chapitre 19

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******dans le saloon. Joan a posé sa tête sur la poitrine de Henry. Elle pleure doucement, elle lui caresse la main. Elle voudrait être plus proche de lui encore, pour lui donner un peu de sa vie à elle. Elle murmure à son oreille de douces paroles. L'entend-il seulement ? Les mots parviennent-ils jusqu'à lui ? Il semble si loin déjà. Est-il en train de partir ? Est-il en train de lutter contre la fièvre, contre l'infection, une lutte en silence , en solitaire; une lutte interne ? Ou bien a-t-il renoncé et attend-il sur le pas de la porte de son Créateur ?

"Docteur, docteur, venez vite; il se réveille.

Joan s'est précipité sur le rideau, sitôt qu'elle a senti dans sa main, que les doigts du blessé se crispaient.

Paul arrive, et prend le pouls de son patient. Examine ses pupilles. Ecoute la respiration.

- Il semble qu'il se réveille, effectivement. Le laudanum aura cessé de faire effet.

- Qu'allez-vous faire , docteur ?

- Cela dépend de lui. S'il s'agite, il risque de rouvrir la plaie, je serai obligé de l'endormir à nouveau.Voyons s'il nous entend... Mr Dexter, Mr Dexter ; m'entendez-vous ?

Pas de réponse... Mais un léger mouvement de tête... Henry ouvre les yeux, essaie de bouger la tête, les doigts.

- Doucement, mr Dexter. ¨Pas de mouvements brusques. Est-ce que vous avez mal ?

- Oireeeeeeeeeeee, dit-il d'un filet de voix.

- Pas maintenant, monsieur.

Paul humecte un linge et le tend à Joan.

- Je peux ?

- Oui, mouillez lui les lèvres. »

Tendrement Joan fait ce que lui a conseillé le docteur. Henry pose sa main sur celle de Joan, la main droite, celle à laquelle brille l'anneau.

"Oui c'est moi. Restez calme; mon ami... ça va aller...Vous ne devez pas vous agiter.

- Le bra-ccce.....bracc.... Il il ….. March...don avait le bra... » Il ne termine pas sa phrase...

- Il faut qu'il arrête de parler, le moindre effort le fatigue. Il faut lui redonner le sang qu'il a perdu, sans quoi il ne pourra se remettre. Je vais tenter de lui en redonner.

- Vous pouvez faire ça, docteur ? lui demande Joan.

- Oui, on a pu démontrer qu'un animal affaibli par une perte de sang peut être ranimé par une injection de sang. Donc on peut envisager la même chose pour l'être humain. On sait maintenant que le sang transporte quelque chose d'indispensable à la vie : l'oxygène.

- Et cela va sauver mon époux ?

- Joan vous devez savoir que ce que je vais faire n'est pas sans risque. Votre mari peut mourir. Nous ne savons pas l'expliquer, mais certains patients se rétablissent et d'autres meurent. Ainsi un médecin français a sauvé un jeune garçon d'une quinzaine d'année atteint d'une fièvre. Il lui a injecté neuf onces de sang artériel d'agneau. Le patient, suivant le récit, guérit aussitôt de façon définitive. Paul prépare son matériel.

****dans le bureau du shériff Le temps donne l'impression d'être suspendu. On n'entend plus que le cliquetis de la pendule qui égraine les secondes. Il est 19h00. Adam, près de la fenêtre, fixe le bout de ses bottes et jette de temps en temps un oeil vers la porte fermée qui le sépare de Marchildon.... Ben Cartwright est assis en face de Roy et de son assistant …. Sur la table, le couteau que personne n'a lavé; le bracelet et quelques billets verts...

"C'est ce qu'il avait dans ses poches... lance Dayve…

- Rien d'autre, pas de papier, pas de notes ?

- Non Ben, qu'espérais-tu ?

- une lettre, un mot griffonné avec lequel on aurait pu comparer l'écriture de la lettre qui accompagnait le certificat que Joan a reçu…

- A quoi tu penses, pa ?

- Joe, j'ai dans l'idée que Edmond a joué un rôle dans cette affaire, bien avant de planter son couteau dans le ventre de Henry. Plus j'y pense et plus je trouve que cela se tient.... Roy, tu veux bien me laisser lui parler ?

- Oui Ben, tu es son employeur, après tout…

- Oui, je le suis en effet... Je suis l'employeur d'un assassin, peut-être d'un faussaire et d'un double assassin... Dur à encaisser…

- Pa, tu n'as rien à te reprocher.... Dans ce cas là, je suis aussi blâmer, c'est moi qui l'ai recruté....ajoute Adam.…

- Oui pa, Adam a raison... Personne ne pouvait se méfier.... C'est un bosseur capable d'abattre une quantité incroyable de travail; on n'a pas cherché midi à quatorze heures....

Ben se lève, va vers son fils aîné et lui touche l'épaule...Puis il se dirige vers la porte. Il pose la main sur la poignée, il l'abaisse, ouvre et entre dans la pièce, dans laquelle deux cellules aux lourdes barreaux attirent le regard.. Celle de gauche est vide; une couverture marron est pliée sur la couchette... Edmond occupe celle de droite.... Voyant Ben Cartwright entrer, il se lève et colle ses mains contre les barreaux.…

- Mr Cartwright père en personne.... z'vous aurai bien fait eintrer, mais l'autre a barré la porte.... dit-il avec un rire gras qui n'est pas du goût de Ben…

- Assez, taisez-vous.... J'ai une question à vous poser, et je veux une réponse.... Savez-vous écrire ?

- Ouais, pis astheure faut y que je vous fasse vot courrier, patron ?

- Fermez-la..... Vous allez juste écrire ceci; « Moi Edmond Marchildon, déclare ne plus être au service de Benjamin Cartwright...Vous datez et vous signez.... » Et Ben lui tend un crayon de bois et une feuille. Il n'y a pas à discuter. Ben lui décoche un regard noir, plus noir que le cuir de ses bottes. L'autre lui arrache la feuille des mains ainsi que le crayon et s'asseoit sur sa couchette....;

- j'sais pas si ça va être ben lisable..…

- Si c'est pas « lisable » comme tu dis, tu recommenceras…’

Ben s'accomode du langage de son ancien rancher.... Il attend, bras croisés haut sur la poitrine, visage fermé; les lèvres pincées....

- pis t'en as pas marre de poireauter, comme ça ?

- J'ai tout mon temps; va…

- tu serais pas tenté d'aller voir l'autre; i me semble à moi qu'aurait mieux fait de se calmer le pompon.... le petit gars.... Faut dire qu'il a du guts, quand même... C'est ben d 'valeur qu'il a buté contre la lame de mon belt knife.... » T

out en disant ça, le monstre mime le geste d'un pauvre gars venant s'empaler sur la lame d'un couteau.... Mais Ben tourne le dos, après avoir récupéré la feuille de papier... Ben sait trop bien que le gars veut le provoquer, il n'attend que ça; voir son patron perdre son calme et lui défoncer la face... Mais Ben n'est pas ce genre d'homme.. Quand bien même il en meurt d'envie, il ne le montre pas et s'appuyant sur sa force intérieur et son intelligence supérieure, il ne s'abaisse pas à porter la main sur le gars qui le nargue pourtant...

- On verra bien si t'en aura toi, du guts ou du cran quand le juge te fera lecture de ta condamnation pour homicide, l'ami.... Sur ce...… » Et Ben tourne les talons. Du coup, l'autre explose :

- vendu, pourri , péteux de broue; j'te casserai ben la yeule..…

- Casse-toi les poings sur les barreaux, pour l'instant.. Tu réserveras tes insultes pour celui qui te passera la corde au cou... »

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