2 - Lucy
Quand madame Baldwin m'a proposé de rester pour le dîner, j'ai de suite accepté. C’est toujours mieux de manger avec eux qu'en face d'une mère complètement défoncée qui ne sait même pas de quoi elle parle. Au moins, lorsque je rentrerai, elle dormira tranquillement sur le canapé comme toutes les autres fois.
Tandis que Logan et son père font cuire la viande sur le barbecue, Debbie, sa mère et moi préparons la salade et installons le couvert. L'odeur qui se dégage de la terrasse met déjà mon estomac en appétit et un léger grognement se fait entendre. Deb me regarde avant d’éclater de rire.
— J’en connais une qui meurt de faim, me chambre-t-elle.
— Attends, ça sent trop bon, répliqué-je.
— Qu’est-ce qui sent trop bon ? lance Logan en nous rejoignant dans la cuisine.
Sa sœur passe à côté de lui et fait semblant de le sentir, avant de lui répondre :
— Pas toi, en tout cas.
En le voyant soulever son bras pour sentir sous ses aisselles, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire.
— Ouais, bof, moi je ne trouve pas. J'ai pris une douche juste avant d'aller voir Chris et malgré qu'il fasse une chaleur à crever, je n'ai pas tant transpiré que ça. Qu’est-ce que t'en penses, Lu' ?
Afin de connaître mon verdict, il s'approche de moi, si près que nos corps se frôlent à nouveau. Je me demande s'il n'a pas profité de la perche tendue par sa sœur, malgré elle, pour pouvoir à nouveau créer un contact entre nous. Jouant le jeu, j'inspire à plein poumon. Son odeur musquée chamboule mes hormones et une drôle de chaleur s'insinue dans mon bas ventre. Il sent divinement bon, mais je ne lui avouerai jamais.
— Deb a raison, une bonne douche te ferait du bien ! m'esclaffé-je.
— Ah, ouais, vraiment ? Alors, dis-moi pourquoi tu restes collée à moi si je pue autant.
Morte de honte de m’être encore une fois laissée avoir par ce grand brun, aux yeux aussi bleus et profonds que l'océan, je cherche du réconfort auprès de ma meilleure amie. Son regard amusé me laisse sous-entendre qu'elle ne me viendra pas en aide. Chose qu'elle confirme la seconde suivante.
— Débrouillez-vous tous les deux ! me lance-t-elle, avant de quitter la cuisine, le saladier entre les mains.
Logan attend qu'elle se soit assez éloignée pour reprendre la parole.
— Je suis désolé de m’être barré tout à l'heure. Après ce qu'il s'est passé dans la piscine, j'avais besoin de reprendre mes esprits.
— Et qu’est-ce qui s'est passé ? feinté-je, même si mon cœur bat à mille à l'heure.
Un sourire en coin s'esquisse sur ses lèvres.
— Tu sais que ça ne te va pas de jouer les innocentes.
— Non, franchement, je suis désolée Logan, je ne vois pas du tout.
Mon index sur la bouche, je fais semblant de réfléchir.
— Tu ne serais pas un peu en train de me chercher ?
— Hmmm. Peut-être. En tout cas, tu ferais mieux d’aller prendre une douche avant de passer à table. J'ai pas trop envie de sentir ton odeur de fauve en rut durant tout le repas.
— Fauve en rut ? T'es sérieuse ? Je suis sûr que tu adores mon odeur, je l'ai vu tout à l'heure.
— Dans tes rêves, sûrement.
— Ouais, tu vas voir si c'est dans mes rêves.
Alors qu'il avance les mains tendues en avant, prêt à me chatouiller, je m’élance en courant, hilare, à travers la maison, avant de sortir sur la terrasse. Deb nous regarde, amusée. J'ai la trouille qu'elle capte qu'il y a plus qu'une amitié entre son frère et moi. Bon, en même temps, je ne devrais pas me poser autant de questions, ce n'est pas la première fois que lui et moi jouons ainsi. Néanmoins, cette fois, c'est différent, car je pourrais presque mettre ma main à couper qu'elle nous a vus dans la piscine. Comment vais-je lui faire avaler qu'il n'y a vraiment rien entre lui et moi ? Au final, je n'ai pas si hâte que ça de me rendre au centre commercial demain avec elle. Elle ne va pas arrêter de me cuisiner jusqu’à ce que je craque.
— Bon, Logan, quand tu auras fini de courir après Lucy, on pourra peut-être passer à table ! nous interrompt son père dans notre course-poursuite.
— Ouais, on arrive.
Je contourne la piscine afin de rejoindre Logan qui m'attend, une lueur espiègle dans le regard. J’espère qu'il ne va pas me faire un coup foireux, du genre me balancer dans la piscine toute habillée. Je n’imagine même pas la honte, si je me retrouvais la robe trempée, collante à ma peau devant ses parents. Après, il sait que je déteste ça, mais avec lui on ne sait jamais.
Contre toute attente, il enroule son bras autour de mes épaules et nous nous rendons jusqu’à la table ainsi. Sentir son corps si proche du mien me fait à nouveau monter le rouge aux joues. Je ne devrais pas réagir ainsi, pas devant sa famille. Lui ça n'a pas l'air de le déranger tant que ça. Il doit sûrement se dire que ce n'est pas la première fois et que ça n'a rien à voir avec le baiser qu'il a failli me donner un peu plus tôt dans la piscine. Il se comporte juste comme nous l'avons toujours fait depuis des années. Rien de plus.
— Ma sœur va finir par se poser des questions si tu continues à rougir quand je te touche, me souffle-t-il à l'oreille.
Je lève les yeux vers ma meilleure amie. Son regard navigue entre nous deux et ses sourcils arqués me prouvent clairement que son frère a raison. Je ne dois pas laisser paraître mon trouble. Entre Logan et moi, il n'y a rien pour le moment et je préfère que Deb ne vienne pas à s’imaginer n'importe quoi, même si désormais, je sais que lui aussi désire la même chose que moi.
Arrivés près de la table, Deb se hisse sur ses pieds pour glisser quelques mots à l'oreille de son aîné. Au regard furibard qu'il lui lance, je comprends que ça ne lui plaît pas du tout. Sans m'inviter à m'assoir à ses côtés, il va prendre place sur l'une des chaises. Pas un seul instant, il ne semble décoléré.
— Qu’est-ce que tu lui as dit ? demandé-je à Deb, les bras croisés sur la poitrine.
Je déteste vraiment le voir si en colère.
— Rien qui ne te concerne.
Vraiment ? J'ai plutôt l'impression du contraire, surtout qu'on est censées ne rien se cacher et là c'est clairement le contraire. Alors, quoi ? Lui aurait-elle demandé de se tenir loin de moi ? Si c'est le cas, elle risque de m'entendre. Même si elle est ma meilleure pote, elle ne peut pas s’immiscer entre nous.
— Tu t'assois à côté de moi ? me propose-t-elle en attrapant ma main.
— Je mange à coté de Logan, ce soir, réponds-je en la toisant.
L’intéressé se redresse sur sa chaise et lance un sourire narquois à sa sœur, avant de hausser les épaules, devant son air désappointé.
Deb soupire bruyamment, déçue. Malgré tout, le reste du repas, se déroule dans la joie et la bonne humeur. À plus d'une reprise, mon voisin de table cherche le contact avec moi dans des gestes tous plus innocents les uns que les autres. Tantôt il m'effleure le bras en attrapant sa serviette, tantôt il me touche la main en la tendant au même moment que moi pour attraper un morceau de pain dans la corbeille.
Deb n’arrête pas de nous dévisager et semble complètement perdue dans ses pensées. J’espère qu'elle ne m'en voudra pas si je sors avec son aîné. Il faudra juste qu'elle comprenne que je suis amoureuse de lui.
Au moment du dessert, Logan se tourne vers moi, un sourire à tomber à la renverse plaqué sur ses lèvres. Sa main glisse en toute discrétion sous la table et vient se poser sur ma cuisse. Un délicieux frisson remonte le long de mon dos et électrise chacune de mes cellules. Je meurs d'envie de me retrouver seule avec lui, de me blottir dans ses bras et de l'embrasser.
— Logan, tu peux remettre ta main sur la table ! lui ordonne sa mère.
Il tourne la tête vers elle, avant de s’exécuter. Deb nous fusille du regard. C'est quoi son problème ? Je ne suis pas assez bien pour lui, peut-être ? Je rage de voir ma meilleure amie dans cet état.
À la fin du repas, je décide de rentrer pour ne plus avoir à supporter les reproches silencieux de ma meilleure amie. Logan se propose de me raccompagner et j'accepte volontiers.
J'embrasse monsieur et madame Baldwin, avant de me diriger vers Deb.
— On se retrouve devant le centre, demain ? lui demandé-je, quand je la salue à son tour.
— Ouais, si ton meilleur pote ne t'accapare pas trop, réplique-t-elle cinglante, en insistant bien sur les termes qui désignent Logan.
C'est quoi son problème ? Elle me fait une crise de jalousie ou quoi ?
— Quand t’auras fini de faire la gueule parce que j’ai mangé à côté de ton frangin, plutôt que le tien, tu me contactes.
On se connait depuis notre plus tendre enfance et ce n'est pas la première fois qu'on se prend la tête. C'est pourquoi, je ne prête pas trop attention à son attitude, je sais qu'elle reviendra vers moi, quand elle se sera calmée.
— Désolée, me lance-t-elle alors que j'allais franchir la porte. On se voit demain, promis.
Je me retourne et vient l'enlacer dans mes bras.
— Si Logan et toi avez envie de sortir ensemble, c'est cool.
— Tu dis n'importe quoi ! C'est mon meille…
— Oui, je sais ce que tu vas me dire, me coupe-t-elle, même si je n'en suis plus très convaincue après vous avoir vu aujourd’hui. À mon avis, il y a autre chose entre vous.
Je hausse les épaules, avant de déposer une bise sur sa joue, puis je file rejoindre son aîné qui m'attend derrière le volant.
À peine suis-je assise qu'il démarre. Il lance sa playlist sur son autoradio et nous chantons à tue-tête, aussi faux l'un que l'autre. Hilares, nous explosons de rire et les larmes menacent de s’échapper, tellement je suis pliée en deux.
— Tu es vraiment belle quand tu ris, me déclare-t-il, le plus sérieusement du monde.
Ces mots ont le don de me faire cesser aussitôt. Je me tourne vers lui et le dévisage afin de savoir s'il va éclater de rire ou s'il est vraiment sérieux. Quand il tourne la tête vers moi, je sais que son compliment est sincère.
Je pose mon bras sur l'accoudoir sur lequel le sien se trouve déjà et viens chercher sa main. Il enroule ses doigts autour des miens, un léger sourire sur les lèvres. Lorsque son pouce caresse ma paume, de doux frissons remontent le long de mon bras.
— Je ne savais pas qu'on pouvait tomber amoureux de sa meilleure amie, me déclare-t-il.
— Je ne savais pas qu'on pouvait tomber amoureuse de son meilleur ami, déclaré-je à mon tour en reprenant chacun de ses mots.
Un doux sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'il reste concentré sur la route. J'en fais autant, rêveuse, le cœur gonflé de bonheur. Cette fois, je suis certaine qu'il éprouve la même chose que moi.
Lorsque nous arrivons devant chez moi, il coupe le moteur, m’ordonne de rester sagement assise, avant de quitter l'habitacle. J'admire ses prouesses de sportif quand il contourne la voiture en sautant par-dessus le capot, une main en appui dessus. Tel un gentleman, il vient m'ouvrir la portière et dans une révérence digne de ce nom, il m'invite à sortir.
Son attitude me laisse pantoise. Jamais il n'avait agi de la sorte, en parfait charmeur.
Nous effectuons quelques pas, main dans la main, avant de nous faire face à mi-distance entre sa voiture et la maison.
— J’ai été content de te revoir. Tu m'as grave manqué pendant les vacances, me déclare-t-il en s'approchant de moi.
Nos corps sont si proches que je suis obligée à présent de lever la tête pour lui parler. Il caresse ma joue avec délicatesse. Mon pouls s'emballe et mon sang s'enflamme. Son regard se pose sur mes lèvres tandis que je scrute les siennes. Cette fois, Deb ne pourra pas nous interrompre.
— Toi aussi, tu…
— Ah, Lucy, te voilà ! m'interrompt ma mère.
Aussitôt, je recule d'un pas et me tourne vers cette femme qui m'a mise au monde. Debout sur le perron, elle fusille Logan du regard.
— Bonsoir, madame, la salue-t-il.
Même si ça fait des années qu'il ne l'a pas vu, il la connaît. Nos parents se sont rencontrés à la fac et sont devenus amis jusqu'au jour où ma mère a décidé de couper les ponts avec eux. Quant à mon père, je ne sais pas s'ils ont encore des nouvelles, mais je m'en fous. Je ne veux pas entendre parler de cet homme qui m'a lâchement abandonnée. Je n'avais même pas six ans quand il s'est barré, en me laissant seule avec cette femme complètement disjonctée.
— Rentre tout de suite, Lucy ! Il faut qu'on parle !
Elle n’a même pas pris la peine de répondre à Logan. Ça me soûle vraiment d’avoir une mère comme elle. J'ai hâte de pouvoir fuir le plus loin possible de cette mégère qui ne s'occupe de moi que lorsqu'elle se souvient de mon existence.
— C’est bon, maman, j'arrive, lui lancé-je en la fusillant du regard, puis je me tourne vers Logan. Je suis désolée, il va falloir que j'y aille.
— Ouais, j'ai entendu ça. Je suis désolé, je ne savais pas qu’elle avait autant changé.
Je hausse les épaules, c'est ma vie et je n'ai pas envie qu'il en ressente de la pitié.
— Ça te branche un ciné dans la semaine, juste toi et moi ?
— Un rencard ?
Il hoche la tête, un sourire à croquer sur les lèvres.
— D’accord. Demain, je dois rejoindre ta sœur au centre, mais on peut se faire ça après-demain ?
— Ouais et cette fois, je te promets que personne ne m’interrompra. J'ai trop envie de t'embrasser.
Comme ma mère m'attend toujours sur le perron, il ne cherche pas à joindre le geste à la parole. Toutefois il laisse sa bouche s'attarder sur ma joue, avant de rejoindre sa voiture. Je lui adresse un léger signe de main avant qu'il y entre. Je le suis des yeux jusqu’à ce qu'il disparaisse au coin de la rue.
Rêveuse, je rejoins ma mère qui trépigne du pied. Ce soir, elle n'a vraiment pas l'air patiente, pourtant elle va devoir attendre jusqu’à demain avant de me parler. Là, je n'ai qu'une envie, m'allonger sur mon lit, un oreiller entre les bras et me rejouer cette journée où j'ai vraiment pris conscience des sentiments que j’éprouvais pour le frère de ma meilleure amie.
Cependant, au moment où je franchis la porte d’entrée, je sais que rien ne se déroulera comme prévu. Un homme d'une quarantaine d’années est assis sur notre vieux canapé, une bière à la main. Lorsqu'il me voit, il pose ses yeux gris sur moi et me déshabille du regard sans vergogne, en insistant sur ma poitrine un peu trop généreuse. Gênée, je croise les bras, pour qu'il cesse de me reluquer de la sorte
— C’est qui ? demandé-je à ma mère, rageuse qu'elle se soit permise d’inviter un homme chez nous.
Elle sait ce que je pense de ces dernières conquêtes et que je ne voulais plus en voir un seul franchir notre porte d’entrée.
— Je te présente Charlie. Nous allons nous marier le week-end prochain.
Je tombe des nues. Que vient-elle de dire ? Ils vont se marier ? J’espère que c'est une mauvaise blague. En tout cas, moi ça ne me fait pas rire du tout.
Je jette un nouveau coup d'œil à cet homme qui ne semble pas m'avoir lâchée du regard un seul instant. Satisfait par ce qu'il voit, il affiche un sourire de prédateur sur son visage. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ma vie va devenir un enfer.
— Je ne sais pas si tu as prévu des trucs avec tes amis dans les jours qui viennent, mais tu ferais mieux d'annuler tout de suite. J'ai envie de profiter de ma nouvelle famille.
— Quoi ?
— Tu as très bien entendu ta mère ! grogne le type.
Son ton froid me donne la chair de poule.
— Ensuite, tu donneras le téléphone à ta mère. Les gamins ne devraient pas avoir ce genre de jouet entre les mains.
Je lui jette un regard noir, tentant de lui faire comprendre que je ne me laisserai pas marcher sur les pieds. Aussitôt, il bondit sur les siens et vient me toiser de toute sa hauteur. Il n'est pas très grand comparé à Logan ou son père, mais suffisamment pour que je sois obligé de lever la tête pour le regarder.
— Ne t'avise plus jamais à me regarder comme ça, gamine ! Je ne suis pas ton pote et je pourrais te faire regretter chacun de tes actes.
Sa menace accompagnée de son regard de psychopathe me terrorise.
— Je te laisse cinq minutes pour joindre tes amis, avant que je vienne t'arracher ton téléphone des mains.
À travers mes prunelles, j'envoie un message de détresse à ma mère, malheureusement elle semble déjà haut perchée et ne capte rien. Alors, je me réfugie dans ma chambre et appelle Deb, le cœur lourd.
— T’es sûre que ce n'est pas mon frère que tu voulais appeler ? me questionne-t-elle, taquine, en répondant à mon coup de fil.
— Si, mais non.
— Comment ça si, mais non ?
— Ma mère va se remarier et je ne vais pas pouvoir venir demain. Tu peux dire à Logan que…
— Quoi ? Ta mère va se remarier ? Il ressemble à quoi ?
À un connard psychopathe qui va m'en faire voir de toutes les couleurs. Je le vois arriver gros comme le nez au milieu du visage.
Je ravale un sanglot avant de reprendre la phrase que j'avais laissée en suspens, pour évincer ses questions.
— Dis-lui que pour après-demain, je suis obligée d'annuler.
— Vous deviez faire quoi ?
— Rien.
— Lucy ?
— On devait aller au ciné, juste lui et moi.
Pourrais-je seulement envisager un jour d'y aller seule avec lui ? À l’idée que la réponse soit négative, un vent froid se lève sur mon âme.
Un silence se fait entendre à l'autre bout du fil.
— T’es sûre que tout va bien ? s’inquiète ma meilleure amie.
— Oui… Eh, Deb, ne t’inquiète pas si je ne réponds pas les prochains jours. Ma mère se remarie donc…
— Ouais, je comprends. Profitez bien tous les trois et t’inquiète pas pour mon frère, il comprendra aussi.
Savoir que je ne pourrais pas les voir, ni même les entendre jusqu’à la rentrée m'arrache le cœur. Je déteste déjà cet homme autant que ma mère. Il n'a pas le droit de me séparer de mes amis et en prenant mon téléphone, c'est ce qu'il a l'intention de faire. Une larme silencieuse roule sur ma joue.
— Je vais te laisser, Deb. On se voit à la rentrée.
— Lucy ?
Charlie entre dans ma chambre à cet instant, le regard noir. Je comprends que mon temps imparti vient de s’écouler.
— Il faut vraiment que je raccroche.
C’est l’âme en peine que je mets fin à la communication, avant de tendre mon téléphone à cet homme, qui appuie encore une fois son regard sur ma poitrine. Je pourrais me rebeller, néanmoins, je sais d’ores et déjà que face à lui, mes chances de sortir vainqueur sont minimes. Je vais devoir me montrer docile, alors que ce n'est absolument pas mon caractère. Comment vais-je m'en sortir ?
— Toi et moi, on va bien s'amuser, gamine, me lance-t-il en attrapant l'objet que je lui tends.
Ces mots me glacent d'effroi.
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