Chapitre 28
***Des cris attirent leur attention. venant du saloon.
"Une bagarre; à tous les coups. »
A ce moment, la vitrine explose. Une chaise vient d'être lancée au travers des carreaux. La boiserie explose, le verre s'amoncelle sur le sol au milieu des débris de chaises et de quelques bouteilles qui ont suivi la trajectoire de la chaise de bois et de paille.
Ben se retourne, fourre son noeud dans sa poche et s'apprête à courir vers le saloon... Joan tente de le retenir..
- Non Benjamin, n'y allez pas...
- Joan,
- Je ne veux pas, Benjamin, vous risquez de prendre un mauvais coup. Je ne supporterai pas de vous perdre.
- Tout ira bien, soyez tranquille. Je veux juste m'assurer que les garçons n'y sont pas mêlés.
- Oh , allons, mais à quoi pensez-vous, Benjamin.
- Mais à rien, mais entre Corvet qui est un peu chatouilleux de la gâchette et mon plus jeune fils qui est encore plus susceptible; j'ai toutes les raisons de m'inquiéter. Ma chère Joan, allez prévenir le shérif.
- Mais Benja...
- Ne discutez pas Joan, faites ce que je vous dis. Il n'y a pas une minute à perdre. »
Ben part au pas de charge , direction l'hôtel, il passe par l'escalier extérieur qui mène directement aux chambres. Il ne lui faut pas plus de cinq minutes pour récupérer son colt et redescendre les marches quatre en quatre. Il finit de boucler son ceinturon en bas et file vers le saloon. L'écho de la bagarre augmente; il perçoit des voix qui s'entremêlent dans le vacarme.
"Barney, tu vas me le payer."
Un solide gars, chemise à carreaux , jeans noirs et foulard marron autour de cou se retrouve affalé par terre, après être passé par les portes battantes, la tête la première. Il se relève à quatre pattes, secoue la tête et tente de se remettre sur ses pieds.
"Ouh là ; qu'est-ce que j'ai pris. »
Ben est auprès de lui et lui tend la main. Le gars accepte l'aide.
« Oh vieux, ça va aller," demande Ben Cartwright.
- Ouais; rien de cassé. J'y retourne.
- Minute l'ami. Peux-tu me dire qui est à l'origine de la bagarre ? Pas un petit gars fluet , j'espère ?
- Non, si, euh non, j'crois pas. En fait, j'sais pas trop. ça a commencé, ben, tiens, j'sais plus trop comment ! » Tandis que le type se gratte l'arrière du crâne, Ben commente son bavardage imprécis par un haussement d'épaules et se tourne vers le saloon. Il a juste le temps de s'écarter; un autre type sort mordre la poussière.
- Et au suivant de ses messieurs.
Bon sang, la voix de. Le sang de Ben ne fait qu'un tour. Il va entendre causer du pays, c'est sûr. Ben plonge dans la mêlée.
"ADAM , ARRETE TOUT DE SUITE.
-
-ADAMMMMMMMMMMMMMM"
Ben attrape son aîné par le coltard et le repousse en arrière.
"Pa, c'est pas ce que tu crois.
- SUFFIT, ADAM. JE CROIS CE QUE JE VOIS.
- Mais enfin, arrête. Laisse-moi t'expliquer.
- NON, TU TE TAIS. Où sont tes frères; et où est Corvet ?
- Hoss doit être. Tiens le voilà.
- Où ?
- En-dessous du gros lard. Oui on voit pas bien. Attends, voilà, regarde, c'est Hoss. »
Hoss qui vient d'envoyer valdinguer son lourd chargement. Le type fait un sacré beau vol plané et atterrit sur une table de jeu. Les cartes, les pions et les verres de bière voltigent dans la grande salle.
- Hors d'ici ou je t'écrase ,
- MOI ? Tu me prends pour un cafard ? On va bien voir qui va écraser l'autre. »
Hoss se retourne et envoie son coude dans le pif de l'insolent .
- On va bien voir qui va l'avoir le cafard maintenant.
- HEY MAIS QU'EST-CE QUI VOUS PREND. - Ah manquait plus que lui, lance un des gars qui tient encore debout ! »
Roy Coffee vient d'entrer dans le saloon. Il enjambe le type qui fait carpette après avoir été secoué par le Hercule de la famille Cartwright.
- Otez-vous de là, vous; lance-t-il d'une voix forte.
La bagarre cesse, les chapeaux mettent un peu de temps à retrouver la tête de leur propriétaire. Roy chasse ceux qui vivent hors de la ville.
- EN SELLE MESSIEURS. DU BALAI... VOS FEMMES VOUS ATTENDENT. ALLEZ DISPARAISSEZ.
En un court instant, le saloon se vide, quelques uns rejoindront l'hôtel ou quelques piaules ou une grange.
- Bon, on y voit un peu plus clair. Ben, merci de m'avoir fait prévenir. Je hais ces procès qui ramènent toute la racaille et toute la viande saoule dans notre ville. J'ai pas que ça à faire, moi.
- Et Joan, où est-elle ?
- Elle est rentrée à l'hôtel.
- J'espère qu'elle fera pas de mauvaise rencontre.
- Non, elle est déjà à l'abri, ne te tracasse pas.
- Je vais moi aussi me rentrer. HOSS ADAM, ON Y VA . J'AI DEUX MOTS A VOUS DIRE. »
Hoss rapplique ;
- Pa, tu vas quand même pas imaginer qu'on y est allé par plaisir. Adam, tu lui as dit j'espère.
- ME DIRE QUOI ?
- Cher frangin, je n'ai rien eu le temps d'expliquer , vois-tu.
- PA, j't'assure qu'on n'y est pour rien.
- ON VA EN REPARLER; Où est Joe ?
- Il a fait dégager Corvet, ils sont sortis tous les deux par derrière.
- Je suis sensé gober ça ?
- Pa, c'est la vérité. Joe a emmené Corvet.
- Et bien tu vois, Ben, tout arrive. Ton Joe a pris du plomb dans la cervelle ; il a enfin compris qu'il était dans son intérêt de se tenir à l'écart des bastons.
- aussi miraculeux que cela puisse paraître, je dois reconnaître que je ne pensais pas voir ça un jour ! - Comme quoi, tout arrive; Ben.
- Oui, tout arrive. Et du coup ce sont mes deux grands dadais qui se mettent à distribuer les châtaignes.
- Hey, pa; c'est logique après les champig... »
Adam ne finit pas sa phrase; son père lui a lancé un de ses regards en coin, qui le fait se recroqueviller un peu plus dans le coin du mur. Ben le fixe, les yeux mi-clos ; noirs et lançant des éclairs. Puis il cligne une fois des yeux et poursuit sa petite discussion avec Roy.
- J'ai hâte que ce satané procès se termine. On retrouvera tous un peu de paix et c'est pas moi qui m'en plaindrais.
- C'est pesant ; c'est certain.
- Ben oui, surtout que je n'ai pas que ça à faire. La population a besoin de moi, tiens; tout à l'heure, la petite Amy Cunnigham est venu me trouver en pleurs. Sa grand-mère ne répondait pas .Elle avait fait une chute derrière chez elle, et ne parvenait pas à se relever.
- Et comment va-t-elle ?
- Rien de cassé. Quelques égratignures. Elle a vu Paul et maintenant, elle se repose chez son fils et sa belle-fille. Bon je m'en retourne; la nuit va être longue, je le sens.
- à plus tard, Roy.
- Bonne nuit, Ben, bonne nuit les garçons.
***dans la rue
- Vous me décevez beaucoup tous les deux; vraiment
- Non mais c'est un peu fort; ça quand même. Tu te rends compte, Hoss; il ne nous croit pas.
- Non IL ne vous croit pas.
- Mais Pa, tu nous crois assez stupides pour aller déclencher une bagarre au saloon ? Hoss et moi, on a essayé d'intervenir quand on a vu que ça tournait au vinaigre …
- C'est bien vrai Hoss, c'est bien comme ça que ça s'est déroulé ?
- Oui pa. Bon je reconnais que les faits ne plaident pas en notre faveur. Après-tout, j'étais bien mêlé à la bagarre quand tu es entré. Mais c'était pour faire le ménage, rien de plus.
- Aucun de vous quatre n'a provoqué ce pugilat débile ?
- Non pa. Je te promets que nous n'y sommes pour rien.
- Et toi Adam ?
- Purée mais c'est pas vrai. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? La confiance règne; vin zou.
- Bon bon t'énerve pas; Très bien, excusez-moi les garçons. J'ai eu tort. Je vous prie de bien vouloir m'excuser.
- Encore une fois , c'est tellement bon. AIE.
- ça t'apprendra à manquer de respect à ton père. T'as beau avoir 27 ans et de grandes jambes, ça ne met pas ton matricule à l'abri d'une rencontre fâcheuse avec mon 44.
- Je vois ça Pa. T'es super souple, quand même.
- Et oui , tu vois, ton vieux débris de père peut encore lever la jambe pour te mettre son pied aux fesses. Non mais. Tiens-toi le pour dit.
- Si je venais à l'oublier, mon cerveau coccyxien se chargerait de me le rappeler. Il a gardé en mémoire l'empreinte de ta main et de ta botte.
- Tu m'en vois ravi fils. Allez en route mauvaise troupe. Le lit nous attend tous.
- HEY , Hého … »
La voix de Joe vient couvrir les éclats de rire de Hoss et d'Adam...
- Ah voilà le dernier de mes fils. Viens voir, j'ai quelque chose à te dire, toi.
- Mais Pa, j'ai rien fait. Hey, Hoss; Adam; vous lui avez pas dit
- Dit quoi ?
- Ben vous savez bien, quoi. Que j'ai emmené Corvet dès que ça a commencé à faire vilain ! »
Ben se rapproche de son fils; Joe n'en mène pas large. Ben se rapproche encore. Joe voit déjà briller les yeux de son père, deux billes noires perçantes. Ben pose ses deux mains sur les épaules de son fils , avec tout le poids de son charisme et de sa prestance. Joe plie un peu les genoux. Ben continue de fixer son fils. Joe déglutit avec difficulté. Ben intensifie son geste, quelle poigne. Joe se prépare mentalement à l'engueulade qui va suivre. Ben secoue son fils et daigne enfin ouvrir la bouche.
- Joe, je suis on ne peut plus fier de toi. Voilà si longtemps que j'attendais ça. Tu viens de me faire le plus cadeau.
- Heu pa, tu sais, j'ai rien fait d'exceptionnel.
- Rien d'exceptionnel ? Te tenir à l'écart d'une bagarre ; tu appelles ça rien d'exceptionnel; mais pour moi, c'est quasi miraculeux.
- Oh ben si tu le dis."
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