Chapitre 19 – Le Stress

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Aujourd’hui, ce qui nous unis est bien plus fort que cette relation sexuelle qui était convenu entre nous au départ. C’est devenu bien plus que cela, même si nous ne devions pas en arriver à ce point normalement. Elle est celle qui me comble au plus haut point, celle qui représente mon idéal féminin, ma moitié, mon tout. Je ne lui trouve aucun défaut, sauf peut-être celui de se voiler la face par moment, surtout à notre sujet. Car je sens qu’il y a quelque chose de plus profond entre nous qu’une simple histoire banale ou temporaire. Désormais, on ne peut nier l’évidence : Il y a réellement de l’amour avec un grand « A » entre nous.

Le problème, c’est que je crois être le seul à m’en rendre vraiment compte, ou du moins à l’avouer. Bien qu’elle paraisse totalement heureuse comme ça, je ne peux m’empêcher de penser que nous serions encore bien plus épanouis si nous pouvions nous avouer nos sentiments réels, si nous pouvions vivre notre relation pleinement et librement. Je suis toujours tiraillé entre le refus de me retrouver sous les flashs des paparazzis ou afficher en Une des journaux People, et le fait de vouloir vivre mon amour en toute simplicité, comme tout le monde. Car c’est ce que je souhaite pour elle finalement : qu’elle puisse vivre « comme tout le monde ». Elle le mériterait tellement.

- Tu m’écoutes ?

Sophie me sort de mes rêveries.

- Hein ?! Euh oui oui bien sûr !

- Humm… Mais bien sûr… Bon ! Qu’est-ce qu’il y a ?

- Rien ! Excuse-moi, j’avais la tête dans mes pensées.

- Oui, j’avais remarqué, je te remercie ! Je parle dans le vide depuis tout à l’heure !

Elle me sourit gentiment, faussement vexée mais compréhensive.

- Bref ! Je disais : Il faut qu’on finisse l’installation du plan large, les acteurs ne vont pas tarder à arriver.

J’acquiesce d’un air pensif, et nous ne remettons au travail.

#

La journée se passe et nous avançons très vite avec Sophie. Je termine de raffistoler le dernier câble d’alimentation manquant pour la prochaine cascade que Natalia tient à faire elle-même, et lorsque je relève la tête, j’aperçois une silhouette qui passe furtivement dans l’encadrement de la porte au fond de la pièce. Je crois reconnaître mon actrice favorite, mais elle est passée si vite que je n’en suis pas certain. Je crois même l’avoir vu se tenir le visage, mais ce doit être une hallucination. Dans le doute, je me lève et prétexte une envie pressante. J’avance prudemment dans le couloir, à l’affût du moindre bruit, et je finis par entendre quelques sanglots de l’autre côté d’une cloison. Je contourne le mur et tombe nez à nez avec Natalia, en larmes, qui sursaute et s’essuie précipitamment les yeux d’un revers de main.

- Ah… C’est toi… me dit-elle soulagée.

Je regarde autour de moi et m’avance près d’elle afin qu’on ne puisse pas nous apercevoir au loin.

- Est-ce que ça va ??

- Euh… oui oui… Ça va, ne t’inquiètes pas.

- Trop tard. Pourquoi tu pleures si tout va bien alors ? je lui demande tout bas.

- Ce n’est rien, vraiment…

- Bah dis-moi ! Je le vois bien que ça ne va pas…

- Rien… C’est comme ça à chaque fois de toute manière… C’est juste les nerfs qui lâchent… finit-elle par m’avouer, en essuyant une nouvelle larme qui se forme au coin de son œil.

- Les nerfs ??

- Oui… Souvent, je suis tellement tendue avant de faire une cascade, que… Bah… Parfois, je craque…

- Je ne savais pas que ça te stressait à ce point… Tu n’as pas l’habitude de ce genre de chose à force ?

- On ne s’habitue jamais vraiment à l’appréhension d’une chute ou d’une blessure, même lorsque l’on est rôdé à ce type d’exercice…

- Oui je comprends… C’est vrai que ça peut être dangereux… Mais ne t’inquiètes pas, il y a des gens qui sécurise bien le truc, et puis d’autres qui seront là en cas de problème !

- Oui je sais, mais… En fait… J’ai… Le vertige. Et personne ne le sait… Je prends sur moi…

Une larme coule sur sa joue, et je l’essuie instinctivement avec mon pouce. Elle me regarde d’un air désespéré et je m’aperçois qu’elle tremble un peu.

Par réflexe, je la prends dans mes bras chaleureusement pour la réconforter, maintenant sa tête contre mon corps pour la laisser pleurer à son aise.

- C’est pas grave, ça va aller… Je suis là, ne t’inquiètes pas…

A cet instant précis, plus rien n’a d’importance à part nous. Ni elle ni moi ne pensons à la discrétion que nous devons respecter vis-à-vis de notre relation, il n’y a plus aucune peur d’être surpris. Elle m’enlace à son tour pour me serrer fort contre elle, ses doigts s’accrochant à moi comme si sa vie en dépendait. Je lui caresse les cheveux, et je la sens se détendre petit à petit, sa respiration et ses tremblements ralentissant à mesure qu’elle reprend ses esprits, son visage enfouit dans mon t-shirt. Puis elle relève la tête et me regarde intensément, me sourit et soupire.

- Alex, je…

Elle laisse sa phrase en suspens, ses yeux dans les miens, puis semble soudain se souvenir de quelque chose d’important. Ses yeux s’écarquillent et elle redescend sur terre.

- Aheum. Je… Je dois y aller maintenant… Euh… Merci, bafouille-t-elle en se détachant de moi et lissant ses cheveux. On se voit ce soir.

Elle m’embrasse sur la joue et effleure mes doigts au passage, jette un œil à l’angle du mur pour voir si la voie est libre et s’enfuit finalement. Je reste un peu interloqué, et j’espère avoir réussi à la rassurer quand même. Mais sa réaction avant de se sauver me laisse dubitatif. Qu’a-t-elle tenté de me dire, avant de se raviser ?

#

Lorsque je la retrouve ce soir-là, elle semble apaisée. Elle me sourit alors que je passe le pas de la porte, assise dans le canapé en mode décontractée.

- Coucou, me dit-elle doucement.

- Salut beauté, ça va mieux ?

- Oui merci ! C’est grâce à toi d’ailleurs. Ça m’a fait du bien de te voir et de pouvoir te parler tout à l’heure. Je ne sais pas comment tu fais, mais dès que je suis dans tes bras, j’oublie tout !

Je lui souris et vient m’assoir à ses côtés pour lui déposer un tendre baiser.

- Je n’ai rien fait de spécial tu sais…

- Si : Tu es présent pour moi, quitte à mettre notre secret en danger !

- Désolé…

- Oh non, ne sois pas désolé, ce n’est pas un reproche, au contraire ! Ça m’a fait énormément de bien que tu me rejoignes, surtout en prenant des risques comme ça… Tout ça juste pour me rassurer… C’est là que je me rends compte que tu n’es pas là que pour les bons moments que nous passons ensemble au lit. Tu me fais du bien juste par ta présence et cela montre que tu tiens réellement à moi. Quand je suis avec toi, je me sens vraiment bien… Tu es mon rayon de soleil… Tu me rends heureuse en fait…

Wow ! Quelle déclaration, je n’en reviens pas ! Je ne sais pas quoi répondre à cela, ça me touche tellement. Mon cœur danse la samba, mon cerveau est en ébullition, tout mon corps ne demande qu’à exploser de joie. Je lui souris et réponds simplement :

- Moi aussi je suis heureux avec toi. Et ton bonheur, c’est tout ce qui compte pour moi.

Evidemment ce n’est pas totalement vrai : elle est tout ce qui compte pour moi certes, mais j’aimerai aussi pouvoir le crier sur tous les toits. Car je suis fier d’être son amant, son homme, son rayon de soleil comme elle dit. J’aimerai assumer pleinement mon rôle, et ce dans n’importe quelle situation, à n’importe quel moment, sans avoir besoin de le faire en cachette. J’aimerai la prendre dans mes bras quand je veux, l’embrasser quand j’en ai envie – et Dieu sait comme j’en meurs d’envie à chaque fois que je la vois. J’aimerai que tout le monde puisse voir pourquoi je suis un homme comblé, car je suis l’amant de la plus belle des femmes qui existe sur cette terre. Malheureusement, il y a son métier…

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