3/1 - Éloïse

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Un jour, en plein milieu du séjour, quand nous commençons à bien nous connaitre, Monsieur Seuzac nous dit que la maison que nous occupons avait un secret, que lui seul connait. Même pas sa femme. Comme il trouve notre bande de petits Parigots bien sympathique, il veut nous le révéler, si nous sommes d’accord. Nous le supplions sur tous les tons alors de nous le dire, mais il nous répond toujours que ce sera pour le lendemain. Une fois partis, nous sommes tous, parents compris, dans des élucubrations pas possibles, à essayer de deviner. Nous avons exploré cette maison de tous les côtés et nous n’avons rien trouvé de bizarre, sinon qu’elle était vieille. Quel peut bien être ce secret ?

Le lendemain, nous attendons avec impatience monsieur Seuzac. Il arrive, nous dit de prendre un pull, des chaussures, une lampe de poche et un bâton. Mon cerveau tourne à pleine vitesse pour essayer de deviner pourquoi il nous faut ces quatre choses. Je ne trouve pas et je vois sur la tête des autres que personne n’a deviné. Ouf, je ne suis pas la plus bête !

Il nous fait entrer dans la cave, où il y a les toilettes et la douche. Ces commodités (je parle bien, quand je veux !) se trouvent près de la porte. Au fond, il fait sombre et on devine des tas de choses entassées. Cela ne donne pas envie d’aller par là.

Il se dirige vers le fond, dans un coin obscur qu’il éclaire de sa lampe. Il la donne à Fatine et commence à dégager un tas de vieilles choses pleines de poussières. Il les entasse à côté, en disant qu’il faudra bien un jour, qu’il fasse le ménage un peu partout. Là, on est d’accord ! Derrière tout ce fatras nous apparait une porte, énorme, comme dans les châteaux, avec plein de barres de fer et de clous. Il essaie de la tirer à lui, mais elle ne semble pas vouloir bouger. Il ramasse un objet et commence à bien racler par terre devant la porte. Nous l’éclairons avec nos lampes, voulant savoir ce qu’il y a derrière cette porte. Fatine nous dit que ce doit être des oubliettes, une salle de torture, un souterrain. Le père Seuzac reste muet, avec un petit sourire sur les lèvres. C’est forcément quelque chose de formidable !

Une fois la porte ouverte, nous descendons prudemment un escalier de pierres pour nous retrouver dans une salle basse, en dessous de la cave. Cette salle est complètement vide, avec trois ouvertures : celle par laquelle nous sommes descendus, une à droite et une à gauche. Le propriétaire ouvre très facilement une des portes, celle de gauche. Fatine a raison, c’est un souterrain qui en part. Nous sommes excités comme tout. Qu’allons-nous trouver ? Où allons-nous ? Nous comprenons maintenant la lampe de poche, le pull (il fait froid sous la terre), les chaussures. Mais le bâton ? Je suis, juste derrière monsieur Seuzac. Nous avançons doucement, car il y a plein de coudes par endroit, qui servent, nous expliqua-t-il, à se cacher et à se défendre des poursuivants éventuels. Soudain, quelque chose de visqueux me tombe dessus. Je crie, effrayée. Monsieur Seuzac se retourne et se met à rire en se moquant de moi. Il y a des toiles d’araignées, plein (on se demande de quoi elles vivent !). Voilà pourquoi il faut un bâton, pour les écarter. Mon gentil chevalier propose de passer devant et de m’ouvrir le chemin. Il est courageux et attentionné, Thomas. Il en profite aussi pour me montrer chacune des toiles qu’il a enlevées, en me l’agitant sous le nez : il n’est pas toujours drôle, quand même. Nous marchons assez longtemps et nous finissons par voir de la lumière : nous sommes à la sortie. Mais là, déception, car une grille barre le passage, une vraie grosse grille, avec des barreaux de fer aussi gros que mes bras.

Le propriétaire ouvre la serrure très spéciale qui la maintient fermée et on arrive dans une petite grotte, mais là, il nous est impossible de continuer, car il y a trop de taillis et de ronces. Nous retournons par le même chemin.

Après être sortis, nous voulons en connaitre plus sur ce souterrain mystérieux. C’est papa qui l’interroge, sans doute plus intéressé que nous !

Monsieur Seuzac nous explique que c’est la maison de ses parents, et de ses grands-parents, de ses arrière-grands-parents avant, autrement dit, la maison de sa famille, de père en fils depuis sa construction. Il avait exploré ce côté du tunnel avec son père, quarante ou cinquante ans auparavant, quand il était encore adolescent. Depuis, il n’y est jamais retourné. De l’autre côté de la salle basse, il y a une autre porte, qu’ils n’ont jamais ouverte, ni lui, ni son père, ni son grand-père. Il pense que c’est la sortie secrète du château de Laroque.

Papa demande si on peut explorer cette partie. Le propriétaire accepte, en nous disant de faire très attention. Je vois alors la tête de maman, sa tête des mauvais jours et de sa mauvaise humeur. Elle n’ose pas le dire devant tout le monde, mais le soir, ça chauffe dans la chambre d’à côté. « Et le danger, pas possible d’être plus gamin que ça ! » On entend tout avec Mélodie, en rigolant doucement. Nous, on est partants pour remonter jusqu’au château par le souterrain.

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