44 - Killian
La tête dans le cul, je choppe mon portable qui vient de vibrer sur ma table de chevet. Fais chier ! Quel est le connard qui me réveille à… Dix heures, putain ! Je grogne de mécontentement, avant de reposer mon téléphone. Baldwin attendra avant que je lui réponde. Vu la soirée d'hier, j'ai clairement besoin de pioncer encore un peu. Enfin ça, ce serait dans l'idéal, parce que là mes putains de douleurs m'empêchent clairement de me rendormir. Je me tourne et retourne dans mon plumard, jusqu'à en avoir ma claque. Furax de ne pas pouvoir rejoindre Morphée, je finis par me lever.
Après avoir enfiler un jogging, je rejoins le salon. Y a plutôt intérêt à ce que Jenna se soit déjà barrée. Si elle me voit dans cet état, je suis bon pour être cuisiné jusqu'à ce que je crache le morceau et j'en ai franchement aucune envie. Comment pourrais-je lui expliquer que le frangin de celui qui a enlevé ma meilleure pote m'a fracassé pour s'assurer que je n'etais pas en train de lui balancer des bobards ?
Comme fait exprès, ma tante passe devant ma chambre au moment où j'en sors. Elle s'arrête net devant moi, me dévisage avec dégoût avant d'afficher une mine déconfite.
— Mon Dieu, Killian ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je hausse les épaules, feintant l'ignorance.
— Ne me dis pas que tu t'es encore battu ?!
Encore ? Sérieusement ? Depuis que j'ai débarqué dans cette ville, je ne me suis pas servi une seule fois de mes poings. D'où elle sort cette connerie ?
— Pas envie d'en parler.
Je la contourne pour lui échapper au plus vite et me dirige vers la cuisine. J'attrape le premier verre qui me tombe sous la main, puis un cacheton dans le placard à pharmacie. Je suis sur le point de l'avaler lorsque la voix de Jenna s'élève dans mon dos.
— Killian ! J'te parle, bordel !
Pour qu'elle me cause sur un ton aussi sec, c'est qu'elle doit vraiment être hors d'elle. Jamais, elle n'élève la voix. Jamais, elle ne jure. Claqué de l'entendre râler dans mon dos, je pose le verre sur l'évier et me retourne pour lui faire face. Un point sur sa hanche, elle agite l'index de l'autre main. J'affiche un sourire à la con devant son comportement plus que risible.
— Il n'y a rien de drôle, Killian ! Regarde dans quel état tu es !
Je hausse les épaules. J'en ai connu d'autres et des bien pires, comme la fois où une des rixes à mal tourné. Ce jour-là, j'ai cru y rester. Je venais juste d'arriver au sein des D.A, on m'a foutu sur un gros coup avec d'autres gars. Josh pensait que ce serait facile. Aucun danger. Mon cul, ouais. Quand on a débarqué là-bas, on s'est retrouvé dans un guet-apens. Au moment où on l'a capté, on a tenté de se barrer, sauf qu'ils étaient bien trop nombreux. J'ai fini dans un bain de sang. Sans l'arrivée de Jeff et des siens, j'aurais rejoint Tess. Je ne sais pas comment, mais il m'a sauvé la vie. Le tatouage sur mon flanc atteste encore de cette journée merdique.
— Killian, tu veux bien m'écouter quand je te parle !
Je plante mon regard sur ma tante, qui ne semble pas décolérer.
— Écoute, Jenna, j'apprécie que tu te fasses du souci pour moi, mais je t'assure que je gère.
Sceptique, elle arque un sourcil.
— Vraiment ? Alors, comment tu m'expliques que tu es autant amoché ce matin ?
Lassé, je lève les yeux et pousse un soupir d'exaspération. Elle commence vraiment à me saouler.
— C'est pas ton problème, ok ?
Les deux poings à présent sur les hanches, elle me fusille de ses yeux noisettes. Visiblement, elle n'en a pas terminé avec moi.
— Tant que tu ne m'auras pas dit ce qui s'est passé, tu es privé de sortie !
Je m'étrangle à moitié en entendant cette connerie, avant d'éclater de rire. Elle me prend pour un môme ou quoi ?
— Je suis sérieuse, Killian !
— Si tu crois pouvoir m'enchainer ici, tu rêves !
Sans lui laisser le temps de répliquer, je file dans ma piaule et claque la porte. Non, mais, elle se prend pour qui ? Même mon daron ne s'est jamais permis de me punir comme ça, alors ce n'est pas elle qui va commencer.
Je m'affale sur mon lit, bras croisés sous la nuque, pour venir contempler le plafond. Les souvenirs de la soirée d'hier s'invitent aussitôt sous mon crâne. Putain, j'ai bien cru y passer quand il s'est mis à me cogner. Il a de la force ce salopard. Si seulement, j'avais pu répliquer, je n'aurais certainement pas une tronche à foutre la trouille ce matin. Mais, je suis loin d'être con, si je lui avais éclaté la tête, je ne crois pas qu'il aurait accepté de nous venir en aide. Debbie va me haïr pour ce que j'ai fait.
C'est une bonne chose, ça l'éloignera de moi.
Mais, merde, pourquoi je ressens ce foutu pincement en pensant qu'elle ne me parlera plus ensuite ? Je devrais plutôt m'en réjouir, au lieu d'avoir envie de tout fracasser. M'imaginer sans elle provoque une drôle de sensation dans mes tripes, la même que celle que j'ai ressenti quand j'ai compris quelle salope était Cassie. Un vide abyssal. L'impression d'être à nouveau seul au monde. J'espère juste qu'elle finira par capter mes raisons. Je n'avais pas le choix. C'était plus fort que moi. Continuer à rester les bras croisés a attendre qu'on la trouve aurait fini par me tuer. Mon manque d'action a coûté la vie de ma petite sœur. Plus jamais ça !
Désolé, petite brunette, mais pour le coup, je n'ai aucune parole.
Mon portable me sort de mes pensées. Baldwin doit se demander pourquoi je ne lui ai pas encore répondu. J'étire le bras vers ma table de chevet pour m'en emparer. En allumant l'écran, je me rends compte de mon erreur. Le dernier message n'est pas de lui, mais de sa frangine.
Coucou, BG. Bien dormi ? J'ai hâte que tu viennes chercher mon frère pour te voir.
Encore une fois, elle accompagne son message de ce fameux cœur rose aux étoiles jaunes. Le mien semble vouloir prendre une nouvelle fois vie devant ces mots. Pourtant, je n'ai pas le choix. Si je me laisse aller, elle sera la première à trinquer en cas de souci. La menace de Gabson plane encore au-dessus de ma tête, telle une épée de Damoclès, prête à s'abattre s'il pense que je lui ai joué un coup de Trafalgar.
Ouais.
C'est le seul mot que j'arrive à lui répondre après une foutue hésitation.
Quoi, ouais ?
Juste, ouais.
J'ai peur qu'en lui répondant plus, elle finisse par en découvrir trop. Elle est si fine et intelligente.
T'as tes règles ou quoi, McKenzie ? J'ai l'impression que tu fais la gueule.
En lisant ses premiers mots, je ne peux m'empêcher de sourire. Elle a le don de me faire rire. Et, putain, que c'est bon ! Néanmoins, je ne suis pas en droit d'oublier. Je dois la protéger de mes conneries. Je ne suis pas un mec pour elle et je ne le serai jamais. Elle mérite bien mieux qu'un putain de gangsta sans avenir. Elle devrait sortir avec ce gars qui lui tourne autour au journal. Il lui conviendrait bien mieux que moi.
J'ai pas envie de causer avec toi.
C'est quoi ton problème, McKenzie ?
J'en ai pas. Lâche-moi la grappe, c'est tout.
Mon smartphone à la main, j'attends qu'elle me rétorque un truc. Au bout de quelques minutes, je suis obligé d'admettre qu'elle a lâché le morceau. J'aurais peut-être apprécié qu'elle tente de me faire changer d'avis. J'en sais rien. Enfin si, je sais, mais je n'ai pas envie de me l'avouer.
Je profite de ce silence pour répondre à son frangin, qui tient à savoir si c'est toujours bon pour cet après-midi. Dès que j'ai confirmé, je repose mon téléphone à sa place. Vu le message que je lui ai adressé, je ne m'attends à aucune réponse de sa part. Alors quand il vibre à nouveau, mon putain de pouls s'emballe en songeant que ma petite brunette n'a pas l'intention d'en rester là.
Qu'est-ce que t'as foutu avec ma frangine ?
Putain, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle lui bazarde notre échange.
Rien. Qu'est-ce que tu crois ?
Comment t'expliques qu'elle se soit cassée alors qu'elle attendait que tu viennes ?
Qu'est-ce que j'en sais moi ? Elle a peut-être un problème avec l'une de ses potes.
Prends-moi pour un con, McKenzie ! Ce n'est pas parce que je ne suis pas au top de ma forme que je suis devenu aveugle. J'te jure qu'on en reparle dès que t'auras ramener ton cul ici.
Soulé, je lance mon portable au milieu de mon lit, puis tente de me rendormir.
Quand je me réveille, il est près de treize heures. Putain, il me reste à peine une heure pour bouffer, me doucher et rejoindre mon pote. Je bondis hors de mon pieu et file dans la cuisine pour me dégoter un truc dans le frigo. Je tombe sur un reste de pizza. Parfait !
Après l'avoir fait réchauffer, je pose mon cul sur un tabouret et c'est là que mon regard tombe sur ma tante. Elle scrute chacun de mes mouvements, en silence.
— Quoi ? finis-je par lui demander, hargneux.
— J'ai l'impression que tu es pressé. Je te rappelle que tu es privé de sortie.
D'un simple regard, je tente de lui faire capter qu'elle n'a pas intérêt de m'emmerder avec sa putain de punition.
— Tu crois m'impressionner avec ton sale regard, Killian ?
Je hausse les épaules. Que je l'impressionne ou non, ce n'est pas mon problème ! Là, j'ai juste envie de me préparer et d'aller rejoindre mon pote, afin de me changer les idées. Si je reste toute la journée dans ma piaule, une jolie petite brune risque de se faufiler dans mes pensées et ce n'est pas le moment que je m'attarde sur elle.
— Et toi, tu crois pouvoir m'empêcher de me barrer ? Tu penses être qui pour le faire ?
Elle pose ses deux mains sur le comptoir et se lève d'un seul coup, hors d'elle.
— Je suis ta tante, Killian !
— Ouais, ben ça te donne aucun droit ! T'es pas mon père !
Je me dépêche d'engloutir mon morceau de pizza, puis me casse sans un mot dans la salle de bain. Une fois ma douche prise, je me dirige vers la porte d'entrée. Jenna tente de me retenir. De deux doigts d'honneur, je lui fais capter qu'elle peut aller se faire voir. Je n'ai besoin de personne pour diriger ma vie et encore moins d'elle. Je ne lui ai jamais demandé d'accepter de me nourrir ou de m'héberger. Qu'elle voie avec ma daronne, si ça lui pose problème !
Quelques minutes plus tard, j'attends que Baldwin vienne m'ouvrir. Bon, pour être honnête, si sa frangine pouvait le faire, ça m'intéresserait encore plus.
Putain, je dois vraiment me faire une raison qu'entre elle et moi, c'est mort.
— T'es passé sous un camion ou quoi pour te payer une telle tronche ? me questionne Logan à peine la porte ouverte.
— Un truc du genre..
En sortant de la douche, j'ai un peu regardé le résultat. Pas très beau à voir. Mon arcade est bousillée, ma lèvre fendue et j'ai un bel hématome sur ma joue droite.
— Sérieux, tu t'es battu ou quoi ?
Non, en vrai, j'ai laissé un connard m'exploser la gueule pour sauver ta copine. Et au passage, je vous ai tous foutu en danger, ta sœur encore plus que les autres. Parce que je tiens un peu trop à elle, tu vois.
Pas certain qu'il apprécierait que je lui sorte un truc du genre.
— Ouais, avec un con.
Je ne sais pas à quoi il pense, mais il ne doit pas trop aimé, puisqu'il grimace.
— Rassure-moi, ça n'a rien à voir avec la sale humeur de Deb au moins ?
— Non, t'inquiète, elle n'était pas là quand c'est arrivé.
Il m'étudie un instant pour, certainement, s'assurer que je ne suis pas en train de lui raconter des bobards, avant de hocher la tête.
— Je reviens, je vais chercher mon blouson.
Alors que je l'attends sur le seuil de la porte, je jette un coup d'œil à l'intérieur de leur baraque. Voir Debbie me ferait super plaisir. Ce n'est pas parce que je dois me tenir loin d'elle, que je ne peux pas me rincer l'œil.
— Si c'est ma frangine que tu cherches, elle est chez Kim.
Merde, je viens de me faire griller en beauté par son frangin. Tellement occupé à espérer la voir que je n'ai pas fait gaffe à son retour.
— En fait, c'est votre tableau là-bas que je matais.
Devant ma connerie, il explose de rire.
— Sérieux, mec ? T'en as pas d'autre à me sortir comme ça ?
Je hausse une épaule, avant de l'inviter à me suivre jusqu'à ma bagnole.
— On va où ?
J'attrape la feuille que j'ai glissé dans mon fut et la lui tends. Lorsqu'il capte où je l'emmène, ses sourcils se froncent.
— Putain, t'es sérieux ? Une course de bagnoles ? Dis-moi au moins qu'elle est légale, parce que si je me fais coincé, mon vieux va me tuer !
— T'as déjà vu ce genre de truc légal, toi ?
— Putain, t'es taré !
— Tu sais, j'ai pas encore démarré, alors si tu veux rentrer chez toi, j'te retiens pas.
Un rictus s'affiche sur sa gueule en même temps qu'il me désigne la route d'un signe de tête.
— On y va ! me lance-t-il en me tendant son poing dans lequel je cogne aussitôt.
J'étais sûr que ça lui plairait.
Une heure plus tard, on est en train de faire la queue devant le stand des inscriptions. Lorsque notre tour arrive, la bombe qui se trouve derrière la table n'arrête pas de lancer des sourires ravageurs à mon pote. Son décolleté bien en avant, c'est limite si elle ne fout pas sa poitrine sous son nez quand il se penche pour noter son nom.
— Tu pourrais pas dégager un peu, j'ai un peu de mal à respirer là !
En l'entendant aussi hargneux, je me marre comme un con. Si elle croyait avoir une chance avec lui, elle s'est carrément foutu le doigt dans l'œil. Il vient de lui foutre un vent dont je me souviendrai longtemps.
— Elle était plutôt pas mal, lui lancé-je alors qu'on s'éloigne du stand.
— Ben, t'as qu'à te la faire si elle te plaît.
Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'un connard me pousse dans le dos. Rageur, je me retourne d'un coup pour obtenir des excuses. Quand je découvre qui se tient devant moi, j'en perds mes mots. Et à son air hostile, je sais qu'il n'est pas ici pour me taper la causette gentiment.
— Alors tout ton blabla, c'était juste pour sauver le cul d'une gonzesse ? Putain dire que j'étais prêt a te refourguer de la marchandise pour que tu te joignes à nous ! Tu sais ce que ça coûte une trahison ?
Ouais, je ne le sais que trop bien.
— Je crois que j'en ai déjà assez pris pour mon grade. Pas la peine que t'en rajoute une couche.
— Ouais, t'as du bol que le recruteur lui ait interdit de te tuer. Sinon Gabson…
— T'es qui, toi ? le coupe Baldwin, hors de lui.
Surpris par son intrusion, Wilson fronce les sourcils. Bordel, si mon pote ne se retient pas, ça risque de saigner méchamment. Je mettrai ma main à couper que l'autre a un flingue sur lui.
D'un simple regard, je le supplie de la fermer. Merde, on n'est pas sur un terrain de foot là, mais dans la vraie vie. Face à une arme, il n'a aucune chance de s'en sortir.
— Et toi, t'es qui pour oser me parler comme ça ? le questionne Wilson en se plantant droit devant lui.
Je zieute les alentours, afin de savoir s'il est seul. Quand mes yeux se posent sur trois autres types, je capte qu'on a intérêt de se la jouer fine.
D'un coup d'épaule, je repousse Wilson, afin qu'il porte son attention sur moi.
— C'est bon, mec, on ne veut pas d'embrouilles. J'ai merdé, je sais.
Lèvres pincées, tête haute, je retiens mon souffle alors qu'il me jauge du regard. Les secondes s'écoulent. Elles me paraissent longues. Bien trop longues. J'ignore si Baldwin s'en rend compte, mais on risque de repartir d'ici les pieds devant. Mon putain de coeur n'arrête pas de frapper lourdement contre ma poitrine. Je n'ose même pas bouger d'un pouce de peur de dégoupiller la grenade qui se trouve devant moi.
Au moment où il lance un coup de tête en direction des autres gars, je relâche tout l'air contenu dans mes poumons. Ou du moins presque. Alors que je tourne la tête en direction de Baldwin, ce p'tit con me foudroie du regard.
— Quoi ?
— C'était quoi ce putain de délire ? Gabson, hein ? C'est lui qui t'a fait ça ? demande-t-il en désignant ma gueule d'un vague signe de main.
Putain, il est pire qu'une meuf avec toutes ses questions ?
— Pas celui auquel tu penses.
Il fronce les sourcils.
— Son frangin, ajouté-je pour qu'il saisisse le truc.
— Qu'est-ce que t'a été foutre, putain ?
Pas très fier de moi à cet instant, je glisse une main sur ma nuque. Je ne le connais pas beaucoup, mais vu ce que m'ont dit Debbie et Lucy sur lui, il ne va pas lâcher l'affaire comme ça.
La preuve en est, il revient aussitôt à la charge en me lançant une nouvelle question :
— Quand il parlait de sauver le cul d'une gonzesse, c'est de Lu dont il parlait, je me plante ?
— J'ai fait ce que j'avais à faire. Point barre.
— Balance ta merde, McKenzie, avant que je te refasse le portrait à mon tour !
À ses poings serrés et ses traits tirés, aucun doute permis, il est hors de lui. Il a du capter à un moment ou un autre qu'on y a échappé belle et que tout ça c'est de ma putain de faute. Vie de merde !
— Tu voulais quoi ? Que je reste les bras croisés à attendre que quelqu'un mette la main sur ta meuf ? Je connais ce milieu et plus que bien. Si Lucy était vraiment coincée avec eux, les flics auraient eu un mal fou à foutre la main sur elle. T'as déjà demandé à ton vieux de te parler d'eux ? Moi, je sais qui ils sont et ce qu'ils font aux nanas qui sont coincées avec eux. Des putains d'esclaves sexuelles ! Alors, excuse-moi, d'avoir voulu tenter de sauver ma sœur de cet enfer !
Anéanti par mes mots, il me fixe le regard brillant et les mains sur sa nuque.
— Ouais, j'ai merdé. Mais, je suis certain d'une chose, c'est que Lucy n'est pas entre leurs griffes. Gabson, celui qu'on connaît, n'a pas agi pour son gang. D'ailleurs quand son frangin l'a appris, j'ai cru qu'il allait devenir dingue. La preuve en est...
Je passe une main devant ma tronche pour appuyer mes propos.
Alors que j'attends qu'il me réponde, je réalise tout ce que je viens de lui dévoiler. Non, mais, quel con ! Je devais garder tout ça pour moi et au lieu de fermer mon putain de clapet, je lui ai tout craché d'un coup.
Baldwin fait les cent pas devant moi, tout en shootant dans les innombrables petits cailloux qui jonchent le sol. Il doit sûrement être en train d'encaisser ce que je viens de lui révéler. À sa place, j'ignore dans quel état je serais. Soulagé ? Peut-être un peu. Savoir que ma copine n'est pas l'esclave d'un gang me ferait un bien fou. Inquiet ? Certainement aussi, parce que je ne saurais toujours pas où elle se trouve, ni dans quel état.
— Deb le sait ? C'est à cause de ça qu'elle fait la tronche ?
— Non. Par contre, ne lui dis rien. Si elle l'apprend, elle va m'arracher la tête.
Une drôle de grimace s'affiche sur sa tronche.
— Attends, tu te frottes à un gang, mais t'as la trouille de ma frangine ?
Je hausse les épaules tandis qu'il se bidonne.
— Tu peux me faire une promesse, mec ?
Devant mon sérieux, il cesse brusquement de se marrer et opine du chef.
— Si tu me vois trop tourner autour d'elle, recadre-moi.
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