Le chat noir

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Si vous lisez ces lignes, c'est que je ne suis probablement plus de ce monde, emporté par la folie.
Je dis folie mais j'ignore ce qui aura raison de moi...
Alors que je commence ce récit, je sens distinctement un regard posé sur moi...

Tout a commencé un matin d'Octobre. Je me suis levé tôt ce jour là, comme tous les jours en fait, car j'adorais, avant d'aller au travail, écouter un album en entier sur ma chaîne hi-fi en prenant mon café. Je me souviens que ce matin là, c'était "The piper at the gates of dawn" des Pink Floyd.
Bref, après avoir écouté et rangé mon disque à sa place, je me suis habillé et suis parti au travail.

A cette époque, j avais trouvé un poste dans une librairie à dix minutes à pieds de chez moi. Je faisais le trajet les écouteurs sur les oreilles, sans faire attention aux gens autour de moi. Mais ce matin là, mon regard sorti du vague pour se fixer sur un élément nouveau; un chat me regardait, assis à l'entrée d'une petite ruelle.
Un chat entièrement noir, excepté une tache blanche sur la gorge. Je me souviens m'être dit que cet animal devait avoir un maître car il était plutôt dodu et avait le pelage soyeux. Et ce brave chat me regardait intensément.
Grand amoureux des animaux, je me suis approché et ai commencé à caresser sa petite tête. La bête se laissa faire et chercha même un supplément de tendresses. Après cinq minutes passées à gagatiser sur le chat, je repris ma route.
La journée se passa sans aucun incidents. Je rentrais chez moi le soir et repris mon quotidien.
Mais le lendemain, à l'entrée de la ruelle, le félin noir était là. Je le revis à la même heure que la veille, me fixant intensément. Il eut encore droit à cinq minutes de caresses puis je repris ma route sous le regard de l'animal.
Et je le revis le lendemain. Et le sur lendemain. Et tous les jours qui suivirent ou j'allais travailler.

A force, c'était devenu un petit rituel. le matin, je partais au travail, m'arrêtais pour faire mumuse avec le chat noir pendant cinq minutes puis allais travailler. Il était toujours au même emplacement à l'entrée de la ruelle. Un jour de décembre, j ai finis par acheter des petites friandises pour chats. Et aux caresses s'ajouta une croquette que l'animal mangeait goulûment.
Etrangement, il n'était jamais là quand je rentrais le soir. Sûrement chez ses maîtres,me disais-je.

Ce petit manège dura des mois. Et puis, un matin de mou j'allais, comme toujours, à la librairie, je ne vis pas le chat.

Il n'était pas à sa place devant la ruelle. Je secouais les croquettes, espèrant l'attirer. Mais il ne vint pas. Déçu de ne pas avoir eu mon petit rituel du matin, j'allais au turbin grognon.

Le lendemain, le chat n'était pas là non plus. Et les jours d'après non plus.

Le sixième matin sans le chat, je vis une vieille femme sortir d'un immeuble, juste à côté de la ruelle, qui sortait les poubelles. Je lui demandais si elle avait vu le chat noir à la tache blanche sur la gorge en lui expliquant notre petit jeu démarré depuis plusieurs mois plus tôt. Mais elle ne connaissait pas de chat qui correspondait à ma description. Et elle n avait jamais vu un seul chat devant cette ruelle. Interloqué, je repris ma route.

Le soir même, je fus réveillé par un cauchemar à 3h du matin. Haletant, je me dirigeais vers la cuisine pour boire un verre d'eau.

C'est là que j'entendis un miaulement.

Je sursauta. Je n'avais pas d'animaux de compagnie. Je crû d'abord avoir rêvé mais un nouveau miaulement se fit entendre. Un chat était rentré chez moi. Je fouillais tous l'appartement mais ne trouvais rien. Pourtant les miaulement continuaient à intervalle régulier. Je commençais à être un peu effrayé. J'essayais de l'appater avec des croquettes mais ma tentative échoua. A ce moment, les miaulement avaient cessé. Complètement stupéfait, je retournais à ma chambre.

C'est là que je vis une petite silhouette m'observer à la fenêtre.

Je me rappelle avoir crié. Je me suis précipité vers la fenêtre mais trop tard, la silhouette avait disparu.
Ce n'était pas une silhouette humaine. Juste une petite ombre avec des grands yeux.
Dans ma tête, cela ne faisait aucun doute.
C'était lui.
Le chat noir à tache blanche.

Les nuits qui suivirent furent pires. Aux miaulement s'ajoutèrent des bruits de choses que l'on griffe, des bruits de courses. Des fois, dans l'obsurité, j'entrapercevais une ombre de petit félin et jamais je ne pu l'approcher.

Privé de sommeil et devenu complètement paranoïaque, je pris un arrêt maladie. Je passais mes nuits debout, à tendre des pièges, à le traquer. Mais jamais je ne pu attraper ce foutu chat. Je ne le vis même jamais distinctement.

Celà faisait 13 nuits que le chat me hantait.
Cette nuit là, j'eu une idée.
Peut être qu'il fallait que je retourne là bas. Devant la ruelle.
J'enfilais mes vêtements et partis en ignorant les miaulements qui venaient du fond de ma cuisine.

Les rues étaient désertes. J arrivais rapidement à la ruelle. Pas âmes qui vivent. J'attendis cinq minutes, espèrant voir quelque chose se produire. Mais rien.
J ai alors entendu un bruit venant du fond de la ruelle sombre.
Je suis entré dans les ténèbres armé seulement de mon téléphone pour faire lampe torche.

La ruelle menait à un cul-de-sac. Je n'y voyais pas grand chose. Aucune lumière à part mon portable. Soudain, je shoota dans quelque chose. Je me baissais pour ramasser l'objet. C'était un grand couteau de cuisine sale. Je me demandais ce qu'il pouvait faire là. C'est alors, en l'observant, que la réalité me frappa.

Ce n'était pas de la crasse que la lampe éclairait sur la lame. C'était du sang.
Une voiture se gara à ce moment devant la ruelle et l'éclat des phares illumina le couloir d'ombres.

C'est alors que je le vis.

Je vis le cadavre devant moi.

Un carnage. Le corps était affreusement mutilé. Les yeux avaient été crevé. Le ventre était ouvert et les organes répendus sur le sol. Les bras et les jambes bardaient d'entailles profondes.

Je hurlais.

Un ordre retentit derrière moi. La voiture qui s'était garé devant la ruelle était une voiture de flics. Et l'un d'eux me braquait avec son arme, moi qui tenais toujours le couteau.

Alors que les gendarmes me menottaient, je vis distinctement, à côté du cadavre, le chat noir à tache blanche. Il me regardait fixement. Il miaula subitement, comme si il était particulièrement heureux.

Bien sur, les flics me prirent pour un illuminé. Mon histoire de chat semblait grotesque. Et, de plus, il n'y avait pas d'autres empruntes que les miennes sur l'arme du crime. J avais beau clamer mon innocence, tous m'accusait.

Je suis actuellement interné en psychiatrie. J'écris ce texte (on m a prété un ordinateur pour que je puisse écrire) pour livrer ma version des choses. Et parce que je vais surement bientôt disparaitre. Je sens un regard fixé sur moi dans l'ombre. Mais chaque fois que je me retourne, iln'y a rien.

Pourtant, j'entends très clairement ce petit miaulement résonner de temps en temps...














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