Et pourquoi donc, dites-moi...
Pourquoi vivons-nous... Comment respire-t-on... Combien de temps me reste-t-il... Mais, finalement, pourquoi vouloir essayer de trouver un sens à notre existence ? Sommes-nous si perdus dans cette foule grouillante que nous avons besoin de trouver des motivations pour nous lever le matin ? Pourquoi donc tenter à tout prix de se dicter une ligne de conduite ? Un chemin de vie ? Une voie presque toute tracée, ou, du moins, fortement conditionnée, car influencée ? Cela ne revient-il pas à nous ajouter des contraintes supplémentaires ?
La principale difficulté réside dans l'incapacité globale de ne pas vivre en pleine conscience. Ce qui ne signifie pas que nous ne profitons de rien. Non. C'est même une idée, une sensation qui s'étend bien au-delà de cette grande tirade à la mode aujourd'hui qui prétend mettre à l'honneur l'importance de "vivre l'instant présent"... Peut-on vivre seulement pour soi ? Ou uniquement pour/avec un(e) autre ? Les pauses que nous croyons prendre en sont-elles vraiment ?
Car il nous est fortement conseillé de nous souvenir de notre statut d'animal de meute. L'égo nous pousserait même à nous demander s'il est bien prudent de ne pas penser à demain. Et l'intuition, dans tout ça ? Je serais même tentée de me demander pourquoi nous ressentons ce besoin presque urgent de cloisonner nos pensées en ce sens qu'il nous faut absolument trouver une réponse à toutes nos questions.
Pas de point d'interrogation qui ne dure trop longtemps ! Encore moins de points de supsension puisqu'ils traduisent le sous-entendu, le supposé, voire l'inconnu... Vivrait-on pour tout savoir, tout connaître et tout maîtriser ? Mais ne serait-ce pas alors passer à côté de l'essence même de la vie ? Puisque, à moins de savoir prédire l'avenir (et encore !)... nul ne sait rien... de sa vie... ni de sa présence ici-bas...
Mais peut-être que ce questionnement nous est "vital" ? Ou peut-être avons-nous besoin, plus ou moins consciemment, de vérifer régulièrement que certaines réponses nous restent inaccessibles ? Comme pour nous dédouaner d'une quelconque culpabilité... Comme pour retrouver un semblant de cette insouciance à laquelle nous goûtons plus ou moins brièvement pendant notre enfance.
Nous est-il possible d'expliquer nos raisons d'être ? Celles qui nous transcendent parce qu'elles nous prennent, nous saisissent au plus profond de nous, de notre chair, sans trop comprendre comment, mais qui nous font bondir... en avant comme en arrière, d'ailleurs... Impossible d'expliquer la mort. On peut dire comment, éventuellement une partie du pourquoi, mais c'est tout. Pourquoi lui et pas moi ?
Pourquoi si tôt ? Ainsi, comment expliquer la vie ? Cela ne reviendrait-il pas à justifier, en quelque sorte, notre présence ? Pour quelles raisons personnifier des raisons d'être ? Ne vivons-nous pas pour apprécier ces moments de solitude parfois bienvenus, par exemple ? Peut-être serait-il intéressant de "retourner" la question... La Vie a probablement une mission envers nous...
Celle de nous faire découvrir l'odeur d'une rose, la douleur d'une morsure, le sable qui gratte dans le maillot de bain, la colère qui retourne les entrailles si elle est contenue, le bonheur d'assister aux premiers pas d'un enfant, les mains qui tremblent aux résultats d'examens, le cœur qui bat un peu plus fort à la réception d'un message inattendu venant d'un autre cœur qui bat loin de nous, la jalousie de n'être pas aussi considéré qu'un(e) autre quand on est amoureux, la rage qui nous déchire et nous broie dans un néant que l'on croit infini à la perte d'un proche, ce dépassement de soi dans une compétition sportive, cette main qui tremble quand on prend la parole devant un groupe, le rouge aux joues en lui disant merci d'être là, cette chaleur incandescente et brûlante des moments d'amour, le sentiment d'abandon qui en pousse certains à détester le monde entier parce que la douleur est trop intense, la vue du chat se prélassant au soleil alors que tu dois retourner travailler enfermé dans un bureau, l'ennui d'un rendez-vous galant qui ne se passe pas comme prévu, la violence humaine (celle qui nous caractérise précisément, nous les hommes qui pensons), la préservation de notre honnêteté en l'appelant intégrité parce que ça fait "plus prestige", la pratique plus ou moins consentie du vice et de la méchanceté (ceux qui nous caractérisent aussi, nous les hommes qui pensons), les douceurs caressantes du soleil sur la peau, le goût rédhibitoire d'un aliment, les nausées ressenties après une soirée trop arrosée nous rappelant avec plus ou moins de brutalité que notre corps nous parle, en rire quand tout va mieux, pleurer de bonheur à la lecture d'un poème qui nous est destiné, la conscience de la pensée avec toutes les dérives plus ou moins graves qui en découlent, le besoin rassurant de se conformer à une norme, puis, pour certains, la découverte et l'auto stimulation régulière de l'entendement... parce qu'on refuse de resssembler à une tarte dans son petit moule interchangeable... et encore énormément d'images !
Pourquoi ne pas, tiens, s'essayer à la plongée aujourd'hui ? Ou lui envoyer ce fameux message déjà rédigé et effacé plusieurs fois par crainte du ridicule ou du rejet ? Ou tenter une nouvelle recette ? Ou pleurer un bon coup parce que nous ne sommes pas des robots et que la sensibilité de chacun a ses limites ? Ou lui prendre la main, en vrai, en pensée ou sur le papier, juste comme ça ? Ou monter à nouveau sur un overboard, même si on s'est déjà littéralement vautré la première fois ? Ou prendre le temps de dormir ? De rire ? De faire l'amour ? De l'écrire ? De lui dire ? D'apprendre le twerk à un habitué de la valse et/ou l'inverse ?
Je ne parviens pas à expliquer la Vie. La Vie, la Mienne, la Tienne, la Sienne... Parce que nous ne sommes probablement que des pantins entre ses mains, sur une scène de théâtre où nous nous succédons, pour ensuite regagner les coulisses... puis un balcon... puis le poulailler... et après ? Puisque la vie n'est peut-être pas terminée dans cet après...
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