Chapitre 34 – Pris en Flag

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Nous sommes si proches de nouveau, les yeux dans les yeux, sa main dans la mienne. Nos visages se rapprochent, lentement. Je ne quitte pas son regard intense. Ma main glisse de son menton à sa nuque, et sa bouche s’ouvre légèrement. Je me penche encore, nos yeux se ferment, nos corps sont à quelques millimètres l’un de l’autre, nos lèvres se touchent presque, et…

La porte s’ouvre à la volée, pour laisser apparaitre Nicolas et le médecin, suivi de près par Claudio. Stoppé net dans sa phrase, la main encore sur la poignée, le manager se fige et écarquille les yeux. Sursautant, Natalia et moi tournons la tête dans leur direction simultanément. Aussitôt, je la lâche brusquement et fais un pas en arrière, pris en flagrant délit.

- … Natalia ?!? articule enfin Nicolas. Mais… Qu’est-ce que…

Je suis mortifié. Mon cœur s’emballe et je sens monter le sang à mon visage. Le manager nous regarde successivement d’un air paniqué. Natalia se mord la lèvre inférieure en me jetant un bref regard, puis elle tente de s’expliquer mais n’a même pas le temps de prononcer un mot que Nicolas l’interrompt aussi sec.

- TU ES FOLLE ?! Que fais-tu avec ce type ?? C’est une blague, j’espère ??? Dis-moi que c’est juste un syndrome de choc post-traumatique !! Hein ?! DOCTEUR ?!? s’exclame-t-il en se retournant subitement vers le pauvre toubib pris entre deux feux, qui hausse les épaules d’impuissance.

- Tu ne peux décemment pas faire ça, Nat’ !!! ajoute-t-il en reportant son attention sur elle. Pas avec LUI !!

- Et pourquoi pas ?? demande-t-elle sèchement, reprenant soudain de l’assurance.

- Tu ne peux pas avoir une relation avec un type comme lui, c’est tout !! Tu imagines un peu les conséquences sur ton image ?? Sur ta carrière ?? Tu ne penses décidément pas à moi, c’n’est pas possible !!!

- PARDON ?! s’offusque Naty. Penser à toi ?? Mais c’est plutôt TOI qui devrais te soucier de moi !!

- Et qu’est-ce que tu crois que je suis en train de faire, là ?? Je me plie en quatre pour toi, tous les jours !! Et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de batifoler avec un pauvre petit technicien de bas étage !

A ces mots, je ne peux m’empêcher de signaler mon mécontentement par un bref rire nerveux, la mâchoire crispée et croisant les bras de vexation.

- Tout ça parce qu’il t’a soi-disant « sauvé la vie » ?? continue-t-il, sans le moindre égard pour ma personne.

- Mais c’est le cas !! s’indigne Natalia. Il m’a sauvé la vie !

- Ah oui, donc c’est le syndrome du chevalier servant si je comprends bien… ricane Nicolas d’un ton narquois en se massant le front.

- Pas du tout !! Je…

- « Je » quoi ? Tu ne vas quand même pas me dire que tu es amoureuse de lui ?? s’insurge-t-il sur un ton presque dégoûté en me désignant, le bras tendu dans ma direction.

- BAH SI ! lâche Naty. Si… Je… Je l’aime.

Je suis scié. Mes yeux s’ouvrent en grand, mon cœur manque un battement. Les bras m’en tombent, je n’en crois pas mes oreilles. Elle se retourne alors vers moi et plonge son regard dans le mien, les yeux pétillants.

- Oui, je l’aime. D’un amour bien plus fort que je n’aurais pu l’imaginer. Un amour sincère et pur. Je suis folle de lui, je dirais même !

Puis, reportant son attention sur nos invités, elle ajoute avec un grand sourire :

- C’est l’homme de ma vie, je le sais désormais !

- C’est n’importe quoi… souffle Nicolas.

- Non, j’en suis certaine maintenant ! Ce n’est pas une amourette de passage, je n’y croyais pas non plus mais depuis le temps, je ne peux que me rendre à l’évidence !

Après un instant où tout le monde reste muet de stupeur, il prend une profonde inspiration en fermant les yeux, et finit par lui demander :

- « Depuis le temps » ? Parce que ça fait combien de temps ça dure exactement, cette mascarade ?

- Cela fait déjà plusieurs mois que nous nous fréquentons régulièrement, et personne ne s’en est aperçu. Pas même Claudio ! lui répond-t-elle avec un petit sourire moqueur en regardant son garde du corps d’un air bienveillant.

Le principal concerné se pince les lèvres et hausse les sourcils, puis baisse la tête, un peu honteux, alors que Nicolas se retourne pour lui jeter un regard mauvais et plein de reproches.

- Franchement je ne vois pas en quoi c’est un problème ! continue-t-elle. Après tout, cela n’a rien changé à mon comportement, ni dans mon travail… Si ? Moi je dirais qu’au contraire, notre relation m’a beaucoup aidé. Il m’a porté, même. Tu ne t’en es pas rendu compte, mais chaque fois que j’ai eu un coup de mou, un coup de stress, il était là. C’est grâce à lui que je me suis relevée, c’est lui qui me remotivait. Il m’a même fait réviser mes scripts ! Alors que je pensais à l’époque qu’il n’y avait que du sexe entre nous…

- Je ne veux pas savoir ! l’interrompt Nicolas d’un air scandalisé.

Natalia et moi pouffons d’un même rire, amusés par sa réaction à cette révélation plutôt intime. En m’entendant participer, elle se retourne vers moi en me lançant un regard tendre. Je lui fais un clin d’œil et elle me répond par un large sourire enjôleur.

- Bref, reprend-elle, à l’attention de son manager hébété. Aujourd’hui je peux l’avouer : je suis amoureuse de lui, oui. Complètement et totalement. J’ai bien tenté de me voiler la face, de me convaincre du contraire, de faire semblant que tout ceci n’était qu’une passade… Mais ce n’est décidément pas le cas, Nicolas ! J’ai besoin de lui au quotidien.

Il commence à ouvrir la bouche pour protester, mais Natalia le coupe dans son élan.

- Je sais que ça ne te plait pas, mais c’est comme ça ! Ça ne se contrôle pas, les sentiments. J’ai essayé de lutter, j’ai même inventé un bobard pour rompre alors que tout allait bien ! Mais ça n’a fait que conforter ce que je ressens réellement pour lui. Et je ne veux plus m’en cacher aujourd’hui. Je ne veux plus LE cacher ! Car je me fiche de son rang social, de sa condition, de son travail, de ses origines aussi modestes soient-elles… C’est l’homme que je veux à mes côtés chaque jour, c’est tout !

Elle se retourne et s’avance vers moi, attrape mes mains et plonge son regard dans le mien.

- Alex. Je suis vraiment désolée de t’avoir fait souffrir en provoquant notre rupture. Je sais aujourd’hui que je me suis trompée et que je ne peux refouler mes sentiments. Alors… Si tu veux encore de moi… Je t’aime. Et je ne veux plus jamais être séparée de toi.

Mon cœur chavire. Depuis le temps que j’attendais qu’elle me dise ça ! J’esquisse un sourire niais, probablement remplit d’une joie trop visible, car elle me sourit à son tour et passe sa main sur ma nuque pour m’amener jusqu’à ses lèvres si douces, qui m’ont tellement manquées.

Je suis si heureux, mon cœur bat la chamade, prêt à sortir de ma poitrine. Je la serre alors fort et la soulève légèrement pour sentir de nouveau son corps contre le mien, nos bouches toujours collées l’une à l’autre en un baiser passionné et profond. Un vrai téléfilm à l’eau de rose !

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