40 - Un thé et une porte

15 minutes de lecture

26ième jour de la saison du marteau 2448 - PDV Azéna

Le stresse était partit. Azéna pouvait enfin respirer à son aise sans devoir se méfier de qui que ce soit. Le temps s'était écoulé si rapidement qu'elle n'avait pas remarqué le léger changement de teinte dans le ciel maintenant argenté qui annonçait la nuit.

- Tu es une fonceuse, complimenta Serfantor.

- Qu'en sais-tu? répliqua Azéna avec agressivité. Honnêtement, je m'en fou. J'ai des choses plus importante qui me préoccupe.

Elle se dirigea vers Tyrath d'un pas pressé. Le dragon l'accueillit en frôlant son museau contre son visage tel un félin.

- Comment se porte-t-il? demanda Azéna à Fayne.

Fayne était entrain d'appliquer la même crème faite à base d'herbes sur les plaies du drake.

- Il n'a rien de grave d'après moi, dit-elle avec un petit sourire. Il devrait tout-de-même se reposer. Par contre, Shalith est dans un piteux état. Elle a besoin des soins de Leith.

Tyrath ignora sa condition et s'attarda à d'autres inquiétudes.

- Ça va? Tu ne sembles pas heureuse d'avoir prouvé ta supériorité.

Il se redressa et gonfla sa poitrine.

- Contrairement à certains, ricana Fayne.

Arièlla était aussi excitée qu'un paysan à qui on avait offert un sac de pièces d'ors tandis que les autres souriaient tout simplement. Lythrana attendait fièrement que son élève réclame son prix. Mais, Azéna ne réagit pas et fixa le vide.

Pendant ce temps, Fayne avait approchée Harath en lui demandant se chauffer la lame de son bâton à blanc. Par la suite, elle retourna à Tyrath.

- Tu as cinq secondes pour te préparer à ce que je ferme tes plaies avec ça, dit-elle en pointant la lame qui rougeoyait.

- Ah non, se lamenta le drake.Je vais guérir, ne t'en fais pas. De toute façon, nous devons célébrer! Regarde-moi...

Il s'interrompit par un glapissement plaintif. Fayne avait posée la lame sur son cou qui cessa enfin de saigner.

- Tu es cruelle, ronchonna Tyrath en se laissant faire à contre coeur.

L'herboriste examina son travail et, satisfaite, elle passa à la plaie suivante: celle sur son épaule. Encore une fois, le drake se lamenta.

- Tu aurais pu mourir, spécialement de la morsure sur ton cou, monsieur! gronda Fayne avec sécheresse. Tu es chanceux que Shalith n'a que des petites canines. Si elle aurait été du vol gris comme toi, elle aurait probablement atteint une artère et là, tu aurais saigné au bout de sa vie car, je n'aurais pas pu te soigner avec l'équipement rudimentaire et l'expérience limitée que j'ai.

Sans hésiter et sans avertissement, elle s'attaqua à la deuxième épaule avec une expression faciale presque cruelle comme si elle voulait faire souffrir son patient.

- Naoon, hurla Tyrath au travers d'un hurlement de douleur. Cesse, par pitié! Je me rends!

- Ne laisse jamais ton cou exposé à l'ennemi comme ça, dit Fayne en pointant sévèrement Tyrath du doigt.

Déconcentrée par tout le chahut de ses amis, Azéna ne se rendit pas compte que Serfantor s'était placé derrière elle. Tyrath grogna silencieusement à cette approche.

- Je peux te parler? demanda Serfantor.

Azéna sursauta légèrement.

- Oui?

- Ta performance était impressionnante et je dois avouer que tu as du potentiel. Il est tout simplement enfoui sous cette carapace dont je ne connais pas la raison d'existence.

- De quelle carapace parles-tu? demanda-t-elle en croisant les bras avec irritabilité.

Serfantor sourit, clairement amusé par les mots de la dragonnière.

- Présentes-toi à l'épreuve d'essai de skotar l'an prochain. On verra si tu seras de taille pour devenir une Sombrelame.

- Répond à ma question, hurla Azéna.

- Shalith a besoin des soins d'un guérisseur, informa Fayne a Serfantor. Tu devrais aller voir Leith avec elle. Ces blessures sont trop sévères pour moi.

Serfantor sembla ignorer Azéna à présent. Il avait complètement perdu intérêt et se dirigeait maintenant vers la dragonne noire.

- Allez, on y va Shalith, dit-il avec une douceur surprenante.

Il lui offrit une caresse au museau et attendit qu'elle se lève.

- Merci de ton aide Fayne, dit-il à l'herboriste.

Lui et Shalith partirent en marchant en direction de l'écurie en laissant des traces de sang ici et là dans leur sillage.

- Es-tu toujours blessé? demanda Azéna à Tyrath.

- Je t'ai dit que je vais bien, lui rappela-t-il. Tu sembles préoccupée, distraite.

- Je vais bien.

- Mmm...

Les autres apprentis et dragons s'approchèrent à leur tour. Arièlla donna une tape amicale sur l'épaule d'Azéna.

- Belle performance. Tu y as presque laissée ta peau.

Elle recula et laissa la place à Lythrana qui portait la plume sur ses deux paumes ouvertes.

- Voici l'Œil du Savoir, dit Lythrana en la remettant à Azéna.

Azéna sentit une vague de soulagement traverser son corps. Elle avait sincèrement eut peur de perdre Turion.

« Je suis là, dit le dragon violet sur un ton rassurant. Je t'ai regardé et je suis fier de toi. Tu as fait le bon choix. »

Azéna ne répondit pas. Elle se sentait plus puissante, mais aussi plus indigne de ce pouvoir. Elle avait presque perdue contrôle d'elle-même et personne ne semblait s'en rendre compte sauf Turion. Elle avait failli prendre une vie.

- Hé, qu'est-ce que Serfantor t'a dit? questionna Lythrana.

Azéna la fixa dans les yeux, brièvement imprégnée de confusion.

- Il m'a tout simplement conseillé d'aller à l'épreuve d'essai de skotar de l'an prochain.

- C'est rare qu'il complimente. Prends-le bien, alors.

Azéna baissa le regard.

- Tu serais probablement extrêmement douée, continua Lythrana avec un sourire au coin des lèvres. Toi et Tyrath ensemble.

Azéna ne réagit pas. Sa tête l'a faisait affreusement souffrir. Elle était épuisée mentalement et physiquement. Fayne l'agrippa par le bras et la guida vers Tyrath.

- Allez, va prendre du repos. Les examens finaux approchent en fin de saison du marteau.

- Ça nous donne une demie-saison, dit Azéna. J'ai amplement de temps pour me reposer. Allons plutôt nous chercher du bon chocolat chaud et allons relaxer devant le foyer dans la salle commune.

Teriondil passa ses bras autour de Fayne et d'Azéna.

- Excellente idée, approuva l'elfe des bois avec un grand sourire innocent. Un bon thé serait apprécié.

- Pourquoi bois-tu toujours ce thé? questionna Fayne.

- Il y a un ingrédient spécial dedans et le goût est raffiné.

- Quel est cet ingrédient spécial?

- De simples fleurs du crépuscule égrenées, rien de grandiose.

- Ils n'offrent pas ça à l'académie, dit Arièlla, choquée par cette révélation. Où te le procures-tu?

- C'est commun parmi les elfes des bois. J'emporte ma propre réserve de chez mes parents.

Ils le regardèrent tous avec des yeux écarquillés et avec raison. Azéna avait entendu parler de ces fameuses fleurs du crépuscule. C'était considéré comme illégal en Daigorn car, apparemment, ça alternait l'état mental des gens et ils n'étaient plus les mêmes.

- Quoi? demanda Teriondil. Vous n'avez pas ça chez vous?

- Si tu fais affaire avec le marché de l'Anguille Sifflante oui, informa Fayne.

- Le marché des filous? Une minute... Tu ne veux pas dire le marché noir, pas vrai? Étrange.

- Tu dois voir des trucs pas corrects, dit Arièlla, encore sous le choc.

- Voir? Je ne vois pas. Je ressens.

- Tu... ressens?

Ella roula les yeux et pouffa de rire.

- C'est bien comme vous les elfes des bois. N'essaie pas de le comprendre Arièlla.

***

45ième jour de la saison du marteau - Année 2447

Nous allons être en retard pour l'examen, dit une voix féminine.

- Quoi?

Azéna ressentit une secousse assez violente pour interrompre son sommeil.

- Nous n'avons pas le temps, Azéna! supplia la même personne.

La jeune Kindirah se leva afin pour savoir ce qui se passait. Elle s'attendait à se retrouver face à face avec la colère de Fayne comme à presque chaque matin. À la place, un gigantesque dragon violet se trouvait devant elle. Il la fixait avec un mélange bizarre de sagesse et de rage. Ses ailes étaient déployées dans toute leur splendeur comme s'il tentait de l'intimider. Elle déglutit et ses yeux s'agrandirent.

- Qu'est-ce que c'est? Qu'est-ce qui se passe?

Le wyrm lui transperça l'âme de son regard. Il grogna. Ses dents étaient vieilles et sales, mais toujours solides et tranchantes. Son haleine était insupportable, mais Azéna refusait de détourner la tête par respect pour le vieux dragon car un tel âge signifiait qu'il était puissant et important. Provoquer son impatience aurait été une erreur des plus stupides.

- Turion? devina Azéna.

Le dragon renifla. Azéna fit quelques pas en arrière. Était-ce vraiment Turion? Il paraissait en piteux état et si vieux contrairement à ce qu'elle avait aperçut durant ses souvenirs.

- Turion, qu'est-ce qui se passe? Où sommes-nous?

Elle remarqua alors que les yeux dy wyrm étaient anormalement pâles comme s'il était en transe. Il les ferma.

- Trouve qui tu es, gronda sa puissante voix. Suis ton cœur, tes valeurs ainsi que tes désirs les plus profonds et sincères.

- Pourquoi me dis-tu cela? demanda-t-elle, maintenant légèrement alarmée.

- Je peux voir loin dans ton âme. Plus creux que tu ne le pourras sans temps et travail. Mais, ce que je vois est très important.

- Dis-moi ce que tu vois.

- Il te faudra le trouver par toi-même.

Son entourage devint flou. On n'y voyait plus que des mélanges de teintes qui ne faisaient aucun sens. La tache violette qu'était Turion disparue, engouffrée par les autres couleurs. La scène n'était maintenant plus qu'un tourbillon chaotique.

- Turion! appela Azéna.

Elle chercha le dragon du regard. Elle tourna en rond dans le labyrinthe de couleurs. Soudainement, elle sentit une présence à proximité. Derrière elle. Elle tourna les talons puis, un nuage violet la frappa en plein fouet comme si elle venait d'entrer en elle. Son corps devint soudainement frêle. Elle ne put lutter contre une telle puissance alors, elle tomba dans un gouffre sans fin. Elle ouvrit les yeux et se retrouva dans sa chambre sur son lit. Les couvertures avaient tous été tirées au sol. Fayne la fixait avec inquiétude depuis la porte entrouverte, ce qui suggéra que l'herboriste était sur le point de partir.

- Ça va? demanda-t-elle.

- Je crois, répliqua Azéna en se levant. Où vas-tu?

- C'est notre examen final. Je te suggère de te dépêcher. J'ai essayé de te réveiller. Je suis désolée. Tu agissais étrangement. Je ne sais pas quel sorte de rêve que tu avais, mais c'était différent. Dépêche-toi. Je ne peux pas t'attendre.

- Attend! Où dois-je me rendre?

- La Chambre des Duels.

Sur ce, elle disparue en hâte derrière la porte, son bâton à double lame en main et son uniforme comme habit.

Azéna prit un bon moment à réaliser ce qui se passait. Était-ce véritablement un rêve? Elle n'en était pas certaine. Ce dont elle était certaine était ce que Turion avait dit était important et qu'elle était en retard à son examen. Elle se prépara et courue en direction de la chambre des duels.

À la porte gigantesque de la chambre des duels, un garde qu'elle ne reconnue pas l'accueillit avec un regard glacial. Elle garda la tête haute et les épaules droite en prétendant ne pas être intimidée.

- Vous êtes en retard, dit-il machinalement.

- Je sais, répliqua-t-elle.

Aucune parole de plus ne fut échangée. Le dragonnier ouvrit la porte avec lenteur ce qui donna l'impression à Azéna de voir le monde au ralenti. Elle ne testa pas davantage la patience du garde et entra avec hâte.

À l'intérieur, une dizaine d'apprentis étaient en ligne et attendaient leur tour pour approcher le grand maître qui se trouvait devant eux. Fayne, Teriondil et Arièlle n'étaient pas présents.

- Par ici, murmura une voix sinistre.

Azéna sursauta et dû lutter contre ses réflexes pour ne pas frapper l'homme qui lui avait parlé.

- Reaginn.

Le maître du donjon fronça les sourcils avec mécontentement.

- Maître Ruvior, se corrigea Azéna.

- Nous sommes nerveuses à ce que je vois, dit le jeune homme.

Azéna ne répondit pas. Elle savait qu'il avait raison.

- Tu n'étais pas présente lorsque j'ai expliqué la procédure et tu me ferais perdre du temps précieux si je me répèterai, ajouta-t-il. Alors, il va falloir remédier à cela.

Il sourit légèrement, tel un chasseur satisfait de son intimidation sur une proie.

- Par ici.

Il l'entraîna au tout début de la ligne et lui avisa de rester en place avec un simple regard autoritaire. Il détourna son attention vers Terenas qui semblait beaucoup plus calme que lui. Il lui parla, mais Azéna ne compris pas ce qu'il dit.

- Je vois, dit le grand maître avec neutralité. Un retard peut s'avérer grave, parfois mortel.

- Apparemment, Apprentie Kindirah n'y comprend toujours rien à ce principe de base, dit Reaginn avec une touche subtile de moquerie.

Terenas leva la main pour interrompre Reaginn alors qu'il ouvrit la bouche pour continuer. Par la suite, il fit une pause afin d'observer Azéna avant de poursuivre.

- Je t'assigne la porte de la mort afin que tu comprennes que parfois une erreur banale peut t'apporter à la fin de ta vie.

Il pointa une porte en bois sombre et brûlé au contour recouvert de crânes. Une dizaine d'autres portes avaient étés posés devant le mur du fond et celle d'Azéna se trouvait en plein centre. Chacune d'entre elle portait un thème unique.

- Les retardataires n'ont pas le luxe du choix, dit Reaginn d'un air satisfait. Personne n'a choisi cette porte. Soit heureuse et considère-toi unique et particulière comme tu sembles si obstiné à vouloir le démontrer.

Azéna aurait voulue frapper Reaginn, mais elle se contenta de le foudroyer du regard en serrant les poings. Il ignora sa réaction.

- Alors, vas y, dit-il

Azéna renonça à sa lutte et s'avança vers sa destination. La porte de la mort dégageait une aura étrangement familière mais aussi froide et stressante. Anxieuse, Azéna entra malgré son instinct qui lui ordonnait de rebrousser le chemin. La porte grinça puis, claqua derrière elle. Il était impossible de reculer à présent. Une odeur humide envahit les sens d'Azéna ce qui la fit grimacer. Elle identifia un corridor étroit, des torches qui n'éclairait presque pas et une cellule au fond du couloir.

Une voix sinistre résonna comme si elle était dans une caverne.

- Approche si tu veux sortir d'ici.

Sortir. Oui. Azéna tourna les talons et tenta d'ouvrir la porte, mais elle était verrouillée. La voix ricana.

- Chercherais-tu pour la clef par hasard?

Comme si lui avait donner le désir de le faire, Azéna tourna la tête et dans la cellule,elle y aperçut un coffre. Sans savoir pourquoi, elle savait qu'il n'était pas verrouillé et que la clef s'y trouvait. Elle déglutit, rassemblant tout son courage et elle courut jusqu'à la cellule, poussa la porte entrouverte, ouvrit le coffre et y ramassa une vieille clef en bronze. Alors qu'elle toucha l'objet, un vent glacial balaya l'endroit sinistre et la lumière diminua instantanément. Azéna s'immobilisa et regarda dans tous les sens, mais il n'y avait rien. Son cœur commença à battre plus intensément.

« Des spectres, informa Turion. Utilise ton élément pour te défendre. »

Sur le coup, l'adolescente fut soulagée qu'elle avait pensée à emporter la plume de Turion avec elle.

« De toute façon, je n'ai même pas d'arme, répondit-elle. Bordel, qu'est-ce que je ferrais sans toi? »

Elle savait comment vaincre un spectre. D'ailleurs, elle en avait déjà combattu et en était ressortie victorieuse. Elle prit une grande respiration comme lui avait enseigné Nikala et relaxa un peu.

« Bien sûr. C'est la porte de Reaginn. Tout fait du sens. Il fallait que ça tombe sur moi. Mon destin semble être entrecroisé avec le sien. »

Puisqu'elle ne pouvait pas créer du vent, elle chercha pour un courant d'air, mais il n'y en avait aucun. Cet endroit était complètement renfermé.

« La fenêtre, dit Turion. »

Azéna leva les yeux et aperçut ce qui était bel et bien une fenêtre. Elle était endommagée et ancienne ce qui permit à Azéna de la casser avec aise. Dehors, le vent était déchaîné. Son souffle fit danser la chevelure argentée d'Azéna à son rythme. Un drapeau déchiré ondoya sous la pression des brises puis, il fut emporté au loin. Quelque chose n'était pas logique. Cette fenêtre n'était pas présente lorsqu'elle avait examinée la salle plus tôt. Prise au dépourvue, elle décida de demander conseil à Turion:

« Pourquoi n'ai-je pas vue cette fenêtre avant? »

« Parce qu'elle n'existait pas, répondit Turion. Cet endroit est enchanté. »

- Pourquoi ça ne m'étonne pas? dit-elle avec sarcasme. Bien sûr... Merde Reaginn.

L'endroit était maintenant beaucoup mieux éclairé grâce aux rayons des soleils qui perçaient au travers de la fenêtre brisée. Azéna aperçut deux spectres qui approchaient en lévitant tels des fantômes. Ils étaient autant dégoûtants que le premier qu'elle avait rencontrer. Maintenant qu'elle avait plus d'expérience en contrôle du vent, elle se sentait de taille à faire face à ces esprits.

- Facile. Ça commence à être vieux cette ruse, Reaginn.

Le spectre de gauche disparue sous ses yeux, mais la jeune dragonnière ne se laissa pas distraire. Elle emmagasina du vent dans la paume de sa main et forma une sphère qu'elle lança. Son énergie baissa drastiquement comme si on le lui avait siphonné. Ses pensées devinrent incohérentes. Il manquait des passages et des souvenirs. Rien ne se connectait. Un frisson parcourut son corps puis, elle réussit à se concentrer. Elle écouta son instinct et elle fit volte-face pour se retrouver face à face avec le deuxième spectre.

- Comment? demanda-t-elle à personne en particulier.

Elle tomba à genoux. Ses forces la quittaient. Têtue, elle se concentra du mieux qu'elle le pu et forma une sphère de vent virevoltante qui secoua sa chevelure. Lorsqu'elle eut complété sa tâche, elle supporta son corps à l'aide de sa main libre pour ne pas tomber. Accroupie, elle grogna et se donna une poussée afin de se relever. Elle attaqua. La sphère bleue-gris atteignit sa cible en plein visage. Le spectre disparu en hurlant. Azéna tomba à nouveau sur ses genoux et la fenêtre disparue. L'obscurité triompha alors que toute les sources lumières se dissipèrent à l'exception des faibles flammes des torches.

- Tu oses défier la puissance de Sparrhien, tonna une voix glaciale.

« Cours! hurla Turion avec panique. Ne négocie pas, sors! »

Azéna obéit. Elle concentra tous ses efforts afin de bouger son corps endoloris. Alors qu'elle ouvrit la porte, les torches s'éteignirent et un gigantesque spectre qui brillait d'un halo vert apparue dans le corridor. Les mains du mort-vivant cherchaient à empoigner Azéna, mais celle-ci sortie à temps et claqua la porte derrière elle. Elle s'écrasa immédiatement au sol, sa respiration labourée et lourde. Une paire de botte en cuir sombre envahit son champ de vision. Elle leva le regard et aperçut un très grand Reaginn aux bras croisés. Il la fixait d'un air sévère.

- Tu as la clé squelettique?

- La... quoi?

Reaginn pointa l'objet qu'elle tenait comme si sa vie en dépendait. C'était la vielle clef en bronze. Elle avait été faite à partir d'os tellement sales qu'ils avaient une teinte brune. Azéna ne put retenir une grimace de dégoût et la rendit à son propriétaire.

- Tu as passé ton examen, dit Reaginn. Retourne te coucher. Tu en as visiblement besoin. Demain, tu repars chez toi pour la pause de l'été. Profite de ta famille parce qu'une fois que tu es une dragonnière accomplie, tu n'auras plus cette opportunité.

Azéna était sous le choc, incapable de complètement comprendre les paroles de Reaginn. Retourner chez ses parents était pour elle presque un cauchemar. Elle se leva et repensa à cet horrible spectre géant.

- Veuillez me suivre, continua Reaginn en guidant son interlocutrice jusqu'à la sortie.

- Qui est Sparrhien? demanda-t-elle à Reaginn.

Le maître s'arrêta brusquement. Son expression faciale se transforma, allant de neutre à fasciné.

- Comme ça, tu as provoqué la colère du Seigneur des spectres, dit-il. 

- Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'ai-je fais?

- Je ne m'attendais pas à ce que tu te débarrasses des deux spectres. L'un d'entre eux était le fils de Sparrhien.

Il paraissait tellement calme à propos de la situation qu'Azéna en fut encore plus choquée. Son irritable voix mielleuse causa quelque chose dans son esprit à craquer. Elle était sur le point de perdre son sang-froid.

- Pourquoi l'avoir mis contre moi au risque que j'attire la colère du Seigneur des spectres? aboya-t-elle

- Je pensais sincèrement que tu n'allais pas le tuer. Il est futé et puissant. J'aurai cru que tu aurais tout simplement couru à la porte. Mais, ce qui est fait est fait.

- Je fais quoi avec tout cela, ein? questionna-t-elle en tapant du poid avec impatience.

- Je vais apaiser Sparrhien. Ne t'inquiète pas.

Puis, il disparue, laissant Azéna à ses pensées turbulentes. Les portes de l'examen avaient disparues, y compris celle qui avait été sur le thème de la mort. Azéna prit une grande inspiration et expira lentement dans l'espoir de contrôler sa rage imminente. Tout ce qui importait c'était qu'elle avait enfin termina sa première année d'entraînement; elle était prête pour la deuxième.

Annotations

Vous aimez lire DarkOctober ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0