[Chapitre V 1/2 ] Nouvelles épreuves

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- Qu’est-ce que vous fichez là ? Vous avez trois secondes pour vous expliquer avant que je vous balance au premier zombie qui passe !

- Tu n’en auras jamais le courage… je te connais depuis que t’es gosse et t’as toujours été un lâche. Tu te cachais derrière le cul des profs quand t’avais un souci, répondit sèchement l’un des hommes.

- Si tu penses que rien n’a changé, tu es encore plus con que je ne le pensais… Youssef.

 A l’évocation de son nom, ce dernier se mit à reculer. Je n’avais jamais oublié les gens qui avaient fait de ma scolarité une longue et agonisante descente aux enfers. Cet homme en faisait partie, malgré la faible importance de ses actes. Je regardais avec insistance nos trois envahisseurs. Youssef, la peau légèrement bronzée et la barbe naissante était vêtu d’un survêtement blanc parcouru par d’épaisses traces noires. Cette teinte était sans aucun doute issue du sang de l’une des créatures rôdant à l’extérieur. Ses deux acolytes portaient également des marques similaires sur les vêtements. Je me demandais ce qu’ils avaient traversés.

- Ecoute… on a nulle part où aller. Tu peux bien nous héberger... on parlera de l’école primaire, comme au bon vieux temps.

- Il n’y a jamais eu de bons moments avec toi, mec. Prend tes deux acolytes et partez ! Je me fiche de ce qui peut vous arriver.

- Tu ne me laisses pas le choix.

 Ces mots étaient sortis de la bouche de l’un des amis de Youssef. Lui qui était resté silencieux et impassible avait sorti un revolver de son pantalon et le pointait en direction de Clara, sous mon regard affligé et emplit de haine.

- Sois tu nous laisses crécher ici, soit on le fera avec vos deux cadavres en guise de décoration, tu piges ?

 Je fixais intensément ces trois ordures n’ayant pour seule envie que de les faire déguerpir mais seul et désarmé, je ne me voyais pas réussir ce tour de force. La sécurité de Clara m’importait plus que le reste et avec un tel choix, je n’eus d’autres alternatives que d’accepter tout en me promettant d’arriver à inverser la vapeur dès qu’un moment opportun se présenterait. Satisfait, les trois nouveaux pensionnaires restèrent entre eux jusqu’au moment où Youssef s’approcha à nouveau.

- Notre but n’était ni de faire peur à ta petite protégée ni d’en arriver à ça mais tu ne nous as pas laissé le choix.

- Vous m’avez laissé le choix peut-être ? rétorquai-je, sèchement.

- Je m’en moque et à vrai dire, tu ferais mieux de nous remercier.

- Tu dois blaguer, je me trompe ?

- Je suis très sérieux… tu ne te demandes pas comment nous avons fait pour entrer ?

 A cet instant, je me mis à réfléchir, aurais-je mal fermé la porte en partant explorer ? Je me rappelais, pourtant, avoir entendu ce clic significatif qui assurait la liaison électromagnétique et ainsi, de la bonne fermeture de la porte.

- Comment vous avez fait ? demandai-je, intrigué.

- C’est simple… on t’a repéré tout à l’heure alors que tu sortais de l’immeuble. A la base, on ne savait même pas qu’il restait des humains vivants par ici. On a essayé d’entrer par devant mais c’était inutile… Marco voulait tirer dans la vitre mais on l’a empêché. Il est impulsif mais sait vraiment bien se défendre, encore plus avec ce jouet. Bref, on est passé de l’autre côté et la porte de la cave, elle, était ouverte. On est entré par là… par contre, tu m’excuseras pour la porte de l’appartement mais il fallait qu’on survive un jour de plus.

- Pourquoi être venus ici alors qu’il y a des logements vides à chaque coin de rue ?

- Ta présence nous a montré que tu savais te débrouiller dans ce milieu… et qui dit être vivant, dit vivres… on partagera hein ?

- Crève !

- Tu veux que je prévienne Marco ?

 J’étais réellement coincé. Cette impuissance avait le don de me mettre les nerfs en pelote mais pour Clara et notre survie, je me contenais encore… jusqu’au moment opportun. La fin de journée approchait tandis que le calme avait été retrouvé au sein de cet appartement que je ne sentais plus mien. Youssef, Marco et Thomas restaient entre eux tandis que je restais avec Clara qui ne tarda pas à aller se coucher. Après m’être assuré de son endormissement, je m’approchais de la bande de brigands.

- Vous êtes conscients qu’avec cette porte détruite, il va falloir monter la garde ? Je n’avais pas ce souci avant mais puisque vous aimez tout détruire, vous allez surveiller.

 Les trois énergumènes me regardaient, sidérés. Marco n’avait pas sorti son arme et il n’y avait aucune protestation. Je refermais la porte de la chambre, les laissant s’organiser. En y réfléchissant une seconde, je pris la décision de ne pas m’endormir dans l’immédiat. J’avais peur des représailles de cet homme armé ou pire encore qu’ils n’honorent pas leur part du travail. Les accès à la montée avaient beau être sécurisés, je préférais rester prudent. En cette douce soirée, la lune était à la fois pleine et immense. De son aura blanchâtre, elle éclairait les environs avec une telle puissance que l’électricité urbaine n’était pas nécessaire. Nous n’avions plus de connexion, plus de télévision et plus de téléphone, par contre le courant fonctionnait toujours, ça me laissait songeur. En fixant les rues désertes, je pensais à la porte d’entrée qu’il faudrait tout de même réparer, seulement, laisser Clara seule avec ces types ne m’inspirait aucunement et, les connaissant, il m’apparaissait évident qu’aucun ne bougerait le petit doigt. La situation était pénible mais mes pensées furent distraites par un hurlement. Sur le terrain de jeu en bas de chez moi, l’une de ces créatures était apparue, fixant le vide. Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’à ce qu’apparaisse un groupe entier de zombies. De ma position, j’en comptais huit, hommes et femmes, jeunes et plus âgés. L’un d’eux tenait un chat par la queue. Celui-ci était en train de se débattre, griffant, mordant et miaulant pour tenter d’échapper à un destin peu enviable. Tout à coup, le zombie redressa le pauvre animal de façon à le tenir à l’horizontale. L’un de ses congénères approcha pour prendre le chat par les pattes avant puis d’un coup très sec, ils tirèrent le malheureux jusqu’à ce que la pression ne fasse son travail. Le chat se retrouva divisé en deux morceaux. Les zombies se partageaient le butin dans un bruit abominable, partagé entre mastication, cris et des bruits que je n’arrivais à comprendre, on aurait dit des gloussements, des ricanements. J’avais beau vivre en hauteur, le silence régnant amplifiait cette scène. Le sang et les tripes de la bête jonchaient le sol tandis que ces créatures s’éloignaient, aussi subitement qu’elles étaient apparus. Etaient-elles à court de viande humaine dans le quartier ? Ce ne serait guère étonnant, hormis Youssef, ses deux acolytes et Clara, je n’avais pas vu d’humain depuis des jours. Je regardais brièvement mon téléphone comme un vieux réflexe de la vie moderne. 24 Mai 2018… ça faisait déjà quatre jours que l’enfer s’était abattu avec toute sa force sur nos existences avec cette question qui me revenait en tête dès que j’étais seul. Jusqu’où s’étendait cette contamination ? Si je quittais la ville avec Clara, est-ce que cela suffisait à nous sauver ? Machinalement, je quittais la fenêtre et m’allongeait aux côtés d’une enfant qui, malgré ce déferlement de mort avait gardé son innocence. Je comptais lui faire garder, à n’importe quel prix.

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