Réveillé par une foutue vibration contre ma cuisse, je peine à ouvrir les yeux. Je ne me rappelle même pas m'être assoupi. Pour tout dire, je suis tellement crevé que j'ai l'impression qu'un poids énorme s'est abattu sur mes jambes. À moitié dans le coltard, je tâtonne à mes côtés pour me saisir de mon putain de portable. Une fois en main, je décroche et le porte à mon oreille, sans même regarder le nom sur mon écran.

— Ouais ? grogné-je la voix éraillée par le sommeil.

Ma seconde main part à la rencontre de ce qui entrave le mouvement de mes jambes. Le contact d'une douce chevelure sous mes doigts me rappellent que je ne suis pas seul. Cette fois, bien réveillé, j'ouvre complètement les yeux. Lucy semble s'être endormie, la tête posée sur moi. Mon cœur se met à battre comme un dératé. Cette position est tellement agréable que je suis prêt à arrêter le football pour rester toute ma vie ainsi. Et Dieu sait combien ce sport est important pour moi. Comme dans un rêve, je caresse ses cheveux avec tendresse. Si elle est venue jusqu'à moi, c'est qu'elle a besoin de mon réconfort, non ? Certainement. Enfin, je crois. Sinon, je ne vois pas comment elle se serait retrouvée dans cette position. Si c'est bel et bien le cas, je ne risque rien à lui apporter un peu de douceur.

— Tu m'écoutes, Baldwin ? Je viens de te dire qu'on était devant chez toi et on se les gèle. Alors, ouvre-nous ta putain de porte !

Merde ! Je n'y crois pas ! Qu'est-ce que Chris fout ici ? Hors de question qu'il rentre chez moi ! S'il découvre Lu, il risque de se poser un milliard de questions, de me narguer jusqu'à la fin de l'année et qui sait peut-être de la briser un peu plus. Il serait bien foutue de la mettre plus bas que terre. Elle n'a vraiment pas besoin de ça.

— Désolé, je dormais.

— Ouais, ben, maintenant t'es réveillé, alors ouvre cette foutue porte !

Comment je vais me sortir de cette impasse, putain ? Agité, je bouge un peu trop et réveille Lucy. Dès qu'elle ouvre les yeux, elle s'écarte de moi en un éclair. Elle bredouille quelques mots incompréhensibles, mais assez audible, avant de se recroqueviller à l'autre bout du canapé. Sa frayeur se lit dans ses yeux. Je ne suis même pas certain qu'elle réalise que c'est elle qui est venue dormir sur moi.

— C'est qui la meuf avec toi ? me questionne mon pote.

Super, je suis grillé ! Je ne vois pas du tout comment je vais m'en tirer à présent.

— Quoi ? Y a une meuf chez lui ? entends-je Mandy.

Et en plus, il a fallu qu'il ramène celle-là !

Je jette un rapide coup d'oeil à Lu, toujours aussi tétanisée, puis me lève d'un bond pour sortir voir mon pote et l'autre conne. Et je peux me permettre de le dire. Cette fille n'est bonne qu'au plumard, parce que niveau intelligence, on repassera. Ce n'est pas avec elle que je pourrais tenir une conversation un tant soit peu intéressante.

Tandis que je me dirige vers la porte d'entrée, j'ébouriffe mes cheveux, histoire de bien leur laisser croire que je pionçais et attrape mon blouson au passage. Aucune envie de me cailler les miches.

Avant d'appuyer sur la poignée, je me cherche une excuse, aussi bancale soit-elle, pour leur expliquer la voix féminine qu'ils ont entendu. Une seule me vient à l'esprit pour le moment : mettre ma sœur en avant. Ben quoi ? Elle aurait très bien pu rentrer plus tôt.

Et tu vas expliquer comment que sa bagnole n'est pas là ? T'as réfléchi à ça ?

Ouais, ben, si t'as une meilleure idée, saleté de conscience, je t'écoute !

J'ai à peine ouvert la porte que Mandy se jette dans mes bras. Quelques heures plus tôt, j'aurais sûrement passer le mien dans son dos pour l'attirer contre moi. Là, je ne fais que la repousser. Mon envie de me fourrer en elle m'a plus que passer à l'instant où mes yeux se sont posés sur Lucy.

— Évite de me coller devant mes potes, Mandy !

Si elle pouvait me tuer sur place d'un simple regard, elle le ferait volontiers, vu sa façon de porter ses yeux sur moi.

Je me marre comme un con en la voyant fulminer. Au moins, sa réaction a le don de me faire oublier quelques secondes ce qui se passe sous mon toit.

— T'es qu'un connard, Baldwin ! Je te jure que tu vas le regretter.

— On a passé une nuit ensemble, je t'ai rien promis. Alors, lâche-moi un peu la grappe ! Qu'est-ce que vous foutez là d'ailleurs ?

Le visage de Mandy se décompose, c'est limite si elle ne chiale pas devant moi. Autant les larmes de Lucy me fracassent, autant les siennes ne m'atteignent même pas.

— Vu que tu ne pouvais pas venir à la fête, la fête vient à toi ! me sort Robinson en secouant un pack de six devant mon nez.

Dans d'autres circonstances, j'aurais plus qu'apprécié son geste. Ce soir, j'ai d'autres chats à fouetter que de me soûler la gueule. Mes pensées s'envolent direct vers la fille qui m'attend dans ma baraque. J'ai à peine le temps de me refoutre mon réveil en mémoire que j'aperçois, Mandy, hors d'elle, venir vers moi.

— C'est qui la pétasse chez toi ? Je suis sûre que c'est à cause de cette garce que tu ne veux plus de moi !

Si elle savait à quel point, je m'en bats les couilles de sa petite crise. Je n'ai signé aucun contrat quand je l'ai baisé. À moitié bourré, en plus. Par contre, ses insultes envers Lucy me foutent en rogne. Je m'avance vers elle, menaçant et la toise de toute ma hauteur. Sous ma taille imposante, elle n'en mène pas large. Tant mieux. Au moins, elle ne me fera plus chier.

— Chris, tu peux me ramener, s'il te plaît ?

Je me tourne vers mon pote qui se tord à moitié de rire. Lorsqu'il me lance un coup d'œil, je lui réponds par un signe de tête. Pas besoin de plus pour qu'il saisisse que je souhaite qu'elle se casse. Et très vite, si possible.

— Pas de souci, ma belle. Visiblement, mon pote n'est pas dans son assiette ce soir.

Si tu savais ce qui se passe, tu comprendrais.

Ou plutôt l'inverse. S'il savait, je crois qu'il me prendrait pour un foutu extraterrestre débarqué d'une autre planète. Entre Mandy, la chaudasse, et Lucy, la fille que je suis censé détester, son choix est vite fait. Et il ne se porte certainement pas vers ma jolie brune.

— Va falloir que tu me racontes, mec, me murmure-t-il en s'approchant de moi.

— Pas ce soir, mon pote. J'ai autre chose à foutre !

— Elle a plutôt intérêt d'être bonne pour que tu vires ainsi le meilleur coup du bahut.

Ouais, elle l'est, même si entre nous, il n'y a rien. Ce qu'elle me fait ressentir va au-delà d'un simple attrait physique. C'est tellement puissant, qu'un simple contact me fait vibrer de la tête aux pieds. S'il apprenait que je me suis mis à bander juste avec la main de Lucy posée sur mon jeans, sans aucune caresse de sa part, il hallucinerait.

— Ton vieux pote peut au moins savoir de qui il s'agit ?

D'un signe de tête, je lui fais comprendre que je ne lui en dirai pas plus. Il fronce les sourcils, surpris par ma réaction. Normal, on n'a aucun secret l'un pour l'autre. Sauf sur ce coup-là.

— J'espère que tu sais ce que tu fais, mec, me lance-t-il.

J'opine du chef, même si je n'en suis pas certain à cent pour cent. Il tend un poing dans lequel je checke, puis il part rejoindre Mandy, adossée à la caisse de mon pote. Avant de s'y engouffrer, elle me jette un dernier regard aussi sombre que la nuit dans laquelle nous sommes plongés. Je lève les yeux au ciel, exaspéré. À mon avis, tout le bahut va vite apprendre comment j'ai viré la capitaine des cheerleaders de ma vie.

Désolé, les gars, mais, le cliché qui veut que le capitaine de l'équipe de foot se foute avec celle des cheerleaders, très peu pour moi. Pour un coup vite fait oui, plus, vous pouvez aller vous rhabiller.

Dès qu'ils se sont barrés, je retourne dans la baraque. Mes yeux se portent immédiatement sur le canapé, là où Lucy est censée être. Désert. Merde ! D'un coup d'oeil, je scanne mon environnement à sa recherche. Personne en vue. Putain ! Elle est où ?

— Lucy ?

Aucune réponse. D'un pas rapide, je me rends à la porte fenêtre. Soulagé de constater qu'elle est encore fermée, je relâche mon souffle. Elle ne peut qu'être à l'intérieur. Au moment où je pars vérifier dans les toilettes, des sanglots étranglés m'alertent sur l'endroit de sa présence. En quelques pas, je me retrouve près de la table du salon en-dessous de laquelle elle semble s'être réfugiée. Je m'accroupis pour la découvrir, en larmes, les bras enroulés autour de ses genoux. Elle se balance d'avant en arrière, ses pleurs inondant ses joues. Mon bide se serre en la voyant encore si triste.

— Viens, Lu. Il n'y a que toi et moi, lui dis-je en lui tendant la main.

Elle lève ses jolies prunelles vers moi, mais secoue la tête. Bordel ! Tout est à recommencer. Sans leur venue, elle serait restée dormir contre moi, bien plus apaisée. Je fais quoi moi maintenant ? Je ne peux quand même pas la laisser seule sous cette table.

Je reste planté quelques secondes comme un idiot, sans savoir quelle décision prendre, puis finis par me foutre à quatre pattes pour la rejoindre. Vu ma taille, je suis presque obligé de me contorsionner. J'ai connu mieux comme situation, mais pour elle, je suis prêt à tout. S'il faut que je passe la nuit ici, dans une position horrible, jusqu'au retour de ma frangine ou de mes vieux, alors je le ferais.

— Deb ? me demande-t-elle en s'éloignant un peu de moi.

— Je suis désolé, Lu, je n'arrive pas à la joindre.

Un sanglot s'échappe de sa bouche et moi je me mords la lèvre pour ne pas me mettre à chialer avec elle, tant sa souffrance me devient insupportable. J'en ai marre de la voir douiller autant sans pouvoir rien faire.

— Killian...

Elle viendrait de me balancer un uppercut, je n'aurais pas plus mal qu'en entendant le prénom de son mec. À l'avoir près de moi, j'en avais zappé l'existence de ce type que je ne peux pas blairer.

— Quoi, Killian ? feinté-je de ne pas comprendre. Est-ce que c'est lui qui t'a fait ça ?

Quand elle tourne la tête vers moi, je lis clairement à quel point ma question la rend ahurie. En une fraction de seconde, elle passe de peinée à furax. Ses foudres ne vont pas tarder à s'abattre sur moi, vu les éclairs qu'elle me lance à travers son œil valide.

— Comment peux-tu dire ça ? Jamais, il ne me fera de mal. Pas comme toi !

Prends-toi ça dans la gueule, Baldwin !

Au moins, ma foutue question a eu le don de la faire réagir. Elle veut qu'on se dispute ? Pas de souci ! Je préfère la voir furieuse qu'anéantie. Me prendre la tête avec elle, c'est dans mes cordes. Ça nous est déjà arrivé plus d'une fois.

Hors d'elle, elle sort de sa cachette. J'en fais autant, même s'il me faut un peu plus de temps qu'elle. Saleté de taille !

— Alors, si ce n'est pas ton ch…

Je me retiens de justesse pour ne pas balancer le surnom que les gars et moi, on donne à son chien de garde.

— Mon quoi, Logan ?

— Ça y est, c'est bon, tu me remets ? Si j'avais su qu'il fallait que je m'en prenne à ton mec pour que tu réagisses, je l'aurais peut-être fait depuis que t'as débarqué ici ! Maintenant si ce n'est pas lui, dis-moi qui t'as mis dans cet état !

Son regard s'assombrit encore d'un ton, puis elle secoue la tête. Sidérée, je crois, par ma putain de réplique.

Alors que je pense qu'elle va me répondre, elle se retourne et fonce vers la porte. Putain, non ! Elle ne va pas se barrer. Pas dans cet état et avec si peu de fringues. Je m'élance à sa poursuite et la retiens de justesse par le bras, avant qu'elle ne pose la main sur la poignée. Faudrait que je retire la clé si je tiens à ce qu'elle reste là. Elle fixe ma main quelques secondes, avant qu'un cri d'effroi retentisse dans le salon.

Mais, merde, à la fin ! J'en ai ras la bol de cette putain de soirée. Si c'est pour se venger de tout le mal que je lui ai fait, c'est bon, j'ai compris, alors qu'on me foute la paix !

Sonné par tout ça, je laisse ma main sur son bras, sans saisir que c'est justement là le problème. Ce n'est que lorsqu'elle se débat avec hargne, me frappe, me griffe que je finis par lâcher prise.

Deb, j'te jure que tu vas me payer ton absence !

Dès que je recule d'un pas afin d'éviter ses coups, ses cris cessent, mais elle en profite pour tenter de s'échapper à nouveau.

Mais c'est pas possible ! Je suis maudit ou quoi ?

D'un bond, j'allonge mon bras et retient la porte à la dernière seconde.

— T'as pas le droit de me retenir prisonnière !

— Et encore moins celui de te laisser partir sans savoir qui t'as fait ça ! S'il t'arrive un truc, je ne me le pardonnerais pas et Deb me tuerait. Je préfère me faire griffer, mordre ou tout ce que tu voudras par toi, que de me faire arracher la tête par ma frangine.

Je plante mon regard dans le sien pour qu'elle comprenne que je ne plaisante pas.

— Maintenant soit tu me parles, soit j'appelle mon père, mais ce sera avec lui que tu devras causer. Et si j'ai bien capté le truc, t'en as aucune envie.

Elle me défie une fraction de seconde, avant de baisser les yeux vers ses pieds. Quand elle relève la tête, son visage porte à nouveau les traces de son immense chagrin. Bouleversé par les nouvelles larmes qui apparaissent dans le coin de ses prunelles, je tends la main dans sa direction, en priant pour qu'elle la prenne.

Le temps semble s'être figé alors qu'aucun de nous deux ne bouge. Même pas d'un foutu millimètre.

Elle ne pourrait pas se décider à attraper ma main, je commence à avoir une crampe à force de tendre mon bras comme ça.

Le silence qui nous entoure devient de plus en plus intolérable. Crevé par toute cette merde, je laisse mes yeux naviguer entre les siens et ma main pour l'inviter à s'en saisir.

Allez, Lu, fais un pas vers moi !

Elle fixe à nouveau ma main, avant d'esquisser un très léger mouvement dans ma direction. Son hésitation ne m'échappe pas. Ce n'est que lorsqu'elle prend la parole que j'en capte la raison.

— Ne me fais plus de mal, Logan ! Je ne le supporterai pas.

Au moment où je hoche la tête, elle étire son bras dans ma direction. J'enroule mes doigts autour de son poignet et l'attire vers moi. De mes bras protecteurs, je lui crée un solide refuge. Elle peut compter sur moi, je ne la laisserai plus tomber. Jamais.

— Il… voulait… me… vio...violer, balbutie-t-elle alors que je la serre fort contre mon torse.

En entendant ses mots, tous mes muscles se crispent. Je vais tuer le fils de pute qui s'en est pris à elle ! Croix de bois, croix de fer... je vais faire passer à ce salopard l'envie de s'en prendre aux filles ! Et à elle en particulier !

Je recule d'un pas et de deux doigts sous son menton, je lui relève la tête pour plonger mes yeux dans les siens. Je veux savoir à qui je dois éclater la tête.

— Qui, Lu ?

Elle secoue la tête, elle ne m'en diras pas plus. Têtue telle que je la connais, inutile d'insister, elle ne m'en dévoilera pas plus. Alors, je me rapproche à nouveau d'elle. Plaquée contre mon torse, elle se laisse aller une nouvelle fois à ce chagrin qui la terrasse. Même si ce n'est vraiment pas le moment, je profite de l'instant pour m'enivrer de son odeur. Elle sent si bon.

Je la laisse évacuer ses larmes sur mon torse. D'une main, je caresse son dos avec tendresse. Bien qu'il soit difficile de ne pas ressentir une certaine tension sous ma braguette en l'ayant serré tout contre moi, je lutte pour ne pas montrer l'effet qu'elle a sur ma queue. Un effet de dingue.

Elle a failli être violée, putain !

Ses mots se répercutent dans ma tête au moment où je m'y attends le moins. Est-ce que si on était restés amis, elle aurait vécu ça ? Ma haine contre ce gars se retourne une nouvelle fois contre moi. Quel connard je suis !

— Ça va mieux ? demandé-je après plusieurs minutes de silence.

Quand elle relève la tête, je suis happé par son putain de regard. Inutile de venir me secourir, je prends mon pied à m'y noyer.

— Oui, merci.

Sa voix tremble encore, mais elle semble légèrement mieux. D'ailleurs, elle se dégage rapidement de mon étreinte. Comme elle ne doit pas trop savoir où aller maintenant, elle reste à quelques centimètres de moi. Elle attend sûrement que je lui dise quoi faire.

— Je ne sais pas quelle heure il est, mais on devrait peut-être aller se coucher. Comme Deb n'est pas là, tu pourras prendre son lit. À moins que…

Je me mords la lèvre, nerveux, sans la quitter des yeux.

— À moins que tu veuilles dormir avec moi, finis-je. Tu sais comme… comme quand on était gosses. Enfin… enfin… si tu veux.

Depuis quand j'ai la frousse de demander à une meuf de passer sa nuit avec moi ?

— Mais on n'est pas obligés, tu sais ? Enfin, je ne te toucherais pas, si c'est ce que tu penses. Mais je peux aussi m'occuper de toi… euh… je veux dire que si t'en as besoin… je peux te… te serrer contre moi. Mais je ne te toucherai pas.

T'es pas un peu contradictoire là, mec ?

Bordel, je commence à dérailler grave !

Ses lèvres esquissent un tout petit sourire tandis qu'elle hausse un sourcil. Même si ses expressions ont du mal à se peindre sur son visage, je suis certain qu'elle est en train de se foutre de moi.

Je glisse une main sur ma nuque, complètement embarrassé par la situation. Le pire, c'est que je n'ose même plus la regarder. Je semble porter un très fort intérêt pour mes pieds d'un coup. Sans compter qu'un enfoiré vient d'allumer un feu incandescent sur mes joues tant elles me brûlent.

Putain, on aura tout vu ! Moi rougir devant une fille, sérieux ? D'habitude, c'est moi qui leur fait cet effet, pas l'inverse. Faut vraiment que je me reprenne !

— C'est comme tu veux, ajouté-je.

— La chambre de Deb m'ira très bien. Mais, j'aimerais enlever ces fringues, est-ce que...

Bordel ! Elle est folle ? Elle ne se rend pas compte de l'effet qu'elle me fait en sortant un truc pareil ? En tout cas, il ne faut pas deux plombes à mon foutu crâne pour me balancer une image d'elle en maillot de bain. Et comme, je suis un mec, loin d'être insensible à son charme, je me retrouve avec une putain de trique. Pourvu qu'elle ne le remarque pas.

— Tu m'écoutes, Logan ?

Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, avant de poser les yeux sur elle.

— Non, pas vraiment. Je pensais à un truc, désolé. Tu disais ?

Elle s'esclaffe. Et bordel, que j'aime l'entendre rire ! Comment ai-je pu me mettre à la haïr alors que tout en elle me plaît ?

— Je te demandais si tu pourrais me prêter quelque chose pour que je puisse dormir.

Je dois bien avoir un t-shirt. vu sa taille comparée à la mienne ça devrait parfaitement lui convenir pour passer la nuit. Par contre, savoir qu'elle porte une de mes fringues risque de m'emmerder pour trouver le sommeil.

— Ouais, suis-moi. Je devrais pouvoir te dégoter ça.

Une fois à l'étage, je rentre dans ma chambre et pars lui chercher un t-shirt. J'attrape le premier qui me tombe sous la main. Mon maillot de football. Le temps d'un instant, je l'imagine dedans. Je chasse au plus vite cette image pour éviter de bander à nouveau comme un puceau. Mais, putain, j'aimerais trop la voir avec ! Elle devrait être terriblement sexy !

Une chose est sûre, plus jamais je ne le ferais laver. Son odeur me portera bonheur lors des prochains matchs. Bon, ouais, je rêve un peu trop. Ma mère me tuerait si je ne le lui donnais pas pour le passer à la machine.

Quand je retourne sur mes pas, je trouve Lucy sur le seuil de la porte, les bras derrière le dos. Elle affiche une petite moue totalement indéchiffrable.

Ça me fait chier de la voir comme ça ! Avant, elle serait parti s'allonger direct sur mon lit, les bras croisés derrière la tête et les genoux repliés. Elle m'aurait regardé farfouiller dans mes armoires en riant. Je l'aurais rejointe, puis nous aurions discuté pendant des heures jusqu'à ce qu'on s'endorme l'un en face de l'autre.

Tout ça est mort par ma faute ! Quel crétin !

— Voilà ! dis-je en lui tendant mon maillot.

Elle avance légèrement sa main, avant de la reculer. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir son hésitation.

— Tu es vraiment d'accord pour que je le porte ?

Elle semble ne pas avoir oublié ce que ça signifie pour notre équipe de refiler notre maillot à une fille. La plupart du temps, c'est que le gars est maqué avec elle. Personne n'a porté le mien jusque-là, elle sera la première même si on n'est pas ensemble. Ce soir, j'ai juste envie de contourner cette foutue règle, vieille comme le monde.

— Ouais.

Elle me lance un petit sourire avant de l'attraper. Au moment où sa main effleure la mienne, j'ai l'impression d'avoir percuté une ligne à haute tension, tant je suis électrisé. Wouah ! C'est dément comme sensation ! Je donnerais n'importe quoi pour y goûter encore. Malheureusement pour moi, elle la retire très vite.

— Merci... Bonne nuit, Logan.

Tandis qu'elle se dirige vers la chambre de ma frangine, je ne peux m'empêcher de mater son cul. Vraiment bandant ! La nuit va être très difficile. Va falloir que je sois super fort pour ne pas aller me glisser sous la couette avec elle, tant j'en crève d'envie.

Dès qu'elle s'enferme dans la chambre de ma frangine, je file dans la salle de bain, prendre une douche et me laver les dents. Ma toilette faite, je regagne ma piaule, me fous en boxer et glisse sous ma couette, À la fois heureux qu'elle ait accepté mon maillot, mais toujours aussi rageur contre le salopard qui l'a détruite.

Ça doit bien faire deux foutues heures que je cherche le sommeil en me tournant dans tous les sens, lorsqu'un putain de hurlement déchire la nuit. Je bondis hors de mon pieu, attrape ma batte de base-ball et me précipite dans la chambre de Deb. Mon cœur bat à mille à l'heure tandis que je traverse le couloir. Je ne réfléchis même plus à ce que je fais. Tout ce qui compte pour moi, c'est de protéger Lucy. D'un coup d'épaule, j'ouvre la porte, la batte devant moi, prêt à cogner si quelqu'un s'en prend à elle. Ce n'est qu'à l'instant où je la vois se débattre que je réalise que nous sommes seuls. Je laisse tomber mon arme de fortune, qui percute le sol dans un bruit sourd. Les yeux fermés, elle donne des coups dans le vide, sans cesser de crier. J'accours jusqu'à elle et me fous à genoux devant le plumard. Je la secoue, l'appelle pour tenter de la réveiller, mais rien n'y fait. Je me ramasse quelques coups au passage. Elle a de la force, ma petite tigresse. Je vais sûrement me retrouver avec quelques bleus, mais rien à foutre, on verra demain. Pour le moment, je dois juste la réveiller.

Impossible !

Putain de bordel de merde ! Lessivé et le cœur lourd, je finis par m'allonger à côté d'elle pour la prendre dans mes bras. Avec douceur, mais fermeté, je les enroule autour de son corps pour entraver ses mouvements. Espérons que ça suffise pour la calmer !

— Je suis là. Plus personne ne te fera de mal.

Je lui répète ses paroles encore et encore jusqu'à ce que je sente sa respiration s'apaiser.

— Logan ? s'étonne-t-elle à demi-voix lorsqu'elle finit par se réveiller.

— Ouais, je suis là. Il ne te fera plus de mal.

Contre toute attente, elle se blottit un peu plus contre moi. Elle doit encore être tétanisée par les images qui ont traversé son subconscient.

— Reste avec moi.

Toute la vie si tu veux.

— Si Deb rentre avant qu'on se réveille, elle va me tuer de me voir avec toi dans son lit. Tu devrais venir dans le mien, si tu veux qu'on reste ensemble.

— D'accord, me souffle-t-elle.

Fou de joie, mon cœur bondit dans tous les sens. C'en est presque douloureux. Je dois admettre que cette sensation me plaît. Beaucoup même.