Chapitre VI : Yggdrasil - Partie I
Dès que les souffles des dormeuses furent plus profonds, des lucioles d’un bleu éclatant sortirent des sous-bois pour parcourir la clairière. Peu à peu, elle fut envahi d’une centaines de lueurs qui bougèrent dans un tourbillon harmonieux et formèrent un corps longiligne fait d’astres souriant face aux quatre futures chasseuses.
Pourtant un coyote, un faucon et un loup se levèrent ou se dressèrent sur leurs pattes prêt à défendre leur moitié.
L’être lumineux ria face aux grognements et au cri menaçant des Skà. Le bruit de clochettes surprit les ombres qui se calmèrent sous le sourire affectueux de la femme illuminé.
Sachant que plus personne ne la dérangerait, elle fit un aller-retour en observant chaque jeune adolescente. Son drapé de voile actée traîna derrière elle, en une longue traîne laissant une rosée sur l’herbe. Cessant sa démarche gracile, elle leva sa main et désigna Isyl, qui remua sous son sac de couchage en grimaçant de douleur.
- Mère Nourrice.
La voix douce tinta dans toute la clairière comme un souffle doux printanier. Des bruits de sabots s’approchèrent et une silhouette féminine se dévoila à travers les lumières. De longs cheveux à la couleur indéfinissable car elle semblait changer selon la lumière où on la regardait. Un visage doux et rond avec un sourire affectueux, comme ses prunelles qui se posèrent sur la jeune Drow. Le haut de son corps était humain, et celle du bas, était celle d’une chèvre blanche. Sur sa tête, Mère Nourrice possédait des petites cornes.
- Mon enfant, je suis là.
Aux paroles maternelles, Isyl ouvrit les yeux illuminait d’une couleur bleuté et sans pupille sur Mère Nourrice, qui lui tendit la main, et que la Drow prit avec le sourire presque enfantin.
Après qu’Isyl se soit levée, Mère Nourrice l’emmena dans la forêt sous les yeux d’Yggdrasil.
Puis d’un pas léger, elle s’avança vers la couche de Jessie, et la pointa du doigt comme un peu plus tôt, qui fronça les sourcils et grogna dans son sommeil.
- Roi Aigle.
Cette fois-ci, sa voix semblait chaude et s’envola dans les cieux. Un battement d’ailes léger fit lever la tête à Yggdrasil, qui regarda l’arrivée d’un homme à la tête de faucon et le reste de son corps humain, qui atterrit souplement sur ses pieds.
- Petit frère Faucon … ?
Le dit Petit frère Faucon s’inclina devant elle, humblement, puis poussa un cri empli de tristesse.
- Je vois.
Puis elle fit un geste de la main vers la jeune humaine, et Petit frère Faucon se releva, et tendit sa main vers Jessie, qui se réveilla comme Isyl. Le même regard, mais avec un sourire triste. Elle accepta que l’homme-faucon la prenne dans ses bras, et s’envola avec Spook aux creux des bras de sa moitié.
Yggdrasil reprit sa marche délicat, et s’arrêta devant Aya, pour la désigna comme les deux premières. Une larme coula sur la joue de la jeune Alfe.
- Grand-père Cerf.
La voix fut plus froide et humble soufflant derrière elle. De nouveau, la clairière ressentit le pas lourd de quatre sabots d’une démarche princière s’approchant dans le dos d’Yggdrasil. Un centaure au pelage blanc comme la neige se posta à la droite de la femme. Ses cornes majestueuses comme une couronne étaient posés fièrement sur sa tête dont sa chevelure longue et ondulés était de même couleur.
De nouveau, elle montra la jeune Alfe au centaure, qui eut un petit sourire, avant de tendre sa main.
- Viens, mon enfant.
Aya s’éveilla avec le même regard et eut un petit sourire mi-triste, mi-résigné, avant de prendre la main tendue, et suivre Grand-père Cerf à travers les bois.
Yggdrasil ne les suivit pas du regard et s’approcha presque avec réticence de la Fea, endormie. Un long instant se passa, avant qu’elle la montre du doigt.
- Grand-frère Serpent.
Cette dernière fois, sa voix changea et fut plus sombre et mortelle. Un long sifflement retentit dans le sous-bois, et les herbes se mouvaient sous le corps lourd et immense d’un serpent qui arriva à côté de la tête de Lukà, avant de se redresser, pour fixer Yggdrasil de ses quatre yeux.
- Ne la tue pas.
La voix sonnait comme un glas, puis les centaines de lucioles s’éparpillèrent brusquement donnant l’impression que la jeune femme éclata en morceaux, avant que la clairière redevient sombre et obscure.
Lukà grogna dans son sommeil faisant baisser la tête du serpent géant, sortit sa langue pour sentir l’odeur de sa proie. Luna grogna puissamment vers Grand-frère Serpent, qui eut un sifflement amusé, avant de fondre vers sa proie. Lukà hurla de douleur à la morsure et ouvrit ses yeux d’un bleu étincelant sans pupille.
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