Toi !
Toi qui t'es trouvé malin de me faire du mal parce que je n'avais pas le réflexe de te répondre. J'étais seule. Tu t'es allié à ton petit copain pour avoir davantage d'impact ? Ça, c'est un bonhomme, dites-moi ! Pendant des années, j'ai souffert quotidiennement de vos brimades, vos moqueries, votre méchanceté facile et cruelle d'adolescents. C'est vrai, pourquoi se priver quand on se sent plus fort à plusieurs ? As-tu seulement une vague idée des dégâts psychologiques que tu as pu causer à cette époque ?
Connais-tu la douleur de cette solitude qui pèse et qui t'enserre tous les jours un peu plus ? Te rends-tu compte que tes super potes te laisseront tomber et t'écraseront au moindre signe de faiblesse de ta part ? Quand j'y pense, tu dois le savoir beaucoup mieux que moi, sinon pourquoi t'évertuer à faire continuellement tes preuves devant ceux que tu prends pour tes amis ?
Après tout ce temps, tes brimades sont encore présentes à mon esprit. Elles me hantent malgré moi et ont gâché une partie de ma vie. Tes formidables amis font-ils toujours partie de ton entourage aujourd'hui ? Ou peut-être t'ont-ils piétiné sans peine quand tu ne leur as plus été d'aucune utilité ?
Parce que la vie, c'est ça aussi. Si tu choisis les mauvaises personnes, elles te jetteront un jour, après avoir plus ou moins joué avec toi. Tu les as probablement lassés ? Tu m'as abîmée, cassée, fragilisée, marquée, traumatisée, blessée. Les cicatrices sont bien là et je sais qu'elles ne s'effaceront jamais complètement.
Tu dois bien rire et ne pas te sentir concerné par les histoires de toutes ces victimes de harcèlement scolaire qui ont tellement souffert qu'elles ne sont plus parmi nous. Pourquoi leur avoir imposé cette maltraitance ? Était-ce un jeu ? Mais oui, c'est ça, tu l'as toujours présenté comme tel ! Un jeu ! Un jeu qui fait du mal, qui isole, qui rabaisse, qui martyrise...
As-tu si peur que ça de t'affirmer en tant qu'individu que tu as préféré prendre part à cette violence collective ? Penses-tu que la place que tu te fais de cette façon est la plus durable ? Penses-tu réellement que c'est efficace ? Qu'as-tu de plus aujourd'hui ? Tu ne dois même pas le savoir. Je vais te le dire. Tu as la vie. La vie que j'avais moi-même rejetée tellement j'étais désemparée à cause de toi.
Tu peux faire des projets, embrasser tes parents, tes enfants, profiter du soleil, rire, danser, t'exprimer comme bon te semble, avoir un travail, profiter de l'existence, en somme ! Tu n'admettras jamais rien. Tu nieras jusqu'au bout. C'était une blague, selon toi. Alors maintenant, on peut justifier une des pires violences psychologiques en la présentant comme une blague ?
Ouvre les yeux et réfléchis deux minutes... Tu crois que tout doit se passer comme ça dans la vie ? Pour qui te prends-tu ? En réalité, tu as été le pire des lâches. J'étais une cible facile pour toi et ton troupeau. C'est stylé de s'en prendre à plusieurs à quelqu'un de seul, sans défense... C'est courageux de s'acharner sur un individu que tu vois fragile.
Sache toutefois qu'il ne faut pas toujours prendre un silence pour de la faiblesse. Un jour, si ce n'est pas déjà arrivé, tu vas recommencer et prendre un peu trop confiance en toi. Et là... tu apprendras le courage... Mais ce sera trop tard. Tu auras trouvé meilleur que toi. Probablement plus fort, mais surtout meilleur.
De ton côté, tu feras également connaissance avec la solitude. Parce que ne pense pas que tes potes viendront à ton secours. Non. Ça, tu le sais déjà, mais laisse-moi tout t'expliquer plus en détails. Ils te regarderont t'effondrer en silence, te renfermer, t'isoler. Ils riront de toi quand ils t'apercevront en train de raser les murs car tu ne supportes plus la vue des autres. Tu auras peut-être du mal toi aussi à supporter la vie en communauté.
Tu auras peut-être toi aussi envie de t'enfermer pour pleurer de rage car tu ne comprendras pas cet acharnement. Tu auras peut-être toi aussi du mal à ouvrir les yeux le matin et à trouver cette énergie colossale pour trouver un semblant de courage pour aller en cours avec cette boule dans le ventre qui ne te quittera plus. Tu t'isoleras peut-être toi aussi de ta propre famille.
Tu voudras peut-être toi aussi passer tes soirées et tes week-ends à dormir pour ne plus voir personne et avoir la sensation d'être invisible. Comme si ça suffisait pour respirer et être fort. Ils viendront te harceler à ton tour quand tu seras tellement désespéré que tu te détesteras à tel point que tu penseras que tout serait mieux si...
Mais tu vois, je ne te le souhaite pas. C'est sûrement paradoxal, mais même si tu m'as fait terriblement souffrir, je ne te souhaite pas de connaître la même chose. C'est une douleur insupportable que je ne souhaite à personne. J'espère juste pour toi que, depuis le temps, tu as grandi, mûri.
Moi, je vais mieux. J'ai guéri mes blessures. Je suis droite. J'espère pour toi que, de temps à autre, tu as le reflexe d'éteindre ta télévision pour réfléchir par toi-même... Bon, je dois néanmoins rester de bonne foi. J'espère pour toi que tu as appris le courage dont je te parlais plus haut. Parce que tu en auras forcément besoin un jour. Ne t'inquiète pas pour moi, je sais ce que c'est. Je pourrai même t'en donner quelques leçons...
Petit c*n !
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