[Chapitre VI 1/2] La fin de l'innocence
Je m’éveillais au cœur de la matinée, avec, à mes côtés une enfant que j’affectionnais plus à chaque nouveau jour en espérant de tout cœur que cette sortie soit le théâtre de nouvelles opportunités mais surtout que l’on puisse revenir en un seul morceau. Nos trois invités étaient également éveillés, c’était de bon augure car plus tôt cette expédition serait lancée, plus vite nous pourrions nous séparer d’eux. Après un bref temps de préparation, nous nous apprêtions à quitter l’appartement. Dehors, le vent secouait la région avec une violence inhabituelle, le ciel était très sombre et les hurlements de zombies retentissaient dans toutes les directions. Cette sortie me semblait bien trop dangereuse pour être exécutée.
- On devrait reporter la sortie, non ? demandai-je, peu rassuré.
- Non, on y va ! répondit sèchement Marco.
Son autorité n’avait d’égale que sa grande nervosité, lui aussi pouvait connaître ces sentiments, pensais-je alors.
- Ok, vous voyez la voiture grise garée sur la route en bas ? C’est celle de mon père, je compte jusqu’à trois et on court.
Tout le monde approuvait cette méthode, de toute façon, rien ne les feraient reculer et il était trop tard pour échafauder un autre plan.
- Un !
Le début du compte à rebours sonnait comme une inévitable avancée vers notre destin. La réussite ou la mort… L’idée de perdre Clara m’apparut très difficile à encaisser.
- Deux !
Nous nous apprêtions à entrer dans cette obscurité, elle qui semblait avoir un effet sur les zombies. A chacune de ses apparitions, ils répondaient présents. Je serrais très fort ma barre de fer… cinquante malheureux mètres, ça allait vite passer.
- Trois !
J’ouvris la porte sans forme de réflexion, nous courions tous comme des dératés tandis qu’un hurlement déchira le silence et nos tympans. L’une de ces créatures venait de nous repérer et se lança à notre poursuite. Une femme relativement jeune vêtue d’un jean largement déchiré sur le côté laissant apparaitre une marque sombre et étendue sur la cuisse. Pas de doutes, elle avait été mordue. Elle était suffisamment éloignée pour ne pas être une menace immédiate mais sa façon de se déplacer m’interpellait. Les quelques zombies que j’avais croisé depuis le début de ce cataclysme ne bougeaient que très peu, celle-ci en revanche s’était mise à quatre pattes et courait en notre direction. Pour ne pas prendre de risques inconsidérés, je montais à bord du véhicule. Marco avait chargé son arme car, à partir de cet instant, ma barre de fer était désuète. Nous fendions la route du quartier, écrasant par la même quelques zombies. Au volant, Alan semblait vouloir faire le ménage, prenant quelques largeurs poursuivant ainsi une série meurtrière face à laquelle, il semblait prendre un certain plaisir.
Pendant plusieurs minutes, nous traversions une zone résidentielle, située en contrebas du parc où j’avais l’habitude de me promener. Il avait beau être relativement grand, je me demandais comment est-ce que j’avais pu manquer un tel carnage. Nous roulions au ralenti, donnant à mon esprit suffisamment de temps pour réaliser qu’ici, les attaques avaient été bien plus brutales. Nombreux étaient les corps qui jonchaient le sol, complètement démembrés. Hommes, femmes, enfants et personnes âgés… aucune distinction n’avait été faite. Le chaos, l’odeur de pourriture, le sang, les viscères et les corps dévorés témoignaient d’une attaque rapide qui avait pris cette portion de la ville par surprise, ne laissant qu’un carnage inqualifiable. Je pouvais voir la nervosité de Marco gagner encore en intensité, il prenait de longues inspirations pour se calmer mais le manège ne trompait personne. J’étais également sous l’emprise d’un grand stress, l’absence totale de zombies sur un lieu aussi dévasté m’interpellait… Alan mit un coup d’accélérateur, nous faisant, par la même quitter ce lieu qui était autrefois un quartier résidentiel apprécié.
- On va bientôt arriver, préparez-vous ! lança Youssef.
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