleur encore plus. Mais il l’immobilisa et la jeta au sol. Sa tête tapa violemment le sol, mais cette fois, elle ne perdit pas connaissance. Iris continuait de gesticuler en vain. Elle commença à hurler le prénom de Samuel dans l’espoir qu’il vienne. Nicolas était fou. Mais qu’avait-il en tête ? Iris n’était plus du tout fatiguée, avec un mal de tête, elle ne pouvait pas dormir de toute façon. La jeune fille sentit quelque chose couler de ses bras. De ses bras… Elle réussit à voir. Du sang. Il avait dû la couper avec les piques de son bracelet quand il lui avait tiré les cheveux. Iris arrêta de bouger, elle en avait marre. Mais elle continuait à hurler de plus en plus fort. Nicolas couvrit sa bouche de sa main. Les cris étaient étouffés. La jeune fille se débattit encore plus et mordit la main de son agresseur. Nicolas enleva sa main et son emprise fut moins forte. Pourtant, Iris n’arrivait toujours pas à s’en échapper. Il était beaucoup trop fort pour elle. La jeune fille se remit à crier. Nicolas lâcha prise, mais la tenue par le t-shirt. Il chercha quelque chose dans une des poches de sa veste. Pendant ce temps-là, Iris griffait la main qui l’empêchait de s’enfuir. La jeune fille s’immobilisa quand elle vit le revolver sous ses yeux. M. Past tirait un sourire triomphant. Il gagnait, c’était incontestable.

Parle ! Si tu ne le fais pas, je tire.

Il ne le ferait pas. Iris en était convaincue. Il n’avait pas le droit de la tuer. Absolument pas. Puis, il n’y avait pas de témoins, mais des gens. Il ne la tuerait pas, au pire il la blesserait grièvement, mais il ne la tuerait pas. Elle en était persuadée. De toute façon, elle n’arrivait pas à parler, aucun son ne sortait de sa bouche, et même si elle le pouvait, elle n’aurait rien, dis, elle ne devait rien dire. Même si elle devait tout prendre.

Nicolas ? C’est toi ? J’ai entendu quelqu’un crier d’ici. Ce n’était pas ta voix, déclara une voix de femme.

La doctoresse Chasme, Iris la reconnut sans problème. Elle tombait à pic. Nicolas baissa son arme et la glissa dans sa poche. Il tint fermement le poignet de la jeune fille. Amanda Chasme arriva près d’eux. Elle n’avait pas dû dormir depuis un moment puisque tout son visage semblait endormi. De longs cernes bleuâtres la rendaient plus vieille. Même si elle était une adulte, Iris était un peu rassurée. En présence de la doctoresse, le surveillant ne tenterait rien d’autre, et c’était tant mieux pour elle.

Tu n’as donc toujours pas fini avec ces fichus interrogatoires ? Laisse-les un peu tranquille. Tu ne peux pas les forcer à te le dire, ils ne te diront rien, cela se voit. Puis, tu as des rapports qui t’attendent dans nos quartiers. Tu ne peux pas te permettre de les rendre en retard aux conseillers.

Des rapports à rendre aux conseillers ? Sûrement sur eux. Iris devait trouver le moyen de les acquérir, finis et pas encore envoyés. En plus d’obtenir des informations, elle aurait la satisfaction de voir M. Past se faire réprimander par sa faute. C’était une occasion à prendre. Tant pis si elle devait être punie encore une fois, elle avait juste la soif de connaître les raisons de leur venue. Elle devait savoir. Ils devaient savoir. Les enfants et adolescents enfermés avaient le droit de savoir. Le monde extérieur avait le droit de savoir. Tout le monde avait le droit de savoir.

Oui tu as raison Ame (Il se tourna vers Iris). Déguerpis de ce couloir et retourne dans ta chambre idiote ! rabroua Nicolas en la lâchant.

Elle va venir un moment avec moi, je vais lui soigner ses coupures, proposa Amanda.

D’accord, mais ne la laisse pas rejoindre notre quartier, ni d’autres salles du rez-de-chaussée. Assure-toi qu’elle arrive dans sa chambre et qu’elle n’en ressorte plus jusqu’à demain matin.

Iris consulta sa montre. En réalité, la journée venait tout juste de commencer, il était pratiquement deux heures du matin.

Je ne sais pas si elle a cours demain, mais il est trop tard pour qu’elle ait un vrai sommeil réparateur et cours, déclara la doctoresse.

Le surveillant l’ignora tout bonnement. Il partit. Le Dr. Chasme entraîna Iris avec elle, dans l’infirmerie. La jeune fille s’assit et attendit le retour de la femme. Cette dernière revint avec des cotons, du désinfectant et des pansements. Iris ne pensait pas avoir besoin de tout cela, mais elle ne contesta pas quand elle versa le désinfectant sur du coton.

Quelle est cette histoire de rapport ? demanda Iris.

La jeune fille en mettait sa règle d'or complètement de côté. Il était temps de sonder les personnes et de savoir en qui faire confiance.

Tu parles maintenant ! déclara la doctoresse en souriant, eh bien, c’est tout simplement un rapport concernant à la situation qu’il doit rendre à la fin du mois. Mais Nicolas aime bien tout faire en avance, d’ici à la semaine prochaine, il aura déjà fini.

La doctoresse en avait dit suffisamment pour Iris. Un rapport à rendre à la fin du mois. C’était parfait, Iris en était consciente, elle devait tout planifier pour le prendre. Si le médecin disait vrai, il aurait fini dans une semaine, le mois se finissait dans à peu près deux semaines. Le timing était parfait, elle n’avait plus qu’à trouver un moyen de s’introduire dans le quartier interdit, trouver le bureau ou la chambre de M. Past et trouver ce fameux rapport. Cela ne les aiderait peut-être pas beaucoup à répondre à leur question, mais cela pouvait éclaircir plusieurs pistes. Et c’était bien. La doctoresse pansa les plaies puis rangea le tout.

As-tu mal à la tête ? s’enquit-elle.

Il m’a tirée par les cheveux en même temps, marmonna Iris.

M. Past avait dépassé les bornes. Iris ne savait pas ce qui s’était passé pendant son black-out la dernière fois, mais elle était conscience ce soir. Comment avait-il pu s’énerver à ce point-là ? Il était quand même venu à sortir son arme de sa poche. Ce n’était pas banal. Et c’était… Juste pour une affaire d’interrogatoire. Seulement parce qu’elle ne voulait rien révéler. Amanda lui fit boire quelque chose qui devait lui faire disparaître son mal de tête pendant un bon bout de temps. Mais il mettait aussi un bon bout de temps à faire effet. Comme elle l’avait promis à Nicolas, l’adulte raccompagna Iris jusqu’à la porte de sa chambre.

Sois plus prudente face à Nicolas. Fait très attention, il n’ira pas tout en douceur.

Iris appuya sur la poignée de la porte tout en ignorant les propos de la femme.

Fais-moi confiance, je suis du bon côté.

Est-ce que cela voulait dire qu’elle faisait partie de l’association secrète ? Était-ce elle l’infiltrée ? Iris se retourna pour le lui demander. Mais la doctoresse était déjà partie. La jeune fille n’avait pas vraiment envie de revenir à l’infirmerie, mais il allait le falloir. Quand elle fut rentrée dans sa chambre, elle y retrouva Maryline et Samuel. La jeune fille nota dans sa tête à faire penser que sa chambre n’était pas une salle commune et facile d’accès.

Comment vas-tu ? Tu es restée un moment avec cet imbécile ! s’exclama Maryline.

Iris lui montra son bras en guise de réponse. Elle leur raconta comment s’était passé son interrogatoire. Comment tout avait dégénéré. Comment elle avait crié, comme il avait dit qui il était et pourquoi il était ici, la violence dont il avait fait preuve, leur petit combat, qu'il avait pris le dessus en lui tirant les cheveux à lui faire mal à la tête, le revolver, l’intervention d’Amanda et ce qu’elle avait appris en discutant avec elle.

Ce mec est timbré, commenta Maryline.

Seulement timbré ? s’exclama Iris, il est plus que timbré, je ne saurais même pas dire. Il doit être enfermé dans un hôpital psychiatrique.

Là, tu y vas peut-être un peu fort, mais c’est sûr qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans sa tête. Ce n’est pas le mec le plus normal de tous les temps.

Après qu’ils eurent discuté un peu, les deux plus grands partirent. Iris ne leur avait pas encore annoncé son plan. La jeune fille éteignit la lumière, se changea et se glissa sous sa couette. Encore une journée de passée, avec un événement violent mais peut-être nécessaire. Le Dr. Chasme était peut-être l’agent de l’association. En fait, c’était pratiquement un aveu qu’elle lui avait fait. Il ne manquait plus qu’à lui en toucher deux mots. Iris avait eu vent des informations de l’extérieur et des nouvelles de ses parents et de Marin. Pas de Cassandra et Kilian. Elle savait juste qu’il faisait un peu son rebelle, comme elle. Ils n’étaient pas amis pour rien. Au moins, ils étaient ensemble, elle ne les voyait pas. Elle aurait aimé entendre le son de sa voix. L’entendre dire qu’il allait bien et que tout se passait bien. Mais la jeune fille savait que c'était dans ses rêves les plus fous. Mais un jour, ils auraient des nouvelles d’elle et elle aurait des nouvelles d’eux. Un jour, ils se reverraient et ils ne se lâcheraient plus, Iris en était persuadée.

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