Ma chère Camille,

Et un, deux, trois pas chassés ! Aujourd'hui, j'ai été à la danse. Au départ, je ne voulais pas du tout y aller, mais maman m'a obligée, prétextant que ça me ferait du bien. C'est rare quand elle m'oblige à quoi que ce soit, particulièrement en ce moment, et même si je ne lui avouerai pas, elle avait raison. Ça m'a fait du bien. Je crois qu'elle en a marre que je ne fasse rien, qu'après les cours, je reste enfermée dans ma chambre. Elle pense qu'il faudrait que je sorte, que je me change les idées. Et toi, qu'en penses-tu ?

Tu vois, je continue à vivre comme avant. Je m'y efforce du moins. Je peux toujours faire semblant. C'est si horrible de te savoir si loin et de voir que la terre tourne toujours dans le même sens. Tout est comme avant, continue son chemin. Les cours sont comme avant, les élèves sont comme avant. Tout le monde est comme avant ! Suis-je la seule à être différente, à avoir changé ? Suis-je la seule à ressentir cet affreux manque qu'est ton absence ? On dirait que j'ai grandi et que je me retrouve constamment plongée dans un univers trop petit ou qu'on m'oblige à vivre dans un passé alors qu'il est passé. Je ne sais pas trop si ça un sens ce que je viens d'écrire là. En même temps, la vie en a-t-elle un ? C'est un peu déprimant tout ça ! Un peu comme le devoir d'histoire qui traîne quelque part sur mon bureau pour lequel j'ai déjà une semaine de retard. Et comme j'ai promis au prof que je le ferai pour demain, c'est ce que je vais faire. Je peux toujours essayer en tout cas…

Bises, Joana

P.S : Je ne t'oublie pas.