I
''L'amour d'un Roi et d'une Reine envers son peuple, aussi gigantesque, titanesque, aussi divin, n'est rien du tout, un simple grain de sable magnifique et merveilleux, face à l'infini cosmique qu'est l'amour de certains parents pour leurs enfants.''
Moi
C'était lors du règne du Roi Tograz le Grand sur tout le Royaume de Fas-Cingar, celui des Hommes, que se débuta cette histoire.
Le commerce entre tous les Royaumes fonctionnait parfaitement. Les Elfes vendaient leurs produits aux Nains, les Nains aux Dragons... Et même les Hommes prenaient une bonne place dans ce libre échange ! La Paix prospérait ! Il n'y avait pas de guerre !
Le sourire aux lèvres, Tograz était assis à côté de sa femme, la Reine Ellen, qui était en train d'accoucher. Celle-ci souffrait énormément, mais cette joie qu'avait son mari, qui lui tenait la main et la regardait droit dans les yeux en lui disant des paroles réconfortantes, était contagieuse.
La guérisseuse sortit du ventre d'Ellen deux belles petites...
- Filles ! s'écria-telle, enjouée. Ce sont des filles ! Mon Roi ! Ma Reine ! Vous avez des jumelles !
Toutes les douleurs, Ellen les oublia, et elle prit ses deux bébés avec elle après qu'on leur ai coupé le cordon ombilical. Elle pleurait de douleur ; là, elle pleura de joie !
Tograz, quant à lui, avait toujours voulu avoir une fille. Et voilà qu'il avait des jumelles ! Sa fierté était, à cet instant, plus grande que l'orgueil d'un démiurge !
- Comment va-t-on les appeler ? demanda-t-il à sa femme.
- J'ai choisi lorsque nous avions eu notre fils... C'est à ton tour, répondit-elle.
- Très bien.
Il fit un baiser sur le front de la première sortie.
- Toi, ma fille, tu seras ma force... Ma plus grande force. Je te nomme donc Potentia !
Il baisa ensuite le front de la deuxième.
- Et toi, ma fille, tu seras ma richesse... Ma plus grande richesse. Je te nomme donc Divitia !
- Divitia et Potentia, quels jolis noms !
- Demain matin, j'annoncerai la nouvelle à Jonathan ! Demain matin, j'annoncerai la nouvelle à notre fils !
Ces deux dernières grandirent et furent l'une des plus grandes joies du Roi Tograz le Grand. Elles se ressemblèrent comme deux gouttes d'eau et leur beauté fut si grande que toutes les chansons possibles et inimaginables ne purent même pas la retranscrire avec leurs si ridicules mots (même si c'est, il faut être honnête, un peu exagéré de parler d'elles comme ça).
C'est ainsi que se débuta cette histoire : par la naissance des célèbres Divitia et Potentia.
Mais, maintenant, voici comment se débuta réellement cette histoire...
C'était l'hiver. Jonathan, alors âgé de vingt-six ans, était parti se balader seul sur son étalon noir Sorr jusqu'à un village voisin. Sur le trajet du retour, le cheval se cabra soudainement car une horde d'une dizaine de loups lui firent face ! Le Prince perdit l'équilibre et fit une très mauvaise chute ! En percutant le sol, il se brisa malheureusement le cou, mourant ainsi sur le coup ! Son destrier fuit alors pendant que les loups commencèrent à se jeter sur le menu fretin ! Sa chair et ses boyaux commencèrent à être mangés par la horde... Heureusement que sa mort fut rapide car cela lui évita la douleur d'être dévoré vivant.
Mais une troupe de soldats arriva à temps et chassa les animaux affamés ! Elle put alors transporter le cadavre déchiqueté et ainsi la mauvaise nouvelle de la mort du seul héritier, le Prince Jonathan, au Roi, à la Reine, et aux jumelles, âgées alors d'une vingtaine d'années.
Car, voyez-vous, c'est ainsi que se débuta vraiment cette histoire : par la mort de l'oublié Jonathan.
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