Chapitre III – Partie II : Isyl Grimwulf
La nuit fraîche était tombée sur la petite ville de Croc de Fer, où le ciel noir sans étoiles rendait la ville aux tours immenses, dangereuses sauf pour les voleurs ou les assassins, où les ruelles étaient leurs terrains de jeux.
Accoudés à un mur, un demi-drow comptait les pièces d’or dans une bourse posée dans sa main. Il était entouré par des gardes du corps, des drows et un immense humain, qui avait le visage défiguré par une brûlure.
Un mouvement dans les ombres, fit se tendre les hommes de mains, sauf leur chef, qui ferma sa bourse avant de la confier à l’humain, qui la rangea dans un sac en cuir porté en bandoulière.
- Tu es en retard, jeune fille. Lança-t-il à l’ombre.
La dite ombre enleva son capuchon pour laisser tomber ses longs cheveux noirs devant ses yeux rouge. Le demi-drow observa sa semblable, et sourit amusé, de l’air renfrogné de l’adolescente.
- Il est juste l’heure, Fibulatre. Tu chipotes pour une minute alors que je devrais me plaindre de notre dernier rendez-vous où j’ai attendu quinze minutes. Râla-t-elle, en croisant ses bras sur sa poitrine.
Fibulatre dit le marchandeur, secoua la tête faisant volant quelques mèches de ces cheveux blancs de son catogan. Côte à côte, les deux demi-drows étaient comme la nuit et le jour. L’homme s’étonnait comment pouvait-il être de la même race et être si opposé.
- C’est toi qui chipotes pour quinze minutes alors que tu oublies que je suis un homme d’affaires. Dit-il d’un ton pompeux. Tu as ce que je t’ai demandé, ma petite Isyl ?
Isyl roula des yeux, agacée, et sortit de son sac en cuir, une tablette Amazonia, la dernière technologie que pouvait s’offrit les riches humains vivant aux sommets de leur grande tour de fer. Fibulatre se lécha les lèvres, en fixant la tablette, que lui tendit la jeune fille après l’avoir allumé.
Une longue minute de silence pendant que Fibulatre buvait les informations, puis releva les yeux vers la pirate, avec un immense sourire.
- Parfait. Olaf, paye la.
Olaf, le seul humain de la ruelle sortit la bourse ranger un peu plus tôt et sortir deux pièces d’or, qui brilla sous la lumière d’un lampadaire, dans la rue d’en face. Isyl tendit la main, et referma la main dès que les pièces toucha la paume de sa main.
- Sinon quand viendras-tu voir un de mes spectacles que j’organise tous les jeudis ? Demanda Fibulatre, après avoir ranger la tablette.
Isyl grimaça de dégoût, en sachant en quoi consistait ses « spectacles » que les hommes les plus riches aimaient regarder. Des combats de deamons. Fibulatre était un bon organisateur et prenait soin de ses monstruosités pour des affrontements spectaculaires. La jeune fille savait ce que voulait le contrebandier avant tout : Elle. Avoir une chasseuse qui tuerait ses monstres, risquant sa vie pour les beaux yeux des plus riches de Midgard.
- Je tiens à la vie, merci. Au revoir, Fibulatre.
Isyl sortit de la ruelle, après avoir remit sa capuche et filait dans les ombres devenant invisible aux yeux de tous.
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Isyl arriva sur le palier de la petite maison au portail blanc où des fleurs bleus étaient dessinés pour voir la porte d’entrée s’ouvrit brusquement devant elle, avant qu’elle puisse sortir ses clés de sa poche.
Les poings sur ses hanches, Edwina Grinwulf, sa grand-mère la fixait avec un visage glacial.
- Tu es en retard.
La voix de la vieille femme claqua aux oreilles de l'elfe noir, qui eut une moue irritée.
- Vous avez tous ce mot à la bouche. Marmonna Isyl, en s’avançant vers le vestibule, mais la vieille femme resta sur son chemin.
- Tu es encore partie traînée dans les bas-fonds avec ces faux elfes, n’est-ce pas ? Cracha-t-elle.
Isyl eut mal aux mots venimeux de cette femme qui faisait parti de son sang. Pourquoi la haïr autant pour ces origines ? Sa mère l’aimait comme elle était depuis toujours. Mais cette dernière n’était plus à la maison, étant malade. Elle était à l’hôpital pour soigner cette maladie qui semblait ronger sa mère à petit feu et que les médecins ne trouvaient aucune solution. Isyl était seule face au monde.
- Es-ce que tu serais en train de pleurer, sale monstre ? Siffla-t-elle, ravie.
Isyl sursauta et toucha ses joues pour sentir sur celle de droite, une larme coulée. La demi-drow craquait après tant d’années de haine de la part de sa famille. Le sourire mauvais de cette femme grandit.
- Je suis horrible avec toi. - Isyl hocha la tête machinalement – Tu voudrais que je sois plus douce, plus gentille, n’est-ce pas ? - Toujours ce hochement face au visage vicieux grandissant – Je suis désolée de t’annoncer que je suis pas ta pute de mère ! S’écria-t-elle, brusquement faisant reculer la jeune drow de deux pas.
- Pourquoi ? Demanda Isyl, perdue. Je ne vous ai rien fait, pourtant.
- Depuis que ma fille t’a trouvée dans cette poubelle, elle a arrêtée de travailler en tant que chasseuse. On aurait pu être riche. Vivre parmi les vrais êtres supérieurs de ce monde pourri. Les humains. Mais tu es un monstre, tu ne peux pas comprendre. Finit-elle d’un soupir faussement dramatique.
Pas à pas contre mot pour mot, Isyl recula loin de cette femme qui semblait se complaire dans sa folie cupide. Mais le regard marron foncé était acérée sur sa proie.
- Tu veux partir ? Loin de moi, comme ta mère, c’est ça ?
Isyl recula jusqu’au portail sentant l’aura de cette humaine l’entourait. Pourtant, elle ne possédait aucun pouvoir.
- Laissez moi tranquille. Supplia Isyl, en reculant sur le trottoir.
- Non, je ne crois pas. Dit-elle, avant de claquer des doigts. Tu pourras remercier le comte des bas-fond pour son gentil cadeau.
La chasseuse comprit enfin d’où venait cette sensation terrifiante en découvrant la silhouette canine noire aux yeux sanglants, avec un casque osseux blanc sur son crâne. Un cerbère descendit les marches du porches lentement sous les yeux hypnotisés d'Isyl, effrayée devant le molosse.
- Tu peux tenter de courir, mais il connaît ton odeur. Tu ne fuiras pas, mon enfant. Maintenant, rentre à la maison et je rappelle notre nouvel ami. Isyl, écoute ta grand-mère. Susurra Edwina, en suivant le deamon domestiqué.
La peur ne vainc pas le danger, disait toujours sa mère quand elle venait pleurer dans ses jupes étant enfant. Isyl inspira profondément avant de lancer un regard déterminé à sa grand-mère.
- Non, je ne rentrerais pas.
- Mauvaise réponse, petite sotte.
Un nouveau claquement de doigts et la bête noire bondit vers Isyl, qui alla chercher derrière son dos l’un de ses pistolames, mais un éclat rouge s’abattit sur le deamon, la surprenant.
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Un portail de flammes apparut sur le mur de facade entourant le jardin de la maison familiale des Dà-long, mais personne ne le remarqua. Un silence de mort accueillit les trois silhouettes dans la noirceur, qui en sortit.
Aya se détacha brusquement des bras de Jessie, qui eut l’air gênée et mal-à-l’aise face à l’elfe blanc, qui était dans un état second. Rig voyait bien que les deux jeunes femmes étaient troublés par les événements violents de la fête du village. Mais le temps pressé, il le sentait. Le danger n’était plus à Alfeim, mais à Midgard. Ils allaient être en retard.
- Prend le stricte nécessaire et nous devons partir. Déclara-t-il d’un ton pressant.
- Hé ! Mes affaires qu’on a laissés dans la ruelle ! Je pars pas sans mes fringues, moi !
Jessie s’éveilla aux paroles du diable, qui soupira en passant sa main sur son visage, agacé par la chasseuse. Tout en sachant, qu’elle avait raison. Il voulait récupérer sa moto aussi. Un croassement fit sursauter les jeunes filles et fit grogner le gardien.
- Aya, va chercher tes affaires – regard emplis d’éclair envers lui – S’il te plaît ? Et va l’aider, Jessie. - regard interloquée de l’humaine avant de suivre l’elfe vers la maison – Je te remercie.
Rig soupira avant de se tourner vers la corneille posé sur l’une des branches du cerisier du jardin.
- Taty. Je n’ai pas besoin de ton aide, tu sais ?
- Raté, neveu. Ricana une voix masculine.
Assis à côté du volatile, un homme d’une trentaine d’années, dans un costume noir avec une chemise rouge faisant ressortir ses yeux de même couleur. Derrière lui, deux grandes ailes noires repliaient.
Rig fronça les sourcils en voyant son oncle adoptif, sautait de la branche élégamment et s’avançait vers lui, avec un sourire espiègle.
- Que fais-tu ici ? Je me répète, mais je n’ai besoin de personne. Relança le jeune homme.
- Vraiment ?
Rig connaissait parfaitement son oncle, Wulfram. Il était l’opposé de sa sœur. Une personne toujours à aider sa famille avec le sourire. Il avait jamais vu cet homme s’énerver même quand la personne en face de lui, l’insulter. Un Fea à la force tranquille comparé à l’ouragan de sa sœur.
- Je suis certain.
Rig râla face à ce visage éternellement souriant et qui pouvait apaisait n’importe qui. Wulfram ricana de nouveau, avant de lever la tête.
- Donc tu ne veux pas récupérer ceci, je suppose. Dit-il calmement.
Le gardien d’Asgard ouvrit grand les yeux, surpris en voyant sa bécane volant dans les airs à plusieurs mètres au-dessus d’eux. Il baissa sa tête pour voir son oncle avec la malice brillant dans le fond de ses yeux.
- Je dis pas non. Mais comment as-tu …
- Ma sœur est une fouineuse. Tu l’oublies. Elle sait toujours tout. Dit-il en faisant flotter la moto délicatement jusqu’au sol, sans brusquerie. Je me demandes encore pourquoi tu n’as pas pris ta voiture, en sachant que tu devais emmener quatre jeunes filles à Asgard. Hein ?
La gêne fit rougir les joues de Rig comme un enfant pris en faute. Il se massa la nuque, en fixant le sol. Il releva la tête brusquement à l’éclat de rire de son oncle.
- Tu restes encore un enfant, mon petit Heimdall. Ria-t-il. Après tout, ce n’est que ton deuxième voyage non ?
- Ce n’est pas drôle, tonton.
- Maintenant, va à Midgard. Je vais conduire les deux jeunes filles. Tu es en retard.
Rig aurait voulu grogner qu’il pouvait s’occuper d’emmener les quatre jeunes filles à bond port, mais ne pouvait aller à l’encontre de son oncle, qui ne cessait pas de sourire d’un air rassurant.
- Merci mon oncle. Dit-il en tendant les affaires de Jessie à son oncle qui les prit soigneusement. Ce sont les affaires de Jessie Hell. Expliqua à son oncle, qui avait le regard brillant. Tu le sais, n’est-ce pas ?
- Pourquoi poser une question, si tu connais déjà la réponse ?
Rig enleva la chemise blanche et rouge porter pour la fête – que son oncle récupéra -, pour revêtir sa veste en cuir noir sur son tee-shirt blanc. Il remit ses lunettes de soleil accroché sur le col de son tee-shirt pour enfourcher sa bécane avec un grand sourire.
- On se dit à plus tard, mon oncle. Et fais attention aux filles. Dit-il avant de démarrer en trombe et foncer vers le mur de l’enceinte, et disparaître à travers son portail de feu.
Des bruits de pas de courses arrivèrent vers Wulfram, qui vit deux jeunes femmes chamboulées par le bruit de la moto et cet étranger devant elles. Toujours avec un sourire, le Fea se présenta.
- Mesdemoiselles, je me présente. Je suis Wulfram, je serais votre guide pour la suite de votre aventure. Je vous invite à me suivre, jeune chasseuses.
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