Maudit

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Louis déhambulait dans les rues de sa ville. Il était presque 7 heures du matin et la bourgade sortait petit à petit de la torpeur du sommeil.
Louis, lui, n'avait pas dormis. Il lui semblait même que plusieurs mois s'étaient écoulés depuis son dernier dodo.
La boulangère, qui en l'absence de clients, fumait sa cigarette devant son magasin, le vit passer. Elle lui lança un grand:
- Bonjours monsieur Borgnard! Vous êtes bien matinale aujourd'hui.

Louis passa devant elle sans la voir. Il ne l'avait même pas entendu. Il continua son chemin sans lui adresser un seul regard.
Bizarre, pensa t-elle. Monsieur Borgnard n'était pas son client le plus aimable mais c'était un habitué. Il passait tous les jours à 11h pour prendre son pain et deux pains au chocolat. Le voir ainsi lui fit une étrange sensation. Elle se dit un instant qu'elle aurait dû le suivre et lui demander droit dans les yeux se qu'il lui arrivait. Mais à peine pensa t-elle ça que madame Ahnis arriva au bout de la rue. Elle venait chercher ses croissants comme d'habitude. La boulangère rentra dans son établissement et oublia totalement ce pauvre monsieur Borgnard.

Louis arriva au pied de l'église du village. Il haletait. Son salut n'était plus qu'a quelques mètres.
Il s'approcha de la porte et tendis la main.

Un éclair bleu se produisit et Louis fut projeter cinq mètres en arrière. Il se releva tant bien que mal et regarda la porte. Un léger volute de fumée se dégageait de la poignet la ou il avait posé sa main. Il regarda cette dernière. Ses doigts étaient couverts de brulures.

Louis fondit alors en larmes.
Des larmes de désespoir.

Maudit.

Il était maudit.

Il ne pouvait même plus pénétrer dans un lieu saint.

Maudit...

"... monsieur?"

La voix le tira de son état hébété. Il se retourna et vit une femme qui s'était avancée à sa rencontre.
C'était une grande femme noire, vêtu d'une robe au couleurs variées qui se mélangeaient dans une spirale très artistique. Elle ne devait pas avoir plus de trente ans. Son regard, couleurs noisette, était emprunt d'une très grande inquiètude. Nul doute qu'elle avait assisté à la tentative de Louis pour rentrer dans l'église.
Elle tendit la main vers lui.
Louis vit alors la bague.

Dés que son regard perçu la bague, une douleur indéfinisable le frappa dans la poitrine. Il tomba à genoux en gémissant.
La dame voulu lui porter secours mais il la repoussa d'un geste et hurla:
- LA BAGUE!!!! ENLEVEZ LA BAGUE!!!

Elle le regarda une seconde sans comprendre puis, n'ayant toujours pas compris mais préférant l'écouter, elle retira la bague de son index et le glissa dans son sac.
Aussitôt, la douleur s'estompa. Louis pu reprendre son souffle et se redressa.

la dame le fixé intensément. Elle avait comprit.
Il ne pouvait rentrer dans un lieu saint.
Et la présence de l'argent le blessé.

Un long silence s'installa que la dame finit par briser.
- Venez avec moi.
Louis l'a regarda, eut un petit sourire.
- Ah... Parce que vous pensez pouvoir m'aider?
- Moi non... Mais ma belle mère oui.

Louis regardait le paysage défiler par la vitre de la voiture. Celà faisait une demi heures qu'ils roulaient et ils étaient maintenant bien enfoncé dans la campagne. La femme (Anna) n'avait quasiment pas dit un mot depuis leur départ. Que dire après tout? La situation était assez exceptionnelle
Elle s'engagea finalement dans l'allée d'une grande maison. Elle se gara et descendit. Louis l'imita.
Un homme sortit de la demeure à cet instant. Son regard était emprunt d'une grande surprise.

- Anna? Tu n'es pas au travail? Et qui c'est ce type?

Son maris pensa Louis. Un bel homme il devait avouer. De type caucasien, les cheveux court, un corps que l'on devinait musclé sous la chemise... Il pourrait tourner dans une pub sans soucis se dit Louis.
Anna dit quelques mots à son époux (Franck apparemment) et conclu un petit peu plus fort.
- Nous devons voir ta mère.
Le regard de Franck passa de sa femme à Louis. Il dégluttit est annonça finalement:
- Mama se repose dans sa chambre... Je vais la réveiller.

La maison était de style ancien mais le mobilier lui était d'un style plutôt contemporain.
Louis était assis à la table du salon. Le propriètaire des lieu lui proposa un café que Louis déclina poliment. Il avait un goût de fer dans la bouche et ne se sentait pas capable d'avaler quoique ce soit. D'ailleurs, à quand remontait son dernier repas?

Finalement, Anna revint en tenant par le bras une vieille dame. Une vieille personne somme tout pour le moins banal pensa Louis... Excepté la rune en bois accrochait en collier à son coup. La vue de cette rune lui fit un frisson dans le dos.
La mère de Franck s'assit fasse à lui. Elle planta son regard dans le sien.
- Racontez moi, Louis.
Louis se rendit compte qu'il ne savait pas par où commencer. Il jeta un regard circulaire à Franck et Anna.
- N'ayez pas peur, Louis. Repris la vieille dame. Mon fils et sa femme ne vous jugeront pas. Il ne vous croieront pas fou ou menteur. Et moi non plus. Je me doute de ce qui vous est arrivé...
Elle laissa sa phrase en suspens quelques instants puis le glaive tomba.
-... Un vampire vous a fait boire son sang et vous a maudit.

Alors Louis explosa en sanglot et raconta.
Il raconta comment Sophie, une de ses amie passionnée par le fantastique, l'avait appelé un soir pour lui demander de l'aide.
Elle se disait traqué par un vampire.
Louis s'était moqué Il avait ri, de ce rire gras qu'on réserve aux meilleurs blagues.
Il avait dit que les vampires n'existaient pas. Et que même si ils existaient, lui, Louis, ancien militaire, leurs "feraient un deuxième trou de balle" et que "ce vampire, à défaut de lui sucer le sang, aller finir par lui sucer la bite".
Il avait continué à se moquer pendant des jours (et des nuits). Il avait même posté des pavés sur facebook pour se moquer des "soi disant" vampires.
Il avait ignoré les suppliques de Sophie de ne pas provoquer l'être de la nuit.
Et il l'avait payé.
Car le vampire l'avait retrouvé un soir il y'a cinq jours, sur un carrefour peu avant sa maison. Il était descendu du ciel avec une lenteur exacerbé. Il avait planté ses pupilles rouges dans celles de Louis et l'ancien militaire s'était sentit perdre pied. Quand le vampire lui avait dit de s'approcher, il avait obéis. Quand il s'était entaillé le poignet droit avec ses ongles et avait intimé à Louis de boire le sang qui coulait, Louis avait obéis encore. Et depuis...
Il n'avait plus rien mangé, plus dormi. Il ne supportait plus la vision où la présence de l'argent. Il avait un drole de goût en permanence dans la bouche. Il sentait à peine les battements de son coeur quand il touchait sa poitrine.

Louis finit son récit et se tût. Il se dit pour lui même que son histoire aurait surement fait un bon roman. La vieille dame le regarda silencieusement puis décréta:

- Je peux lever la malédiction...

Louis l'a regarda. Comment? Elle lui dit qu'il y avait des religions plus ancienne que les trois monothéïstes, des religions quasi oublié mais bien réelles. Et qu'elle était une pratiquante de cette antique religion.
- ... Généralement, les personnes comme moi sont traitées de "sorcières" par les curetons et les îmams... Mais le temps n'est pas à l'apitoiement. Je vais préparé le rituel. Il commencera à la tombé de la nuit.
Louis se redressa. Et si ça échouait?
- Alors dans ce cas... Vous subiriez un sort pire que la mort... Mais ça va marcher! je vous l'assure sur l'âme de Feu mon époux.
Elle se leva et commença à se diriger vers sa chambre. Louis lui demanda alors comment elle s'appelait. Il ne lui avait pas demandé auparavent.
- Vous allez sourire. Je me nomme Lucy. Lucy Westerra.
Effectivement. La femme qui pouvait le sauver du vampire portait le même patronyme que la première victime de Dracula. Assez ironique...

La journée passa avec une lenteur exagérée. Louis resta chez Franck et Anna. Ces derniers tentèrent de le faire manger un peu mais Louis était incapable d'ingurgiter quoi que se soit.
Enfin, alors que le crépuscule pointait, Franck vaint le chercher.
-Elle est prête. Annonça t-il simplement.

Ils entrèrent dans une pièce cachait au fin fond de la demeure. Les murs étaient recouverts de runes antiques. Louis se demanda à quant elle pouvait bien remonter. A l'Egypte ancienne? Encore avant?

Au milieu de la pièce, devant un feu, Lucy Westerra, dans une tenue tribal l'attendait. Il arriva en face d'elle, séparé uniquement par les flammes. La vieille dame ordonna alors:

- Buvez la miture à vos pieds!

Louis s'exécuta. il bu. Il se força à boire. Le goût était infect. Il avait l'impression de boire des cendres liquide.
Le monde se mit alors à tourner. Louis perdit tous ses repères. Il ne savait même pas si il était encore debout où avait chuté au sol. Il ne voyait plus que les flammes du brasier.
Une cantique d'un autre âge s'éleva alors dans l'air. Et son corps se mit à bruler.
Une douleur atroce s'empara de la moindre veine de son corps. C'était comme si son sang était entré en ébullition.
Le chant continua. On lui jeta quelque chose au visage (Quoi? Il n'aurait su le dire) La douleur redoubla encore.
Il hurla.
Pendant ce qui lui parût une éternité. Il hurla à s'en déchirer les poumons.
Et son sang qui maintenant semblait avoir la consistance de la lave.
Son hurlement devint inhumain. Comme si une bête des Enfers tapis dans son torse hurlait à sa place.
Et soudain il cracha.
Un liquide noir comme le charbon mais épais comme le goudron. Il le vomit de toutes ses forces.
Puis il perdit connaissance...

Quand Louis ouvrit les yeux, il n'était plus dans la petite pièce. Il était dans un lit douillet. Il regarda par la fenêtre dont le volet n'était qu'a moitié fermé. Il faisait jour et la puissance des rayons indiquait qu'il devait être midi.
Il se leva, avec une infini délicatesse. Il avait l'impression d'être en sucre. Soudain une sensation désagréable s'empara de son ventre. Un gargouilli vicérale en monta.
Il avait faim?
Oui il avait faim!
Pour la première fois depuis des jours, il éprouvait la sensation de faim.
Alors ça avait marché?

Il se rendit dans le salon. Franck était en train de lire le journal. Il leva les yeux et un sourire authentique naquit sur son visage.
- Enfin! J'ai bien cru que vous ne vous réveillerez jamais.
- J'ai dormi longtemps?
- Plus de 48 heures au moins!
Un rictus amusé barra le visage de Louis. C'était le plus gros dodo qu'il n'avait jamis fait.

Franck amena un repas à son invité. Anna était à son travail mais elle avait préparé un plat pour lui qu'il n'avait eu qu'a réchauffer.

- Et votre maman?
Le visage de Franck s'assombrit un peu.
- Fièvreuse, fatiguée... Ce genre d'exercice n'est plus de son âge. Je ne pensais même pas qu'elle irait au bout de son rituel tellement elle tremblait pendant. Mais elle va s'en remttre.
- J'aimerai la remercier.
- Vous savez, ce n'est pas la peine. Elle n'a fait que son devoir. Si vous êtes reconnaissant envers, vivez une longue et belle vie...
Il ajouta avec un sourire taquin.
- ... Et ne provoquez plus les êtres de la nuit.

Louis rentra chez lui le soir même.
Le lendemain, il alla acheter un collier en argent.
Louis vécut longtemps, fut très heureux et finit même par devenir père, lui qui n'y croyait plus.
Pourtant, malgrès le bonheur, Louis, jusqu'a son dernier soupir, eut quand même l'impression que, dans l'ombre, une paire de yeux rouge le suivaient.
Les yeux d'un Nosferatu.


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