Chapitre 2 – Première Discussion

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Ce fut notre premier contact physique. Et je n’y croyais toujours pas. J’avais encore son odeur, la chaleur de ses lèvres, la douceur de ses mains sur mon visage... Je revoyais son regard intense en se décollant de moi, ce bref instant où elle avait passé sa langue sur sa lèvre avant de s’enfuir... Sans parler de la satisfaction d’avoir enfin réussi à clouer le bec de ce prétentieux de Jason ! Lui-même ne pouvait se vanter d’avoir eu ne serait-ce qu’une pudique bise sur la joue de la part d’une actrice aussi notoire. Malgré ses nombreuses conquêtes et ses vaines tentatives de séduction auprès de la gent féminine plus importante que lui, il n’avait jamais réussi à obtenir quoi que ce soit d’une célébrité, et n’avait donc jamais pu atteindre le summum de la gloire à ses yeux. Dommage pour son égo ! Je ne savais pour quelles raisons elle avait fait cela, mais le résultat était plus que jubilatoire pour moi. Si je pouvais, à l’occasion, je la remercierais.

 Je regardais autour de moi, pour m’apercevoir que j’étais à priori sorti au mauvais endroit, avec toute cette histoire. Je devais descendre dans le hall d’accueil, mais j’avais atterri à cet étage, que je ne connaissais absolument pas. Dans le feu de l’action et pendant notre baiser passionné, j’avais dû par mégarde appuyer sur un des boutons de sélection dans l’ascenseur avec mon coude, et celui-ci s’y était par conséquent arrêté. C’était un grand open-space avec un grand nombre de bureaux, séparés par des petites cloisons par-dessus lesquelles on pouvait facilement voir le reste de la pièce. Visiblement, il s’agissait d’un pôle administratif important, mais je n’y avais encore jamais mis les pieds. Etonnant d’ailleurs, car j’aurais très bien pu y faire une intervention informatique, vu la quantité de PC présents ! Bref, un peu perdu, je fis le tour des bureaux pour chercher les escaliers, et finalement m’arrêter à la machine à café qui se trouvait juste à côté, à l’opposé de l’ascenseur dans lequel il était forcément hors de question de remonter. Il fallait bien que je me remette de mes émotions après cela, et que je désaoule surtout. Car c’était probablement ça qui m’avait poussé à entretenir ce baiser, sinon je n’aurais jamais osé. Je devais redescendre un peu avant de rentrer. Il ne manquerait plus que je me fasse arrêter pour ivresse sur la voie publique…

Je fouillais dans mes poches pour trouver une pièce de monnaie lorsque la porte de la cage d’escalier s’ouvrit à la volée. Je manquais de me la prendre en pleine poire et j’allais râler, lorsque je me rendis compte de qui l’avait ouverte. Elle était une fois de plus là, devant moi. Deux fois dans la même journée, c’était impossible ! Je me suis sentis rougir encore, gêné. Que dire après ça ? J’avais dit que je voulais la remercier, mais alors que je me retrouvais véritablement face à elle, mon cœur s’emballait de nouveau, et des flashs back me revenaient, faisant revivre la scène : Ses douces lèvres qui englobaient les miennes avec fougue, ses mains sur mon visage… Elle releva la tête et s’aperçut de ma présence. Un large sourire – merveilleusement envoûtant – s’afficha sur son visage d’ange.

- Encore vous ? Comme c’est amusant. Quand je disais « à ce soir » je ne pensais pas si vite ! me lança-t-elle joyeusement avec un sourire amusé.

L’air un peu niais, je lui souris également. Ses yeux étaient plongés dans les miens avec une telle intensité que cela me mis mal à l’aise. Je n’arrivais même plus à aligner deux mots, quel idiot… je me sentais bête. Après quelques secondes interminables où aucun son n’arrivait à sortir de ma bouche pourtant grande ouverte, je me raclais la gorge pour reprendre finalement mes esprits et lui proposais un café.

- C’est très aimable à vous, mais je préfère une boisson sans caféine ni alcool. J’ai déjà pas mal abusé aujourd’hui je crois…

Son sourire un peu gêné me déstabilisa… Je regardais ses lèvres et je repensais à leur contact délicat, à la chaleur de la paume de ses mains sur mes joues en feu… J’avais envie d’y retourner… Mais mon corps restait figé et j’étais incapable de dire quoi que ce soit… Que se passait-il ? Je perdais tous mes moyens. Ça ne m’arrive jamais d’habitude… Je ne suis pas de nature timide, je parle assez facilement aux gens… même aux filles ! Je veux dire que je ne suis pas un Casanova mais je suis rarement mal à l’aise face au genre féminin normalement. Alors que là, je restais planté bêtement, à bégayer comme un imbécile… Je finis par me ressaisir et réussis à lui demander, tant bien que mal, ce qu’elle voulait. J’insérais une pièce dans la machine et sélectionnais son souhait. Sa boisson chocolatée coula dans un gobelet et je me penchais pour le lui donner, mais elle eut la même idée et nos têtes se cognèrent.

- Aïe ! Oups ! Désolé… je voulais juste… enfin je pensais… je ne pensais pas… bafouillais-je fébrilement, en me frottant le front.

- Ce n’est pas grave, me répondit-elle, toujours avec ce petit sourire gêné mais tellement enjôleur. C’est déjà gentil de votre part de me l’acheter. Ce devrait être le contraire je suppose, au vu de nos salaires respectifs… Oh pardon, c’était déplacé excusez-moi !... Vous ne prenez rien ?

- Ah si… si, dis-je en replongeant la main dans ma poche.

J’insérais une deuxième pièce et appuyais sur le bouton pour choisir un capuccino.

- Tiens c’est marrant, je ne m’attendais pas à vous voir prendre ce type de boisson ! Vous alors… vous êtes surprenant ! me dit-elle le sourire aux lèvres.

Elle était juste adorable lorsque ses magnifiques yeux d’un vert d’eau presque turquoise se plissaient légèrement alors qu’elle me souriait. Mon cœur s’emballa de plus belle, enflammé par ce désir profond de retoucher sa bouche aux saveurs sucrées.

- C’est vous qui me dites ça ?? Je vous retourne la remarque, au vu de ce qu’il s’est passé dans l’ascenseur…

- Ah oui en effet ! Dit-elle avec un petit rire gêné, mais tellement sexy.

Je fonds littéralement : Son rire est encore plus merveilleux que son sourire. Et lorsqu’elle se mit à rougir légèrement, je repensais à la chaleur de notre contact. Mon cœur était prêt à sortir de ma poitrine, je n’en pouvais plus.

- Je suis désolée si je vous ai choqué, continua-t-elle en évitant mon regard. C’est juste… Le type qui était avec nous dans l’ascenseur… il m’a énervé avec ses donzelles. Vous le connaissez mieux que moi je suppose, mais j’imagine qu’il s’agit du parfait Don Juan, comme je les déteste en général. Je ne sais pas ce que vous avez bien pu lui faire, mais à l’évidence il en avait après vous. C’était franchement agaçant de le voir se pavaner ainsi. Je me suis dit qu’une bonne leçon ne lui ferait pas de mal. C’était instinctif, vraiment ! C’est venu comme ça…

Un silence s’installa entre nous. Elle attendait sûrement un commentaire de ma part, mais j’étais trop mal à l’aise pour dire quoi que ce soit. Je lui souris simplement en baissant la tête pour ne pas croiser son regard. Alors elle ajouta, en me regardant en biais avec un petit sourire envoutant, surveillant ma réaction :

- Ça n’a pas eu l’air de beaucoup vous déranger cela dit…

Cette phrase me fit l’effet d’un électrochoc et je manquais de laisser tomber mon gobelet. Moi qui avais bien pris soin de fixer le sol afin de cacher mes joues qui rougissaient lentement en repensant à ce moment, je me redressais d’un coup, surpris, et je me retournais vers elle, les yeux écarquillés.

- Hein !? Euh… je… Heum… c’est que… ‘fin…

Je me grattais la tête d’un air gêné, cherchant mes mots. Je me sentais devenir encore plus rouge et je bégayais, pris au dépourvu. Son sourire s’élargit, et ses yeux pétillaient d’un air malicieux.

- En tout cas, on ne peut pas dire que vous m’ayez beaucoup repoussé, n’est-ce pas ?

Je ne savais plus où me mettre, je sentais mon visage s’empourprer, à la limite de l’écarlate. Et je sentais son regard amusé posé sur moi pendant qu’elle attendait ma réponse.

- Euh Oui… hum hum… en effet… dis-je en me raclant la gorge. Disons qu’on ne peut pas dire que ce n’était pas agréable il faut l’avouer… Surtout de la part de quelqu’un comme vous… Enfin, je veux dire… – silence gêné – Je suppose que je devrais vous en remercier d’ailleurs…

- Ah oui ? Pour quelle raison ? me demande-t-elle.

- L’humiliation infligé à ce vantard de Jason pardi ! Le meilleur moment de ma journée !! lui dis-je d’un air victorieux.

Après un bref instant d’hésitation, surprise par ma joie non dissimulée, elle se mis à rire aux éclats. J’en fis de même, et nous avons ri de bon cœur ensemble, complice. Reprenant notre calme doucement, elle ajouta :

- Cela dit… Je ne m’attendais pas à ce que vous me rendiez la pareille. En fait… J’étais surprise… Dans le bon sens hein ! Evidemment… C’était très bien même… – elle rougit de nouveau – Enfin je veux dire… c’était bien que vous m’ayez suivi dans mon délire surtout. Sinon, cela aurait eu beaucoup moins d’impact, forcément !

- Oui, forcément… C’est pour ça que… enfin, je me suis dit que ce serait plus réaliste… J’espère que ça ne vous a pas dérangé non plus ?

- Non… Et je dois dire que c’était effectivement plutôt agréable, répondit-elle après réflexion, un léger sourire aux lèvres et plongeant ses yeux dans les miens.

La tension entre nous était palpable. Nous étions là, face à face, et l’intensité de nos regards faisait monter l’adrénaline. J’avais très envie de l’embrasser encore… Je pouvais même voir dans ses yeux d’une profondeur infinie, que son désir paraissait presque aussi fort que le mien. Je revins d’un coup sur terre lorsque je m’aperçus qu’elle devait probablement pouvoir lire elle aussi dans les miens. Je toussais pour me ressaisir, et but une gorgée de capuccino, quittant son regard pour me plonger à corps perdu dans mon gobelet. Elle en fit de même avec son chocolat chaud, puis elle me demanda, le plus naturellement du monde :

- Vous habitez dans le coin ?

Face à mon air surpris et ahuri, stupéfié par cette question sans préavis, elle se reprit très vite :

- Oh pardon, c’est indiscret bien sûr… Vous n’êtes pas obligé de répondre.

- Ah non non, c’est pas grave ! Ce n’est pas ça… Je suis juste… surpris. C’est assez direct comme question ! Mais euh… Oui. Enfin, non ! …En fait, je ne suis pas de la région mais je suis logé sur le campus car je ne travaille ici que temporairement.

- Ah…

Elle parut presque attristée par mes propos, et je ne sus comment réagir. Était-ce le fait que je n’habite pas loin, ou le fait que je ne sois présent que pour quelques temps qui la chagrinait ? Elle finit sa boisson et semblait hésiter à partir, faisant rouler entre ses mains son gobelet vide. Si j’osais…. Je commençais à me rapprocher discrètement d’elle, mais soudain un homme assez grand et costaud en costume cravate me fit sursauter en arrivant précipitamment derrière moi d’un pas décidé.

- Ah ! Vous êtes là. Je vous cherchais partout. Je vous ai déjà dit mille fois de ne pas partir sans moi, bon sang ! Je vous rappelle que mon job c’est d’être à vos côtés pour vous protéger, dit-il à Natalia.

- Je n’ai pas besoin d’être protégée, lui répondit-elle sèchement, visiblement fortement agacée, en croisant les bras.

Elle lui lançait un regard noir d’un air hautain. Lui aussi avait croiser les bras et la regardait de toute sa hauteur en fronçant les sourcils. Une tension pesante commença à s’installer entre eux.

- Bon… Eh bien… Moi je vais y aller dans ce cas, dis-je pour casser l’orage qui n’allait pas tarder à gronder.

La déception se lut alors sur son visage. Je jetais mon gobelet dans la grande poubelle à côté de la machine, avant de lancer un dernier sourire à ma belle rencontre du soir et de pousser la porte des escaliers à contre cœur pour prendre le chemin du retour, pleins de souvenirs en tête.

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