Chapitre 4 - Retour à la Réalité
Voilà. C’est après ce moment-là que j’ai commencé à vous raconter cette histoire, et vous en savez autant que moi désormais. Comme je vous le disais, nous avons fait l’amour une bonne partie de la nuit, sous l’impulsion d’un désir sexuel incontrôlable. Et me voilà allongé dans la nuit, aux côtés de la plus magnifique créature que j’ai jamais vus, après plusieurs parties de jambes en l’air d’une intensité folle, remplie de sensualité et d’orgasmes partagés. Je n’en reviens toujours pas, je n’arrive pas à y croire, c’est comme dans un rêve. Ce qu’il vient de se passer est tellement incroyable.
Je l’observe pour essayer de me convaincre de la réalité du moment. Elle dort paisiblement, telle une princesse, mais moi je ne peux pas. Je me retourne, croise les bras derrière la tête, et observe le plafond avec un sourire niais de plénitude. Je profite de cet instant merveilleux où je peux me vanter d’avoir fait grimper aux rideaux la femme élue récemment la plus belle du monde par les magazines People. Elle est tellement jolie… Encore plus quand elle se laisse aller, comme ce soir, en dehors du tumulte du studio et des caméras. J’ai découvert celle qu’elle est réellement, simple et entière, et c’est encore mieux que ce que j’imaginais. Elle est tout ce que j’aime chez une femme. Et elle aussi m’a donné du plaisir, nous étions en parfaite harmonie. C’était l’extase totale, j’ai pris mon pied comme on dit ! Je n’ai jamais ressenti ça auparavant : autant de passion, de désir, mais aussi de tendresse, de délicatesse et de sensualité. Nous étions de parfaits étrangers et pourtant c’était comme si nous avions fait cela ensemble depuis longtemps, comme si nous nous connaissions déjà par cœur. Une connexion indescriptible, une symbiose. Tout était si fluide, c’était comme une évidence entre nous.
Elle se réveille doucement et me sort de mes pensées. Je la regarde, les yeux encore pétillant de plaisir. Elle me sourit – je fond littéralement – et commence à s’étirer en baillant. Elle est encore nue et moi aussi. Son corps de rêve se dévoile malgré elle lorsque le plaid du canapé glisse sur sa peau lisse et si parfaite, et je repense à ces moments d’intense fusion. Elle se retourne vers moi et j’en fais de même, elle ne dit rien mais je devine sur son visage qu’elle est sereine et pleinement satisfaite. Puis elle laisse courir ses doigts sur mon torse, tendrement. Elle est radieuse, resplendissante. Des petits picotements d’envie m’envahissent et je sens que la pression sanguine est à deux doigts de revenir à nouveau entre mes jambes. Soudain elle se redresse et fixe quelque chose derrière moi.
- Quoi ?? Déjà cette heure-là ? s’exclame-t-elle. Oh purée je vais être en retard, il ne faut surtout pas qu’on me voit sortir de chez toi en plus !
Je suis tellement surpris par sa réaction que j’en reste sans voix. Je me retourne vite fait vers le point qu’elle fixait pour apercevoir l’heure affichée sur le décodeur de mon téléviseur, alors qu’elle se lève d’un bond, récupère ses affaires éparpillées dans la pièce et se rhabille à la hâte. Je l’observe, incrédule. Même comme ça elle arrive à me mettre en émoi, et je ne peux empêcher mon regard de se balader furtivement sur ses fesses avant qu’elle ne les cache dans son jean moulant…
- C’était vraiment… WOW !! Vraiment ! me dit-elle en enfilant son t-shirt. Je n’ai jamais pris autant de plaisir de ma vie, c’est hallucinant, je t’assure ! Tu es un amant merveilleux et plus que jouissif ! Tu n’as rien à envier à ton m’as-tu-vu de collègue, je te le dis.
Elle m’embrasse une dernière fois et sort de l’appartement en quatrième vitesse, me laissant seul, assis nu comme un vers au milieu de mon salon, l’air ahurit.
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Je ne l’ai pas revu depuis son départ précipité de chez moi. Je ne l’ai même pas croisé sur le plateau de tournage, et je commence même à me demander si elle ne m’évite pas sciemment. Et si elle regrettait cet écart avec moi ?
Parce que, avouons-le, nous n’aurions pas du… Enfin, je veux dire que, normalement, on ne fait pas ça : On ne se tape pas une actrice quand on est qu’un simple employé. Après tout, vous avez déjà vu un technicien, qui plus est intérimaire, en couple avec une célébrité, vous ? Moi non… D’ailleurs, je crois bien que je n’en ai même pas le droit. Peut-être même que je pourrais perdre mon emploi à cause de ça, qui sait ? Je devrais regarder dans mon contrat de travail s’il y a une clause à ce sujet… Et peut-être qu’elle non plus n’a pas le droit… En tout cas, ce n’est probablement pas bon pour son image, j’imagine. Ce serait même la honte pour elle : Coucher avec un homme de si petite condition…
Mon cerveau bouillonne de nombreuses questions existentielles. Et, perdu dans mes pensées, je ne vois pas arriver Jason, tout sourire, les mains dans les poches mais apparemment prêt à obtenir des réponses…
- Salut ma caille. Alors ? T’as passé une bonne soirée ? me lance-t-il à la volée.
- Bonjour Jason, je lui réponds d’un air agacé. Qu’est-ce que ça peut te faire ?
- Tu avais l’air d’avoir un rendez-vous plutôt agréable qui t’attendait hier soir. Hein, petit cachotier ! me dit-il avec un sourire mielleux.
Il prend son air de mec cool qui cherche la confidence, et cela m’énerve encore plus.
- Oui. Mais je ne vois pas en quoi cela te concerne.
- C’est vraiment elle que tu as retrouvé ? me dit-il, un sourcil relevé et un air suspicieux.
- De quoi je me mêle ? je lui réponds d’un air maussade.
- Bon c’est bon, arrêtes ton char ! me dit-il en perdant visiblement patience. Tu ne vas pas me faire croire qu’il y a bien quelque chose entre toi et Natalia Johansson, je n’y crois pas une seule seconde. Alors allez ! Avoue que c’était du bluff dans l’ascenseur ! C’était quoi ? Un pari que tu as fait, c’est ça ? Avec qui ? Et elle, c’était ta complice ? Comment t’as fait pour organiser ça avec une nana comme elle ?
Je ne peux m’empêcher de sourire à son agacement, et je jubile intérieurement pendant qu’il déballe ses questions. Il y croit, donc ! C’est juste inimaginable, et pourtant… A l’évidence, il est tellement jaloux qu’il en vient à ne même pas se poser de question sur la possibilité ou non d’une histoire d’amour entre deux personnes de si différentes conditions qu’elle et moi. Ou alors c’est parce que nous avons été très convaincants dans l’ascenseur ? Dans tous les cas, même si je sais que cela peut être dangereux pour nous deux, la satisfaction de l’avoir coiffer au poteau est trop agréable et la tentation trop grande.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Jason, dis-je calmement, après une courte pause. Je te le répète : J’ai passé une excellente soirée avec mon rendez-vous d’hier. Le reste ne te concerne pas, c’est ma vie privée… et la sienne aussi d’ailleurs. Ah au fait, ça serait vraiment sympa de ta part si tu ne parlais à personne de ce qu’il s’est passé dans l’ascenseur avec Natalia Johansson, cela dit. C’était amusant mais ça pourrait lui attirer des ennuis, tu comprends ? Et à moi aussi au passage…
Je lui fais un petit clin d’œil agrémenté d’un sourire qui se veut complice, et je sens qu’il fulmine. Ses poings et sa mâchoire se crispent et je vois bien qu’il cogite à toute vitesse, essayant de démêler le vrai du faux dans mon histoire.
- Arrêtes de te foutre de moi. C’est impossible que tu couches avec Natalia Johansson. Tout ça c’est un coup monté, j’en suis sûr ! me lance-t-il entre ses dents, presque menaçant.
- Dans ce cas, pourquoi est-ce que tu en fais tout un fromage ? lui dis-je en haussant les sourcils. Serais-tu… jaloux ?
- Je te percerai à jour, toi et ta conquête mystère, insiste-t-il, le doigt pointé vers mon visage. Parce que tu as baisé hier soir, ça, c’est une évidence. Mais je suis certain que ce n’est pas avec elle et tu n’arriveras pas à me faire croire le contraire.
- Parfait alors, dis-je d’un ton détaché. Maintenant, tu m’excuseras mais j’ai du travail qui m’attend, MOI.
Et je tourne aussitôt les talons pour m’éloigner tranquillement, le sourire toujours figé aux lèvres. Quelle jubilation de le voir aussi jaloux et énervé ! Cela flatte mon égo, et je passe le reste de la journée satisfait et d’humeur joyeuse. Jusqu’à ce que je la revoie enfin.
Je rêve où elle m’ignore totalement ?? Lorsque je suis passé sur le plateau de tournage et que nos regards se sont alors croisés, elle a tourné la tête précipitamment, sans un sourire à mon égard, comme si j’étais transparent. Evidemment, à quoi t’attendais-tu ? Sombre idiot… Ma bonne humeur chute d’un coup au trente-sixième dessous et je me sens bête d’y avoir cru moi aussi. Tout ceci n’était qu’une passade bien sûr, comment ai-je pu espérer autre chose ? C’est une actrice, elle a joué son rôle hier soir pour obtenir tes faveurs et prendre son pied. Maintenant c’est fini, c’est de l’histoire ancienne, juste un plan cul de plus dans son palmarès. Elle a déjà tourné la page, elle. Et moi, je n’aurai jamais dû me faire d’illusions. Dure réalité…
Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de sourire lorsque je repensais à cette nuit, et d’avoir la sensation du devoir accompli en me remémorant ses mots avant de partir ce matin : « C’était vraiment… Wow !! Vraiment ! Je n’ai jamais pris autant de plaisir de ma vie, c’est hallucinant, je t’assure ! Tu es un amant merveilleux et plus que jouissif ! » Je ne l’ai pas rêvé pourtant, c’est bien ce qu’elle m’a dit ! Je suppose donc que c’est ce qu’elle pensait vraiment. En tout cas, c’est ce que j’avais belle et bien l’impression qu’elle ressentait pendant que nous étions collés l’un à l’autre, lorsqu’elle enfonçait ses ongles dans la peau de mon dos pendant que je la prenais et qu’elle gémissait sous mes va-et-vient, dans cette osmose totale. Cette tension sexuelle qu’il y avait entre nous… Je l’ai ressenti, je l’ai éprouvé. Et elle aussi, j’en suis sûr ! Nous étions si connectés… Je ne pouvais pas l’avoir inventé, c’était bien réel. Et voilà que maintenant, elle m’ignorait complètement ? Je ne comprenais plus, mes impressions durant nos coïts étaient en parfaite contradiction avec son comportement actuel. J’en conclus que ce qui s’était passé cette nuit-là n’était qu’un coup d’un soir, et que cela ne se reproduirait assurément plus jamais. Il fallait que je me fasse à cette idée maintenant…
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