chapitre 16

6 minutes de lecture

***ranch de Ponderosa déjeuner. Ben est maintenant à table avec deux de ses trois fils et Joan. Hop Sing apporte sur la table une grande marmite de laquelle s'échappe un délicieux fumet.

"Hop Sing , qu'est-ce que vous nous avez préparé ?" demande Joan d'un air gourmand.

"Hop Sing avoil plépalé Poule au pot, lecette flançaise que Missis Caltwlight avoil lamené de beau pays à elle."

- Et qu'y a-t-il dans cette petite merveille ?

- Calotte, navet, lutabaga, céleli, oignon, des clous de gilofe, des poileaux, du sel, du poivle et j'ai ajouté du liz.

- Hop Sing, vous nous gâtez, ça sent tellement bon."

Joan a les yeux qui brillent. Et bien vite, plus un mot à table, seules les machoires et les papilles sont entrées en action. Soudain la paix du repas est troublée par une cascade de petits cailloux qui viennent frapper les petites vitres de la fenêtre située au-dessus du bureau de Ben Cartwright.

"Mais enfin, qu'est-ce que c'est ? C'est un peu fort tout de même." Ben , Hoss et Joe se précipitent dehors, juste le temps de prendre les colts à la main. Dehors une surprise de taille les attend : un jeune gars leur fait face, revolver fumant à la main. Hoss, Joe et Ben pointent leurs armes.

"Lâche-ça , fiston."

Le gars tourne la tête, lance à Ben Cartwright un regard de défi, mais n'obtempère pas.

"Ne fais pas d'ânerie, lâche-ça", lance Ben de sa voix grave, tout en avançant vers le jeune gamin. "Lâche-ça".

L'instant d'après, Ben se précipite sur le gamin et le désarme brutalement . Il le mène manu-militari dans la grange, en le maintenant par le col de son blouson et le fond de son pantalon. Il le pousse et l'assoit de force sur une botte de paille. Puis il se campe devant lui, jambes écartées; bras sur les hanches, mâchoire crispée et yeux noirs de colère :

"Maintenant, jeune homme, tu vas t'expliquer. Et tu as plutôt intérêt à ce que ce soit une bonne explication.

- désolé"; murmure-t-il les yeux plantés au sol.

"hey, lève les yeux, et regarde moi quand tu me parles".

Doucement, il se redresse et ose croiser le regard de celui qui est en train de l'incendier;

"Désolé patron, je ne voulais pas", murmure-t-il d'une petite voix.

"Tu ne voulais pas ? Tu ne voulais pas ?"

Oh oh, ce n'est jamais bon signe quand le grand Benjamin Cartwright commence à répéter les phrases...

"C'était stupide, je sais que j'aurai pas dû faire ça.

- Non, je te confirme; tu n'aurais pas dû faire ça. Alors, tu m'expliques maintenant.

-Et bien, disons que j'ai perdu la tête; et …

- Oui, c'est un bon début. Poursuivons."

Ben enlève les mains de ses hanches et croise ses bras bien haut , sur sa poitrine.

"J'ai une petite amie, c'est Daisy Maccain. On s'entend plutôt bien elle et moi, mais hier soir , je ne sais pas pourquoi, ça a cassé entre elle et moi. Et...

- Et alors ?

- Alors je crois que j'ai un peu noyé mon chagrin dans du mauvais whisky.

- Juste un peu ? Tu empestes le whisky, gamin. Et donc ça t'a pris l'envie de faire un carton dans nos volets; c'est ça ?

- Oui, euh non, j'ai fait ça sans réfléchir.

- ça je ne te le fais pas dire. Sans réfléchir, c'est un fait. C'est malheureux à ton âge, d'avoir si peu de jugeotte. Je vais t'épargner le sermon sur les risques que tu nous as fait courir. Je crois que tu as l'esprit trop embrumé pour te rendre compte de ce que tu as fait.

- Monsieur Cartwright, je sais que j'ai fait une connerie; pardon. Je regrette. Mais je suis devenu fou quand elle m'a dit qu'elle me quittait.

- Alors réfléchissons ensemble, tu veux bien ? Tu travailles pour moi, n'est-ce pas ?

- Oui Monsieur Cartwright.

- Que crois-tu que je doive faire à cet instant ?

- Me virer , je suppose.

- Pas bête; en effet. As-tu un endroit où crécher ?

-Bah, non, pas vraiment.

-As-tu de la famille, ici ?

- Ben non, le père, il est sûrement mort à cette heure, et la mère, elle trime dans un saloon du côté de San Francisco et.

- Et ?

- Ben disons, que j'ai l'impression d'avoir trouvé ici comme qui dirait une famille et puis aussi un toit. J'espère ne pas vous manquer de respect, Mr Cartwright, en disant ceci. Surtout après ce que j'ai fait."

Troisième changement de position pour Ben : après les mains sur les hanches, après les bras croisés; le voilà qui écarte les bras et entoure le garçon en un geste paternaliste.

"Tu n'es pas irrespectueux, fiston, tu as fait une bêtise, c'est vrai, mais tu as le courage de reconnaître tes erreurs. Là où je te rejoins, c'est que tu as, effectivement, ici une famille; considère-toi ici comme chez toi.

- Merci monsieur Cartwright.

- De rien, pour moi, l'incident est clos. Alors non, je ne vais pas te virer, ça pourrait te donner la possibilité d'aller te torcher encore une fois. Tu vas rester ici , à mon service; comme un de mes fils.

- Oh merci Monsieur Car...

- Ne m'interrompt pas, fiston, je n'ai pas fini. Je disais donc, je te garde ici comme homme à tout faire. Mais , et je dis bien Mais, JE NE VEUX PLUS JAMAIS TE VOIR AGIR DE LA SORTE.... TU M'AS BIEN COMPRIS.

- oooui, sir."

Ben a dû lui exploser le tympan, car il lui a hurlé la dernière phrase. Le jeune garçon en chancelle encore.

"Il n'y aura pas de deuxième chance, tiens-toi le pour dit.

- Bien monsieur.

- Bon, maintenant, passons à autre chose. Nous avons quelques comptes à régler, toi et moi ?"

Mine inquiète du principal intéressé.

"des c...c....comptes à régler, vous dîtes ?

- Oui, tout à fait, des comptes à régler. Tu n'espérais quand même pas t'en tirer comme ça; hein ? Sacripan. Tu as bousillé les carreaux de la fenêtre, je pense que la boiserie a dû ramasser et je ne te dirai pas à combien se chiffre la menace et les dangers que tu nous as fait courir. Alors, je pense qu'une sanction s'impose.

- Bien, tout ce que vous voudrez; monsieur Cartwright. Je pense avoir mérité ce que vous déciderez de m'infliger.

- Tu es un bon gars. Alors commençons par l'aspect matériel: je me vois obligé de retenir sur ton salaire de quoi payer les dégâts que TU as causés. Et en ce qui concerne l'aspect « moral » de l'acte, je vais te coller des travaux d'intérêts généraux; des corvées si tu préfères.

- C'est en effet plus clair ainsi.

- Ces corvées prennent effet maintenant, et sont à durée indéterminée.

- Bien m'sieur.

- Ah j'oubliais, je t'ai dis tout à l'heure que tu pouvais te considérer comme un de mes fils, je maintiens ce que j'ai dis, et je vais t'en donner la preuve dès maintenant. Vois-tu, mes fils ont , en plus du sermon et des corvées; une assignation à résidence, c'est à dire qu'ils sont cloués au ranch pour un certain temps, pour ne pas dire un temps certain. Ton périmètre se résume à ton bloc, le cabinet d'aisance et la grange, c'est bien compris ?

- Yes sir.

- Bien, tu peux disposer."

Le jeune contrit s'efface et se dirige vers la sortie de la grange quand il a la désagréable surprise de recevoir un violent coup sur le postérieur !

"Et ça, c'est pour t'enlever tout envie de recommencer. Tu fais partie de la famille, fiston."

Le « fiston » lance un sourire crispé à son patron et quitte la grange en se frottant le bas des reins. Décidément ce M'sieur Cartwright a des arguments de choc et aussi un coeur en or; pas certain qu'un autre se serait montré aussi indulgent.. A y regarder de plus près, d'autres auraient pu tout aussi bien prévenir le shériff et déposer une plainte ou pire, l'abattre sans aucune sommation. Finalement, il s'est sort bien : un bleu au coeur, une claque sur les fesses ; et des ampoules et des crampes en perspective, mais il a toujours un toit, un revenu, certes amputé, mais un revenu quand même et des gens qui tiennent à lui.

***au ranch , vers 16h

"Adam n'est pas encore rentré; c'est étrange, fort étrange. Je n'aime pas trop ça. Il devrait être là depuis un petit bout de temps."

Ben est sur le porche, les mains dans les poches; faisant les cent pas devant la porte; les yeux incessamment cloués vers le lointain, vers la piste qui fait le tour de la grange.. Rien, rien, rien, les minutes passent. Le jour décline, l'après-midi s'est passé tranquillement : il a accompli cent et une petites tâches, il a consigné par écrit toutes les corvées destinées à Corvet; son jeune rancher coupable et enfin il a emmené Joan faire une balade en buggy sur les bords du lac.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire muriel Maubec ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0