Éloïse a attendu encore longtemps. Enfin, un soir, alors que nous sommes tous les deux sur notre banc, sans me regarder, l’air de rien, elle me demande :

— Thomas, quand on était en bas, j’ai beaucoup parlé pour te soutenir. Tu as entendu ce que je disais ?

— Non, je n’ai pas tout entendu… mais j’ai tout compris !

— Thomas…

Je pose mon doigt sur sa bouche. Je me penche vers elle, et je l’embrasse. J’en ai envie depuis si longtemps ! Je la tiens par sa petite taille si fine, puis par ses épaules. C’est mon premier baiser, c’est avec Éloïse, je suis heureux. Après un temps délicieux infini, nous nous écartons. Elle commence à ouvrir la bouche et je suis obligé de recommencer. Rapidement, elle abandonne et je la sens toute détendue contre moi.

Ce que j’ai compris, c’est qu’Éloïse est plus que ma jumelle, plus que ma copine. Joachim me l’avait dit ! Je veux vivre avec elle, tout le temps, j’ai besoin d’elle. Mais j’ai aussi compris qu’il faut le dire, qu’il faut se toucher, se caresser, s’embrasser. L’entendre, le sentir, c’est agréable, le dire, le faire, c’est nécessaire. Éloïse est ma petite amie, depuis toujours et pour toujours. Je ne suis pas encore tout à fait un homme, mais Éloïse est ma femme.

Depuis, pour les autres, nous avons repris nos gentilles chamailleries. Mais quand nous sommes ensemble, tous les deux, nous nous tenons la main, nous échangeons des petits baisers ou des petites caresses. Nous sommes encore très souvent avec Fatine, mais il a deviné qu’il s’était passé quelque chose entre Éloïse et moi. Il s’écarte parfois pour nous laisser ensemble. Fatine, je l’adore, il comprend tout très vite, ce qui se passe entre les gens. Il nous laisse avec un petit sourire très gentil, très tendre. C’est mon frère chéri.

Je ne sais pas encore trouver les mots et les dire, c’est beaucoup plus difficile que ce que je pensais. Je repense souvent à ce qu’Éloïse m’a dit en bas, et je la trouve merveilleuse pour avoir su le faire.

Quand je la regarde, je sens l’arrière de mes yeux qui chauffe de tendresse alors, elle me sourit. Je savais tout ça depuis toujours, mais maintenant, nous le partageons et je me sens fort, léger.