Chapitre 16 :
Après la matinée, la classe des deux meilleurs amis reprit les cours. En fin de journée, Kilian, Liam et Charles s’invitèrent à la réunion des surdoués. Iris leur expliqua tout ce qu’elle avait entendu.
— Attends… Mais là c’est une avancée de fou. On sait qu’il y a deux raisons, qu’il y a une histoire de statistiques et d’un projet militaire quelconque auquel ils veulent faire participer les surdoués en exploitant leur capacité. C’est une incroyable découverte ! Ce ne sont pas des réponses à part entière, mais des morceaux de réponses… C’est inespéré ! s’exclama Samuel.
— Je ne te le fais pas dire !
— Et que fait-on maintenant ? On ne peut pas faire grand-chose d’autre. On est juste enfermé, ici, fit Sandra.
— Eh bien… Si cela se trouve, une lettre de l’association arrivera bientôt et on aura du nouveau, espéra Iris. On peut l’espérer. Et il va falloir garder à l’œil les personnes qui vont nous suivre. Ils ne doivent rien savoir et ne pas intégrer notre groupe. Faites attention, ils vous observeront, essayeront de faire ami-ami et de devenir vos confidents. Essayez de les éviter le plus possible !
— Donc… Si je comprends bien, l’État veut nous observer pour comprendre notre différence par rapport aux autres ? résuma Maryline.
— Ouais, c’est cela, on est loin de tout découvrir, mais on se rapproche doucement. Si j’ai une lettre en réponse, elle ne viendra pas tout de suite, sauf si l’infiltré part en hélicoptère, mais je ne pense pas que ce soit réglementaire.
Le groupe se sépara, la plupart d’entre eux avait des devoirs qu’ils n’avaient pas encore faits. Iris n’avait pas fait les siens, mais elle s’en fichait pas mal, la surdouée savait que les professeurs lui demanderaient de corriger des exercices ne faisant pas partie de ses devoirs. Assise contre un mur, elle resta avec Kilian qui les faisait, mais Kilian n’était pas idiot, il n’avait pas besoin d’aide. La surdouée regarda donc les élèves passer dans le couloir. Iris eut donc tout son temps pour voir Cassandra qui arrivait vers eux, et elle prévint immédiatement son meilleur ami. Cassandra ne leva son regard que quand elle s’arrêta devant eux. Elle se figea devant le visage meurtri de son ami.
— Comment t’es-tu fait cela ? demanda-t-elle.
Cassandra savait déjà la réponse. Quelqu’un d’autre que Greg avait dû le lui dire, mais elle voulait tant espérer que c’était faux qu’elle était allée demander à Kilian si c’était vrai. Si Greg l’avait bel et bien frappé. Greg avait strictement admis n’être coupable de rien. Il n’avait pas frappé Kilian, sauf que Cassandra ne remettait pas en cause les paroles de son ami. Pourtant, jusqu’au bout, elle se raccrocha aux quelques grammes d'espoirs qui commençaient à s’estomper en voyant le regard furieux d’Iris. Cassandra était triste d’être fâchée avec son amie, mais elle comptait obtenir des excuses. La jeune fille n’avait pas apprécié que son amie accuse son petit ami de ne pas l’aimer et de profiter d’elle. Pour Cassandra, Greg l’aimait. Évidemment, la jeune fille ne savait pas que ses propos avaient énormément blessé Iris. C’était le but, mais pas autant. Kilian lança un regard en biais pour voir Iris qui était en train de se lever. Il attrapa son poignet alors qu’elle avança d’un pas quand Cassandra en recula de deux.
— Au cas où tu me croirais peut-être… C’est ton copain Greg qui lui a fait cela, déclara Iris sur un ton agressif.
Iris avait un regard et une attitude tout aussi agressive. Elle ne voulait plus faire de cadeau à Cassandra. Plus maintenant. Elle lui avait parlé calmement dans le couloir, mais cela avait été très difficile. La surdouée avait juste envie de lui donner une claque et qu’elle se rende compte à quel point elle avait pu la blesser.
— Arrête avec Greg ! Tu le détestes depuis le début. C’est facile d’accuser quelqu’un comme cela, sans preuve.
— C’est vraiment Greg, lâcha Kilian.
Cassandra se tourna vers Kilian, le regard rempli de tristesse et de désespoir, comme si elle le suppliait des yeux pour qu’il avoue que ce qu’il avait dit était un mensonge. Iris choisit ce moment-là pour s’éclipser en silence. Elle voulait être loin de Cassandra pour réfléchir à tous ce à quoi elle devait réfléchir. Puis quand Cassandra tourna la tête, elle ne vit pas Iris puis regarda la foule pour trouver la surdouée.
— Iris ! Iris attend ! Il faut que l’on parle toutes les deux ! Iris !
La surdouée fit la sourde oreille, elle ne voulait pas parler à Cassandra. Son ancienne meilleure amie la rattrapa et prit son bras. Iris se dégagea, mais son amie prenait déjà son autre bras.
— Arrête ! Tu ne vois pas que je ne veux rien savoir. Quitte plutôt ton stupide mec et basta !
— Iris… Je voulais juste m’excuser. Je sais que je n’ai pas été très sympa, mais ce que tu m’as dit m’a blessée. Je ne pouvais pas laisser passer cela.
— Ah oui ? Je t’ai blessée… Toi aussi tu m’as blessée, tu sais très bien que les commentaires méchants comme tu l’as fait sur mon intelligence me blessent énormément. Je ne rigole pas avec cela. Et non, je ne suis pas amoureuse de Kilian, répliqua sèchement Iris.
Cassandra soupira et la surdouée en profita pour retirer la main de Cassandra. Cette dernière savait que cela allait être difficile, Iris était très rancunière.
— Bon… D’accord, c’est vrai que je n’aurais pas dû dire cela, je l’avoue. Mais je ne pouvais pas laisser dire ce que je ne voulais pas voir sur Greg. C’est le premier garçon que j’aime. Je me sens bien avec lui.
Ce fut au tour d’Iris de soupirer. La jeune fille n’arrivait définitivement plus à comprendre sa meilleure amie. Elle trouvait son attitude exaspérante. Cassandra dépendait clairement de Greg, et ce n’était pas bon pour elle. Il voulait l’éloigner de ses amis, pour mieux la manipuler. Iris ne pouvait pas laisser faire cela.
— Sauf que lui, il ne t’aime pas. Il veut juste se servir de toi. Il te manipule, il n’est pas honnête. Il faut que tu t’éloignes de lui avant qu’il ne soit trop tard. J’essaye juste de te le faire comprendre, et Kilian aussi. Et je crois que tu l’as compris maintenant.
— Mais comprends-moi aussi… Je voulais tellement que cela réussisse ! Que je réussisse quelque chose pour une fois.
Iris ne répondit pas immédiatement. La jeune fille lui faisait un peu de la peine. Elle avait envie que tout s’arrange avec Cassandra, mais elle n’arrivait pas à lui pardonner aussi facilement. C’était peut-être stupide, mais c’était compliqué.
— Iris… Pardonne-lui.
C’était Kilian qui venait de prononcer ces mots alors que l’ignorance et la bêtise de Cassandra l’avaient blessée au visage. Pour l’une des rares fois depuis qu’elle connaissait Kilian, la jeune fille n’était pas totalement d’accord avec lui. Sauf qu’elle ne voulait pas créer plus d’histoires que cela. Elle avait beaucoup mieux à faire qu’à jouer aux filles de leur âge qui se disputaient tout le temps. L’adolescente baissa les yeux, ferma les poings avant de prendre la parole.
— Bon… Cela passe pour cette fois. Mais seulement pour cette fois.
La jeune fille fut réticente quand Cassandra vint l’entourer de ses bras. Sachant qu’elle n’aimait pas serrer quelqu’un dans ses bras, ce n’était pas après une querelle qu’elle allait adorer cela. Loin de là. Elle lança un regard noir à Kilian qui lui répondit par un sourire taquin avant de lui ébouriffer ses cheveux.
— Sérieux ! s’exclama Iris.
Cassandra éclata de rire en voyant ses deux amis prêts à faire une bataille de geste embêtant l’autre. Les trois amis s’éloignèrent de la foule. Kilian et Iris informèrent Cassandra de leur enquête et de ses avancements. Cette dernière semblait surprise par ces révélations. Ils s’éloignèrent de la foule tout en discutant. Au bout d’un moment, alors qu’ils ne marchaient plus, Iris sentit une main sur son épaule, les deux qui la regardaient reculèrent d’un pas. Iris finit par se retourner. C’était M. Past qui avait l’air de bien s’habituer à son poste aux côtés des autres surveillants. Il n’était plus tout seul. Même si lui c’était l’armée qu’il voulait.
— Qu’est-ce que vous me voulez encore ? cracha Iris en se dégageant rapidement.
— Suivez-moi mademoiselle Smarta, se contenta-t-il de dire.
La jeune fille lança un regard d’incompréhension à ses deux amis avant de suivre l'homme.
Et c’était reparti ! Que comptait-il lui faire ? Où alors que voulait-il lui dire ? Iris ne voulait même pas le savoir. M. Past l’emmena à l’étage supérieur des chambres et l’emmena dans une salle : son bureau. Dans ce bâtiment aussi les surveillants avaient des bureaux. Dans cette salle, il y avait une fenêtre au fond, un ordinateur ainsi qu’une photocopieuse. Nicolas semblait s’être bien installé dans le nouveau bâtiment. Le jeune homme s’assit à sa place. Iris s’assit en face de lui sans lui demander l’autorisation. Il devait avoir l’habitude maintenant. Ce n’était pas maintenant que la surdouée allait commencer à le respecter. La jeune fille fixa les mains de son ancien surveillant principal.
— Que me voulez-vous ? demanda-t-elle.
Nicolas Past ne lui répondit pas immédiatement. Il entremêla ses doigts entre eux avant de relever son regard vers Iris. La jeune fille ne rajouta rien de plus. Ce n’était pas particulièrement un plaisir de retrouver son ancien surveillant principal. Le jeune homme se faisait un plaisir de l’ennuyer.
— Eh bien, je voulais avoir des nouvelles des chers surdoués. Je ne vous croise plus tellement. Vous devez sûrement vous plaire dans votre nouvel environnement.
Iris le fusilla du regard. Il se moquait d’elle, complètement. Sous ses airs de surveillant exemplaire dans les couloirs, Iris savait pertinemment que se cachait un surveillant tyran et cruel. La jeune fille n’était pas prête d’oublier ce que l’adulte leur avait fait, il était totalement complice avec les conseillers. Et cela ne plaisait pas à Iris, elle se méfiait des adultes de mèches avec l’État. Elle aurait bien voulu lui mettre une gifle, mais elle ne pouvait pas. La surdouée ne pouvait pas commencer à avoir des problèmes dès le début, elle en avait déjà eu assez dans le bâtiment des surdoués, surtout avec M. Past. Par conséquent, la jeune fille se mit à lui hurler dessus :
— Arrêtez un peu votre cinéma ! Je vous en prie, c’est insupportable. Jamais ! Au grand jamais, je ne pourrais croire que vous avez réellement quelque chose à faire de nous ! Vous vous foutez de moi. Dois-je vous rappeler ce que vous nous avez fait ? Ce que vous m’avez fait ? Tous les jours vous essayiez de trouver un moyen de nous coincer. Vous n’y êtes pas parvenu. Et vous n’y parviendrez pas.
Iris tapa ses mains de toutes ses forces sur la table en se levant puis regarda Nicolas dans les yeux.
— Sérieusement… Ne me prenez pas pour une idiote, je ne le suis pas. Je découvrirai ce que vous cachez sous toute cette mascarade de guerre.
Iris se retourna et marcha en direction de la porte.
— Tu as faux jeune fille. Tu es assez têtue pour réussir à trouver ce que l’on cache. Mais je sais que tu caches quelque chose d’autre que tes recherches. Amanda n’est pas morte. N’est-ce pas ? Tu me caches autre chose, je le sais. Et je le découvrirai.
Iris se retourna un moment.
— Si vous êtes tellement frustré de ne pas pouvoir être dans l’armée, tentez une autre demande. Qui sait, cela aboutira peut-être ?
Puis la surdouée ne se retourna pas, elle ne dit rien et ouvrit la porte pour partir. M. Past l’observa partir, il la regarda calmement, un sourire méchant sur le visage, prêt à percer les mystères des surdoués. Bien sûr, Iris n’allait pas le laisser faire. Quitte à l’orienter vers des mauvaises pistes. Elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l’en empêcher. Lorsqu’elle sortit, Cassandra et Kilian étaient là. Ils l’avaient suivie et essayaient d’écouter la conversation entre la jeune fille et le surveillant.
— Bonne journée ! Monsieur le surveillant, futur soldat, déclara Iris sans se retourner.
La jeune fille ne prit pas la peine de refermer la porte correctement. Elle la poussa légèrement mais elle ne se ferma pas. Ensuite, elle s’éloigna en hâte, ne voulant pas rester à proximité du surveillant.
— Alors ? Que s’est-il passé ? Que t’a-t-il dit ? Pourquoi voulait-il te voir ? commença Kilian.
Iris leur raconta brièvement sa discussion avec le surveillant, elle marchait rapidement vers son aile suivie de ses deux meilleurs amis qui ne comprenaient pas où elle allait. La jeune fille toqua à la porte d’une chambre côté garçon. Un garçon de son âge, plus grand qu’elle et qui n’était visiblement pas content lui ouvrit la porte.
— J’aimerais voir Samuel (Il ne semblait pas comprendre de qui elle parlait). Le surdoué qui a été installé dans votre chambre ! s’exclama Iris.
Il la regarda d’un regard mauvais, et il cria à Samuel de venir alors qu’il s’éloignait de la porte. Quand il arriva, Samuel sortit directement de sa chambre. C’était dingue ! Aucun surdoué ne s’intégrait avec leur colocataire de chambre.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il tout en s’écartant de la chambre.
— Il faut faire diversion. Past veut nous percer à jour, il se doute qu’Amanda est vivante, et il pense que l’on cache quelque chose. Il faut agir. Il ne doit absolument pas découvrir l’existence de l’association secrète !
Le garçon mit un moment à assimiler les phrases d’Iris. Cette dernière était très inquiète, elle avait très peur. Pas pour elle, même si toutes ces histoires pouvaient la mettre dans de sacrer galères, mais surtout pour Amanda, les infiltrés et l’association. Samuel prit Iris par les épaules et la regarda dans les yeux.
— OK Iris, calme-toi. Respire. Je m’en occupe, assura-t-il. D’accord ? J’ai le cerveau pour, moi aussi. Contente-toi de continuer tes recherches, de surveiller les petits. Je te rappelle que des infiltrés de l’État vont bientôt débarquer, tu dois faire attention à ce qu’ils ne se fassent pas embobiner. Et dès que tu reçois une nouvelle lettre, tu nous informes immédiatement. Il faut savoir ce qu’ils comptent faire. Ce qu’ils veulent que l’on fasse.
— D’accord… Mais on n’est pas leur objet.
— Sauf que pour avancer, il faut faire bouger les choses. Et il n’y a pas grand-chose qui bouge là. OK on a eu des informations importantes grâce à Kilian et toi, mais cela n’avance pas. Je reste qu’un an ici. Je serais utile à l’association après, mais c’est aussi pour toi que je fais cela. Il te reste deux ans, et je sais que tu ne supporteras pas de rester dans l’incompréhension pendant autant de temps que cela.
Iris se rendit compte, que son ami la connaissait vraiment bien. Il était vrai que Samuel et Iris passaient beaucoup de temps ensemble. Mais Samuel devait l’observer, car Iris ne savait pas deviner comment il allait réagir alors que lui il pouvait deviner. Certes ils avaient parlé de leur famille et leurs amis, mais pas d’eux-mêmes.
— OK… Mais fais gaffe, ne t’attire pas trop d’ennuis à essayer de le berner. Il a peut-être moins de pouvoir ici qu’avant, mais il en a toujours. Il est hiérarchiquement supérieur à nous. Nous devons faire attention. Je ne sais pas quelles punitions sont réservées ici, mais on sait très bien tous les deux qu’il peut vraiment aller très loin. S’il s’en prend à l’un de vous, toi, Kilian ou Kendra et les autres, je l'assumerai personnellement, je me prendrais pour responsable et je te jure que j’irai le voir.
Le surdoué la lâcha en soupirant. Il fit tourner son regard avant de le reposer sur Iris.
— Je t’en prie… Arrête avec cela. C’est toujours la même chose. Je sais que tu te sens responsable et que tu as l’impression de nous avoir tous entraîné dans cette galère. C’est peut-être vrai, mais on a choisi de te suivre. On aurait très bien pu refuser. Tu n’as pas à te sentir responsable. OK ? Si M. Past nous fait quelque chose, ne t’inquiètes pas, compte sur moi pour t’empêcher de lui hurler dessus comme une hystérique
La jeune fille laissa échapper un rire avant de tourner la tête.
— Iris ! Sérieux là. Promets-moi que tu ne tenteras rien de dangereux et que tu n’iras rien hurler chez Past. Promets-le-moi ! S’il te plaît…
— Premièrement, je viens de hurler sur Past il y a quelques minutes. Tout s’est bien passé, il ne m’a rien fait. Et secundo, je ne ferai rien de dangereux. Je te le promets.
Samuel avait envie de la serrer dans ses bras, pour se rassurer qu’elle ne fasse rien. À la place, il la regarda et leva le regard sur Kilian et Cassandra.
— Ne t’inquiète pas Sam, je vais la surveiller de près. Mais qu’est-ce que j’ai fait pour avoir une meilleure amie avec un plan à moitié suicidaire ! déclara Kilian.
Samuel lui fit un petit sourire.
— Merci. Tu es le mieux placé pour cela. Fais gaffe qu’elle ne te fausse pas compagnie.
— Eh ! Les gars, la meilleure amie avec un plan à moitié suicidaire est avec vous ! Elle entend tout ! Et puis, si c’est à moitié suicidaire, vous n'avez qu'à me surveiller à moitié.
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