18 - La cage

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2ème jour de la saison de la mort 2447 - PDV Azéna
Maître Ruvior était déçu du résultat de ce combat qu'il avait osé décrire comme étant un jeu. Les sourcils froncés et les bras croisés, il fixa Azéna avec sévérité. Des deux dragonnières, c'était elle qui l'avait affronté verbalement et cela, à multiples reprises. Encore une fois, elle se tenait devant lui. Malgré qu'elle fût au bord de l'évanouissement, elle le fusilla de son regard colérique et défiant. Reaginn sourit et s'avança vers Arièlla qui gisait toujours au sol. Azéna lui barra la route, titubant jusqu'à la blonde et ouvrit les bras.

- Tu feras une courageuse dragonnière, commença Reaginn. Par contre, il est inutile de sacrifier sa vie lorsque nos actions sont vaines.

D'une force brutale, il poussa Azéna au sol. Cette dernière atterrit miraculeusement à quatre pattes. Reaginn contempla avec intérêt les deux dragonnières accablées par la faiblesse.
Azéna se battait contre sa fatigue et tenta de se relever. Ses muscles étaient tendus et abattus par la douleur poignante. Malgré tout, elle refusa de se laisser marcher dessus, de se faire abattre comme un animal, mais son corps ne lui obéissait plus. La seule chose qui restait en son pouvoir fut le regard colérique qu'elle accordait au maître cruel.

- La colère n'est nullement une solution, affirma Reaginn avec amusement. Tu as encore beaucoup à apprendre, Apprentie Kindirah.

- Alors, pourquoi toute cette violence? demanda Azéna. Regarde nous, nous sommes vaincues. Par pitié, arrête. Nous avons appris notre leçon.

- Qu'on le veuille ou non, la violence est présente dans ce monde et c'est nécessaire dans quelques situations. La colère et la violence sont deux choses entièrement différentes. Tu n'as pas besoin de détester quelqu'un pour le frapper comme tu peux ressentir de la haine mais utiliser la diplomatie pour trouver une entente. Souviens-toi que les actes d'une personne ne sont pas obligatoirement reliés à ses sentiments.

Ce bref discours prit Azéna au dépourvu. C'est à ce moment qu'elle réalisa qu'elle avait toujours agi selon ses sentiments. Si c'était bon ou mauvais, elle n'en était pas certaine et c'est pourquoi elle n'osa pas répondre au maître du donjon.

- Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la question de ce soir, continua Reaginn avec une certaine déception dans sa voix. Vous allez me suivre.

Azéna utilisait les dernières graines d'énergie qui lui restait pour forcer ses yeux à rester ouverts. Le froid mordant du sol perçait la peau de ses mains. Elle voulut les retirer de là, mais elle savait trop bien que si elle faisait ça qu'elle risquait de s'écrouler. À ses côtés, Arièlla avait succombée à l'inconscience. Reaginn s'approcha d'elle et se pencha. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Pour des premières années, vous êtes impressionnantes, avoua-t-il en se retournant vers Azéna. Tu as beaucoup d'endurance et ton amie...

- Elle n'est pas... mon amie... Coupa Azéna qui s'efforçait de garder sa concentration fixé sur l'homme à la chevelure sombre.

Le sourire de Reaginn s'élargit, mais son expression retourna rapidement à son habituel allure sévère.

- Arièlla possèdes l'expérience de combat que beaucoup de votre âge n'a pas.

- C'est... parents... normal... injuste..., marmonna Azéna qui ne pouvait plus combattre le violent étourdissement qui l'accablait.

Le visage de Reaginn s'embrouilla encore plus et la salle devint floue. Azéna ne sentait plus le bout de ses membres. Chaque respiration était une nouvelle épreuve qu'elle devait affronter. Cette simple tâche en n'était trop. L'énergie lui manquait et ses poumons brûlaient. Le néant engloutit ses sens et l'obscurité envahit sa vision.

***

Azéna cligna des yeux, enfin c'est ce qu'elle crut qu'elle avait fait. Elle ne voyait rien; une noirceur s'était emparé de sa vision. Elle ne savait pas comment de temps s'était écoulé. Tout semblait si abstrait à ce instant. Elle sentit une main lui tenir le visage comme si on l'examinait avec attention. On la souleva de terre. Puis, le froid qui l'aissalait fut adoucie par une chaleur familière, probablement corporelle. Elle s'y accrocha comme si sa vie en dépendait. Elle ordonna à ses yeux de s'ouvrir. Ces efforts furent vains; elle était appauvrie d'énergie. À nouveau, l'inconscience triompha.

***

Combien de temps s'était écoulé depuis son deuxième évanouissement? Azéna n'en avait aucune idée. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était en train de geler. Elle resta pourtant éveillée, frissonnant un long moment. Ses yeux s'ouvrirent enfin et sa vision branlante se stabilisa lentement après quelques minutes. Azéna aperçu un visage et elle sursauta ce qui éveilla entièrement ses sens. Devant elle, Arièlla dormait profondément sur le plancher de pierre froid.

Elle leva la tête pour scruter l'endroit où elle se trouvait. Visiblement, elle n'était plus dans la salle de torture. Cet endroit était plus petit et entièrement vide. La pénombre de la pièce la rendit anxieuse. Une douleur provenait de ses mains tournants au bleu. Elle souleva son corps à l'aide de ses bras tremblants et réussit à se mettre sur ses genoux

- Où... Où suis-je?

- Ah, dit une voix qui provenait de derrière elle, tu t'es enfin réveillée.

La crainte envahit l'esprit d'Azéna et ses instincts prirent le dessus. Elle fit volte-face, plaça son bras devant elle de sorte à ce qu'il lui serve de bouclier et jeta un regard attentif devant elle. Un homme encapuchonné se trouvait devant elle, une grille les séparants. Azéna jeta un coup d'œil autour d'elle. Elle remarqua qu'elle était entourée de barreaux de fer. Elle continua de scruter les environs en espérant qu'elle n'était pas dans une cage. Il devait bien avoir une sortie.

- Tu es dans une cellule de la prison du donjon, répondit Reaginn sur un ton caverneux. Tu ne peux pas t'échapper.

La vérité du maître la frappa comme une tonne de briques. Alors, elle était dans une cage, prise au piège avec cet espèce de sadique. Un noeud se forma dans son estomac et elle faillit régurgitée. Il n'y avait aucune source de lumière dans la cellule; seule une torche enflammée accrochée au mur extérieure éclairait faiblement. Dos à la torche, le visage de Reaginn, était engouffré dans son ombre.

Un violent mal de tête assaya soudainement Azéna. L'avait-on frappé à la tête? Elle ne s'en souvenait pas. Elle ferma un œil en espérant atténuer la douleur et fixa Reaginn de l'autre.

- Pourquoi sommes-nous ici?

- Vous n'avez pas résolu le problème, répondit Reaginn. Donc, vous êtes mes prisonnières jusqu'à ce que vous trouviez la réponse ou jusqu'à ce que votre retenue se termine ce qui est dans deux jours.

- C'est ça les grands moyens? Nous enfermés?

- Pas exactement.

Azéna cru apercevoir un sourire mauvais se formé sur les lèvres du maître du donjon. Voir cette expression sur son visage lui donnait un mélange étrange de peur et de colère. Elle voulait s'enfuir, mais elle désirait aussi le tabasser.

- Bonne nuit, dit Reaginn.

Il suivit le corridor de droite et disparut, sa longue cape traînante derrière lui.
Azéna sentit une vague de soulagement lorsqu'elle fut assurée que le maître était bel et bien parti et leur avait laissé une source de lumière, même si ce n'était pas grand chose. Malgré tout, la flamme allait finir par ronger le bois de la torche et mourir. Normalement, Azéna n'avait pas peur du noir, mais dans ce cas-ci, elle savait que devenir aveugle allait être dangereux. Reaginn lui avait confirmé qu'être enfermé dans une petite cellule n'était pas les grands moyens et cela l'inquiétait. Il allait se passé quelque chose de plus. Arièlla était toujours inconsciente. La blonde s'était battu férocement, peut-être pas dans le but de défendre Azéna, mais au moins, sa performance avait été valeureuse comparé à celle d'Azéna. Sans elle, Azéna n'allait pas durer longtemps si elle devait prendre part à un combat.

- Qu'est-ce qu'il manigance cette fois? questionna-t-elle dans un murmure qui résonna dans le vide de la salle.

Elle se traîna avec avidité pour s'accoter contre le milieu de l'unique mur solide de la cellule et posa son regard sur la torche. Elle se sentit un peu plus en sécurité. Sa réserve d'énergie se rétablissait lentement et ses mouvements devenaient plus fluides. Malgré tout, bouger était encore douloureux avec un corps parsemé de blessures mineures et de bleus.
« Le problème, songea-t-elle. Il faut que je trouve la solution avant de devenir folle ou pire. »

Pendant ce qui lui parut plusieurs heures, rien ne se passa. Il n'y eut aucun mouvement suspicieux, aucune activité. Seul le bruit de gouttes d'eau qui tombaient sur le sol animait la place. Azéna songeait toujours à l'énigme de Reaginn, mais aucune réponse ne lui fut accordée. Le problème c'est qu'elle ne savait même pas ce qu'était le problème. Simultanément, elle observa Arièlla qui dormait toujours sur le plancher ainsi que la flamme dansante de la torche. Lassée de sa tâche, Azéna se mit à penser à Tyrath qui devait bien se porter grâce aux soins de Leith. Cette image lui accorda un peu de bonheur.

Au moment où elle songeait à se frapper la tête contre le mur, un grognement distraya Azéna. Elle riva son attention sur Arièlla qui roula sur le côté et se gratta le côté de sa poitrine.

- Merde que c'est pas confortable. Pourquoi j'ai pas de couvertures? marmonna la blonde.

Arièlla avait tentée de se lever, mais s'était satisfaite d'une position agenouillée. D'après ses mouvements machinaux, elle devait avoir de la douleur aussi. Celle-ci cligna des yeux pour ajuster sa vision et observa les environs. Elle poussa un grognement frustré.

- Génial, une prison, dit-elle avec un sarcasme noir. Pourquoi nous a-t-il emprisonnés?

Azéna lui expliqua ce qu'elle savait ainsi que ce qui s'était passé pendant qu'elle dormait.

- Alors, aide-moi à trouver le problème et la solution, termina-t-elle sur une note sévère.

- Tu me demandes de l'aide? répliqua Arièlla avec ironie. J'avoue que ça me surprend.

- Je te signale qu'on est tous les deux coincées dans ce trou.

Arièlla se leva, secoua la poussière de ses vêtements et alla s'accoter contre le coin gauche du mur qui était légèrement plus loin que celui de droite d'Azéna.

- Ça ne t'a pas empêché de démontrer ton agressivité envers moi avant.

Azéna resta silencieuse suite à cette vérité et choisit ses mots soigneusement avant de répondre. Elle réalisa qu'elle allait devoir faire la paix avec sa rivale si elle voulait maximiser les chances de sortir d'ici en un morceau. Après avoir refoulé sa fierté, elle parla:

- Je ne voulais pas d'ennui ni d'ennemi; je voulais tout simplement faire partie d'une équipe de skotar comme toi.

- Eh bien, commença Arièlla sur un ton sincère, si ça peut te faire plaisir, ma mère...

Elle s'interrompit et fronça des sourcils. Stressée par le changement d'expression de la blonde, Azéna sonda rapidement la salle en quête de danger, mais il n'y avait aucun signe de mouvement.

- ...Maîtresse Valkirel, se corrigea Arièlla, ne désirait pas que j'entre dans une équipe de skotar cette année.

- Pourquoi? questionna Azéna avec étonnement.

- Pour prévenir ce qui s'est passé avec toi justement. Elle déteste l'injustice et prend son rôle de maître très au sérieux. Je n'étais pas supposée être acceptée dans une équipe durant la première année de l'entraînement.

- Comment l'as-tu fait céder?

- Avec un peu d'aide de Maître Valkirel.

- Ton père?

Le visage d'Arièlla devint légèrement rosé et elle soupira longuement.

- Lui, c'est le contraire de Maîtresse Valkirel. Il adore sa profession, mais il préfère faire plaisir qu'agir professionnellement. D'ailleurs, c'est le seul, mis à part Terenas, puisqu'il est son supérieur, à être capable de faire changer Maîtresse Valkirel d'avis.

- C'est gentil de sa part même si ce n'est pas très professionnel. Et puis, Terenas t'aurait empêché si ça avait été vraiment grave, non?

- Je suppose. Mais, dit-toi que Terenas et mon père sont des hommes biens et généreux. De plus, Terenas a vu mon progrès au cours des années puisque je venais sur le terrain de l'académie pour m'entraîner avec mes parents que j'idolâtrais tant. J'étais si excitée à l'idée de débuter ma carrière en tant que dragonnière même s'il y avait une grosse chance qu'aucun dragon ne me choisisse. Cette possibilité me brisait aussi le coeur par contre. C'était un sentiment aigre-doux.

Azéna resta bouche-bée, perdue dans ses pensées. Elle se contenta de fixer Arièlla avec curiosité. Même cette tête de pioche avait une facette cachée. La plupart du temps, chaque réaction et comportement est relié à quelque chose d'autre qui n'est pas toujours évident à percevoir pour les autres et parfois, même pour soi-même. Maintenant, Azéna comprenait un peu mieux sa compagnonne de retenue et elle se sentait beaucoup moins irritée à son égard.

- Il faudrait mieux se mettre au travail si on veut sortir d'ici, suggéra Arièlla en essayant de changer de sujet.

- Bonne idée, répondit Azéna. J'ai essayé de trouver des réponses mais, je n'ai pas eut de chance.

Les deux dragonnières retournèrent au silence de leur songes. Azéna ne réussit pas à se concentrer. Son cerveau refusait de coopérer. Il en avait eu assez de ce problème énigmatique et était fatigué. À la place, Azéna tourna son attention vers Arièlla. Elle n'eut aucun problème à cacher qu'elle l'observait car l'obscurité régnait presque partout. Cette fille l'intriguait en raison de ses origines et de son historique. Même son physique était intéressant: un mélange de deux races. Arièlla partageait plusieurs traits avec sa mère, mais aussi avec son père. Azéna se demandait comment on se sentait dans sa peau.

- C'est quoi le sentiment lorsque qu'on n'est... enfin...

Azéna réalisa qu'elle ne savait pas trop comment traiter quelqu'un de sang-mêlé sans que ce ne soit contrariant. Lorsque les gens faisaient référence à ça, c'était normalement le but d'être blessant. Elle l'avait éprouvé plusieurs fois, mais dans son cas, l'insulte était liée à sa lignée et non à sa race. Son regard se posa sur le sol tandis qu'elle réfléchit à un meilleur terme à utiliser.

- Lorsqu'on est une hybride, devina Arièlla qui était restée parfaitement calme.

Azéna rougit; elle ne s'attendait pas à ce que la demie-elfe ne comprenne sa question si aisément. Hochant positivement de la tête, elle attendit qu'Arièlla réagisse.

- Comment le saurais-je? répliqua Arièlla. J'ai n'ai jamais eu de sang pur. Je ne sais pas comment on se sent dans cet état. Par contre, ça ne me dérange pas trop qu'on en parle. C'est plutôt accepté ici.

Elle jeta un coup d'œil aux oreilles d'Azéna et sourit faiblement.

- Comment c'est d'être une simple humaine? Tu es une humaine, pas vrai?

Comme par réflexe, Azéna effleura la cime ronde de son oreille.

- Je ne sais pas trop, avoua-t-elle à Arièlla sur un ton presque timide. Honnêtement, depuis que je suis dragonnière, j'ai l'impression de m'avoir trouvée dans ce monde. Auparavant, je ne savais pas qui j'étais ni ce que j'allais devenir. Ainsi, l'identité raciale m'importait peu et cela est toujours le cas. Qu'est-ce que ça donne d'être pure sang et d'une famille noble si tu te sens comme une étrangère dans ton environnement? Je suis humaine; il n'y a que des humains où j'ai grandis.

Elle soupira et évita le regard d'Arièlla pour la suite.

- Pour être franche, je croyais que les elfes n'étaient que dans les contes de fées jusqu'à récemment. De là où je viens, les humains sont coincés dans leur petit monde, tu sais. Ils n'ont aucune idée de ce qui existe en dehors de cette bulle. Ils craignent tout ce qui est différent d'eux. Enfin, sauf Fayne. Pour moi, venir ici a été un choc culturel et ça m'a ramené à la réalité.

L'expression d'Arièlla se transforma de douce à étonner au fur et à mesure qu'Azéna avançait dans son explication.

- Je ne savais pas...

Aucune des deux ne prononça un mot pendant quelques secondes. Le silence devenait lourd pour les deux dragonnières. Azéna n'était pas certaine de ce qu'elle devait dire à Arièlla. Ce fut la blonde qui craqua la première.

- Tu sais, je comprends que c'est difficile pour toi d'avouer une telle chose.

Ébahi, Azéna leva les yeux du sol pour les poser sur Arièlla.

- Qu'est-ce que tu veux dire?

- Ne joue pas l'innocente, répliqua Arièlla en affichant un sourire fugace. Nous ne sommes pas si différentes l'une de l'autre dans le fond. On a le même problème d'entêtement et de fierté. J'ai aussi de la difficulté à faire confiance aux gens, mais je ne pense pas que ce soit pour les mêmes raisons que toi.

La blonde fit une pause et continua avec une pointe d'amertume dans sa voix.

- Tu vois, j'ai le privilège d'avoir des parents dragonniers et de vivre sur les terres d'Atgoren, mais...

Elle marqua un deuxième silence. Cette-fois, elle parut lutter contre quelque chose d'abstrait, probablement des émotions. On dirait qu'elle se préparait à laisser aller tout ce qui débordait en son coeur.

- Être une sang-mêlé n'est pas si facile que ça, finit-elle d'une voix tremblante. Il faut faire preuve de force et de détermination en tout temps car les autres te jugent constamment. Les dragons n'en font pas exception. L'héritage est un aspect important pour eux. Un hybride est extrêmement évité et, souvent, les dragonneaux au sang mêlé se font chassés ou tué tout dépendant de leurs parents.

- Je ne savais pas que les dragons pouvaient être si cruels, avoua Azéna en songeant à ce qui serait arrivé à Tyrath s'il avait été un hybride.

- C'est triste mais, il faut faire avec. C'est aussi simple que cela.

- La vie est une longue aventure, mais elle est aussi une jungle dans laquelle on est soit la proie ou le prédateur. Mon père m'a souvent répété qu'il faut régner ou se soumettre pour survivre, mais je n'y crois pas. Je n'ai envie d'aucun des deux. Alors, je me bats pour ce que je crois et ce qu'importe les conséquences.

Arièlla sourit avec détermination et hocha de la tête.

- Ne pas être la proie ni le prédateur. Ça me semble une belle, mais difficile option. Le pacte des dragonnier nous oblige techniquement à nous soumettre, mais au moins c'est pour des bonnes causes et c'est volontaire donc, c'est correcte d'après moi. Personne ne nous as forcé à prendre part à ce pacte.

Un grincement retentit dans la salle. L'infâme bruit causé par ce qui semblait être des griffes qui frottaient contre de la pierre continua par brèves intermittences et devenait de plus en plus fort. Quelque chose se rapprochait de la cellule deux dragonnières. Elles se levèrent d'un bond. Stressées, elles surveillèrent tous les recoins de la cellule telles des faucons.

- Ça met fin rapidement à une conversation profonde ça, dit Arièlla en tirant sa cape dans un coin. Débarasse-toi de ta cape, ça va trop t'encombrer dans cet endroit restreint. Le travail des pieds est important.

Azéna ronchonna car c'était la seule chose qui la gardait au chaud, mais obéit.

- Nous n'avons même pas d'arme, se lamenta-t-elle. Qu'est-ce que c'est?

- Je ne sais pas et il va falloir faire sans une arme, déclara Arièlla. Prépare-toi au combat. Reste où tu es, c'est l'endroit le plus sécuritaire.

- M'ouais... C'est pour ça que je me suis installée ici, confessa Azéna.

Une horde de rats de la taille d'un chat domestique surgit de l'ombre. Ceux-ci passèrent entre les barreaux de la grille et foncèrent sur les deux adolescentes. Il y en avait de toutes les couleurs allant du noir au blanc en passant par le brun, gris, bleu-gris et orangé. Leurs yeux malicieux brillaient dans le noir.

- Des rats géants, grogna Arièlla avec rage. Il doit encore avoir une épidémie, mais ça se prend bien.

- Parce que tu es habituée à ce genre de truc? S'étonna Azéna avec effroi.

- Ouais! Donne-leur un coup de pied et ça les assommes.

La moitié de la horde s'attaqua à Azéna tandis que l'autre moitié s'en prit à Arièlla. La dragonnière rouge s'en sortit sans peine car elle était déjà habituée à combattre ces rongeurs, mais Azéna était bien trop lente et maladroite. Elle s'était fait mordre à deux reprises aux jambes. Après s'être débarrassé des rats, elle donna un violent de coup de pied au dernier qui couina et fila. De son côté, haletant, Arièlla lança un cri de victoire en levant les bras un peu comme un barbare le ferait.

- Belle performance, complimenta la blonde.

Azéna s'écroula sous la douleur atroce que lui faisait subir ses deux horribles morsures. Du liquide chaud coulait lentement le long de ses membres.

- Merveilleux, dit-elle avec une ironie teinté par la panique. Du sang.

- Oh, tu t'es fait mordre? questionna Arièlla qui se calma soudainement. Ne t'en fais pas, je vais t'arranger ça. On n'a juste à espérer que ces rats n'étaient pas trop malpropres si tu vois où je veux en venir. Des rats géants, c'est assez commun par ici. Ils voyagent jusqu'à Atgoren de la Mangrove Sanglante en Dètmor lorsque le nombre de leurs prédateurs est trop élevé. Mes parents ont fait une quête il ya deux ans à la recherche d'une arme qu'ils n'ont jamais trouvée. Ils racontent que c'est un endroit infectieux, mais que apparemment les dragons noirs aiment ça.

- Tu en connais beaucoup, s'étonna Azéna. Un autre avantage d'avoir des parents dragonniers.

Arièlla s'approcha d'elle, déchira le bout de sa cape, s'agenouilla et se servit du tissu pour faire des garrots aux blessures de sa compagne.

- Tien, ça devrait empêcher les blessures de trop saigner, confirma-t-elle en observant son œuvre.

- Mais, attend un instant, ordonna Azéna en paniquant. Qu'est-ce qui va se passer s'ils sont infectieux, ces rats?

- Il faudra juste te rendre à l'infirmerie après notre retenue car les morsures de rats géants peuvent causer des empoisonnements ou encore des infections, dépendant d'où il sont passés.

Azéna se sentit blêmir et devint légèrement étourdis.

- Je vais mourir? Couna-t-elle d'un ton suraigu.

- Mais non, lui répondit Arièlla.

- Tu en es certaine?

Arièlla la regarda comme si elle avait perdu la tête, confortable avec sa connaissance de la situation. Elle serra un garrot un peu plus fort et sourit. Azéna hoqueta de douleur.

- Ça fait mal, pleurnicha-t-elle.

- Fais avec, grogna la blonde.

Décidément, Arièlla était toujours son habituelle dure à cuir malgré qu'elle semblait être sous des termes plus amicaux avec Azéna.

- Oh merci, s'écria une nouvelle voix qui provenait de la cellule à leur gauche.

Les deux dragonnières sursautèrent. Croyant qu'il s'agissait d'un piège, elles s'approchèrent avec prudence.

- Qui est là? questionna Azéna.

- Gragèn, répondit la même voix surexcité. Je vous remercie, qui que vous soyez, de m'avoir réveillé avec vos cris.

Azéna et Arièlla échangèrent un regard perplexe.

- Nous sommes Azéna et Arièlla, répondit Azéna avec méfiance. Si tu es véritablement Gragèn, pourquoi donc es-tu ici?

Le visage apeuré du jeune roux apparut soudainement entre les barreaux qui séparaient les deux cellules. L'extrémité de ses doigts étaient légèrement bleuté et il était enroulé dans sa cape. Il avait froid, tout comme Azéna et Arièlla.

- Maître Ruvior sait tout, déclara-t-il en écarquillant ses yeux larmoyants comme s'il allait annoncer une prophétie importante. Il comprend pourquoi ses prisonniers sont ici et il utilisera les moyens les plus cruels et les plus rudes pour leur faire réaliser ce qu'ils font de mal ou encore pour les faire maturer de force.

À cette révélation, Arièlla mit son pouce sous son menton comme pour supporter sa tête et perdu la concentration qu'elle accordait Gragèn. Elle était en train d'établir des nouvelles connections entre leur situation et l'information que Gragèn leur avait donné. De son côté, Azéna s'inquiéta pour le roux. Il avait été victime trop souvent, soit de Serfantor ou de Reaginn. Sa vie quotidienne tournait autour de satisfaire les désirs de l'elfe gris et de survivre les manigances du maître du donjon.

- Il sait pour toi et Serfantor? demanda Azéna avec intérêt.

Un frisson parcourut son corps entier. Elle se rappela qu'elle ne portait plus sa cape. Elle devait se réchauffer. Elle fit signe à Gragèn d'attendre et récupéra sa cape rapidement avant de lui revenir.
Le roux s'expliqua:

- Je ne sais pas comment et il ne me la jamais dit directement, mais, d'après la façon dont il me parle et la façon dont il prépare mes épreuves suggèrent fortement que oui. Par contre, je ne crois pas qu'il sait pourquoi Serfantor me fait subir tout ça. De toute façon, il est perspicace. Il n'est pas le maître du donjon et il ne donne pas les cours de survie pour rien.

- Tu sais qui est cet autre homme qui se promène dans le donjon? Demanda Arièlla qui était revenue à la réalité.

- Oh lui, murmura Gragèn. J'aurai cru que ça aurait été évident. C'est Maître Arahich. Maître Ruvior ne le laisse pas toucher aux apprentis et il est très catégorique à ce propos.

- Pourquoi? demanda Azéna.

- Je ne sais pas vraiment, mais il semble plus sadique et inhumain que Maître Ruvior. Je crois qu'il le réserve pour les vrais prisonniers... Vous savez, dans le genre des traîtres ou des espions habituels. De toute façon, cet Arahich est bizarre. Il me fout la chair de poule. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec une telle expression faciale. C'est comme si il a un monstre affamé enfoui en lui.

Les yeux d'Arièlla grossirent comme si elle avait été choqué par Gragèn. C'est si paisible à Atgoren; personne n'ose défier des dragons normalement. Elle avait reçu de l'entraînement de combat, mais elle ne connaissait probablement pas les réalités du monde extérieur. Azena ne pouvait pas en dire plus. Elle savait que des choses barbaresques se passaient aussi en Nothar, mais Bayrne était toujours très bon pour les cacher de sa famille. Par contre, il avait échoué une soirée alors qu'Azéna n'avait que sept ans. Elle avait entendu Bayrne appelé pour un bourreau afin de décapiter une des servantes. Elle n'a jamais su ce qui s'était produit, mais le lendemain, la gentille servante n'était plus là. Pour une raison quelconque, Azéna avait été trop terrifiée pour le mentionner et, éventuellement, le souvenir de cet évènement s'évanouit dans son subconscient.

- Mmmm... Alors, qu'est-ce que Maître Ruvior t'a fait subir? Questionna la dragonnière rouge.

Gragèn resta silencieux pour un long moment. Finalement, il parla, mais le ton de sa voix avait changé. Il était sombre et sérieux cette-fois.

- Lorsque je suis dans cette cellule, si je m'endors, je fais d'horribles cauchemars. Contrairement aux rêves habituels, j'ai l'impression que ceux-ci durent une éternité. C'est une malédiction. Je m'étais endormis; voilà pourquoi je vous ais remercier pour vos cris. À partir de maintenant, je ne succomberai plus au sommeil jusqu'à ce que je sois sorti d'ici.

- Cesse de te faire souffrir pour Serfantor, lui suggéra Azéna. Il n'en vaut pas la peine. Aucun intimidateur n'en vaut la peine.

- Vous ne comprenez pas...

- Alors, explique-nous.

La température, déjà froide, baissa drastiquement. Azéna frissonna malgré la protection de sa cape et Gragèn émit une lamentation exprimant son effroi.

- Oh non, s'écria-t-il en se traînant jusqu'au fond de sa cellule. Horreur.

- Qu'est-ce qui se passe? demanda Arièlla qui récupéra sa cape à son tour et l''enfila avec hâte.

- C'est un spectre!

- Qu'est-ce que ça fait dans la vie un spectre? questionna Azéna qui ne put s'empêcher de faire une blague malgré l'état de la situation.

Un long gémissement lui glaça soudainement le sang. Elle ne put s'empêcher de s'approcher d'Arièlla pour se sentir plus en sécurité. La dragonnière rouge ignora sa consœur et surveilla l'entrée de la cellule sans répit.

- Positionne-toi au centre, comme avec les rats géants, ordonna la blonde à Azéna. Allez, rapidement. Te cacher derrière moi ne va pas t'aider. Surveille le côté droit. Gragèn est déjà à notre gauche, alors ça devrait aller.

Azéna savait que la blonde savait mieux qu'elle alors, elle s'éxécuta et pointa Gragèn du doigt. Le pauvre garçon avait une expression terrifié et semblait avoir perdu la raison. Un deuxième gémissement se fit entendre au travers de la prison. Gragèn poussa un pleur désespéré. Il faisait paniqué Azéna qui tournait la tête comme une souris chassée.

- Concentre-toi, Azéna! aboya Arièlla alors qu'elle remarqua le roux n'allait pas les aider.

Cette-fois, ce n'était pas des rats géants qu'on buttait à coups de pieds qui émergea de l'ombre, mais un fantôme, une âme translucide qui s'avançait doucement en flottant dans le vide vers la torche. Avec horreur, Azéna contemplât l'apparition de ses yeux écarquillés. Le mort-vivant ne portait pas de vieille robe blanche déchirée comme elle l'avait toujours imaginé durant le Festival du Crâne durant lequel on célèbre la vie des décédés en déposant un crâne sur leur lieu de repos, que ce soit une vraie ou une fausse. Au contraire, il était entièrement nu et sous son nombril, à la place d'un corps, il n'y avait que de longs fils pendants qui ressemblaient à des veines géantes. Sa corpulence était si minuscule qu'il ne restait plus qu'une mince couche de peau qui gardait les organes, les muscles et les os en place. De ses longs doigts effilés, il effleura la flamme dansante. Celle-ci s'éteignit et se ralluma à plusieurs reprises avant de disparaître pour de bon. L'obscurité emplie la pièce. Par contre, le spectre était toujours visible; il était en lui-même une source de lumière qui vacillait en conséquence de ses mouvements.

- Ma pétasse de saint aspérule, qu'est-ce qu'on fait? aboya Azéna.

Normalement, elle n'utilisait jamais ce juron pour rien au monde, parce qu'elle était très insultante pour Daigorn, qui, à son avis, représentait de bonnes choses, mais dans ce cas, elle s'en moquait.

- Ne bouge pas, ordonna Arièlla dans un murmure. Ne fait rien de brusque et on va espérer qu'il nous oubliera. La vision du spectre est basée sur le mouvement.

Gragèn, de son côté, claquait des dents tellement il avait peur. Il ne pouvait s'empêcher de trembler. Azéna eut envie de lui hurler de se ressaisir cela, mais son corps avait refusé de bouger après l'avertissement d'Arièlla.

- Qu'est-ce que c'est que cet endroit débile? Est-ce que c'est Ruvior qui garde tous ses monstres enfermé ici?

- Ferme ta gueule, répliqua Arièlla sévèrement. L'important c'est l'ennemi qui est devant nous en ce moment précis.

La blonde était en parfait contrôle de son corps, contrairement à Azéna et Gragèn qui perdaient leur sang-froid. Arièlla était très inspirante à cet instant. C'était la dernière lueur d'espoir qui gardait Azéna saine d'esprit.
Le spectre flotta lentement en direction de Gragèn et passa au travers des barreaux de sa cellule. Azéna eut l'impression que tout allait au ralentit car elle ne voyait rien d'autre que ce monstre qui bougeait dans toute sa gloire monstrueuse avec une extrême douceur.

Finalement, le halo de lumière qui entourait le mort-vivant atteignit Gragèn qui le fixait. Le spectre s'arrêta devant lui, l'observa pendant quelques secondes en penchant sa tête de côté puis, étendit sa main droite vers lui.

- Non pas ça, s'écria Gragèn. Par pitié!

Azéna ressenti l'envie de se fermer les yeux mais ceux-ci étaient pétrifiés. Malgré elle, elle fixa la scène avec horreur. Tout devint flou et une force invisible fatigua les trois adolescents. Ce fut Gragèn qui s'endormit le premier. Le garçon, qui était assieds contre le mur du fond de sa cellule, s'écroula au sol. Le spectre replia son bras vers lui-même et l'ambiance redevint normale. Azéna fut soudainement secoué par l'instinct de la panique. Ses yeux s'ouvrirent et devinrent aussi écarquillés qu'auparavant. Le spectre s'avançait vers elle et Arièlla. S'il avait pu endormir Gragèn de façon instantané, qui sait ce qu'il se préparait à faire aux deux adolescentes. Le halo de lumière toucha maintenant Azéna et s'avança pour envelopper Arièlla qui se trouvait à ses côtés. Celle-ci lui fit signe de ne pas bouger. Azéna obéit en s'efforçant à ne pas s'enfuir.
Lorsque le spectre étendit sa main en direction des deux dragonnières, Arièlla frappa ses deux paumes ensembles.

- Noktow, dit Arièlla avec autorité, flamme des profondeurs, donne-moi une partie de ton pouvoir afin que je puisse détruire mon assaillant et ainsi nous protéger.

Ses mains furent enveloppés d'une aura rouge vibrante qui grandit légèrement et se transforma en boule de feu. Le spectre ne réagit pas et continua de préparer son sortilège. Arièlla froncis des sourcils, se concentra et lança la sphère de feu en direction du mort-vivant. L'impact causa une explosion mineure et le spectre disparut, ne laissant que de la fumée dans son sillage.

- Comment? dit Azéna d'une voix émerveillé. Comment, sans l'aide de ton dragon?

- C'est pratique d'avoir des parents qui en savent beaucoup à propos des créatures d'Aerinda, répondit-t-elle en souriant fièrement. Pour tuer tout ce qui n'est pas solide, il suffit de vaincre du feu avec du feu.

- Le feu n'est pas solide, réalisa Azéna, étonnée qu'elle ait compris l'énigme si rapidement. Donc, j'aurai pu le repousser avec du vent?

Arièlla hocha de la tête. Même si Azéna ne put voir sa réaction, elle savait que ce silence signifiait.

- Ça n'explique quand-même pas comment tu as réussis à contrôler et à créer du feu sans Harath, dit Azéna.

- Demande à la divinité qui a créé ton élément pour de l'aide, répliqua Arièlla. Ça ne fonctionne pas toujours, mais ça en vaut le coup quand tu es à court de choix.

- Mais... Les divinités n'existent pas. Serait-ce tout simplement ta volonté d'esprit?

- Bien joué, s'exclama une voix sinistre qui provenait de l'entrée de la cellule.

La torche fut rallumée à sa pleine capacité et on pouvait maintenant distinguer Reaginn Ruvior qui se trouvait à la gauche de l'objet.

- Je crois que vous avez enfin trouvé la réponse au problème car, il me semble, qu'il n'existe plus, continua-t-il sur un ton enjoué.

- De quoi parle-t-il? questionna Azéna avec incrédulité.

- Je crois avoir compris, dit Arièlla en souriant.

- Explique, par pitié avant que je ne devienne folle avec ce problème de merde.

- « Le problème » est la raison pour laquelle nous sommes ici, ce qui était notre rivalité. Donc, la réponse était l'entraide, ce qui est opposé à la rivalité.

- Mais, j'ai rien fait pour t'aider?

- Au contraire, intervient Reaginn, tu l'as écoutée lorsqu'elle t'a dit de ne pas bouger. Aussi, vous avez appris à vous faire confiance mutuellement et le plus important étant de vous parler amicalement. Un ami est toujours meilleur qu'un ennemi, même s'il faut garder ses ennemis proches.

Azéna accourut vers la porte de la cellule en empoigna fermement les barreaux.

- Tu nous as fait languir tout ce temps alors que tu savais que nous avions déjà fait la paix, hurla Azéna avec colère.

- Apprentie Kindirah, vous n'êtes toujours pas tirée d'affaire, répliqua calmement Reaginn. Va-t-il falloir que je vous donne une leçon de politesse aussi?

Azéna serra les dents et fixa le maître du donjon avec rage. Décidément, elle détestait cet homme plus que tout au monde. Mais, d'un autre point de vue, c'était grâce à lui si Arièlla et elle avait techniquement fait la paix et pour cela, elle lui en était reconnaissante. Ainsi, elle retint sa langue.

- Bon choix, dit Reaginn en souriant. À présent, partez et que je ne vous revois plus ici.

Azéna et Arièlla s'empressent de partir de cette cellule infernale. Reaginn les accompagnèrent jusqu'à la sortie du donjon et disparut, de retour dans son antre. En chemin, Azéna l'avait questionné à propos de Gragèn en tentant de le convaincre de laisser le roux partir en vain.

- T'es vraiment une idiote impulsive, dit Arièlla. Mais, c'est très brave de ta part d'essayer venir en aide à Gragèn.

Azéna oublia l'insulte et apprécia le compliment. Elle ne voulait plus de leçon de Reaginn. Elle jeta un coup d'oeil par la première fenêtre qu'elle aperçut. La lumière de l'aube éclairait le fort.

- Finalement, on n'y est passé toute la nuit, déclara Azéna.

Arièlla l'ignora complètement. De retour en publique, malgré l'absence de gens à cette heure-ci, elle ne put s'empêcher de se laisser contrôler par sa fierté. Azéna s'en rendit compte et lui tapota l'épaule afin d'attirer son attention. La dragonnière rouge accéléra le pas; elle ne voulait pas faire face à Azéna. Cette dernière se faufila devant la blonde avec une souplesse impressionnante comme elle l'avait fait tant de fois avec Fayne et lui bloqua le chemin. Arièlla s'arrêta et haussa un sourcil curieux.

- Tu es rapide pour une humaine.

- Hé, tu vas m'écouter, ordonna Azéna avec sévérité. On fait la paix, officiellement. Je ne retournai pas au donjon en raison de cette rivalité.

Arièlla sourit en coin comme si ce qu'avait dit Azéna l'amusait.

- Tu as du cran. J'aime bien.

Arièlla leva la main et étira le bras en direction d'Azéna. Azéna sourit malicieusement, visiblement contente de sa réaction et serra la main de son ex-rivale avec enthousiasme.
En fin de compte, la sagesse de Leith était véridique. Les dragonniers et les dragons devaient s'entraider. Ils sont comme une grande famille et leur quête dans ce monde est de la plus haute importance et ne peut pas être accompli seul. À partir de maintenant, Azéna devra essayer de son mieux pour ne pas l'oublier.

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