23 - Lucy

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Quand je me réveille, une douleur atroce me martèle le crâne. Je peine à ouvrir les yeux tant je me sens mal. Mon estomac est sens dessus dessous et… Comment ça je suis en culotte ? Qui m'a déshabillée ? Je ne me rappelle même pas comment je suis parvenue jusqu'à ce lit. Mon dernier souvenir remonte au moment où ce type blond, dont j'ai totalement zappé le nom, m'a lancé un cap ou pas cap d'aller danser sur une table et d'enlever mon haut. Je ne sais même plus quelle réponse, je lui ai fourni. Oh, merde !

Mais, d'ailleurs, je suis bien dans mon lit, hein, n'est-ce pas ?

Totalement paniquée à l'idée que j'ai pu suivre ce gars ou un autre, mes paupières s'ouvrent d'un coup. En reconnaissant le mobilier, le soulagement m'envahit. Ouf !

— C'est pas trop tôt, j'ai cru que tu n'allais jamais te réveiller avant que je m'en aille.

Surprise par la voix de Deb, je la cherche du regard. Je la trouve assise sur une chaise dont j'ignorais jusque-là la présence. Une drôle d'expression est peinte sur son visage, comme si elle étudiait un animal étrange.

— Va falloir que tu m'expliques !

Hein ? Quoi ? Que je lui explique quoi ? Je viens à peine de me réveiller !

J'arque un sourcil en signe d'interrogation.

— Logan m'a tout raconté. Pour une fois que mon frangin me confie un truc, je ne vais pas m'en plaindre. Mais, bon sang, qu'est-ce qui t'a pris, Lu ? Non, mais sérieux !

Oula, doucement ! Quel rapport entre la soirée d'hier et Logan ? Est-ce parce que je ne l'ai pas écouté quand il m'a demandé de reposer mon verre ? Est-ce vraiment de cela dont Deb me parle ?

— Tu veux savoir pourquoi je ne l'ai pas écouté quand il m'a demandé de reposer mon verre ?

Bon vu comme je me sens mal, j'aurais sûrement dû.

— Si ce n'était que ça…

Là, elle me fiche la trouille !

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Vraiment ?

Ben, oui ! Elle pense vraiment que je pourrais lui mentir ?

— Je me rappelle juste avoir répondu que j'étais cap à ce type blond et ensuite c'est le trou noir.

— Vraiment de vraiment ?

— Si je te le dis…

Elle se mordille la lèvre comme si elle essayait de s'empêcher de rire. Mais qu'ai-je donc bien pu faire qui puisse la mettre dans cet état là ?

— Bon, accouche, qu'est-ce que j'ai fait ?

— Euh… attends. Je crois que tu vas avoir besoin d'un truc pour ta tête avant.

Mais, pourquoi ? Je n'ai même pas le temps de lui poser la question, qu'elle se lève et sort de la chambre, me laissant seule avec mes questions. Tandis qu'elle s'est absentée, je me creuse les méninges à la recherche du moindre indice qui pourrait m'aider à y voir plus clair.

Oh, mon Dieu ! J'espère que ça n'a rien à voir avec la tenue dans laquelle je me trouve. Si c'est le cas, je ne sors plus jamais de cette chambre !

Deb revient peu de temps après, un verre d'eau dans une main et, je suppose, à son poing serré, des comprimés dans l'autre.

— Tiens, prends ça, me dit-elle en me tendant les deux.

Après avoir fait descendre les deux cachets de paracétamol au fond de mon gosier, j'attends qu'elle me raconte tout ce qu'elle sait.

— Bon, alors ? finis-je par m'impatienter.

— Hier soir, Logan t'a ramenée ici. Tu voulais te foutre à poil devant tout le monde...

Oh, purée !

— Donc, il t'en a empêchée. Quand vous êtes arrivés, tu lui as demandé de dormir avec toi, mais comme...

— Dis-moi, s'il te plaît, qu'il a refusé.

Quand elle hoche la tête, je relâche mon souffle, soulagée. Merci, mon Dieu !

— Oui, confirme-t-elle. Mais, attends, c'est loin d'être le pire. Comme il a refusé, tu lui as demandé si tu n'étais pas assez bien pour lui…

— Je ne te crois pas !

Impossible, je n'ai quand même pas osé faire ça ?

— Et, tu t'es ensuite déshabillée devant lui, poursuit-elle sans prêter attention à ma remarque.

Cette fois, c'est sûr, je n'oserai plus jamais quitter cette chambre de toutes les vacances.

J'espère qu'il n'a pas profité de la situation pour aller plus loin avec moi. Ce serait terrible. Non, horrible, atroce et tout ce qu'on voudra. Ma première fois n'a pas pu se passer dans ces conditions ! Elle ne doit pas se passer comme ça. Je ne suis pas prête pour coucher avec un mec. Même s'il s'appelle Logan, qu'il est beau comme un Dieu et qu'il est le sportif le plus adulé du bahut.

Oh, stop ! Je détaille là !

— Est-ce que… Est-ce qu'on…

Bordel, je suis tellement honteuse que je me sens incapable de lui demander si on a été plus loin.

— Il ne s'est rien passé entre vous si c'est ce que tu essaies de me demander. Je pense qu'il en avait envie et qu'il a eu beaucoup de mal à te résister, le connaissant. Mais, vu ce que tu as fait ensuite, ça lui a coupé tout désir.

J'écarquille les yeux. Qu'ai-je pu faire de plus ?

— Qu'est-ce que j'ai fait ?

— Tu as vomi sur lui.

Oh. Mon. Dieu ! Cette fois, pas moyen que je le croise une nouvelle fois. La honte !

Mes joues prennent feu alors que Deb explose de rire.

— Et tu lui as dit que tu l'aimais.

Oh, non ! Plus jamais, je ne bois une seule goutte d'alcool !

À cet instant, j'entends la porte d'entrée se refermer, puis Logan appeler sa sœur. Je secoue la tête, dans l'espoir qu'elle ne lui réponde pas. Mais c'est mal la connaître.

— Dans la chambre, lui répond-elle avant d'ajouter à mon intention, de toute façon, tu ne vas pas pouvoir te planquer longtemps, il a prévu de passer l'aprèm avec toi pendant que je vais skier.

Comment ça ? Non, non, non ! Je ne veux pas le voir ! Je refuse de le voir !

Je me planque sous la couette avant même qu'il franchisse la porte. Deb se met à rire comme une baleine. Vexée, je lève mon majeur par-dessus les couvertures. Sa réaction est instantanée, elle se marre de plus belle.

— Elle dort encore ? entends-je Logan demander.

Pitié, Deb, réponds oui.

— Non, elle a décidé de se planquer. Je crois qu'elle a la trouille de te voir.

Je vais la tuer ! Dès qu'elle se trouvera un crush, je ne me gênerai pas pour la rendre aussi mal à l'aise que je le suis actuellement.

— À plus, Lucy. Pas trop de bêtises tous les deux !

Non, mais elle est sérieuse ? Vraiment ? Pourquoi elle me fait ça ?

Affolée qu'elle puisse vraiment me laisser seule avec lui, je sors la tête de sous la couette.

— Deb, s'il te plaît, ne me laisse pas toute seule avec lui, la supplié-je alors qu'elle s'apprête à quitter ma chambre.

Pour seule réponse, elle m'adresse un immense sourire et me fait au revoir de la main. Sympa la solidarité féminine !

— Salut, Lu ! Bien dormi ? me questionne Logan.

Je suis certaine qu'il fait exprès de me parler, afin que je pose mes yeux sur lui. Plutôt que de le satisfaire, je me planque encore sous la couette.

— Cette nuit, tu étais beaucoup plus audacieuse.

Son ton taquin met mes terminaisons nerveuses à fleur de peau. Comment je vais m'en sortir, moi, maintenant ?

— Et, toi, t'étais aussi bavard ? lui demandé-je en tirant un peu sur mon camouflage afin de le regarder.

Il me lance un sourire en coin, carrément craquant.

— Ça dépend à quel moment ? Avant ou après que tu m'aies vomi dessus ?

Morte de honte, mes joues prennent feu. Encore heureux que cette partie de mon visage est recouverte. Il ne pourra pas voir mon trouble ainsi.

— Disons avant.

Son regard s'illumine d'une drôle de lueur, il doit se souvenir de cet instant. En tout cas, bien plus que moi.

— Tu veux vraiment savoir ?

Je secoue la tête, pas très certaine d'avoir envie d'entendre sa réponse.

— C'est bien ce que je me disais. Je vais aller prendre une douche, tu peux me rejoindre si tu veux.

QUOI ? Je suis tellement ahurie que ma mâchoire s'en décroche alors que Logan rigole de sa connerie. Enfin, j'espère que c'en est une.

— Je plaisante… quoique, ça pourrait être sympa. Toi, moi, aspergé par des jets d'eau. Hmmm !

— Logan ! m'insurgé-je.

— Je déconne, Lu. Plus sérieusement, je vais me doucher et ça te dirait qu'on se mate un film ensuite ?

Je hausse les épaules, pas très certaine d'avoir envie de sortir de dessous la couette. Cependant, un imbécile sous ma poitrine m'ordonne d'accepter.

— J'en sais rien.

Il prend son air de chiot battu, celui qu'il avait chaque fois qu'il voulait absolument que j'accepte un truc lorsque nous étions encore amis. L'enfoiré, il sait que je n'ai jamais su y résister.

— S'il plait, me supplie-t-il avec une voix de gamin.

La même que celle qu'il imitait déjà à l'époque et qui me faisait toujours craquer.

— Bon, d'accord, capitulé-je.

— Cool.

Dès qu'il quitte la chambre, je me lève et pars récupérer de quoi m'habiller. Deb a tenu à ce que j'emporte une combinaison en pilou pilou, censée représenter un renne de Noël. La même que la sienne. C'est ce que j'ai bel et bien l'intention de porter. Pour le côté sexy, on repassera. Par contre, je suis certaine de m'y sentir très à l'aise et c'est tout ce dont j'ai besoin ce matin. Ou plutôt cet après-midi, si je me fie à ce qu'a dit ma meilleure amie avant de partir. J'attrape ensuite une grosse paire de chaussettes bien épaisses qui protégeront mes pieds du froid.

Une fois prête, je me rends dans le salon et m'installe confortablement dans le canapé, un pied sous mes fesses. Logan ne met pas longtemps à me rejoindre. À croire qu'il s'est dépêché pour ne pas perdre une seule seconde avec moi. Pourtant, il semble avoir eu le temps de se laver les cheveux, puisque je les vois humides, plaqués en arrière. Je dois me faire violence et me rappeler tous les sales coups qu'il m'a fait pour ne pas me mettre à craquer. Mais, mince, on a pas idée d'être aussi canon !

Il laisse son regard glisser sur mon corps, entraînant une douce chaleur au fond de mes entrailles. Une nuée de papillons semblent vouloir prendre son envol au creux de mon estomac. Lorsqu'il relève la tête, ses prunelles sont illuminées d'une lueur malicieuse.

— Je crois que je préférais sans, mais avec c'est pas mal non plus.

Face à son allusion de cette nuit, mes joues prennent feu. Visiblement satisfait de son effet, il me lance un sourire irrésistible. Et moi, comme une cruche, au lieu de nourrir ma rancœur, je me mets à rêver qu'il vienne m'embrasser. Mes canines se plantent dans ma lèvre, comme si, inconsciemment, je lui envoyais le signal de venir y goûter. Aussitôt, son regard se braque dessus et il passe sa langue sur la sienne. Un feu incandescent brûle mes veines. Troublée, je détourne mon attention pour la porter sur le mur opposé.

— On regarde quoi ? demande-t-il.

Perdue dans mes émotions, je n'ai pas prêté attention à son déplacement. Ce n'est qu'en entendant sa question que je le découvre assis à côté de moi, la télécommande à la main.

— J'en sais rien. Je te laisse choisir. De toute façon, on a les mêmes goûts donc, quoi que tu mettes, ça devrait me plaire.

Du moins, j'espère que nous n'avons pas changé au point de ne plus aimer les mêmes films et séries.

— Un animé, ça te branche ?

Sa question me surprend. Jusqu'à présent, nous n'avions jamais regardé ce genre de choses ensemble. À vrai dire, je n'en ai même jamais vu, la culture japonaise n'a jamais vraiment été ma tasse de thé. Malgré tout, j'ai envie de lui faire plaisir.

— Pourquoi pas ?

Mon sang se met à pulser un peu plus vite dans mes veines lorsqu'il m'adresse un nouveau sourire. Pour ne pas craquer, je me rappelle ce que Deb m'a raconté. Je m'y raccroche comme un bateau au port à son amarre. Cependant, je n'avais pas prévu que mes joues allaient encore prendre feu.

— J'ai l'impression de te faire un sacré effet. Tes joues n'arrêtent pas de rougir.

Son regard happe le mien, me rendant incapable de parler. Troublée, je camoufle mon visage entre mes bras.

— Ne te planque pas quand tu rougis devant moi, ça te rend super belle.

Face à son compliment, je ne peux que le faire de plus belle. Il sait comment agir avec moi pour me perturber. Je n'arrive plus à contenir le flot d'émotions qui me submergent. J'ai beau lutter, mon cœur refuse de laisser les commandes à ma raison. Pourtant, devant lui, devant tout ce qu'il m'a fait subir, c'est elle qui devrait diriger et non l'inverse. Il m'a humiliée, rabaissée au rang de moins que rien et, malgré tout, je suis là, la bouche en cœur, à fondre devant lui comme neige au soleil.

— Arrête de dire n'importe quoi ! tenté-je de me défendre pour reprendre contenance.

— Tu ne me crois pas ?

Son regard s'assombrit, j'ai l'impression de l'avoir blessé.

— C'est pourtant la vérité, ajoute-t-il avant de tourner la tête vers la télé.

Durant plusieurs minutes, nous restons silencieux à regarder Naruto. Par moment, je sens que sa main esquisse plusieurs mouvements vers la mienne, mais il n'achève jamais son geste.

— Je peux te poser une question ? me questionne-t-il à la fin du premier épisode, en portant son regard sur moi.

— Oui, bien sûr.

Sans que je n'en comprenne la raison, il porte son attention sur l'écran. J'en fais de même, regardant les différents titres qui s'y affichent, dans l'attente qu'il me pose sa question.

— Cette nuit, tu m'as dit que tu m'aimais. T'as vraiment des sentiments pour moi ?

Je m'attendais à tout sauf à ça. Là, je suis prise carrément au dépourvu, car je ne sais pas du tout quoi lui répondre. Je crois que oui, mais je n'en suis pas certaine. Ou du moins, je ne pense pas l'être. Au fond de moi, je connais la vérité, il n'a jamais cessé de faire battre mon cœur. J'ai juste la trouille qu'il me fasse à nouveau souffrir. Peur de n'être qu'un jeu pour lui. Une proie de plus sur son tableau de chasse déjà bien rempli.

— Lucy ?

Mon prénom roule avec tant de délicatesse dans sa bouche que j'en frissonne. Son regard se pose sur moi et me sonde.

— Je devrais te détester pour tout ce que tu m'as fait subir, Logan. Je devrais te haïr d'avoir fait de moi ta tête de turque.

— Je suis désolé.

— Mais, je n'y arrive pas, poursuis-je comme s'il n'avait rien dit.

Il sourit, de ce sourire en coin qui fait craquer toutes les filles du bahut, moi y compris.

— J'ai toujours eu des sentiments pour toi, Logan. Même quand tu étais le pire des connards.

— Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ? Pourquoi tu n'es pas venu me dire que c'était ce fils de pute qui t'obligeait à te fringuer comme une…

Il interrompt sa phrase avant de prononcer le mot qu'il a trop souvent dit devant moi. Celui qui m'a blessée pendant de si longs mois.

Les souvenirs affluent sans que je puisse les retenir, entraînant avec eux mes larmes.

Enfin, je vais pouvoir le revoir, mais surtout je vais pouvoir fuir loin de là, même si ce n'est que pour quelques heures. Depuis que ma mère s'est remariée, chaque jour qui passe est un véritable enfer. Son mec est le pire des salopards. Dès que je verrai Logan, je lui dirai tout ce que ce pervers me fait subir. Je ne supporte plus ses propos salaces, ni ses attouchements un peu trop déplacés. Le pire c'est qu'il m'a tout pris. Mes fringues, mes souvenirs, tout y est passé. Je n'ai plus rien et ce matin, je suis obligée de porter une jupe bien trop courte et un haut qui m'écœure. Ce n'est pas moi, mais il ne me laisse pas le choix.

J'ai tellement hâte d'être avec Logan que les minutes me paraissent des heures tant elles sont longues. Je suis certaine que lui ne me jugera pas, qu'il comprendra, contrairement à ma mère. Pour elle, je suis la putain de fautive, qui cherche en permanence à allumer son mec. Un comportement typique des adolescentes, poussées par leur saloperie d'hormones, selon elle. Du grand n'importe quoi ! Si j'avais envie de m'envoyer en l'air, ça ne serait certainement pas un vieux pervers que je choisirai.

Je quitte cette baraque sans dire au revoir. Je n'ai aucune envie de me frotter à lui. Pas ce matin. Ni jamais d'ailleurs.

Le temps est super clément, je pourrais aller au bahut à pieds. Néanmoins, j'ai la flemme. Mes nuits sont bien trop courtes, toujours sur le qui-vive, effrayée qu'un jour il puisse entrer dans ma chambre. Pourtant, je prends mes précautions tous les soirs, en poussant ma chaise derrière la porte pour lui en barrer le passage.

Quand je monte dans le bus, un des gars de l'équipe de basket vient aussitôt me coller. Son regard prédateur ne me plaît pas du tout. J'ai l'impression d'être une moins que rien, qu'il a juste envie de me sauter. Je me terre dans mon siège, en espérant qu'il me foute la paix.

Arrivés au bahut, il ne m'a pas décollée d'un centimètre. Pire, maintenant que nous sommes dans l'allée, il pose sa main sur mon cul. Je me tourne vers lui pour le fusiller du regard. Il me lance un sourire dégueulasse que je rêve de lui faire ravaler à coup de genoux dans les bijoux de famille. Mais, ici, il y a une règle d'or, on ne touche pas aux sportifs. Je prends sur moi en attendant de quitter ce bus. Dès que j'en sortirai, j'irai en parler au seul qui pourra le remettre à sa place.

Mon cœur bat de plus en plus vite alors que je m'apprête à franchir la porte du bus. Plus que quelques secondes et je serai enfin avec lui.

Mon monde s'écroule à l'instant où mes yeux le trouvent. Ce que je vois dans le regard de Logan me tue. Son dégoût ne passe pas inaperçu. Chris se penche vers lui, il doit certainement lui parler de moi. Logan secoue la tête, visiblement déçu, avant de partir vers les portes du bahut. Je ne comprends pas. Qu'ai-je fait de mal ? Je voudrais l'appeler, mais je sais que c'est inutile. Sa décision est prise et quoi que je dise, il ne changera pas d'avis. Il m'a tourné le dos. Il m'a abandonnée lui aussi. Comme mon père. Comme ma mère.

Je lui raconte tout, de tout, sans oublier ce que j'ai ressenti ce jour-là. Cette douleur qui m'a brisé le cœur. Cet abandon que je n'ai pas su encaisser. C'en était beaucoup trop pour moi.

Il m'écoute, la tête basse, les mains entre les jambes. Quand il relève les yeux vers moi, il semble partagé entre une infinie tristesse et une sombre colère.

— Putain, Lu, si tu savais comme j'ai rêvé que tu viennes me parler ! Je voulais savoir. J'avais besoin de comprendre. Mais tu n'en as rien fait ! J'ai cru que tu t'étais foutu de ma gueule, que tes sentiments n'étaient pas réels. Et tous ses connards qui te tournaient autour me rendaient dingue ! Je ne le supportais pas, Lu ! Tu comprends ? Je n'y arrivais pas ! J'ai eu si mal que je voulais que tu souffres autant que moi !

Ses aveux font redoubler mes larmes d'intensité, c'est un véritable déluge qui s'abat désormais sur mes joues. Mon silence est responsable de tous nos maux. C'est vrai, j'aurais dû lui parler. Il était mon meilleur ami, celui en qui j'avais le plus confiance. Mon confident, bien plus que Deb. À cet instant, je ne sais plus qui de nous deux a tourné le dos à l'autre.

Quand il m'ouvre ses bras, je m'y réfugie volontiers. J'ai besoin de lui, de me raccrocher au lien qui nous unissait. Je pleure encore et encore tandis qu'il me caresse le dos avec une infinie tendresse.

Le chemin qui mènera à nous retrouver sera encore semé d'embûches et de larmes, on ne peut pas effacer autant de mois de non-dits en un claquement de doigt, mais je veux croire à cet instant que c'est possible. Qu'un jour, lui et moi, serons à nouveau ensemble, comme nous l'avons toujours été depuis ma naissance.

— Je ne t'ai jamais menti sur mes sentiments, lui avoué-je alors que mes larmes se tarissent.

Quand il me serre un peu plus fort contre lui, une partie de moi se réchauffe. Cette chaleur est bien plus bénéfique que toutes les fois où Killian m'a transmis la sienne alors que je ne me sentais pas bien. Alors que le mec dans les bras duquel je me trouve me jetait plus bas que terre. Alors que mon monstre de beau-père me tuait à petit feu.

— Je n'ai jamais demandé ça à une fille, alors c'est une première pour moi. Est-ce que tu veux qu'on… qu'on se mette en couple ?

Étonnée que ce soit la première fois qu'il demande à une fille de sortir avec lui, je lève un regard surpris vers lui.

— C'est la vérité. Je n'ai jamais eu de copine.

— Vu la réputation que tu as, tu vas me faire croire que tu n'es jamais sorti avec une fille ?

— Ma plus longue relation a duré trois jours. Je n'ai jamais su aimer une autre que toi.

Face à cette déclaration, mon cœur s'emballe. Jamais, je n'avais rien entendu d'aussi beau. Mes joues rougissent encore une fois. Je vais finir par croire qu'elles ne font plus que ça dès qu'il est dans les parages.

— Alors ? me questionne-t-il en laissant un doigt glisser le long de ma joue.

Même si je ne veux plus me mentir sur mes sentiments, je vais devoir le décevoir. Je ne suis pas prête. Je suis encore trop effrayée par un retour en arrière.

— J'ai besoin de temps, lui avoué-je.

— Alors, j'attendrai. Mais, crois-moi, Lu, je n'abandonnerai pas. Pas cette fois.

Et pour confirmer ses paroles, il dépose un baiser au sommet de ma tête.

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Je vous souhaite un bon réveillon et un joyeux Noel

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