chapitre 3

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***Plus tard, au ranch.

« Joan, Joan, écoutez-moi !

Joan fuit, Joan ne veut rien entendre. Joan se bouche les oreilles. Joan ne veut plus souffrir. Joan a mal. Joan se protège.

-Henry, laissez-là, Henry, non, vous avez promis... Henry, laissez-là… » claironne Adam, cherchant à retenir le jeune époux qui n’a de cesse de vouloir s’expliquer.

Bien évidemment, Henry est entré dans le ranch, au moment où Joan revenait de sa promenade avec Ben. Ben l'a vu arriver et il lui a jeté un regard d'une noirceur indescriptible. Un regard vide, vide de compassion, un regard vide de compréhension. Un regard pas coutumier chez Ben Cartwright. Non, mais plutôt un regard lourd de menace, un regard accusateur. Il ne laisse pas Henry s'approcher, Adam non plus. Henry comprend maintenant qui sont les Cartwright : ce sont des loups qui chassent en meute, prêts à le déchiqueter ; il lit dans leur regard une détermination qu'il n'a jamais vu avant, chez aucun homme. Ces hommes sont prêts à en découdre pour l'honneur de la jeune femme. Il l'a senti : malgré leur bonne éducation, ils sont capables de l'étendre au sol si jamais il envisage de forcer le passage. Hoss a le regard mauvais et Joe n'est pas du genre à se laisser intimider. Il en a 4 devant lui et il ne se sent pas de taille. Qu'est-ce qu'il a comme arme; le pauvre avocat ? Des mots, des mots face à quatre statues de granit imperturbables. Ils ont des yeux inquiétants, les yeux d'un fauve. Des yeux cernés de noir, des yeux de représailles; des yeux durs prêts à faire la guerre. Des yeux pas farouches; des yeux démoniaques; des yeux qui percent; des yeux qui font vaciller. Et les voilà qui s'approchent tous les quatre, les voilà prêts à l'encercler; prêts à fondre sur lui. Il connaît l'instinct du chasseur, mais il se retrouve proie et cela le fait chanceler.

« Bien, comme je vous l'ai promis, Adam, je n'insiste pas... » Henry remonte en voiture et quitte Ponderosa. Ben entre dans le ranch , il soutient Joan plus pâle que jamais.

***Un peu plus tard

ma chérie Puisque je ne peux pas me présenter à vos yeux, je choisis d'aller vers vous ainsi. Je sais que tout m'accuse, je veux bien croire que mon nom figure sur ce document, Adam l'a vu. Je ne nie pas. Je veux vous faire part de mes sentiments, c'est tout. Au nom de l'amour que je vous porte, ma douce amie, je vous fais la promesse que je n'ai épousé aucune autre personne à part vous. Je n'ai pas fait de doux serments à une autre que vous. J'ignore qui , mais je sens que quelqu'un veut nous nuire. Et ce quelqu'un est parvenu à ses fins. La raison ? Je l'ignore également. Je suis malheureux, non de mon propre sort, non, je suis malheureux parce que vous souffrez à cause de moi. Je m'étais juré de ne jamais faire de mal à un individu , qui plus est une femme. Et je trahis ainsi ma promesse. J'ai l'éthique et la probité de ma profession, j'ai prêté serment de respecter la vérité et de toujours la défendre. Je continue. Mais je ne pensais pas devoir lutter pour défendre ma vérité, mon honneur et mon intégrité. Maintenant, ma chérie, la décision vous revient. Je saurai m'effacer de votre vie si vous l'exigez. Mais Joan, comme cette missive est sous le sceau de la sincérité, je vous avoue que je quitterai votre vie avec un déchirement au coeur. Je sais au fond de moi que je ne suis pas cet être ignoble, cet être abject que tous vous voyez. Je ne peux pas plaider ma cause auprès de vous et auprès de vos amis; et c'est ce qui me chagrine. Je ne suis pas homme à pleurnicher à vos genoux; je serai digne ; et je ne vous offenserai pas davantage. »

Puis Henry repose son porte-plume sur son secrétaire et souffle sur la lampe avant d’aller s’allonger, même s’il sait d’avance que de repos il n’en aura point.

***à Ponderosa

« Ben, je ne sais plus. Je ne sais pas si je dois croire l'homme de ma vie. Si ce n'était que des « on dits; ou des bruits mal...mal...malfaits.. non, je veux dire malfaisants; je n'y aurai même pas fait attention, mais il y a ce fichu papier.

- Ce papier comme vous dites, n'est qu'un papier... Même s'il y a le nom de votre mari dessus...

- Mais Ben, pourquoi me dire cela maintenant. Je vous ai vu tout à l'heure. J'ai vu vos yeux, vous étiez tout sauf compatissant envers Henry... Vous le croyez coupable; n'est-ce pas ?

- Tout d'abord, j'ai réagi comme vous , parce que j'ai vu le certificat...

- Et maintenant ?

- Maintenant , je vous dis ceci car je pense à Henry...

- à Henry, comment cela ?

- Oui je pense à votre mari, à ce qu'il est, à ce qu'il m'a dit. Je me souviens de ces paroles, « Moi-même, je ne croyais pas pouvoir prétendre à un tel bonheur. Joan est une épouse merveilleuse; une compagne parfaite. » Voilà ce que j'ai entendu dans sa bouche, et croyez-moi il était sincère quand il disait cela.

- Benjamin, je devrai vous maudire; vous m'embrouillez l'esprit... »

Joan marche dans la pièce et finit par tourner le dos à Ben. Ben reste campé sur place; assis sur le coin du bureau, le regard tourné vers Joan.

- Non, je vous livre mon sentiment; et je ne crois pas me tromper, vous avez le même sentiment que moi, n'est-ce pas ? »

Il se lève et marche vers elle. Il pose sa main sur l'épaule de la jeune femme et doucement, l'oblige à se retourner :

- regardez-moi Joan... Pourriez-vous me dire, les yeux dans les yeux, que vous persistez à condamner votre époux?

- Ne me demandez-pas cela, Ben...

- Je vous le demande..

Joan lève vers lui ses yeux embués et d'une voix étranglée ; répond à la question par une phrase laconique..

- Je ne sais plus....

- Il vous faut du temps Joan... Petit à petit, vous en viendrez à vous poser les vrais questions . Sait-il mentir, l'homme que vous avez épousé ? A t-il fait des projets pour vous ? Est-ce que cela vaut le coup de l'oublier ? Est-il un criminel ? »

A ces mots, elle sursaute... et lui lance un regard plein de reproches.

« Vous y allez fort ? - Vous croyez ? Si vraiment vous le jugez coupable, mes mots ne seront jamais aussi forts que ceux que vous lui adresserez, n'est-ce pas ?

- Ben, vous êtes agaçant... Pourquoi avez-vous toujours les bons arguments ?

- Et vous, pourquoi montez-vous sur vos grands-chevaux pour défendre un gougeât, un malotru, un menteur...

- Ben, je vous interdis...

- Merci Joan de m'avoir arrêté...

- Je vous demande pardon ?

- Je dis Merci de m'avoir arrêté... Dites , rappelez- moi quel est le mot qui vous a fait réagir ?

- Je ne sais plus !

- Joan, allons !" Il élève un peu la voix, fermement.

- Bon , vous avez gagné.. Oui, je le reconnais, je n'ai pas accepté que vous traitiez mon mari de menteur.

- C'est pourtant ce qu'il est ? A moins que vous ne consentiez enfin à prendre ce papier pour ce qu'il est, c'est à dire un bout de papier. Et que vous acceptiez de faire confiance à Henry...

- Benjamin Cartwright, vous êtes impossible... Vous savez mener votre barque.. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi entêté...

- Et encore, vous n'avez pas idée à quel point je peux l'être…"

Ben se rend compte de ce qu'il vient de dire. Il ferme les yeux, esquisse une mimique amusée et passe sa main dans ses cheveux.

"bien sûr que si je le sais, Benjamin.. Quand vous avez décidé quelque chose, le monde entier se tait et vous obéit. D'une façon ou d'une autre; vous parvenez à vos fins ! »

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