Chapitre 22 – Retour au Bercail

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Le temps passe à une vitesse hallucinante lorsqu’on s’amuse et qu’on passe un bon moment. En tout cas, Natalia elle, passe une excellente soirée à priori ! Elle rit et danse, tantôt avec moi, tantôt avec ces inconnus devenus acteurs malgré eux de son escapade et de sa joie de vivre. Entre deux passages au bar, je l’observe, et je vois qu’elle est simplement heureuse. Ce soir, elle revit. Ou plutôt non : Elle vit, enfin.

Après avoir passé une bonne partie de la soirée à la fête, elle finit par me dire qu’elle souhaite que nous partions – mon compte en banque lui revaudra ça, même si je ne regarde pas à la dépense pour elle. Nous nous éclipsons donc gentiment, enlacés par la taille, non sans remercier chaleureusement tous nos amis d’un soir. Durant le trajet jusqu’à la voiture, elle n’a de cesse de se remémorer avec excitation tous ces bons moments passés aujourd’hui ensemble. Elle est resplendissante, rayonnante de bonheur.

- C’était vraiment super ! Incroyable même ! Franchement j’ai passé un excellent moment ! Je ne sais comment te remercier. Grâce à toi j’ai pu vivre comme quelqu’un de normal, le temps d’une soirée. Et ça fait du bien, tu ne peux même pas imaginer !

- Mais je t’en prie, c’était le but ! je lui réponds tout guilleret. Le seul petit hic, c’est que je vais devoir te ramener maintenant…

- Ah ? soupire-t-elle. Pourquoi ? On ne passe pas la nuit ensemble ?? Pour fêter ça, ajoute-t-elle avec un petit sourire coquin qui en dit long.

- En vrai, ça aurait été avec grand plaisir ! Mais malheureusement, Sophie risque d’être à court d’argument pour justifier ton absence…

- Mais nan ?! C’était elle dans le local alors ??

- Bah oui. Il me fallait une complice pour faire tout ça, je n’aurais jamais réussi tout seul, tu penses bien… Tu m’en veux ?

- Ah non pas du tout ! Au contraire ! Je vais juste devoir la remercier elle aussi du coup !

- Je viens de te dire que ton identité a été révélée à Sophie, mais ça ne te dérange pas ? Ça ne casse même pas ta bonne humeur ??

- Rien ne pourra atteindre mon bonheur ce soir !! Je suis la plus heureuse des femmes, et tout ça c’est grâce à toi !

Elle s’arrête soudain, me tourne vers elle en tirant sur mon bras et m’embrasse avec fougue, les bras enroulés autour de mon cou.

- Je ne sais pas comment tu as fait pour organiser tout ça, mais je ne te remercierai jamais assez pour cette fabuleuse soirée de rêve. Jamais personne n’a fait ce genre de chose pour moi. J’ai passé le plus merveilleux moment de toute ma vie, avec l’homme le plus adorable que j’ai jamais rencontré. Tu es vraiment un homme parfait, j’ai de la chance de t’avoir.

Mon téléphone sonne et casse ce moment exceptionnel. Je m’excuse, m’écarte d’elle et décroche, pour entendre la voix tonitruante et paniquée de Sophie au bout du fil.

- « Purée mais qu’est-ce tu fous ?? Je n’sais plus quoi dire à Claudio qui tourne en rond depuis une heure déjà !! Il attend après Natalia et commence à perdre patience ! »

- Tu lui as dit quoi exactement ?

- « Bah qu’elle doit encore être en train de faire ses essais, comme tu m’as dit. Mais là il tambourine comme un cinglé à la porte, il a même essayé de l’appeler cinquante fois ! Heureusement que j’ai mis son tel en sourdine… J’ai dit qu’elle avait dû l’éteindre pour ne pas être dérangée. Mais je sais plus quoi faire pour le retenir d’appeler les flics là, sérieux !! S’il ne défonce pas la porte avant d’ailleurs… »

- OK, OK, panique pas, on rentre au plus vite, promis.

Je raccroche et réfléchis, en regardant Natalia qui me fixe d’un air déboussolé.

- Bon… Ce qui serait bien, c’est que tu appelles Claudio pour le rassurer, le temps qu’on fasse le trajet retour. Tu connais son numéro par cœur ?

Elle acquiesce et me tend la main avec détermination pour que je lui donne mon téléphone. Elle compose le numéro et attend que son garde du corps décroche.

- Claudio ? Oui, c’est Natalia. - Comment ? …Oui, j’ai dû oublier mon téléphone dans l’atelier, désolé. Un gentil employé m’a prêté le sien. J’ai dû partir en catastrophe à l’hôtel récupérer le scripte, par rapport au costume que Christiane a modif’… - Pardon ? …Bah non, j’y suis allée toute seule, j’ai demandé un taxi… - Roooh, mais non il peut rien m’arriver voyons ! J’attends encore un coup de fil et je vous rejoins. - Non non, ne bougez pas ! Je vais me débrouiller, je ne sais pas combien de temps cela va me prendre en plus, c’est pour négocier la modification justement… - Pfffou… - Oui, je fais au plus vite… Mais ne vous dérangez pas pour moi, tout va bien. Je suis à l’hôtel je vous dis, le taxi m’attend de toute façon. Allez, à tout à l’heure.

Et elle raccroche.

- Ça ira comme excuse, ça ?

- Impeccable ! On sent le jeu d’actrice ! je lui réponds avec un clin d’œil. Bon allez, faut partir maintenant. On a de la route.

Et nous nous pressons jusqu’à la voiture, main dans la main comme deux amants en fugue.

#

 De retour sur le parking visiteurs du studio, j’envoie un SMS à Sophie pour prévenir de notre arrivée, et nous reprenons le chemin inverse pour arriver jusqu’à l’arrière du petit local. Natalia rentre par la porte du fond, se démaquille rapidement et repasse de l’autre côté du paravent pour récupérer ses affaires. Elle se précipite vers l’entrée principale de la pièce, s’arrête brusquement juste avant d’appuyer sur la poignée, se retourne et accoure pour m’embrasser avec force.

- Encore merci pour tout. Je n’oublierai jamais ce moment.

Elle retourne à la porte, l’entrouvre et vérifie que la voix est libre avant de se faufiler dans le couloir pour rejoindre le hall d’accueil au plus vite. Elle arrive juste avant que ne s’ouvrent les portes de l’ascenseur, qui laissent alors apparaître un Claudio appuyé sur la paroi intérieure de la cabine, en pleine drague devant une Sophie gloussant bêtement et le regardant d’un air faussement intéressé. Natalia écarquille les yeux de stupeur et les regarde roucouler en croisant les bras. Lorsqu’il s’aperçoit de sa présence, le gros benné devient rouge comme une pivoine, baisse la tête et sort en vitesse de l’ascenseur, comme un enfant pris en flagrant délit. Sophie se pince les lèvres et le suit de près, un petit sourire malicieux aux lèvres.

C’est à ce moment que je fais également mon entrée, le contexte m’ayant été au préalable expliqué par message par Sophie. Je pousse une porte annexe en pianotant sur mon téléphone, et relève la tête pour me retrouver face au spectacle du badinage démasqué par Naty. Stoppé net dans mon élan, je les observe tour à tour, avant de froncer les sourcils et de demander :

- Euh… Il se passe quoi là ? …Sophie ?? Bah… T’es encore là ? J’étais en train de t’envoyer un message justement… Je croyais que tu m’attendais à la maison…

- Euh oui oui… en fait, euh… Je me suis tordu la cheville tout à l’heure en partant et euh… Bah… Claudio m’a gentiment aidé à me soigner, explique Sophie en lançant un sourire au gorille, qui le lui retourne d’un air envouté.

- Ah. Je lui réponds, le regard soupçonneux, en levant un sourcil. OK… Bah… Merci Claudio alors. Mais euh… J’imagine qu’il a autre chose à faire, non ? j’ajoute la mine désolée en regardant Natalia.

- Non non mais ce n’est pas grave, me répond-t-elle sur le ton de la moquerie. Je vois qu’il ne s’est pas ennuyé en m’attendant, c’est parfait.

A ces mots, Claudio rentre encore plus la tête dans ses épaules immenses et la rejoint d’un air penaud.

- Bien, lui lance-t-elle comme si elle disputait un gamin. On peut y aller maintenant ?

Claudio confirme de la tête et lui fait signe de passer devant. En partant, il se retourne furtivement vers Sophie et lui fait un petit sourire discret.

- Tu m’expliques ? je lance à Sophie d’un ton agressif. Parce que je crois que j’ai loupé un wagon là…

- Nan mais attends, j’ai rien fait de mal, t’énerves pas ! se défend Sophie. C’est pas du tout ce que tu crois !

Nous continuons de nous chamailler jusqu’à ce que la grande porte en verre se referme et que nos cibles disparaissent de notre vue. D’un même élan, nous soufflons fortement pour décompresser, les mains sur les hanches, en surveillant l’extérieur au cas où l’un d’eux aurait l’envie d’opérer un demi-tour.

- Beau travail, je lui rétorque en souriant, sur un ton beaucoup plus sympathique que le précédent. Pas mal l’idée de la drague ! Cela dit, je pensais que tu aurais jeter ton dévolu sur le vigil, qui n’attend que ça.

- Ouais… Bah tu vas me devoir une fortune avec ce que j’ai dû faire pour toi aujourd’hui, crois-moi.

Je lève les yeux au ciel et lui souris d’un air entendu. Je sais ce que je lui dois, et je ne manquerai pas de me racheter, c’est certain.

- Au fait, toi !! s’insurge-t-elle soudain en croisant les bras. Tu n’as rien à me dire ??

- A quel sujet ??

- Pourquoi tu ne m’as pas dit tout de suite que c’était elle ?!? J’te dis pas ma surprise quand je l’ai vu passer au maquillage, hein !! J’ai failli lâcher un juron, purée ! Mais bien joué, bien joué… Petit coquin, va !

Je ris d’un air gêné en me frottant les cheveux.

- Tu m’aurais cru si je te l’avais dit directement ?

- Hummm… Peut-être pas, c’est vrai ! Bon… Maintenant que je sais… Je veux tout savoir !!

J’éclate de rire et je lui propose de venir prendre un verre à la maison pour tout lui raconter depuis le début. C’est un week-end qui débute bien.

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